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Les dernières heures du monstre : la fin d’Adolf Hitler dans l’enfer du Führerbunker de Berlin

Il y a près de 80 ans, le 30 avril 1945, dans un bunker sous Berlin dévasté, Adolf Hitler vit ses ultimes instants. Cerné par les flammes de la guerre qu’il a déclenchée, le Führer, autrefois maître redouté de l’Europe, n’est plus qu’une ombre hagarde. Qui l’entoure dans cette tombe de béton ? Quels choix, quelles peurs le hantent ?

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Berlin en ruines, le bunker comme tombeau

Le 29 avril 1945, Berlin n’est plus qu’un champ de décombres. Les obus soviétiques s’abattent sans relâche, réduisant les immeubles en poussière, tandis que l’Armée rouge, menée par Joukov, encercle la capitale du Reich. À 80 kilomètres au nord, les forces britanniques et américaines progressent, scellant le destin de l’Allemagne nazie. Dans ce chaos, Adolf Hitler, 56 ans, s’est retranché depuis janvier dans le Führerbunker, un complexe souterrain sous la nouvelle chancellerie du Reich, à 8 mètres sous terre. Ce labyrinthe de béton, décrit par l’historien Ian Kershaw dans Hitler : 1936-1945, est à la fois un refuge et une prison, où l’air vicié et l’humidité rongent les âmes autant que les murs.

 

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Le bunker abrite une étrange cour des miracles : officiers fanatiques, secrétaires fidèles, médecins douteux et propagandistes acharnés. Les communications avec l’extérieur sont presque coupées, mais les rares messages confirment l’inéluctable : l’Allemagne a perdu. Selon les mémoires de Traudl Junge, jeune secrétaire d’Hitler jusqu’à la dernière heure, l’atmosphère est irrespirable, mêlant peur, déni et une loyauté morbide. Hitler, affaibli par la maladie – probablement Parkinson, comme le suggèrent les tremblements notés par son médecin Theodor Morell – refuse encore d’admettre la défaite. Pourtant, ses ordres, donnés à des armées fantômes, trahissent un homme déconnecté, oscillant entre rage et apathie.

Ce décor apocalyptique reflète l’effondrement d’un régime bâti sur la violence. Les habitants du bunker savent que la fin est proche, mais personne n’ose le dire à haute voix. Les enfants Goebbels, âgés de 4 à 12 ans, jouent dans les couloirs, ignorant qu’ils seront bientôt victimes de la folie de leurs parents. Rochus Misch, opérateur radio, racontera plus tard dans ses mémoires (J’étais garde du corps d’Hitler) combien ces heures semblaient suspendues, comme si le temps lui-même attendait le dernier acte. C’est dans ce huis clos oppressant que se joue le dénouement d’une tragédie mondiale.

 

Hitler's Last Bodyguard Dies; Was With The Fuhrer In Bunker | WAMU

 

Fidèles, traîtres et ombres

Adolf Hitler, au centre de ce drame, n’est plus le tribun enflammé de 1933. Épuisé, voûté, il s’appuie sur des injections de Morell pour tenir debout. Kershaw note qu’il alterne entre délire mégalomane – rêvant encore d’une contre-offensive – et moments de lucidité où il admet l’échec. Ses dernières paroles, rapportées par Traudl Junge, révèlent un homme obsédé par son image : il refuse que son corps soit exhibé, craignant le sort de Benito Mussolini, fusillé puis pendu deux jours plus tôt. Cette peur de l’humiliation guide ses ultimes décisions, dont son mariage avec Eva Braun et leur suicide commun.

 

Aucune description de photo disponible.

 

Eva Braun, 33 ans, est une figure énigmatique. Longtemps dans l’ombre, cette femme au sourire figé choisit de rester aux côtés d’Hitler, bien qu’elle aurait pu fuir. Dans Eva Braun : vie et mort, l’historienne Heike Görtemaker la dépeint comme une compagne dévouée, mais non naïve, consciente du gouffre où elle s’engage. Le 29 avril à 4 heures du matin, elle devient Frau Hitler lors d’une cérémonie sinistre, entourée de Joseph Goebbels et Martin Bormann comme témoins. Ce mariage, presque absurde dans un bunker en ruines, humanise brièvement un couple autrement indéchiffrable, uni dans une fuite vers la mort.

