Les dessous de la crise : Le jeu trouble des États-Unis, de l’Europe et de la Russie dans les bombardements projetés contre la Syrie
Pourquoi le soudain branle-bas de combat partout dans les médias, les chaînes de télé, les titres de presse qui font les unes de journaux comme si le sort de Bachar El Assad, le monstre qui a fait périr des centaines de personnes, à majorité civile, par le gaz de combat, est déjà scellé par les puissances occidentales ? Et comme par hasard, au moment même où viennent des inspecteurs de l’ONU pour enquêter sur le gazage des civils en mai 2013. Les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France n’ont pas attendu les conclusions de la commission onusienne que déjà ils désignent Bachar El Assad le responsable de ce massacre. Le Royaume-Uni a déjà réuni le Parlement jeudi 29 août 2013 sur la réponse aux attaques chimiques. François Hollande, qui s’est exprimé devant les ambassadeurs français, a déclaré : « Le massacre chimique de Damas ne peut rester sans réponse et la France est prête à punir ceux qui ont pris la décision infâme de gazer des innocents ».
Pourtant, le président syrien paraît très calme voire même serein face à ces cogitations guerrières. Quant à la Russie, elle appelle à la « communauté internationale et à la prudence ». Elle ne condamne pas l’action occidentale mais elle met tout au plus les formes diplomatiques pour un appel à l’apaisement alors que les tambours de guerre ont commencé à résonner. Et la Chine met en garde contre « toute ingérence » et préconise la « prudence ».
Les puissances occidentales ont donc trouvé le prétexte qui leur permet d’accélérer la chute du dictateur syrien, l’usage d’armes chimiques composées de gaz motarde et de sarin dont l’utilisation dans le combat est interdite par le protocole de Genève. Et la mort de 1300 civils par les gaz chimiques ne peut laisser insensible l’opinion internationale.
Cependant on ne peut s’empêcher de rappeler sur la base de documents déclassifiés et témoignages de hauts-gradés américains que la CIA a aidé Saddam Hussein à mener des attaques chimiques contre l’Iran durant la guerre opposant ce pays à l’Irak de 1980 à 1988.
Pourquoi cette situation de crise et de guerre du monde de l’Islam ? Partout des crises et conflits armés se jouent (Irak, Syrie, Liban, Iran, Territoires palestiniens, Bahreïn, Égypte, Libye, Tunisie, Afghanistan, Pakistan, Yémen, Somalie) sauf les pétromonarchies arabes et l’Algérie qui a déjà payé le prix fort qui sont préservées. Pourquoi cette soudaineté de l’action des grandes puissances qui nous rappelle que la plupart des branle-bas des guerres ont débuté à la fin de la période estivale.
- Première guerre mondiale, en août 1914
- Deuxième guerre mondiale, en septembre 1939
- Déclenchement de la quatrième guerre israélo-arabe en octobre 1973.
- Déclaration de la guerre par l’Irak contre l’Iran en septembre 1980.
- En 1990, le 2 août, l’invasion du Koweït par l’Irak, suivie de la préparation des forces occidentales pour « libérer » le Koweït.
- En septembre 1996, bombardements des installations militaires près de Bagdad et dans le sud du pays et extension du 32e au 33e parallèle de la zone d’exclusion créée en août 1992 dans le sud de l’Irak. Pour ces bombardements, il faut mentionner néanmoins que la France, qui participe à la surveillance aérienne du territoire irakien, refuse de s’aligner sur la décision américaine.
- Le 11 septembre 2001, l’attaque des tours du World Trade Center.
- Et aujourd’hui, en août 2013, préparation de frappes occidentales contre la Syrie ;
Décidément, la fin de la période estivale et le mois de septembre sont une date pour tous les dangers. Et cette coïncidence curieuse des crises et guerres étonne à plus d’un titre. Parce que le monde est apaisé et est en vacance que les puissances choisissent cette date pour mettre leurs plans en action.
Qu’en est-il réellement de ces bombardements annoncés contre la Syrie ? Pour répondre à cette question, il faut d’abord comprendre le sens de l’irruption du « printemps arabe » dans les plans géostratégiques américains.
- L’irruption du « Printemps arabe » ?
