• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Les cadavres dans le placard de Charly (7) le retour du Jéhan

Les cadavres dans le placard de Charly (7) le retour du Jéhan

Entre SDECE, SAC et CIA, on assiste à de belles parties de destabilisation mutuelles, à cette époque là : c'est à qui va planter l'autre, ou à qui de découvrir quels moyens nouveaux sont utilisés pour faire passer l'héroïne d'un continent à l'autre... et parfois, c'est aussi la guerre entre services d'un même pays, initiér par des rivalités ou des vengeances après limogeage... c'est ainsi que va se faire coincer un agent français, visiblement visé par un règlement de comptes, dans lequel un grand ami de Charly est apparu...

Et ce n'est pas fini : quand Jean Venturi en personne se sentira lâché par son soutien politique qui n'est autre que Gaston Deferre, il lâchera un autre nom : Marcel Francisci, cité lui aussi comme membre de la French Connection (selon lui, les américains s'étaient trompés de nom en citant Bonaventure Francisci et non lui-même). L'homme avait été recruté par Joe Renucci, qui mort en 1958, lui avait laissé la gestion du trafic de l'héoïne marseillaise. Il s'était heurté alors à Antoine Guérini et un de ses lieutenants, Jean-Baptiste Andreani. Francisci a au même moment déjà commencé à investir... dans les casinos. Il était ainsi devenu le propriétaire du syndicat international du jeu, et possédait des casinos à Paris (avec le Cercle Haussman), Londres et Beyrouth... il meurt le 16 janvier 1982, assassiné dans le le parking de l'immeuble où il résidait, rue de la Faisanderie à Paris,. Les cercles de jeu ont toujours eu la réputation d'être des endroits sulfureux où on blanchit l'argent, et les cercles parisiens n'échappent pas à la règle.

Dans "Histoire secrète de la corruption sous la 5e République" c'est bien un autre lien important qui est cité, mais qui fait le pont avec le reste : "les médias allaient encore reparler du SAC et de Charles Pasqua à l'occasion de l'assassinat, le 15 Janvier 1982, de Marcel Franciscl. On retrouva dans sa poche une cassette de conversations téléphoniques qu'il avait eues avec l’avocat Paul Lombard, ami de Gaston Defferre. Marcel Francisci, un ancien du SO du RPF qui avait participé aux combats de la France libre, avait eu ensuite des démêlés avec la justice et la police. Alors que le pouvoir de droite avait toujours toléré son empire, Gaston Defferre avait fait fermer le cercle de jeux Haussmann. Pour expliquer le meurtre, on rappela son engagement dans les activités barbouzardes anti-OAS, on évoqua la French Connection. Dans leur biographie de Charles Pasqua, Philippe Boggio et Alain Rollat mentionnèrent un fait que les enquêteurs de l'époque ignoraient. Huit jours avant son assassinat, Marcel Franciscl avait déjeuné avec un ancien résistant surnommé Ronibus auquel il aurait confié son Intention de révéler à l'Élysée certains chantages financiers du SAC en échange de la réouverture de son cercle de jeux. L'avait-on assassiné pour l’empêcher de parler ?"... Le SAC, qui n'existait plus, déjà, continuant à toucher de l'argent via les cercles de jeux ??? Le SAC de... Pasqua, l'homme qui s'intéressait tant aux casinos ??? Mais qui donc avait pu avoir peur à ce point des révélations de Marcel Franciscl ?