 

 

Autour d’eux gravitent des figures contrastées. Joseph Goebbels, ministre de la Propagande, et sa femme Magda incarnent la fidélité fanatique : ils préparent le meurtre de leurs six enfants pour leur épargner un monde sans nazisme. Martin Bormann, secrétaire d’Hitler, manigance pour survivre, espérant négocier avec les Alliés. Des officiers comme Otto Günsche, aide de camp, exécutent les ordres sans broncher, tandis que d’autres, comme Hermann Fegelein, beau-frère d’Eva Braun, tentent de déserter. Il sera exécuté le 28 avril pour trahison. Ces âmes perdues, décrites par Antony Beevor dans Berlin : la chute, composent une fresque humaine où se mêlent loyauté aveugle, opportunisme et désespoir.

 

Les dernières 24 heures : un compte à rebours vers l’oubli

Le 29 avril, à midi, Hitler apprend la mort de Benito Mussolini, le Duce italien, un choc qui cristallise sa décision. Selon le témoignage de Günsche, cité par Joachim Fest dans Hitler, il ordonne que son corps et celui d’Eva Braun soient brûlés pour éviter toute profanation. Vers 22 heures, il rédige son testament politique, un document délirant où il accuse les Juifs de la guerre et exhorte l’Allemagne à poursuivre son idéologie. Ce texte, analysé par Kershaw, montre un homme incapable de remords, enfermé dans sa propre mythologie jusqu’au bout. Il nomme l’amiral Karl Dönitz comme successeur, signe de son mépris pour les nazis restants comme Heinrich Himmler, qu’il juge déloyal.

 

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Le 30 avril, la journée commence dans une étrange routine. Hitler déjeune frugalement – légumes et eau, selon Junge – et s’entretient avec ses proches. Vers 14 heures, il réunit son entourage pour des adieux formels. Misch se souvient d’un silence glacial, brisé par des sanglots étouffés. À 15 heures, Hitler et son épouse Eva s’enferment dans leur chambre. Lui porte son uniforme, elle une robe bleue. Quelques minutes plus tard, un coup de feu retentit. Günsche et Bormann découvrent les corps : Hitler, une balle dans la tempe, un Walther PPK à ses côtés ; Eva, empoisonnée au cyanure, allongée près de lui. À 15 h 30, leurs dépouilles sont portées dans la cour de la nouvelle chancellerie du Reich, arrosées d’essence et incendiées sous le feu des obus soviétiques.

 

30 avril 1945 : comment la presse annonce le suicide de Hitler

 

L’acte final est presque banal dans son horreur. Les flammes, attisées par Günsche, consument mal les corps, laissant des restes que les Soviétiques retrouveront plus tard. Le bunker, vidé de son maître, sombre dans le chaos : certains fuient, comme Bormann, qui disparaîtra ; d’autres, comme Goebbels, se suicident le lendemain avec sa famille. Ce suicide n’est pas un geste héroïque, mais une fuite, un refus d’affronter les conséquences d’un régime qui a coûté des millions de vies. Ces dernières heures, minutieusement reconstituées grâce aux témoignages croisés, révèlent un homme brisé, mais incapable de se repentir.

 

La mort d’un symbole, la survie d’un spectre

La mort d’Hitler, le 30 avril 1945, marque la fin symbolique du Troisième Reich, mais pas de la guerre, qui se prolonge jusqu’au 8 mai en Europe. L'amiral Karl Dönitz, depuis Flensbourg, tente de négocier une reddition partielle, mais les Alliés exigent une capitulation sans condition, signée à Reims et Berlin. L’Allemagne, dévastée, entame une reconstruction sous occupation, tandis que le monde découvre l’ampleur des crimes nazis à Auschwitz, Dachau et ailleurs. Comme le note l’historienne Hannah Arendt dans Le Monde (1961), la disparition d’Hitler ne clôt pas le débat sur la responsabilité collective : "Son ombre plane encore sur ceux qui l’ont suivi".

Sur le plan politique, ce suicide accélère l’effondrement du nazisme. Sans Hitler, le régime perd son ciment idéologique. Goebbels, dernier pilier, se tue le 1er mai, et Himmler, capturé par les Britanniques, se suicide le 23 mai. Pourtant, des poches de résistance fanatique, comme les "loups-garous" nazis, persistent brièvement, alimentées par le mythe d’un Führer martyr. À long terme, la mort d’Hitler ouvre la voie au procès de Nuremberg (1945-1946), où les survivants du régime sont jugés. Elle laisse également une Allemagne fracturée, divisée entre Est et Ouest jusqu’en 1989, hantée par son passé.