Tout a commencé un jour de décembre, plus précisément le 17 décembre 2010 au cours duquel un jeune tunisien, Mohamed Bouazizi, pour un simple problème d’ordre publique avec une jeune policière, s’est immolé. Cette immolation, ce qu’on peut appeler un « contingent de l’histoire », a mis le feu aux poudres dans les rues arabes et fait tomber en moins de deux mois deux présidents-monarques. Qui aurait pensé que deux régimes politiques les plus puissants de la région dont les populations sont quadrillées par des systèmes policiers d’écoute, d’usage de la force arbitraire et féroce pour prévenir, réprimer toute revendication populaire, pouvaient tomber aussi facilement. C’est ainsi que le président Ben Ali fuit le 17 janvier 2011, après vingt-trois ans de dictature, et le président Moubarak démissionne le 11 février 2011, après vingt-neuf ans de pouvoir sans partage.
Comment est-ce possible ce vent de la révolution tunisienne qui parcourt tout le monde arabe, déclenchant des contestations populaires à répétition et de grande ampleur. Les foules défient les régimes, la peur tombe et change de camp. Comment comprendre ce miracle, qui rappelle les mouvements de masse en Europe de l’Est, la chute du « mur de Berlin » et surtout les formidables manifestations à Timisoara en Roumanie, où l’armée tire sur la foule, la fuite de Ceausescu avec sa femme et où tout s’engrène rapidement de leur capture au procès expéditif et leur exécution par balles.
Le monde entier prend conscience de ce mouvement contestataire arabe qui va du Maroc, Mauritanie, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte, Syrie, Oman, Arabie saoudite, Yémen, Liban, Bahreïn, soudan, Djibouti, Territoires palestiniens. Alors que tous les régimes arabes du type républicain sont ébranlés jusqu’à dans leur fondation, et que l’on s’attend alors à une chute en cascade de tous les régimes autocratiques du Maghreb au Machrek, on constate qu’il n’en est rien. Il n’y a que les régimes non islamistes qui sont ciblés par le « Printemps arabe », tandis que les pétromonarchies arabes et le Maroc sont à peine touchés par cette revendication de la rue arabe pour la démocratie et l’égalité sociale.
Il est évident que les manifestations qui se sont propagées très rapidement et qui sont certainement spontanées compte tenu du ras-le-bol des peuples sur la précarité, le chômage, etc., ont néanmoins été « aidées » en sous-main par des puissances. Mais qui a intérêt dans ce formidable mouvement contestataire ?
Il faut rappeler la situation des États-Unis dans leur guerre au Moyen-Orient depuis le 11 septembre 2001, ils se trouvent confrontés à une situation difficile, complexe et pour ainsi dire « insoluble » tant sur le plan militaire que sur le plan économique, financier et monétaire. Ils ne trouvent de solution ni en Irak (même avec l’apport des forces britanniques) ni en Afghanistan (même avec l’ISAF composé de forces otaniennes) ni en Iran avec le problème de l’enrichissement nucléaire. Les États-Unis auxquels il faut joindre l’Europe, qui fait partie du processus en tant qu’acteur impliqué dans les forces de l’OTAN, navigue, on peut le dire, à vue dans cette région arabo-musulmane. L’Iran, par exemple, qui ne se conforme pas aux résolutions internationales qui le somment à ouvrir tous ses centres nucléaires à l’AIEA mais, par son alignement à la Russie et à la Chine et son refus de se soumettre au diktat occidental, est un véritable pied de nez non seulement à la superpuissance mais à l’Occident entier. De plus ce refus de l’Iran qui bouleverse totalement l’équilibre géostratégique de la région est à l’origine de tous les déboires américains au Moyen-Orient. La Syrie en réalité n’est que le maillon faible de l’axe Iran-Irak-Syrie-Hezbollah (voire même le Hamas palestinien) qui s’oppose à l’hégémon américain.
Et cette situation est une vraie problématique pour les États-Unis. « Comment combattre l’Iran ? » « Mener une guerre préventive est lourde de conséquences ? » Surtout que depuis 2003, l’Amérique s’est enlisée en Irak, elle subit échec après échec, et il y a la « main de l’Iran » dans cette déconfiture des forces américaine en Irak. Et toutes les menaces diplomatiques, psychologiques (verbales d’étendre le conflit en Iran, usage d’armes nucléaires, etc.) ont été utilisées. Face à la violence insurrectionnelle en Irak et à l’incapacité des forces américaines noyées dans un milieu hostile, la puissance de feu, qui n’entre normalement que dans un cadre de guerre dite conventionnelle, s’est épuisée à déloger en vain des insurgés qui se dérobent aux ripostes et dématérialisent les réseaux de commandement américain, les rendant invulnérables. Et l’adversaire, aguerri par plusieurs guerres et embargos, est agressif parce qu’il lutte pour son sol.