Le SAC, mais aussi le SDECE, les deux ayant on l'a vu des frontières bien poreuses, rappelle René Backmann : "le 5 avril 1971, un trafiquant, Roger Delouette, 48 ans, est arrêté à Newark (New Jersey), son minibus Volkswagen contient 43,778 kg d’héroïne pure, Interrogé, il avoue aux policiers américains : « J’appartiens au S.D.E.C.E. et j’ai agi sur les ordres de mon supérieur, le colonel “Fournier” ». Ouragan sur la « piscine », le siège parisien du S.D.E.C.E., boulevard Mortier. Delouette, en effet, a travaillé pour le S.D.E.C.E. Autre exemple : l’affaire Labay. Le 6 octobre 1971, à Marly-le-Roi, un homme est arrêté par la brigade des stupéfiants. Son nom : André Labay. Il y a dans sa voiture cent six kilos d’héroïne pure. Il s’apprête à partir pour les Etats-Unis, où il a déjà importé, en quatre voyages, plus de cinq cents kilos de drogue. En juin 1966, André Labay a été inculpé dans une affaire d’escroquerie : le rachat fictif d’un hôtel parisien à l’un de ses amis collaborateur du S.D.E.C.E., Michel Leroy, pour y installer un « club d’hommes d’affaires ». L’hôtel sert en réalité de centre de recrutement pour les « affreux » du Katanga. En 1967, André Labay est fondé de pouvoir d’une société belge d’assurances, au bord de la faillite : la Belfort. Parmi les administrateurs : André Rives-Henrys, inculpé depuis de complicité d’escroquerie dans l’affaire de la Garantie foncière. En janvier 1968, la Belfort a déposé son bilan : cinquante-cinq millions de déficit. André Labay était considéré comme un « passeur » important de la filière française. Il a été honorable correspondant du S.D.E.C.E. à Haïti, de 1969 à 1910". 

Le premier cas cité a suscité l''étonnement partout : la fameuse cammionette Wolskwagen avait attiré l'attention d'une douanière car il aurait manqué une vis à son tableau de bord. Il fallait avoir l'œil pour distinguer ça. Et à l'intérieur du combi, la drogue n'était même pas dissimulé, et il y en avait partout. Etrange, fort étrange arrestation d'un homme qui s'est aussitôt présenté comme étant des services secrets !  Etienne Mougeotte revient ici sur le cas Delouette... en présentant l'émission en marchant sur de (gros) œufs, en interviewant le Général Paul Grossin, alors responsable du SDECE. Dans l'affaire Delouette, un autre nom est apparu : celui de . Jean-Charles Marchiani, le grand ami d'un certain Charles Pasqua. Les services secrets français finançaient à l'évidence leurs guerres en Afrique, notamment en Angola, par le réseau de trafic de drogues de la "French Connection". A New-York, Delouette accusera même Marchiani un des proches de Pasqua, d'être à la tête de la French Connection ! Voici Charly déclaré via son double présenté comme chef de gang ! 

Car il s'agît bien d'une mafia, avec toute une famille à la clé, une famille où l'on n'hésite pas à se tirer dans les pattes... façon corse. "En réalité, comme il allait être révélé fin février 1972, le fournisseur de la drogue n’était pas Paul Fournier. C’était un certain Dominique Mariani, cousin d’un ancien du SDECE limogé par de Marenches : Jean-Charles Marchiani (le meilleur amli de Charly !) Les journalistes Jacques Follorou et Vincent Nouzille expliquent le fin mot de cette affaire : « Les enquêteurs découvrent ensuite que Mariani a introduit Delouette auprès des membres du réseau Ricord, la branche latino-américaine de la Corsican Connection, afin qu’il transporte un camping-car plein d’héroïne aux États-Unis. Un autre maillon de ce réseau, Claude Pastou, arrêté quelques mois plus tard au Brésil, confirmera cette version des faits. ‘‘Les Américains étaient furieux qu’on ait trouvé la vraie filière Delouette, qui menait aux voyous’’, se souvient Claude Chaminadas..." Furieux pourquoi, voilà qui .devient intéressant. Pourquoi donc la CIA aurait-elle craint cette découverte ? Ou pourquoi donc n'acceptait-elle pas de l'avoir trouvée elle-même ? C'est la personnalité d'un des organisateurs de ce piège qui l'explique, car, visiblement, on a cherché à faire arrêter le combi bourré d'héroïne pour nuire au service secret qui en était à l'origine. Un règlement de comptes interne !!! A ce moment là, le SDECE vient d'être "nettoyé" par son nouveau patron, Alexandre de Maranches, qui a coupé à large bras dans les effectifs les plus douteux, à savoir ceux appartenant aussi au SAC. L'éviction de certains a fabriqué de belles rancœurs, et en même temps de Marenches s'est fortement rapproché des américains, notamment à propos de la drogue, que Nixon veut désormais endiguer.

