• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Les désarrois de l’élève Macron

Les désarrois de l’élève Macron

Curieux destin que celui de Macron ! Nourri de grande littérature autant que de la science des chiffres que lui valut son compagnonnage avec la banque Rothschild dont on ne sort pas indemne, il a su incarner aux yeux de tous ceux qui l’ont porté au pouvoir l’intelligence en marche.

On passera sur les singularités de sa vie personnelle, qui sommes-nous pour en juger ? mais on ne peut être qu’admiratif sur son sens de l’opportunité ou si vous préférez sur le sens politique de ceux qui ont favorisé son ascension et qu’il a su convaincre.

Quasi inconnu du grand public à sa nomination comme ministre par Hollande, il a d’abord terrassé le prétendant Valls ( qui ne disposait pas, il est vrai, de papiers fort vaillants ayant toujours fait preuve d’un arrivisme de mauvais aloi couplé une nette appétence pour la démagogie facile ) pour se jouer à la fin avec facilité de la rescapée du premiers tour.

 

Mais las ! au-delà de ses beaux parchemins, Macron n’avait pas le bagage humain suffisant pour répondre à une crise sociale, que pas grand monde n’avait vu venir, somme toute existentielle au sens premier du terme, et qu’il n’a pas pu ni sans doute voulu appréhender avec des sentiments d’empathie, une qualité qui ne s’acquière pas dans les livres mais se cultive par la volonté quasi messianique de partager les épreuves de ces gens que l’on ne peut connaître, dont on ne peut même soupçonner l’existence tant que l’on n’est pas confronté à la fréquentation de ce que son milieu d’origine ( dont il n’est sans doute jamais sorti réellement ) appelle la populace, les gens de rien, les gueux.

De là les propos suffisants à l’égard de ces malheureux incapables de traverser la rue pour se trouver un emploi ou de ceux qui se complaisent dans une mentalité d’assisté et qui coûtent « un os » aux finances de l’état.

Ceux-là qui sont les oubliés de la vie, qui fréquentent les enseignes à prix cassés non par plaisir mais par nécessité, parce qu’ils n’ont pas les moyens du choix et qu’ils doivent se résigner a la consommation bas de gamme de produits qui risquent de les casser eux-mêmes tant la qualité est parfois à la limite de ce qui est commercialisable.

Ils promènent avec résignation leur mauvaise graisse qui leur donne un teint de cendre à la limite du verdâtre, ce qui tranche avec le gras rubicond de ceux qui enfournent sans discernement sans doute mais avec un grand appétit des produits de choix qui font les délices de leurs papilles.

Entre l’alcoolisme distingué des hautes sphères où l’on se partage les vins fins et les alcools de prestige et celui ravageur de ceux qui se contentent du litron de mauvaise piquette ou de la bière de troisième ordre, il n’y a sans doute pas grande différence de nocivité pour la santé y compris mentale mais bien de nature.

Les uns recherchent les paradis artificiels et le fric leur permet d’y accéder quand les autres noient leur misère morale autant que matérielle dans les vapeurs frelatées d’un mauvais alcool.

Mais lorsque ces gueux, ces laissés pour compte, ces abstentionnistes qui n’ont même plus le sens civique de faire leur choix électoral parmi les moins pires se réveillent - comme ce fut maintes fois le cas dans l’histoire de France pour le plus souvent ne rien obtenir en échange de leur sacrifice - et qu’ils se découvrent eux-mêmes et se retrouvent avec leurs semblables qui supportaient leur mal de vivre dans leur coin mais bien à l’abri des regards, alors se tissent de nouveaux liens de solidarité : ils s’aperçoivent qu’ils peuvent partager leur misère et s’approprier les difficultés collectives, ils ne sont plus seuls, ils redécouvrent – et c’est le secret de la longévité de certains barrages gilets jaunes – qu’ils sont mieux, ensemble dans la pluie et le froid, partageant les mêmes contraintes, exprimant les mêmes revendications dont celle qui leur semble maintenant essentielle, le RIC qui est censé leur permettre d’exprimer leurs revendications, leurs doutes, leur façon d’appréhender les choses sans la médiation souvent malvenue d’un soi-disant représentant ( qui, dans la plupart des cas, ne représente en fait qu’une minorité des citoyens dont il prend la charge )

Ne jetons pas la pierre à Macron car combien sont-ils au parlement ou au sénat qui eussent été capables de déceler les rumeurs de fond de cour, la colère qui grondait et qui n’attendait qu’une occasion, une mèche allumée à propos du coût des carburants pour éclater ?