- Un adepte de Trinquier, de Bigeard et des expériences en Indochine et en Algérie
Précisément, devant cet échec de la stratégie américaine, un général de brigade David Petraeus qui a été dans les premières lignes dans la chute de Bagdad et ensuite dans l’occupation de Mossoul qu’il va tenter de comprendre les « erreurs » de l’armée américaine face à l’insurrection irakienne. Rentré aux États-Unis, il reprend les travaux de R. Trinquier et D. Galula qu’il fait rééditer et se passionne pour M. Bigeard et ses expériences en Indochine et en Algérie. Docteur en sciences politiques à l’université de Princeton et théoricien de nouvelles méthodes anti-insurrectionnelles de l’US Army, il réécrit un manuel de contre-insurrection (2004-2005).
En janvier 2007, alors que les forces américaines sont de plus en plus embourbées dans un conflit qui se double d’une guerre confessionnelle, il est rappelé en Irak. Le Surge (Sursaut) qu’il a mené contre l’insurrection irakienne à partir de cette date a permis de sauver in extremis l’administration Georges W. Bush du fiasco et du retrait sans gloire de l’armée américaine que beaucoup prédisaient à l’époque. Le plan reposait sur trois points. Un renfort de 30 000 soldats américains auquel il faut ajouter les 120 000 hommes des sociétés militaires privées (des sous-traitants avec l’US Army) déjà présents. Le deuxième point a porté sur l’achat des chefs de tribus sunnites dans la province d’el Anbar et leur ralliement en les finançant et en armant les milices pour soutenir les forces américaines contre les insurgés. Comme le souligne le général Petraeus, « l’argent est une munition ». Enfin, le troisième point a été le rapprochement des États-Unis avec l’Iran qu’une série de rencontres officielles à Bagdad a permis d’aplanir les vues. Ce qu’on croyait impossible à réaliser en 2006 en Irak s’est concrétisé en 2008. Grâce au tournant qu’a pris la politique des États-Unis en Irak, les attaques contre les troupes américaines ont diminué de 80% en deux ans. Bien que la contribution iranienne dans cette diminution du regain de la violence soit peu reconnue par les États-Unis, ces succès placent désormais l’Iran comme un interlocuteur incontournable sur la scène irakienne
En juin 2010, après un court passage au CENTCOM (Commandement central en Floride qui supervise les opérations au Moyen-Orient et en Asie centrale), « David Petraeus est nommé par le président Barack Obama chef des troupes de l’OTAN et commandant de la Force internationale d’assistance et de sécurité (ISAF) en Afghanistan remplaçant le général Stanley McChrystal relevé de ses fonctions ». Mais la stratégie de ce général intellectuel dans ce nouveau théâtre de combat n’a pas donné les résultats escomptés comme en Irak. Plusieurs raisons sont évoquées. On invoque que le général McChrystral n’a pas obtenu les troupes suffisantes pour rééditer le Surge en 2009, d’où ses relations crispées avec Obama. Il a reçu un renfort de 30 000 au lieu des 40 000 hommes qu’il a demandé. Alors que ce « Surge » n’était pas négligeable, puisqu’il ajoute 30 000 soldats aux renforts déjà envoyés par le président Obama après son entrée en fonction : en un an le contingent américain a triplé passant de 32 000 à quelque 100 000 hommes. Que pourrait faire son remplaçant, le général quatre étoiles David Petraeus, l’auteur de la stratégie, en 2010, en Irak ?