Patrick Pesnot, dans son livre les morts suspectes de la Veme République développe cette thèse, qui se tient parfaitement, pour le cas de Deloulette. Celle d'une machination interne, d'une sorte de réglement de comptes au sein même du SAC, dans laquelle un personnage bien connu était apparu : " Le point essentiel dans cette affaire, ce sont ces quarante et quelques kilos d’héroïne saisis par les Américains. Dans ses aveux, Delouette a affirmé que, sur ordre de Fournier (son supérieur hiérarchique), il avait rencontré dans un café un mystérieux personnage. Celui-ci, au cours d’un autre rendez-vous à la campagne, lui aurait remis la drogue et l’aurait aidé à la dissimuler dans le minibus qu’il venait d’acheter. Mais il s’est bien gardé de donner des détails qui auraient permis d’identifier ce mystérieux personnage. Saisie, la justice française s’est, elle aussi, intéressée à ce livreur de drogue. Et la police a fini par mettre un nom sur cet individu. Celui d’un truand d’origine corse et par ailleurs cousin d’un agent de la base Bison (la base du SDECE). Un homme qui a trempé dans l’affaire Markovic et a dû quitter le SDECE à cause de cette affaire. Le lecteur n’aura aucun mal à l’identifier. Quoi qu’il en soit, cette découverte permet de mieux comprendre le scénario de la machination. Tous ces agents virés du SDECE aspirent à se venger. Grâce à ce truand corse qui est en rapport avec les réseaux de stupéfiants, des réseaux dont les cerveaux sont alors français, ils se procurent de la drogue. Et ils persuadent Delouette qu’en transportant cette héroïne aux États-Unis il agira pour les besoins du service dont il possède toujours la carte. On lui précise que c’est le colonel Fournier en personne qui lui confie cette mission outre-Atlantique. Le naïf Delouette gobe l’histoire ! La suite est un jeu d’enfant. Dès que Delouette s’embarque pour les États-Unis, ces agents révoqués préviennent de bons amis de la CIA qui, à leur tour, informent les douanes. La CIA avait au moins deux bonnes raisons de se mêler de cette affaire. D’une part, elle avait un compte à régler avec Fournier à cause de cette histoire de drogue au Vietnam. Et d’autre part, la centrale américaine n’a pas dû résister à la tentation de semer une nouvelle fois le trouble dans nos services. Ainsi le tour était joué. Dès son arrestation, Delouette, en toute bonne foi, met en cause Fournier et le SDECE. Et pour en rajouter un peu, quelque temps plus tard, on agite un chiffon rouge devant le colonel Barberot qui s’enflamme aussitôt ! L’objectif est atteint : notre service de renseignement est déstabilisé. Quant aux vrais responsables de ce scandale, ils ne seront jamais inquiétés, même si leur identification ne fait aujourd’hui nul doute. Un homme a au moins eu le mérite de tout comprendre rapidement : le colonel Beaumont lui-même ! Gravement mis en cause, il s’interroge dans le journal Le Monde : « Qui se trouve derrière le colonel Barberot ? » Les mêmes, sans doute, qui ont persuadé Delouette de transporter quarante kilos d’héroïne aux États-Unis !" L'homme cité à demi-mot étant le plus proche confident de Charles Pasqua !!!

