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Accueil du site > Tribune Libre > Les demandeurs d’asile passent à la caisse !

Les demandeurs d’asile passent à la caisse !

Dans mon enfance, j'ai entendu mon père, indigné, dire : « A Bram, on échangeait une montre contre une bouchée de pain ! »
Je n'ai rien compris à cette phrase. Bram est une localité, 3 000 habitants, à une vingtaine de kilomètres de Carcassonne. On pouvait y aller à bicyclette. Plus tard, j'ai eu l'explication.

Après la victoire de Franco, des centaines de milliers de Républicains espagnols ont cherché refuge en France. Beaucoup ont été regroupés dans des «  camps  ». Le plus célèbre est celui de Rivesaltes (1, 2) mais il y en eut d'autres comme celui de Bram, mieux organisé, semble-t-il, et moins célèbre.

Quand des Républicains espagnols ont été enfermés dans le camp de Bram, certaines personnes sont venues leur apporter de l'alimentation en échange de bijoux et objets de valeurs qu'ils pouvaient récupérer.
Il y avait peut-être aussi des gens désintéressés.

Malheureusement, cet échange inégal n'a pas été une pratique réservée à Bram : « Il était arrivé un grand nombre de trafiquants, certains venus d'assez loin, attirés par des affaires à réaliser sur le dos de ces pauvres gens, prêts à vendre n'importe quoi pour subsister. Dans les coins discrets se tenaient de fébriles conciliabules : les trafiquants achetaient l'or en le pesant dans leur mains  ». (1)

Depuis, en ces lieux, un mémorial a été édifié.

Rivesaltes

Les temps ont bien changé. Certes, la récupération individuelle existe toujours. Tout le monde condamne cette pratique des passeurs. Mais les demandeurs d'asile arrivés dans la terre espérée, la récupération devient, quelquefois, institutionnelle...

Depuis plusieurs années, en Suisse, les réfugiés doivent remettre aux autorités tous les biens valant plus de 1000 francs suisses (environ 900 euros). En échange, ils reçoivent un récépissé. Cette pratique parfaitement légale est prévue par une loi sur l’asile (26 juin 1998) qui exige des réfugiés qu’ils contribuent dans la mesure du possible au coût de leur demande d’asile et d’une assistance sociale. Par la suite, si la personne obtient le droit d’asile, elle devra verser 10% de ses revenus pendant 10 ans. L’an dernier, la Suisse a reçu près de 40 000 demandes d’asile.

Cet exemple, venant d'un pays aussi vertueux que la Suisse, ne pouvait passer inaperçu. Le Danemark a décidé de confisquer les effets de valeur des migrants pour financer leur séjour. Ce projet de loi, controversé, donne le droit aux policiers de « saisir des biens que les demandeurs d’asile apportent avec eux afin de couvrir leurs besoins en alimentation et en hébergement ». Pour financer les aides et décourager les demandeurs d’asile à venir au Danemark. Le texte doit être adopté le 26 janvier.
La loi, pleine d'attention, prévoit, cependant, que les demandeurs d'asile pourront conserver les biens ayant « une valeur sentimentale », comme les alliances.

Les passeurs, individuels, rémunérés, indignent l'opinion publique. Frontex les poursuit. Qui poursuivra les États passeurs ?

 

1 – Vous avez la mémoire courte… 500 000 républicains venus du Sud « indésirables » en Roussillon. René Grando, Jacques Queralt, Xavier Febrés éditions du chiendent, 1981, 258 p.

2 - Rivesaltes : le camp de la France. 1939 à nos jours., Canet-en-Roussillon : Ed. Trabucaire, 2015, 161 p.

NB : Article précédent sur les camps, publié le 7 septembre 2011, FRIBOURG, RIVESALTES, GURS


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13 réactions à cet article    


  • jako jako 25 janvier 2016 12:17

    Rafraîchir la mémoire, merci de votre article.


    • foufouille foufouille 25 janvier 2016 14:18

      assez nul.
      c’est assez logique que ce soit pareil pour toutes aides. si tu as un million d’euros en liquide ou sur ton compte, tu n’auras aucune aide.


      • amiaplacidus amiaplacidus 25 janvier 2016 14:20

        Je dois dire que je comprends les Danois et les Suisses.

        Le Danemark, je ne connais pas trop la situation, mais la Suisse, je connais un peu, J’habite à 3 km de la frontière franco-suisse.