En réalité, la situation en Afghanistan n’est pas la même qu’en Irak. Pour comprendre, il faut recontextualiser ce qui a été dit sur la contre-insurrection en Irak. « Les Sunnites n’ont pas été « retournés » comme on l’a fait croire ». Tous les insurgés sunnites, chiites ou kurdes se préparaient à l’après-occupation de l’Irak par les Américains. Tant la situation de l’armée US devenait intenable, Washington, face à l’insurrection irakienne, prévoyait déjà le retrait de ses forces. L’occupation n’étant prorogée que par des Résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Par conséquent, les insurgés sunnites n’ont fait que « sauter » sur la perche tendue par les Américains qui leur avait permis de « financer et d’armer à moindre frais une force de 100 000 miliciens » (les Sahwas). Une milice sunnite qui aura à s’aligner face aux 90 000 hommes chiites de l’imam Moktada al-Sadr et les 90 000 hommes de la force militaire kurde, les Peshmergas, pour, le moment venu, « peser sur le partage du pouvoir politique et économique » du pays, après-occupation. L’approche tactique des Sunnites, comme celui réciproque des États-Unis qui cherchaient à s’assurer d’une baisse de violence et une « sortie honorable de l’Irak » (sans défaite) peut se comprendre dans cette alliance scellée qui relève de la conjoncture politique et militaire de l’Irak.
D’ailleurs les « attentats terroristes en Irak aujourd’hui » s’inscrivent dans le déséquilibre du partage inégal du pouvoir politique et économique entre chiites, sunnites et kurdes. Au Nord, les Kurdes se sont octroyés une autonomie d’exploitation des ressources pétrolières ce que le gouvernement central conteste. Quant aux Sunnites, ils sont en profond désaccord avec le pouvoir politique, économique et militaire du gouvernement irakien en faveur des chiites. En d’autres termes, la guerre interne se poursuit pour contraindre le pouvoir central à répartir avec équité le pouvoir politique et la rente pétrolière qui appartient à tous les Irakiens. Tels sont les enjeux en Irak.
On comprend donc le sens de la stratégie contre-insurrectionnelle du général David Petraeus devenu ensuite chef de la CIA. (Il a ensuite démissionnée pur une affaire de mœurs)
- Les « dessous du Printemps arabe »
Et on comprend aussi pourquoi la stratégie de contre-insurrection de l’ex-chef de la CIA n’a pas donné en Afghanistan. Parce que tout simplement il n’y a pas de communauté à « acheter ou à retourner » pour lutter contre la rébellion, la majorité de la population pachtoune, ouzbek, tadjik… est sunnite. Quant aux Hazaras chiites afghans, ils ne représentent qu’une frange de la communauté afghane qui est d’ailleurs représentée dans le gouvernement de Hamid Karzaï. C’est dans cette situation de stagnation, d’enlisement en Afghanistan et les nombreuses bavures sur les civils qui ne font qu’augmenter les ressentiments de la population envers les forces d’occupation et aussi la crise économique qui sévit dans le monde et en particulier en Occident depuis 2008, que fait irruption l’immolation du jeune tunisien, Mohamed Bouazizi, en décembre 2010, et que des troubles commencent à apparaître et à durcir en Tunisie.
Devant l’immobilisme et l’absence de perspective de remporter un quelconque succès dans le bourbier afghan, et la date déjà programmée du retrait total des troupes américaines d’Irak au plus tard le 31 décembre 2011, conformément à l’accord-cadre, le « Status of Forces Agreement » (SOFA) du 16 novembre 2008, on peut penser que « les troubles en Tunisie ont été pour la superpuissance américaine du pain béni ». En effet, le schéma géopolitique et confessionnel se prête bien dans le schéma global du monde islamique. Contrairement à l’Afghanistan, le monde de l’islam, pris dans dans son ensemble, est traversé par deux courants confessionnels principaux, le courant chiite et le courant sunnite. Par conséquent que faire des « présidents-monarques » à l’instar de Saddam Hussein ? La situation est dans l’ « immobilisme » qui compromette voire menace l’hégémon américain. Ainsi l’idée de constituer une ceinture islamiste sunnite contre l’axe chiite pourrait apporter un nouveau souffle à la stratégie américaine. D’autant plus que les États-Unis promeuvent la démocratie et la défense des droits de l’homme, un moyen pour rallier les sceptiques arabes sur la bonne volonté américaine de venir en aide aux populations arabes.