Ricord étant un sacré gabarit lui aussi : "Quittant son quartier général de Buenos Aires, il élut domicile à Ascenciôn, au Paraguay. L’ambiance lui paraissait plus chaleureuse : il aimait le contact de ces vieux chefs nazis auxquels le dictateur-président Alfredo Strœssner avait accordé plus que l’asile. Mais Ricord se déplaçait beaucoup. En Bolivie, quel plaisir ce fut de retrouver ce brave Klaus Barbie, l’ancien cadre de la Gestapo, le « bourreau de Lyon », l’assassin de Jean Moulin. Barbie, alias Klaus Altmann, et lui n’avaient-ils pas des souvenirs en commun à évoquer ? Les résistants qu’on noyait dans les baignoires, les Juifs qu’on traquait sans cesse... Jusqu’en 1968, Ricord passait la moitié de son temps à Asunciôn et l’autre à Buenos Aires. Mais à la fin de cette année-là, le gouvernement argentin demanda à Ricord et à son complice Lucien Sarti de plier bagage, au moins pour quelque temps. Sarti et un autre truand, François Chiappe étaient soupçonnés d’avoir cambriolé un bureau de change argentin, et au cours de l’enquête, la police avait découvert une énorme quantité d’armes dans un des restaurants de Ricord. Entre-temps, dès 1966, le « Vieux » Ricord avait élargi son vaste trafic de drogue, après avoir compris combien il était aisé d’introduire de l’héroïne aux États-Unis en passant par l'Amérique latine. Curieusement, jusque dans les années 1970, le service américain chargé de traquer les trafiquants, le Bureau of Narcotics and Dangerous Drugs (BNDD) sous-estima le danger venant du sud. Devenu plus perspicace, il estima par la suite que 50 à 60 % de l’héroïne produite à Marseille et introduite sur le marché américain transitait par l’Amérique latine, principalement par la filière Ricord. 

Le « Vieux » s’était entouré de vrais durs... Épluchons la liste des membres du gang en 1970 : Ricord donc, condamné à mort pour ses activités aux côtés de la Gestapo en France ; Lucien Sarti, recherché pour le meurtre d’un policier belge ; Christian David condamné à mort par contumace ; André Condemine, recherché, lui aussi, pour le meurtre d’un policier ; Jean Leonardi, recherché pour homicide ; François Chiappe, recherché pour deux assassinats, et Michel Nicoli, un truand français ancien membre du SAC. Naturellement, dans toutes les grandes villes d’Amérique latine, la vaste toile d’araignée tissée avec patience qu’était le réseau Ricord possédait ses correspondants. Affluant de tous côtés, l’argent était investi dans les restaurants et night-clubs de Buenos Aires, Sâo Paulo ou Caracas. Mais peu à peu, Ricord, succombant à l’alcoolisme laissa le trio, David, Condemine et Sarti, prendre son affaire en mains. L’héroïne marseillaise était transportée au Paraguay à partir de toute l’Europe, Barcelone, Lisbonne et Bruxelles. Condemine supervisait le transport, tandis que Chiappe faisait la navette entre Buenos Aires et Barcelone, contactant les fournisseurs, les frères Orsini et la Mafia corse.

"On transportait l’héroïne par mer ou par air. Une partie passait par le Brésil avant d’être acheminée sur le Paraguay, parfois même directement vers les USA. Certains chargements remontaient tranquillement la rivière Parana en bateau jusqu’à Asuncion. Toutefois la plus grande partie de l’héroïne expédiée sur le nord était transférée par de petits avions, nommés « Mau-Mau », qui refaisaient le plein à Panama avant de s’envoler vers la Floride ou le Mexique. Le Paraguay fut longtemps un des plus grands centres du trafic mondial de la drogue grâce à ses quelques deux cents pistes d’atterrissage privées éparpillées dans les haciendas. Comment dans ses conditions contrôler le nombre et le chargement de tous ces vols privés ? D’ailleurs personne ne voulait ni n’essayait vraiment, d’autant moins que nombre de hauts fonctionnaires du gouvernement empochaient des dividendes. D’après le fameux journaliste nord-américain Jack Anderson, les complicités de Ricord atteignaient le sommet de la hiérarchie militaire. Pour ne nommer que les plus prestigieux : Pastor Coronel, patron des services secrets ; le général Andres Rodrigues, chef des commandos d’élite, environ 3 000 hommes, entraînés par les Américains, ou encore le général Vincete Quinonez, chef d’état-major de l’armée de l’air, qui, justement contrôlait tous les aéroports, dont bien sûr celui d’Asunciôn".