Indépendamment de son caractère ravageur pour le porte-monnaie dégarni de ceux qui doivent faire des kilomètres pour aller gagner leur maigre pitance, il faut bien avouer que le sujet est tout de même assez futile et ressemble à la goutte d’eau en trop qui fait déborder un vase de frustrations.

Quand les curés étaient là, qui promettaient le paradis aux pauvres et vouaient à l’enfer les riches dont ils côtoyaient volontiers les pompes pour améliorer leur vie terrestre et que les pauvres adhéraient à la parole d’évangile faisant des placements en prières et laissant aux fortunés les placements plus lucratifs, tout reposait sur la résignation mais les grandes conquêtes sociales ont apporté au peuple la perspective d’une amélioration continue de leur niveau de vie puisque c’était l’unique standard sur lequel s’organisait la vie collective.

Las ! Cela fait déjà 4 décennies que le charme est rompu, 4 décennies que la France est en mutation subie plutôt qu’acceptée et que le droit social est subrepticement détricoté.

Dans les années 70 du siècle passé, l’ouvrier avait la perspective du toujours plus, celui de 2019 n’a plus que celle du toujours moins. Les friches industrielles rythment son paysage et les panaches de fumées ne sont plus là pour égayer son ciel et sans doute aussi encrasser ses poumons même si la pollution des sols continue de polluer ses entrailles.

La profusion de gadgets mis sur le marché et pour la possession desquels le pauvre appâté par une publicité retorse va jusqu’à faire ceinture sur des produits ou services de grande nécessité a bien contenu pendant longtemps la grogne populaire mais à la fin des fins celui qui n’a rien s’aperçoit que se donner les moyens de frimer ne remplit pas la casserole.
Alors parfois les réalités rattrapent ceux qui s’accommodaient vaille que vaille de les supporter et qui n’en peuvent plus de sacrifier l’essentiel au futile accessoire…

Et Macron pour n’avoir pas su poursuivre l’entreprise de mystification risque fort de connaître le sort de ses prédécesseurs, passer après un quinquennat dans les poubelles de l’histoire, laissant peut-être la place à un autre fumiste…

E la nave va …

Et voguera le vaisseau pour le plus grand profit de la ploutocratie mondiale plus triomphante que jamais.

Documents joints à cet article

 Les désarrois de l'élève Macron  Les désarrois de l'élève Macron

Moyenne des avis sur cet article :  3.85/5   (13 votes)




Réagissez à l'article

18 réactions à cet article    


  • baldis30 9 janvier 2019 09:41

    bonjour

     « Macron n’avait pas le bagage humain suffisant pour répondre à une crise sociale »

     pourquoi utiliser l’imparfait ?


    • gaijin gaijin 9 janvier 2019 10:21

      @baldis30
      parce que son futur n’est pas simple smiley smiley smiley


    • Clark Kent François Pignon 9 janvier 2019 10:34

      @gaijin

      exact : c’est un futur antérieur :
      « Macron n’aura pas eu le bagage humain suffisant pour répondre à une crise sociale  »


    • zygzornifle zygzornifle 9 janvier 2019 10:16

      Quand on met a la tête du pays un énarque banquier ex-trader de chez Rothschild que vas t’il se passer ?

      Hé bien voila vous êtes au courant maintenant les mougeons ....


      • zygzornifle zygzornifle 9 janvier 2019 10:17

        De toute façon Macron et sa bande de sérial-taxeur sont complètement discrédités et devenus tellement impopulaires qu’il ne leur reste plus que la violence et la répression pour continuer a gouverner ....