Et c’est dans cette perspective « qu’est né le Printemps arabe ». Les deux leviers, i.e. les armées égyptiennes qui dépendent et de l’aide américaine mais sont dans le giron de l’Occident, auxquels il faut ajouter le troisième levier, les cellules dormantes pro-américaines, ont fait propager l’incendie qui, à une vitesse incroyable, a fait tomber les monarques l’un après l’autre. Les régimes les plus durs ont nécessité un coup de pouce aérien d’abord américain puis relayé par l’OTAN, avec bien entendu un appel lancinant au sol, en Libye : des populations craignaient d’être massacrées. La Syrie, à défaut de coup de pouce aérien, a nécessité une invasion de djidahistes étrangers.
Ainsi se comprend mieux l’essence du « Printemps arabe » et la nécessité pour les États-Unis « de chasser des oligarques arabes et les remplacer par des régimes islamistes sunnites » afin d’endiguer Russie et la Chine via la neutralisation de l’axe Iran-Irak-Syrie-Hezbollah chiite. S’explique aussi pourquoi les forces armées tunisiennes et égyptienne sont restés en retrait des mouvements populaires « spontanées ». Après la chute du régime de Kadhafi, la Syrie s’est retrouvée plongée dans une guerre civile internationalisée avec apport de mercenaires arabo-musulmans étrangers, à la solde de l’axe États-Unis – Grande-Bretagne – France – Israël – Arabie saoudite – Qatar –Turquie.
Entre temps, de l’eau a coulé sous les ponts, des régimes islamistes installés un peu partout dans le monde arabe (Maroc, Tunisie, Lybie, Egypte) ont montré leurs limites devant les problèmes économiques et sociaux. Il était démontré « que l’islam ne suffisait pas à nourrir les populations et à donner du travail aux peuples pour subvenir à leurs existences ». Et ce n’est d’ailleurs pas son rôle. Des conflits et des crises politiques ont parsemé ces deux années de transition politique dans le monde arabe au point qu’en juillet 2013, le premier couac de la donne islamiste surgit en Egypte et fait tomber le régime de Morsi. C’est la première déconvenue de la « ceinture sunnite » qui doit enserrer l’« axe chiite ». Evidemment il y a un début d’effet domino en Tunisie, ailleurs même dans les territoires palestiniens, à Gaza. Le succès remporté par l’opposition arabe non-islamiste a permis au gouvernement loyaliste de Syrie d’augmenter la pression sur les rebelles syriens et étrangers (djihadistes). Ce revers est très mal ressenti par l’axe Etats-Unis – Europe – Israël – pétromonarchies arabes.
La question qui se pose : Est-ce que ce revers de l’islamisme en Egypte, et donc le « couac de la ceinture islamiste » qui a poussé de concert les États-Unis et ses alliés de s’engouffrer dans la voie du gazage de populations civiles pour vouloir bombarder les positions du régime de Bachar El Assad ? Où n’y a-t-il pas une autre raison plus impérieuse dans ce branle- bas de combat occidental ?
- Un « Coup de semonce » américain projeté contre la Syrie ?
Après la réunion infructueuse, le 28 août 2013, du Conseil de sécurité de l'Onu, le président Obama a réaffirmé n'avoir pris aucune décision, et a expliqué à la télévision que d'éventuelles frappes seraient « limitées » et se résumeraient à un « coup de semonce » destiné à convaincre Bachar El Assad de ne pas utiliser d'armes chimiques.
Pour Londres, le Premier ministre britannique David Cameron a reconnu devant la chambre des Communes (Parlement) qu'« il n'y a pas 100% de certitude » sur la responsabilité de l'attaque présumée tout en redisant sa conviction qu'elle avait été menée par le régime.
Quant à la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande, « ils espèrent une fin rapide de la mission d'enquête de l'Onu et un rapport immédiat au Conseil de sécurité de façon à ce qu'il puisse s'acquitter de sa responsabilité en ce qui concerne ce crime monstrueux ».
Angela Merkel a, par ailleurs, téléphoné au président Vladimir Poutine pour inviter Moscou à profiter des discussions au Conseil de sécurité pour s'entendre sur « une réaction internationale, rapide et unanime ».