L’héritage d’Hitler, paradoxalement, survit dans les esprits. En 2025, à l’occasion du 80e anniversaire de la fin de la guerre, des musées comme le Deutsches Historisches Museum à Berlin rappellent son ombre à travers des expositions sur la mémoire collective. Les néonazis, bien que marginaux, exploitent encore son image, tandis que les démocraties s’interrogent sur les mécanismes du totalitarisme. La mort d’Hitler n’a pas tué ses idées ; elle a forcé le monde à les affronter. Ces 24 heures, un instant dans l’histoire, résonnent comme un avertissement : la barbarie naît d’hommes, non de monstres.

 


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22 réactions à cet article    


  • Seth 16 avril 14:58

    Il paraît qu’il avait une quéquette de 7 cm. Peut être en a-t-il au fond de lui même eu assez de n’être pas le führer du lit, allez savoir...  smiley


    • @Seth

      En réalité, on se sait pas du tout pour le micropénis. Il était atteint d’une malformation de l’urètre qui, dans certains cas, signifie que la personne ne dispose pas d’un pénis de taille raisonnable. Mais ce n’est pas toujours le cas.

      Par contre, il avait bien deux testicules mais il n’y en avait qu’un seul dans le scrotum. Le testicule droit n’était pas descendu. 

      Ce qui est certain, c’est qu’il aimait les jeunes filles et l’inceste ne lui posait pas de problème. Il avait une relation avec sa jeune nièce, Geli Raubal. La pauvre gamine s’est suicidée en 1931. 


    • Seth 16 avril 15:26

      @Giuseppe di Bella di Santa Sofia

      Je viens d’apprendre incidemment que cette petite Raubal avait eu des « relations » avec le chauffeur d’hitler. Aurait-elle été exigeante ?

      Enfin bref, il était mal pourvu le pauvret, ce qui amène parfois à des comportements dominants.


    • Seth 16 avril 15:27

      @Seth

      pardon... dominateurs.  smiley


    • Seth 16 avril 15:29

      @Seth

      Pour faire simple : il avait été mal conçu.


    • @Seth

      Oui, sa nièce avait une liaison avec son chauffeur, Emil Maurice, qui était un proche de longue date du Führer. En 1920, il a adhéré au NSDAP. Son numéro d’adhérent était le n°2 (Le n° 1 était Hitler). Les deux hommes se sont éloignés pendant quelques années. Hitler a renoué le contact avec lui dès son arrivée au pouvoir, en 1933. Il est devenu général SS. Il avait des origines juives et Hitler le savait très bien. Himmler, lorsqu’il a été mis au courant, a demandé son renvoi. Le Fûhrer a catégoriquement refusé. 


    • SilentArrow 16 avril 16:05

      @Seth
       

      Pour faire simple : il avait été mal conçu.

      Presque unicouilliste.

    • @Seth

      Oui, il était mal foutu de partout... De plus, il avait un tas de maladies comme Parkinson mais aussi la syphilis. Sans oublier qu’il était complètement cinglé et qu’il faisait des choses perverses au lit (selon sa nièce). Ca fait beaucoup quand même...


    • pasglop 17 avril 13:32

      @Giuseppe di Bella di Santa Sofia
      56 ans c’est tôt pour Parkinson, même si ça peut arriver.
      Par contre la syphilis peut expliquer à elle seule la dégénérescence mentale et au final la démence.
      Reste à savoir si certains hauts dignitaires dans son entourage proche n’étaient pas encore plus cinglés que lui, Goebbels en particulier, sans lequel les choses n’auraient peut-être pas pris ces proportions.


    • Seth 17 avril 15:56

      @pasglop

      S’il avait chopé la vérole, il pouvait être traité : la pine céline existait déjà...


    • pasglop 17 avril 19:41

      @Seth
      J’ai lu quelque part qu’il se méfiait comme de la peste des « inventions étrangères ».
      Par contre, il est est avéré qu’il était camé jusqu’aux yeux, opiacés, amphétamines, méthédrine, notamment grâce aux bons soins du Dr Morell.


    • nenecologue nenecologue 17 avril 13:02

      Salut, les dernières déclassification en cours en Argentine et aux USA laissent à penser que adolf a fini sa vie en Argentine plus de 20 ans après 1945 ...


      • Bonjour @nenecologue et merci pour votre intervention.

        J’ai suivi cette affaire de déclassification de documents en cours en Argentine, ordonnée par le président Javier Milei.

        Depuis très longtemps, il y a une rumeur qui circule et qui prétend que le dictateur nazi aurait terminé sa vie tranquillement en Argentine. La Russie avait affirmé, en 2000, disposer un fragment de crâne et des mâchoires d’Adolf Hitler. En 2009, des analyses ADN sur le fragment de crâne ont révélé qu’il s’agissait de celui d’une femme et non pas celui du Führer.