Et ce n'était pas un mythe, puisqu'on retrouve vite la coupure de presse qui évoque ces circuits d'avions, celle du Miami News du 5 décembre 1988 qui décrit un crash d'avion, dans les Andes un petit Piper Aztec bourré de cocaïne cette fois, piloté par un certain Roberto Magalhães Gallucci qui avait été mêlé au transfert aérien de coke au North Perry Airport, en 1970, un transfert d'héroîne de 94 livres sur un monomoteur du Paraguay à la Floride, effectué au nom de la French Connection. Le pilote s'appelait Robert Mendici Bianchi, qui avait écopé de 5 années de prison aux USA. Sa peine avait été en fait réduite, car il avait alors tour déballé, accusant alors Auguste Ricord. Or Bianchi était le faux nom de Galluci. Ce dernier avait gagné la course de voitures des 500 km d'Interlagos en 1985, sur la Corvette-Maserati, nº 11 - 4.500 cm3 course où figurait Emerson Fitttipaldi. Au Paraguay, il avait même rédigé un livre racontant ses exploits, "Invasao Branca," l'Invasion Blanche, dans lequel il expliquait son passage de coureur automobile à pilote d'avion de trafiquants. Les enquêteurs avaient découvert qu'il était un proche du dictateur Stroessner, via sa maîtresse Maria Inez Fragnaud de Rodriguez, qui protégeait ses activités !

Même le commissaire Lucien-Aimé Blanc se souvient de la période : "quand j'étais aux stups, un indic me dit : « Vous m'aidez à passer 25 kilos d'héroïne aux USA et je vous balance tout le réseau à Marseille. » Alors, on a pris la came. On l'a amené dans l'avion. On avait prévenu la police américaine de le laisser entrer et vendre. Il a fait ça deux fois. 50 kilos répandus dans les rues de New York. Il est revenu avec 250 000 dollars. On allait le chercher à son retour à Orly avec l'accord de la PAF. Aujourd'hui, on demanderait ça... Le troisième coup, on a arrêté huit trafiquants". 

Cette idée de mêler grande entreprise et espionnage a paru folle à certains. Jusqu'en 2003, ou dans un court billet, Guillaume Dasquié, le rédacteur en chef, d'Intelligence Online que l'ancien directeur commercial de Ricard, et patron de Jacobs Suchard-France, puis de l'ULN (avec les marques Coeur de lion, Mamie Nova, Elle & Vire...), de France Champignon, et de Marks & Spencer... autrement dit Alain Juillet travaillait aussi depuis toujours pour la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). Or Juillet était entré chez Ricard en 1969... en somme, Juillet était l'hériter d'un système, ayant commencé lui aussi chez Ricard. Tput est imbriqué : "Marcel Francisi, un des quatre grands trafiquants cité par le rapport Steele et Murphy de 1971 et surnommé à ce titre « Mr Heroin » dans la presse américaine, appartenait quant à lui directement à l’Union pour la défense de la république (UDR) en tant que conseiller municipal de Zicavo (Corse du Sud). Le garde du corps de Gaston Defferre, Dominique Venturi, créa en 1953 une entreprise de bâtiment et obtenait pendant plus de trente ans des marchés publics via la mairie de Marseille. Les diverses « officines » politiques de l’époque apparaissaient donc indéniablement pénétrées par les réseaux de la French Connection."