Si le décor est planté pour des « bombardements ciblés contre la Syrie », il reste que le non du parlement anglais et le refus de l’Allemagne de se joindre à une coalition laissent que la France et les États-Unis dans cette opération, ce qui les isole sur le plan international. Tandis qu’ils se préparent, en envoyant des forces en Méditerranée orientale, le régime de Damas et ses alliés affichent une sérénité de façade. Il y a néanmoins la position ambiguë de la Russie. Ce qui n’est pas compris c’est que la Russie a perdu cette attitude véhémente qu’on lui connaît de s’opposer ou du moins à chercher à dissuader l’ardeur guerrière des Occidentaux. Enfin, l’Iran qui a très peu réagi sinon qu’elle prévoit des « conséquences graves » pour la Syrie et la région en cas d’intervention, ce qui est vague pour un pays sensé être un allié contre toute attaque de pays tiers
Au final que donneront ces bombardements sur la Syrie puisque toute opération au sol est bannie ? Une attaque par de missiles de croisière à partir de navires de l'US Navy croisant en Méditerranée ? Des « coups de semonces » comme affirme le président américain ? Changeront-ils le rapport des forces ? « Dissuaderont-ils ceux qui ont utilisé les armes chimiques ? » D’autant plus qu’il n’y a aucune possibilité de désigner qui sont les responsables qui ont commis ce crime odieux contre des populations civiles. Les coups de semonces passés en Irak, en Afghanistan ou au Soudan, du temps de Clinton, ont-ils changé la donne ? Il est évident que les bombardements ne vont pas changer le cours de la guerre civile. Qui plus est ces bombardements projetés ont très peu de chance de recevoir l’aval du Conseil de sécurité de l’ONU.
Et si ce branle-bas de combat en Occident n’est en réalité que la partie émergée d’un iceberg « économique mondial ». Et c’est cet « iceberg » qui est la vraie cause de la tragédie syrienne, mettant en prise deux populations, elles-mêmes clientes de puissances divisées. Un branle-bas de combat qui ne fera que « libaniser » plus le conflit syrien.
- L’« iceberg économique mondial » par les chiffres
Qu’en est-il de cet « iceberg économique mondial » ? Analysons la situation mondiale depuis l’émergence des pays dits du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud. L’Occident a perdu ce qui a toujours fait sa force, i.e. le pouvoir industriel et technologique. Il a délocalisé massivement ses usines, ses entreprises industrielles, en Asie et en Amérique du Sud et même dans certains pays d’Afrique pour bénéficier du faible coût des mains d’œuvre locales. Conséquence : ces pays se sont transformés eux aussi en « tigres asiatiques », comme leurs prédécesseurs asiatiques. C’est ainsi que le G7 des pays riches s’est trouvé supplanté par le G20. Les pays émergents sont non seulement devenus une « locomotive mondiale », à l’instar de la « première locomotive mondiale » (États-Unis) par leurs importations massives d’énergie et de matières premières mais détiennent aussi les plus grandes « réserves monétaires du monde ». Tandis que pratiquement tout l’Occident se trouve « endetté ». Un phénomène inverse des années 1980 (*). Il y a évidemment des causes historiques précises qui expliquent ce nouveau paradigme du monde.
Si ces nouveaux pays pèsent sur le plan économique et financier mondial et ont une grande part dans le commerce mondial, il demeure cependant qu’ils ne sont pas seuls dans la course dans la compétitivité mondiale, d’autres pays émergents comme la Turquie, l’Indonésie… y jouent un rôle appréciable. Quant aux pays arabes exportateurs de pétrole (Arabe saoudite, Algérie…) qui ont accumulé de formidables réserves de changes, ils renforcent ce front face à l’Occident.
Ainsi l’Occident se retrouve « perdant » sur presque tous les tableaux, alors que c’est pourtant lui qui a été à l’origine de leur montée en puissance par ses « délocalisations ». Ironie de l’histoire pourrait-on dire ! Pourtant, il lui reste une donne majeure qui est le « pouvoir financier et monétaire qui est presque absolu ». C’est un peu comme si la Nature a horreur du vide. Elle a certes attribué une grande partie de la puissance industrielle, et bien sûr la compétitivité, au reste du monde, et ce nouveau processus n’a joué que parce que le « sang qui irrigue le commerce mondial, qui commande aux transactions internationales » – le pouvoir financier et monétaire – est resté entre les mains de l’Occident.