        Lorsqu’un résident en Suisse, après avoir travaillé et payé des impôts parfois pendant de longues années, se trouve, par malheur, acculé à dépendre de l’aide sociale, il dois, avant de prétendre à cette aide, vendre tous, absolument tous ses biens. Ce n’est que lorsqu’il sera complètement démuni qu’il pourra être aidé.

        Alors, pourquoi voulez-vous que des gens qui arrivent brusquement dans ce pays soient aidé inconditionnellement, soient mieux traités que les gens qui y résident (Suisses ou travailleurs étrangers en Suisse) ?
         D’autant plus que certains (pas tous, loin de là) ont réalisé en or et bijoux de véritables fortunes avant de prendre le chemin de l’exil.


        • blablablietblabla blablablietblabla 25 janvier 2016 16:04

          N’importe quoi cette article, monsieur Oriol amiaplacidus vous a répondu .

          Vous devrez sortir un peu de votre léthargie , en fdaite vous leur proposer tout aux réfugiés et meme votre femme je pari , me rappelle un sketch de notre regretté Rymon Devos avec son violoncelle sur un homme qui habite chez lui avec sa femme et qui met ses affaires voir meme son lit !

          • capobianco 26 janvier 2016 20:38

            @blablablietblabla
            On sent le vécu dans tes propos ! T’as pas eu de chance, avec ta femme c’est la vie, pauvre vieux !!!


          • CHALOT CHALOT 25 janvier 2016 18:15

            Merci pour cet article
            Puis-je le reproduire sur le blog de "Familles laïques de Vaux-le-Pénil ?


            • Paul ORIOL 25 janvier 2016 23:47

              @CHALOT

              Oui, bien sûr.
              Paul


            • Le p’tit Charles 26 janvier 2016 08:07

              En France, les demandeurs d’asile, ont pendant la première année droit à un logement et des aides financières..au bout d’un an, rebelote pour une seconde année (toujours aux frais de la princesse..) ensuite il reste en France en invoquant des stratagèmes divers donnés par les gentilles associations (elles aussi payées par nous..)

              Bref du début à la fin on nous entube.. !

              • Le p’tit Charles 26 janvier 2016 10:42

                @Le p’tit Charles...Les Français travaillent pour des envahisseurs et sont content.. ?


              • Odin Odin 26 janvier 2016 12:08

                Parler de cette sombre période et une bonne chose mais

                faire un parallèle avec cette déferlante de migrants que nous

                avons aujourd’hui n’est pas raisonnable.

                Les migrants de cette période étaient des réfugiés politiques

                et majoritairement de religion catholique.

                Les migrants d’aujourd’hui sont en grande majorité pour des raisons économiques, ceci est incontestable, et de religion

                musulmane.

                La comparaison que nous pourrions faire est que les femmes qui étaient proches des camps de Rivesaltes ou de Bram n’ont pas eu à subir ce que des femmes peuvent subir actuellement comme à Cologne notamment.

                Je pense que le parallèle serait plus raisonnable en parlant des camps de syriens qui se trouvent en Turquie où ils sont traités comme des animaux et de plus servent de monnaie d’échange

                avec l’UE. Déjà 3 M€ pour la Turquie plus une renégociation pour intégrer UE !

                Quant au sort des palestiniens ce n’est malheureusement plus d’actualité et en parler va bientôt relever de l’antisémitisme de cette novlangue.


                • ZenZoe ZenZoe 26 janvier 2016 15:26

                  C’est vrai qu’à première vue, ce procédé peut choquer. Ces pauvres gens gens qui ont tout perdu, quand même ... Juste leur laisser leurs alliances, c’est gonflé...
                  Et puis, on réfléchit, et on se dit :
                  - est-il bien équitable que pour les résidents légitimes d’un pays on demande régulièrement des justificatifs de revenus et des relevés de compte bancaires, pour ensuite ajuster le montant du RSA ou de l’ASS attribués ? Et que les réfugiés bénéficient eux d’une aide inconditionnelle et immédiate ?
                  - est-il bien équitable de débattre régulièrement à l’assemblée de la possibilité de faire travailler gratos des chômeurs et bénéficiaires de minima sociaux, alors qu’on ne parle jamais de contreparties pour les réfugiés ?
                  Alors oui, soulever le sujet au moins d’une égalité de traitement entre autochtones et réfugiés ne me parait plus si scandaleux au fond.


