Les désarrois de l’élève Macron
Curieux destin que celui de Macron ! Nourri de grande littérature autant que de la science des chiffres que lui valut son compagnonnage avec la banque Rothschild dont on ne sort pas indemne, il a su incarner aux yeux de tous ceux qui l’ont porté au pouvoir l’intelligence en marche.
On passera sur les singularités de sa vie personnelle, qui sommes-nous pour en juger ? mais on ne peut être qu’admiratif sur son sens de l’opportunité ou si vous préférez sur le sens politique de ceux qui ont favorisé son ascension et qu’il a su convaincre.

Quasi inconnu du grand public à sa nomination comme ministre par Hollande, il a d’abord terrassé le prétendant Valls ( qui ne disposait pas, il est vrai, de papiers fort vaillants ayant toujours fait preuve d’un arrivisme de mauvais aloi couplé une nette appétence pour la démagogie facile ) pour se jouer à la fin avec facilité de la rescapée du premiers tour.
Mais las ! au-delà de ses beaux parchemins, Macron n’avait pas le bagage humain suffisant pour répondre à une crise sociale, que pas grand monde n’avait vu venir, somme toute existentielle au sens premier du terme, et qu’il n’a pas pu ni sans doute voulu appréhender avec des sentiments d’empathie, une qualité qui ne s’acquière pas dans les livres mais se cultive par la volonté quasi messianique de partager les épreuves de ces gens que l’on ne peut connaître, dont on ne peut même soupçonner l’existence tant que l’on n’est pas confronté à la fréquentation de ce que son milieu d’origine ( dont il n’est sans doute jamais sorti réellement ) appelle la populace, les gens de rien, les gueux.
De là les propos suffisants à l’égard de ces malheureux incapables de traverser la rue pour se trouver un emploi ou de ceux qui se complaisent dans une mentalité d’assisté et qui coûtent « un os » aux finances de l’état.
Ceux-là qui sont les oubliés de la vie, qui fréquentent les enseignes à prix cassés non par plaisir mais par nécessité, parce qu’ils n’ont pas les moyens du choix et qu’ils doivent se résigner a la consommation bas de gamme de produits qui risquent de les casser eux-mêmes tant la qualité est parfois à la limite de ce qui est commercialisable.
Ils promènent avec résignation leur mauvaise graisse qui leur donne un teint de cendre à la limite du verdâtre, ce qui tranche avec le gras rubicond de ceux qui enfournent sans discernement sans doute mais avec un grand appétit des produits de choix qui font les délices de leurs papilles.
Entre l’alcoolisme distingué des hautes sphères où l’on se partage les vins fins et les alcools de prestige et celui ravageur de ceux qui se contentent du litron de mauvaise piquette ou de la bière de troisième ordre, il n’y a sans doute pas grande différence de nocivité pour la santé y compris mentale mais bien de nature.
Les uns recherchent les paradis artificiels et le fric leur permet d’y accéder quand les autres noient leur misère morale autant que matérielle dans les vapeurs frelatées d’un mauvais alcool.
Mais lorsque ces gueux, ces laissés pour compte, ces abstentionnistes qui n’ont même plus le sens civique de faire leur choix électoral parmi les moins pires se réveillent - comme ce fut maintes fois le cas dans l’histoire de France pour le plus souvent ne rien obtenir en échange de leur sacrifice - et qu’ils se découvrent eux-mêmes et se retrouvent avec leurs semblables qui supportaient leur mal de vivre dans leur coin mais bien à l’abri des regards, alors se tissent de nouveaux liens de solidarité : ils s’aperçoivent qu’ils peuvent partager leur misère et s’approprier les difficultés collectives, ils ne sont plus seuls, ils redécouvrent – et c’est le secret de la longévité de certains barrages gilets jaunes – qu’ils sont mieux, ensemble dans la pluie et le froid, partageant les mêmes contraintes, exprimant les mêmes revendications dont celle qui leur semble maintenant essentielle, le RIC qui est censé leur permettre d’exprimer leurs revendications, leurs doutes, leur façon d’appréhender les choses sans la médiation souvent malvenue d’un soi-disant représentant ( qui, dans la plupart des cas, ne représente en fait qu’une minorité des citoyens dont il prend la charge )
Ne jetons pas la pierre à Macron car combien sont-ils au parlement ou au sénat qui eussent été capables de déceler les rumeurs de fond de cour, la colère qui grondait et qui n’attendait qu’une occasion, une mèche allumée à propos du coût des carburants pour éclater ?
Indépendamment de son caractère ravageur pour le porte-monnaie dégarni de ceux qui doivent faire des kilomètres pour aller gagner leur maigre pitance, il faut bien avouer que le sujet est tout de même assez futile et ressemble à la goutte d’eau en trop qui fait déborder un vase de frustrations.
Quand les curés étaient là, qui promettaient le paradis aux pauvres et vouaient à l’enfer les riches dont ils côtoyaient volontiers les pompes pour améliorer leur vie terrestre et que les pauvres adhéraient à la parole d’évangile faisant des placements en prières et laissant aux fortunés les placements plus lucratifs, tout reposait sur la résignation mais les grandes conquêtes sociales ont apporté au peuple la perspective d’une amélioration continue de leur niveau de vie puisque c’était l’unique standard sur lequel s’organisait la vie collective.
Las ! Cela fait déjà 4 décennies que le charme est rompu, 4 décennies que la France est en mutation subie plutôt qu’acceptée et que le droit social est subrepticement détricoté.
Dans les années 70 du siècle passé, l’ouvrier avait la perspective du toujours plus, celui de 2019 n’a plus que celle du toujours moins. Les friches industrielles rythment son paysage et les panaches de fumées ne sont plus là pour égayer son ciel et sans doute aussi encrasser ses poumons même si la pollution des sols continue de polluer ses entrailles.
La profusion de gadgets mis sur le marché et pour la possession desquels le pauvre appâté par une publicité retorse va jusqu’à faire ceinture sur des produits ou services de grande nécessité a bien contenu pendant longtemps la grogne populaire mais à la fin des fins celui qui n’a rien s’aperçoit que se donner les moyens de frimer ne remplit pas la casserole.
Alors parfois les réalités rattrapent ceux qui s’accommodaient vaille que vaille de les supporter et qui n’en peuvent plus de sacrifier l’essentiel au futile accessoire…
Et Macron pour n’avoir pas su poursuivre l’entreprise de mystification risque fort de connaître le sort de ses prédécesseurs, passer après un quinquennat dans les poubelles de l’histoire, laissant peut-être la place à un autre fumiste…
E la nave va …
Et voguera le vaisseau pour le plus grand profit de la ploutocratie mondiale plus triomphante que jamais.
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