En composition dans les réserves de change des Banques centrales du monde, les monnaies occidentales représentent près de 94% de la masse de liquidités internationales dans le monde, contre environ 5%, en 2013, pour l’ensemble des monnaies convertibles des pays émergents. Et c’est ce « droit de seigneuriage » qui permet aux trois grands pôles du monde (États-Unis, Europe et Japon) avec leurs monnaies internationales (dollar, euro, livre sterling et yen) de réaliser des montages financiers pour financer leurs déficits, comme par exemple les Quantitative Easing pour les États-Unis, pour la zone euro les LTRO, MES (Mécanisme européen de stabilisation) pour porter secours aux pays européens en difficultés (Grèce, Espagne, Portugal, Chypre…) et l’abenomic pour le Japon.
Ces montages financiers s’effectuent grâce aux « politiques monétaires non conventionnelles » ou « Quantitative easing » (QE) qui consistent à échanger des bons de Trésor et des créances éligibles et même non éligibles (créances douteuses) contre de la monnaie Banque centrale. En injectant des liquidités dans le système financier, les Banques centrales américaine, européenne et japonaise permettent à leurs systèmes bancaires respectifs, comme pour les plans de sauvetage et de relance suite à la crise financière et immobilière de 2008, de répondre aux besoins de liquidités pour leurs économies. Bien que ce financement vienne grossir les bilans des Banques centrales, les achats de la dette publique, des créances douteuses (immobilières)… permettent de donner un coup de pouce à leurs économies et leur éviter que la récession s’installe durablement. Récession en Europe et aux États-Unis en 2009, chute voire stagnation en 2011 et légère reprise en 2013.
De 2008 à 2011, l'Europe a injecté 2600 milliards d'euros, faisant passer la dette publique de la zone euro de 5900 milliards d'euros en 2006, à 8500 milliards d'euros en 2011. Quant à la dette publique américaine, elle atteint 16 394 milliards de dollars fin décembre 2012, soit plus de 100% du PIB, pour seulement quatre années du premier mandat d’Obama. La dette publique s’est envolée entre 2009 et 2012, d’environ 6370 milliards de dollars, soit presque une fois et demi le total de l’endettement généré par les des deux mandats de Bush. Evidemment, cette formidable hausse de l’endettement provient du legs laissé par la précédente administration (crise financière de 2008). De même, la Grande-Bretagne et surtout le Japon ont vu aussi leurs dettes publiques exploser.
Mais comment procède ce « montage financier » dans les faits ? Et comment « il peut se greffer sur la tragédie syrienne » ?
- Les dessous de crise : la « violence de l’iceberg économique mondial » sur la Syrie
Le système monétaire international est dominé par les quatre grandes Banques centrales du monde, à savoir la Réserve fédérale américaine, la Banque d’Angleterre, la Banque du Japon et la Banque centrale européenne. Ce qu’on ne sait pas, c’est qu’il s’appuie sur deux entités informelles, non dites, mais cependant essentielles à la fois dans le fonctionnement du système et dans tout montage financier qui change selon la conjoncture mondiale. La première de ces entités est le « lobby financier juif mondial ». Celui-ci détient le monopole de la finance mondiale, et c’est ce qui explique son importance dans les grands problèmes du monde. Il faut mentionner que l’ancien gouverneur de la Réserve fédérale, Alan Greenspan, à la tête de l’institution de 1987 à 2006, remplacé par Ben Shalom Bernanke, l’actuel gouverneur, sont tous deux d’origine juive. La deuxième entité est paradoxalement le « monde de l’Islam » qui détient les 60% des réserves de pétrole mondiale. Et, si étrange que cela puisse paraître, ces deux entités pourtant ennemies sont le fer de lance de la puissance financière et monétaire de l’Occident.
Maintenant comment « s’effectue le montage financier » qui a des répercussions mondiales ? Les États-Unis ont usé depuis 2008 de quatre dispositifs financiers et monétaires (QE1, QE2, Twist et QE3) qui entrent tous dans le cadre des politiques d’assouplissement monétaire non conventionnel. Jusqu’à la mi-juin 2013, la Réserve fédérale américaine a procédé à la politique monétaire non conventionnelle pratiquement sans problème. Bien plus, avec la politique « au bord du gouffre » ou la « falaise fiscale » (fiscal cliff), et les coupes budgétaires programmées de 85 milliards de dollars aux États-Unis en 2013, la Réserve fédérale a accompagné cette cure par un QE3, i.e. un programme d’achats de 85 milliards de dollars de bons de Trésor et d’obligations hypothécaires réalisés chaque mois. C’est ainsi que ces injections de liquidités massives et le maintien des taux d’intérêt à leur plus bas niveau ont permis de soutenir l’économie américaine.
