Suite au lobbying de quelques groupuscules infirmiers, non représentatifs de la profession, la loi 2006-1668 du 21 décembre 2006 a donné le jour à l’ordre infirmier. Les infirmier-e-s sont donc aujourd’hui obligés d’adhérer et de cotiser pour avoir le droit de travailler dans la légalité…
La grande majorité des infirmier-e-s, soumis aux menaces et chantages de l’ordre infirmier (
voir ici), ne voient pas l’utilité de cet ordre et refusent d’être obligés de payer pour avoir le droit d’exercer leur profession ; en effet celle-ci est déjà réglementée par la Haute Autorité de Santé et le Haut Conseil des Professions Paramédicales ; quant aux actes infirmiers, ils sont bien identifiés par un décret de compétences et un code de déontologie.
Nous menacer d’exercice illégal alors que nous avons obtenu un diplôme d’état est parfaitement aberrant et indigne d’une démocratie, ce n’est pas à une institution privée, aux méthodes douteuses, de faire la loi dans cette profession ; de plus, l’exercice des salariés est déjà encadré par des structures hiérarchiques et disciplinaires, et ne nécessite pas la mise en place de cette inquisition !
Oui, inquisition, le mot n’est pas trop fort quand on voit le brouillon du futur code de déontologie, morceaux choisis :
« Article 9 Préservation de l’image de la profession
L’infirmier s’abstient, même en dehors de l’exercice de sa profession, de tout acte de nature à déconsidérer celle-ci.
En particulier, dans toute communication publique, il doit faire preuve de prudence dans ses propos et ne mentionner son appartenance à la profession qu’avec circonspection. »
« Rappelons également que la même logique doit amener l’infirmier .à adopter une attitude prudente dans l’utilisation de tous les moyens de communication, et notamment des moyens électroniques. Des règles précises en la matière sont édictées à l’article 52 en ce qui concerne l’utilisation des pseudonymes »
Autrement dit, nous aurons affaire à une police de la pensée, un tribunal des mœurs, qui jugera de la bienséance de nos propos et comportements, et pourra nous juger et nous radier, si ceux-ci ne sont pas conformes à la doxa ordinale. La moindre critique envers l’ordre sera considérée comme un outrage et sera sanctionnée, et moi qui suis infirmière, jetée en pâture aux chiens de garde de la sainte inquisition !
Nous n’avons vraiment pas besoin de cela, alors que la plupart d’entre nous exercent dans des conditions de plus en plus difficiles, suite aux restrictions budgétaires généralisées, à la marchandisation de notre système de santé.
Heureusement, quelques députés UMP prennent enfin conscience que cet ordre ne répond pas aux besoins de cette profession, à majorité constituée de salariés ; aussi une proposition de loi vient ‘elle d’être émise, afin de dispenser les infirmiers salariés de
s’inscrire à l’ordre.
A priori, la gauche de l’hémicycle devrait être d’accord avec cette proposition de loi, car elle a voté contre la création de l’ordre infirmier.
Souhaitons que les députés de droite, qui s’aperçoivent aujourd’hui de leur erreur d’appréciation, adoptent eux aussi cette proposition, afin que le Golem s’effondre enfin et retourne finalement à l’état de poussière !
N’hésitons pas à écrire à nos députés, que nous soyons soignants ou (futurs) patients, afin de défendre les infirmier-e-s contre l’intrusion intolérable de cet ordre, tant dans leurs vies professionnelles que personnelles.