                  • Paul ORIOL 27 janvier 2016 10:26

                    Je comprends très bien vos arguments, d’une certaine façon, ils expriment une certaine forme de solidarité. Mais, à mon sens, une solidarité pervertie. Une solidarité qui oppose, ceux d’en bas-entre eux. Du moment que je suis brimé, tu dois être brimé.

                    Sans vouloir faire du misérabilisme, à partir de ce que les demandeurs d’asile ont dû supporter, chez eux d’abord et tout au long de leurs pérégrinations ensuite, ces gens là arrivent dans ce qu’ils pensent être, enfin, un havre de paix. Et, après avoir échappé à tous les risques, la première chose que fait l’État, avant même d’avoir examiné leur cas, il les dépouille légalement.

                    Une fois les questions concernant leur statut réglées, ils seront soumis au régime général. Mais, leur situation n’est pas encore réglée.

                    Ces pays font partie des pays les plus riches (Suisse, 9ème PIB en parité de pouvoir d’achat, Danemark, 20ème). Que la Suisse offre son refuge à des personnalités fortunées qui échappent ainsi aux régimes fiscaux de leur pays (il y a des Français parmi eux). Que ses banques…

                    Une ONG vient de publier récemment que « les 62 personnes les plus riches au monde possèdent désormais autant que la moitié de la population mondiale, soit quelque 3,5 milliards de personnes  », que « la richesse de ces 62... a augmenté de 44% depuis 2010, alors que celle des 3,5 milliards de personnes les plus pauvres chutait de 41% », que « le patrimoine cumulé des 1% les plus riches du monde dépasse désormais celui des 99% restants.  »

                    Ne pensez-vous pas que l’effort de devrait porter davantage sur cet écart qui grandit entre les uns et les autres, les dominants et les dominés, les riches et les pauvres, ceux qui décident à ceux qui subissent, plutôt que d’opposer les pauvres entre eux ?

                    Bien à vous

                    Paul


                    • Paul ORIOL 28 janvier 2016 08:57

                      28/01/16

                      Une amie ma envoyé le commentaire suivant :

                      "J’ai lu le texte dans lequel tu évoques le camp de Bram .

                      A Bram, comme dans les autres camps, il n’y eut dans un premier temps, au moment de la retirada, que des républicains espagnols. Mon grand père y était, très rapidement un agriculteur du coin lui a proposé du travail, il put sortir et faire venir avec lui, à la ferme, ma grand’mère et ses enfants qui étaient réfugiés à Condom dans le Gers. Pas dans un camp, ma grand mère avait trouvé du travail comme lingère dans un hôtel, des familles avaient pris ma mère et mes tantes en pension et mon oncle était en apprentissage chez une famille de cordonniers italiens. La famille ne s’en sortait pas trop mal, même si mon grand père, s’il était nourri et logé, ne percevait aucun salaire. On ne faisait pas seulement du trafic d’argent, de bijoux, mais aussi de bras ! La plupart des réfugiés espagnols n’avait rien à échanger. Et ceux qui avaient pu emporter des économies n’ont pu les utiliser, le nouveau gouvernement espagnol ayant déclaré obsolète l’argent de la République, ma mère conserve précieusement un rouleau de billets que ma grand mère avait cache sous ses jupes pendant la retirada. Les enfant ont été scolarisés pendant quelques mois à Bram et c’est là qu’ils ont commencé à apprendre le français .

                      Tout est devenu très très difficile à partir de septembre 1940 où le régime de Vichy à obligé tous les étrangers à être regroupés dans des camps . A Bram se côtoyaient de nombreuses nationalités. Ma famille est revenue au camp de Bram, puis transférée à Argelès puis à Rivesaltes où c’était très dur. Là, ma grand mère a fait appel aux familles qui l’avaient aidée au moment de la retirada à Condom et ce sont celles ci qui ont fait appel aux Quackers pour les aider à sortir du camp. La famille à donc terminé la guerre dans une colonie de Quackers où étaient recueillis des enfants de républicains espagnols et aussi des enfants juifs cachés. Ma grand-mère a de nouveau travaillé comme lingère dans cette colonie pour ne pas être séparée de ses enfants. Pendant ce temps mon grand père travaillait pour les compagnies volontaires de travail qui venaient chercher de la main d’œuvre gratuite dans les camps.

                      Si le trafic d’argent, de biens, se faisait individuellement (Quoique pour la population juive ...) l’utilisation de la main d’œuvre des camps était si j’ai bien compris, une une affaire d’ État .

                      Bon, j’arrête là mon bavardage ..."

                      O.C.

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