        • Francis, agnotologue JL 9 janvier 2019 10:26

          ’’ les oubliés de la vie, qui (...) doivent se résigner a la consommation bas de gamme de

          produits qui risquent de les casser eux-mêmes tant la qualité est parfois à la limite de ce qui est commercialisable. ’’

           

           Ah ! Si les produits coûteux pouvaient tous ne jamais casser personne ! Hélas, la cherté n’est pas toujours synonyme de qualité.

           


          • zygzornifle zygzornifle 9 janvier 2019 10:29

            Macron n’avait pas le bagage humain


            C’est pour cela qu’il a été mis en place, les puissants qui l’on fait élire ont besoin d’un tyran, ils comptent sur le fait qu’il ne soit pas « humain » et qu’il soit sans pitié , Macron a été mis en place pour fracasser le social et tout détricoter et a bien démarré le job , en ce moment ça foire pour lui , tant qu’il aura encore son soutient a peine masqué il restera en place car ils ont énormément investis sur leur pur-sang

            , s’il est lâché il tombera avec le gouvernement et certainement que LReM ne s’en remettra pas ce qui ne sera pas une grosse perte , ses menbres retourneront chouiner d’où ils viennent et du coup le PS et les Républicains referont le plein d’adhérents ....


            • Taverne Taverne 9 janvier 2019 11:01

              La République en Marche a raté la marche.

              La morgue de ces gens s’est fracassée quand ils sont tombés de leur estrade sans doute parce que, comme vous dites, « Macron n’avait pas le bagage humain ». Pourtant, Macron avait pris soin de prendre à ses côtés le bagagiste Benalla. Je plaisante.


              • leypanou 9 janvier 2019 11:06

                et que les pauvres adhéraient à la parole d’évangile faisant des placements en prières et laissant aux fortunés les placements plus lucratifs, tout reposait sur la résignation 

                 : que c’est bien vu.

                Çà m’a toujours étonné ces gens, en général de la petite bourgeoisie, vraiment petite, se lancer à fond dans le prosélytisme des Témoins de Jéhovah, se souciant plus d’une hypothétique vie meilleure future dans l’au-delà au lieu de chercher à régler les problèmes actuels factuels.

                Mais l’oligarchie a trouvé là des suppôts gratuits, et l’impérialisme pareil, car le crétinisme, rien de mieux pour la bonne marche de leurs affaires.


                • Eric F Eric F 9 janvier 2019 20:45

                  @leypanou
                  Il n’est pas certain non plus que ceux qui ont cru aux promesses du grand soir aient forcément eu des matins radieux.
                  Mais désormais que quasiment personne ne croit au paradis de l’au delà ni à celui du lendemain, il ne reste que le Manitou pour forcer la porte de l’Eden.


                • Piere CHALORY Piere CHALORY 9 janvier 2019 11:07

                  ’’Les uns recherchent les paradis artificiels et le fric leur permet d’y accéder quand les autres noient leur misère morale autant que matérielle dans les vapeurs frelatées d’un mauvais alcool.’’


                  Oui c’est un fait, les bons alcools font moins mal à la tête le lendemain. Pour le reste, à haute dose ça revient au même. évidemment c’est moins dangereux de se saouler dans un palace ou un hôtel particulier que réfugié dans un carton de nuit à la Gare du Nord,

                   smiley

                  ’’Et Macron pour n’avoir pas su poursuivre l’entreprise de mystification risque fort de connaître le sort de ses prédécesseurs, passer après un quinquennat dans les poubelles de l’histoire, laissant peut-être la place à un autre fumiste…’’

                   smiley

                  Après, ou peut-être même avant, qui sait ?

                  Quant au fumiste suivant.e  ; parfois cette écriture inclusive permet de raccourcir les phrases, il est sûr que si rien n’est fait pour supprimer le statut monarchique actuel et les dérives qui en découlent...

                   smiley

                   

                   


                  • alinea alinea 9 janvier 2019 18:53

                    Vous pensez sérieusement que l’on peut attendre 22 ? dans quel état serons nous ?