On croit tout ça terminé ; et en 1980, un nom connu réapparait. Les policiers retrouvent un laboratoire complet de transformation de l'héroïne, sur le plateau du Vivarais dans une maison fort discrète du hameau de la Suchère dans la commune de Chambon-sur-Lignon, la propriété de Pedros Vartanyan, originaire de Martigues comme Fernand Chaffard, qui lui est un ancien de la French Connection... en cavale depuis 1977 (arrété et condmané en 1974, il s'était évadé de la prison de Melun !!!). Il avait amené aux USA 93 kilos d'héroïne dans une voiture, lu aussi !! Le labo où l'on trouve aussi Mitzigar Nazarian a été découvert par l'enquête serrée d'un juge, le juge Michel. Parmi les participants au trafic, il y a aussi... Jean Jéhan, revenu du Maroc où il se terrait, dont le nom réapparu a été révélé grâce aux écoutes téléphoniques. Le juge Michel a aussi trouvé deux autres labos, dans la région milanaise, et Jean Jéhan et Robert Kéchichian ont été interpellés... à Marseille, Christian Simonpieri, soupçonné d’être le chimiste a été aussi interpellé, il avait déjà été arrêté en 1974.. Le procès est prévu le 30 novembre 1981 devant la septième chambre correctionnelle du TGI de Marseille. Le juge Michel est déjà mort, assassiné le 21 octobre qui précède de trois balles de 9 mm Parabellum. Qu'avait donc trouvé le juge qui pouvait lui avoir valu cet arrêt de mort ? Beaucoup pensent que ça ne concernait pas que l'héroïne... et que ce n'était pas du côté de "Charly" que ça penchait nécessairement : Mitzigar Nazarian (dit “Georges”) est "un homme qui intriguait le juge Michel, car, comme le rappelle Gilbert Thiel dans Mafias, son frère, Ralfi, est conseiller municipal de Marseille depuis 1977, et proche de Gaston Defferre, alors maire de la ville et ministre de l’Intérieur de François Mitterrand. Pour Pierre Michel, il y avait là un lien entre la French Connection et la politique". Autre point intéressant, le juge aurait contacté les américains pour un des personnages concernés, qui se faisait appeler Da Costa : (....) "Marc Chambault, autre personne arrêtée au labo de Saint-Maximin. Carnet qui contient les coordonnées d’un certain Gaëtan Zampa. Pierre Michel touche au but. Il décide d’entendre Marc Chambault. Un premier temps, l’homme refuse de parler. Mais le juge Michel sait y faire. Et d’après plusieurs témoins, le truand aurait finalement décidé de “balancer” Zampa. L’aboutissement d’une longue traque menée par le juge. Selon toute vraisemblance, le marché aurait été conclu contre un accord avec la DEA pour que Chambault et sa compagne puissent se refaire une virginité aux États-Unis." Selon certaines sources,  Chambault était en contact avec Zampa, et il déjeûnait aussi souvent avec les gens du SAC à l’auberge « Chez Grand-Mère » à Nans-les-Pins, dans le Var. Le juge le soupçonnait d'en savoir davantage sur la tuerie d’Auriol, du 18 juillet 1981. Zampa sera retrouvé pendu dans sa cellule en 1984. Il avait entretemps innové : pour faire venir sa morphine base de Turquie, il utilisait désormais les voies ferrées... La drogue était en effet placée dans de petits caissons, fixés sous les wagons d’un train, et qui pouvaient être largués à distance, grâce à une télécommande !!!