        Par contre, des examens scientifiques des dents (sans analyse d’ADN) ont permis de confirmer qu’il s’agissait bien de celles d’Hitler. La conclusion est qu’il serait bien mort le 30 avril 1945. Par contre, il manque une preuve irréfutable : l’analyse ADN qui se révèle impossible. Et c’est bien dommage.


      • Rémy Rémy 17 avril 14:31

        @nenecologue

        https://x.com/sylviamiami1776/status/1902971030638829922?s=46&t=sxY0HSCpYKEdPDgmFgbPCQ

        Des documents qui tenteraient de prouver que le taré n’est pas mort en 1945 mais aurait survécu une vingtaine d’années et aurait engendré deux filles, certains rechercheraient même cette progéniture aujourd’hui ! Ce qui est sûr, c’est que la cia était déjà sur le coup à l’époque, donc peut-être pas de fumée sans feu... 

        D’autres documents circulant depuis longtemps, montrerait que le monstre était en fait un bâtard des Rothschild !

        Je parle bien sûr au conditionnel, tout en imaginant que tout cela est totalement ou partiellement plausible.....

        Concernant des tests adn, si on a des dents prouvées de l’individu ( ce qui n’est sûr ), il serait facile d’en déduire au moins cette « affiliation ».... 


      • Wladimir 17 avril 18:05

        @Giuseppe di Bella di Santa Sofia
        ce genre de preuve est douteux ...
        les dents peuvent avoir voyagé de 1945 à 2000 ...
        de Allemagne à Argentine puis Russie ...


      • Wladimir 17 avril 18:14

        Il y a un aspect toujours oublié .

        Quand Berlin a été prise , des morts en cercle ont été trouvés avec au milieu un autre homme habillé d’une autre couleur , tous des Tibétains . Que faisaient-ils donc là ?

        Quand on sait que le formateur de Hitler avait beaucoup séjourné au Tibet , il y a un grave problème derrière . Qui manipulait qui ? 

        Derrière les fanatiques allemands , il y avait peut-être pire derrière .... 

        Derrière les marionnettes , il y a ceux qui tirent les ficelles .

        Par ailleurs , il y avait beacoup de sociétés secrètes influentes . 

        Certains pensent que l’influence de Hitler était liée à des choses genre spiritisme ...


        • Wladimir 19 avril 13:14

          @Wladimir
          Pour certains , Hitler et .... ne furent qu’un instrument entre les mains d’un groupe de magiciens noirs tibétains .
          Le 25 avril 1945 ils découvrirent les cadavres de 6 tibétains en cercle autour de celui de l’homme aux gants verts . Ce dernier était un moine tibétain avec lequel Hitler était en contact permanent .
          Dietrich Eckart fit de Hitler la personnalité  que nous connumes plus tard .
          Haushofer , le grand magicien , lui transmis ses théories et ses projets . Puis il prit en charge l’instruction politique de Hitler . Haushofer fit de nombreux voyages au Tibet .
          Le sataniste Aleiter Crowley , lui , consellait Churchill .
          Bref , il y a une autre histoire encore plus sinistre ... mais la censure a empêché beaucoup de révélations . 


        • babelouest babelouest 17 avril 18:27

          J’attends que pareille chose se passe dans le quartier « européen » de Bruxelles...... il est bien plus que temps ! Mais ce ne sont sans doute pas nos amis russes qui viendront, il faudra se prendre par la main....


          • V_Parlier V_Parlier 17 avril 20:35

            Remarques sur la fin de l’article. Je cite :

            « En 2025, à l’occasion du 80e anniversaire de la fin de la guerre, des musées comme le Deutsches Historisches Museum... » -> Je complète : En 2025 l’UE interdit à ses membres d’aller comémorer la victoire avec leurs anciens alliés (ou faut-il dire : avec ceux qui ne se sont pas laissés occuper comme eux).

            Aussi : « les démocraties s’interrogent sur les mécanismes du totalitarisme. » -> Non, elles s’en inspirent et les masques finissent par tomber. Ca devient trop gros.


            • juluch juluch 17 avril 22:22

              le film « la chute » que vous montrez à la fin de l’article est le meilleur du genre pour cette période.

              Le Reich avait perdu des 1941 et Hitler en porte la responsabilité en se prenant pour un stratège.

              le destin était funeste des le début.


              • razoumikhine razoumikhine 18 avril 17:36

                Que récit poignant !!

                Un peu plus et j’allais pleurer ...

                Pourrait on éviter de glorifier ce taré délirant une bonne foi pour toute 


                • Lonzine 19 avril 17:38

                  il avait les yeux bleus ou c’est encore du gpt ?

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