                    • moebius 10 janvier 2019 02:41

                      @alinea
                      22 v’la les flics... 


                    • Elliot Elliot 10 janvier 2019 12:59

                      @alinea

                        J’ai appris hier dans l’émission C à Dire que Macron, lui-même, au début de son mandat aurait évoqué que le prix des réformes nécessairement impopulaires pouvait l’amener à ne pas aller jusqu’au terme de sa mandature.

                        Était-ce une boutade ou vague prémonition, personne n’en sait rien.

                        C’est de toute manière à mon sens le principe de la 5e république et son fonctionnement qui sont à l’agonie.

                        Sera-t-elle emportée par la colère populaire ou aura-t-elle le bon esprit de se saborder elle-même, je suis mal placé pour porter un pronostic.


                    •  C BARRATIER C BARRATIER 9 janvier 2019 20:57

                      Macron a fait en peu de temps, avec LRM, des choses utiles au pays et je doute fort que les suivants détricoteront ses reformes. L’important est de faire, en parler ne suffit pas.

                      Ceci dit, un quinquennat c’est court et il lui reste à faire.....


                      • Eric F Eric F 9 janvier 2019 20:57

                        Attention aux procédés littéraires, la « mauvaise graisse qui donne un teint de cendre » et le « litron de mauvaise piquette » , ça rappelle un peu « les gars qui fument des clopes et roulent au diésel » de Grivaux, ou encore « l’alcoolisme et le tabagisme dans le Bassin Minier » de Macron


                        • Elliot Elliot 10 janvier 2019 12:47

                          @Eric F

                            Je ne pense pas faire de littérature – ce serait alors du néo-néo réalisme – en dépeignant ce que malheureusement je vois.
                            Moi aussi, il m’arrive de fréquenter les enseignes « hard discount » et j’y rencontre ce genre de personnages au teint cireux et à l’embonpoint malsain dont le chariot s’agrémente de canettes de mauvaise bière entre autres victuailles ( qui doivent être comestibles à défaut d’être goûteuses dès lors qu’elles ont obtenu droit de cité ).
                            Comme j’ai, comme tout un chacun, la télévision, je vois sur la petite lucarne ( je sais que ce n’est guère original comme expression ) Gérard Larcher, Président du Sénat, qui présente tous les signes de l’opulence gastronomique ( je ne m’aventurerai pas sur son niveau de cholestérol ni sur son état de santé général ) et qui respire la joie de vivre dans l’aisance des bons bourgeois cossus, je ne peux alors m’empêcher de faire la comparaison qui n’est bien entendu pas raison.

                            Je trouve en effet déraisonnable quand on est un homme politique de caricaturer ceux qui sont les premières victimes des politiques qu’il prône ou soutient même si la caricature est proche du portrait.

                            Les services de santé portent aussi des constats alarmants sans qu’ils soient accusés de réécrire « les deux orphelines »( roman mélodramatique « larmoyant » d’Adolphe Ennery qui eut un grand succès à la fin du 19e siècle )

                            Bref un portait même avéré n’est pas toujours bon à dire surtout quand on recherche à rassembler derrière soi le plus de monde possible.

                            Bien qu’un Jean-Marie Le Pen ait aussi fait décoller sa carrière sur des calembours à la fois douteux et pleins d’esprit.


                        • moebius 10 janvier 2019 03:02

                          Cette focalisation morbide sur le macron de circonstance permet d’eviter de comprendre objectivement qui dans ce pays detient la realite effective du pouvoir sociale c’est a dire economique et politique  Nul besoin de chercher un maitre, un opresseur sadique et exterieur ou je ne sais quel traite et a quelle cause Quel etranger radical ou quelle substance perverse et paranoiaque a laquele npous pourrions nous en prendre ...  Dans une democratie ce ne peut etre que le peuple qui exerce ce pouvoir pour le peuple et par le peuple . Une seule explication absolument rationnelle  : Le peuple, cette entite monstrueuse, se dévore a pleines dents et il aime ça 

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité




Palmarès



Publicité