Un autre personnage a repointé le museau au même moment : "Michel Régnier, fils du pilier toulonnais Louis Régnier, chargé de transporter la marchandise fait passer 300 kilos de morphine-base, cachés sur un yatch, de Turquie à Marseille, puis de Marseille aux Antilles et enfin des Antilles en Floride, la drogue étant ensuite acheminée jusqu'à Phœnix. Là, dans une villa des Benevento, deux chimiste français, François Scapula et Charles Altieri, transforment la morphine-base en 148 kilos d'héroïne vendus ensuite à New-York par l'intermédiaire des Benevento. L'opération rapporte 240 millions de francs, dont au moins la moitié est revenu aux truands français, dont 15 millions pour chaque chimiste, 20 millions pour Mondoloni, et un total de 40 millions pour les Régnier-Fargette-Lothoz. En cette année 1984, Mondoloni a parrainé une autre grosse affaire, tournant cette fois-ci autour d'un marseillais d'origine arménienne, André Manoukian dit le "Panzone", en association avec des passeurs italiens et israéliens, montée sur les filières déjà existantes de la "Pizza-Connection". Mais la "retraite" de ce père tranquille qu'est Mondoloni va prendre fin en 1985. Le 29 juillet de cette année-là, âgé de 69 ans, Paul Mondoloni se rend vers 18 heures à la brasserie "les Danaïdes", en haut de la Cannebière, où il a ses habitudes. Soudainement, plusieurs hommes planqués dans une voiture font feu sur lui et l'abattent sur place. Le garde du corps de "Monsieur Paul" aura à peine eu le temps de riposter, en vain. Les obsèques de Mondoloni, dans sa ville natale de Sartène, seront grandioses."

Pour ce qui est de Jean Jéhan et de ses complices, Chaffard prendra 25 ans, Simonpieri 22, mais Jean Jéhan, condamné à 3 ans avait été libéré en septembre "pour raisons de santé" : il avait alors 83 ans (il avait été requis 18 ans contre lui). Cinq ans plus tard, le gangster-chimiste François Scapula (ici à gauche), surnommé « le Brun », en échange de remise de peine, dénonce les asssassins et y gagne le surnom peu flatteur de « Scapu la Balance ». En 2000, il s'est évadé de sa prison Suisse... on parle de complicités, le visage refait, la routine, quoi... dans le milieu de Charly !

sources :

http://gangstersinc.ning.com/profiles/blogs/the-man-who-stole-the-french

http://www.sciencespo-rennes.fr/mediastore/fckEditor/file/Benichou.pdf

http://www.algerie-francaise.org/barbouzes/foccart-pasqua.shtml

http://www.memoiresvivantes.com/projets/partie.php?id=5

https://medium.com/@lenyyoann/sur-les-pas-du-juge-pierre-michel-f2e376c870f8

http://www.dea.gov/about/history/1970-1975.pdf&#8203 ;

https://criminocorpus.org/fr/musee/les-vrais-tontons-flingueurs/


Moyenne des avis sur cet article :  3.88/5   (26 votes)




Réagissez à l'article

4 réactions à cet article    


  • foufouille foufouille 18 juillet 2015 17:55

    après le pator de cabanelou, l’équipe omom a inventé la machine à lire le passé.
    ce qui permmmmmmmet des enqueuetes de citations.


    • Le Corbeau Magnifique Le Corbeau Magnifique 18 juillet 2015 19:41

      Z’avez vu le film « Le Minions » ? C’est trop bien ce machin ! Tu t’éclates du début jusqu’à la fin ! Un bon moment de détente entre 2 inepties comme celle ci dessus :


      • soi même 18 juillet 2015 20:47

        Franchement , je ne saï si j’approuve tes éjaculations journalistiques ?

        .


        • yannos99 19 juillet 2015 16:59

          @ Morice

          Excellent travail de recherche et de connaissance sur le personnage. Je l’savais pourri, mais pas à ce point....

          Une question me vient : Y a t il encore des rémanences ou des branches encore actives du SAC ?

          PS - Personnellement, j’aime bien vos articles, un peu long, bien sûr, mais pour y coller tous ces détails, c’est pas façile. D’ailleurs, en parlant de détails, vous avez des informations, avec des noms, des lieux, tout ça, tout ça, vraiment impressionnant. Je ne connaissais pas l’histoire SAC/OAS en détail, ni sa participation dans la french connection. Impressionnant.
          Je vous rejoint dans « l’ovation » réalisé à l’Assemblée Nationale.....Dégueulasse. Comment voulez vous que des jeunes de vingt ans soit honnêtes, devant tous ces déboires, ces coups tordus et tout cet argent qui circulent sous les manteaux, comme dit l’expression...

          Bien à vous lire.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité




Palmarès



Publicité