Cependant, dans son discours du 19 juin 3013, Ben Bernanke a laissé entendre l’éventualité de ralentir le programme d’assouplissement monétaire d’ici fin 2013. Aussitôt les marchés ont réagi par une sanction qui a fait perdre 1,6% au dollar et à raviver l’éclat de l’once d’or (valeur refuge) qui est remonté au-dessus de 1250 dollars. Même si l’homme, le plus puissant de la planète, Ben Bernanke, a su, en juillet, par son revirement, rassurer les investisseurs, il est acquit que la FED réduira son QE avant décembre 2013. Aussi le monde entier attend la réunion du FOMC (FED) qui aura lieu les 17 et 18 septembre. Et il y a un consensus qui table sur une première réduction du QE dès septembre. D’autant plus que les neuf membres du comité de la Banque d’Angleterre ont tous voté contre un nouvel assouplissement de la politique monétaire, à tel point qu’un QE supplémentaire est désormais très peu probable compte tenu selon des experts de l’amélioration de l’économie britannique.
La question qui se pose : « l’amélioration des économies occidentales est-elle la vraie raison qui dicte la réduction des QE ? Si oui, pourquoi cette panique des marchés ? » Il est évident qu’une réduction progressive signifie clairement un assèchement progressif de liquidités internationales. Ce qui dans tous les cas hypothèque la reprise naissante en Occident, et les traders ont tout à fait raison de s’inquiéter des risques que peuvent faire supporter ces réductions sur les marchés surtout que l’économie mondiale peine encore pour la reprise.
« Quel est le mode opératoire des Quantitative Easing ? » Le problème qui se pose pour les États-Unis depuis la crise de 2008 est le problème du relèvement de la dette publique et son financement par les émissions de bons de Trésor américain. Précisément, depuis la crise de 2008, les États-Unis ont des difficultés pour trouver preneurs de ces bons de Trésor. La Chine comme le Japon avec la crise financière et la diminution des excédents commerciaux ont diminué leurs achats de bons Trésor américain. Les pays arabes exportateurs de pétrole ont aussi fortement diminué le placement de leurs excédents de la balance des paiements en Amérique. Pour ces derniers, non pas que les prix pétroliers ont baissé, mais tout simplement depuis le « Printemps arabe », une bonne partie des excédents pétroliers est utilisée dans le relèvement des salaires, des facilités octroyés à la jeunesse arabe pour l’investissement et la création d’emploi, ce qui a fait fondre les excédents. Pour ces régimes, il s’agit d’« acheter la paix sociale ». Quant aux pays européens, ils sont endettés et ne peuvent absorber les « bons de Trésor américain », ils sont eux-mêmes à la recherche de capitaux. C’est ainsi que les États-Unis se retrouvent devant ce goulet d’étranglement de liquidités.
Mais comme l’économie américaine doit fonctionner coûte que coûte, et les déficits commerciaux financés, le seul moyen qu’a trouvé la Réserve fédérale américaine est de créer de l’argent ex nihilo et d’acheter ces bons de Trésor et autres titres. Mais ce ne sera pas elle qui va les acheter directement, mais les banques commerciales, d’affaires, etc., américaines. Précisément ces QE qui consistent pour la FED d’acheter auprès des banques américaines des bons de Trésor, des obligations hypothécaires…, lesquelles banques, à leur tour, se portent acquéreuses des bons émis par le Trésor américain. Ainsi celui-ci se trouve financé par ses banques elles-mêmes financées par la FED et les pays du reste du monde. Que le bilan de la FED grossisse importe peu, puisque le rachat des bons de Trésor équivaille à une destruction, quant aux titres immobiliers, la FED peut les revendre plus tard aux banques quand ils retrouvent leur valeur.
Mais le problème qui se pose pour ces injections monétaires, c’est la dépréciation du dollar sur les marchés et l’inflation qui peuvent résulter en Amérique et dans le monde. Pour l’absorption de cet excès de dollars sur les marchés, deux dispositifs vont jouer pour éviter ces deux contraintes.
D’abord le relèvement des prix des matières premières et surtout du pétrole qui est facturé en dollar par les pays pétroliers arabes. Ce qui oblige les pays importateurs à acheter des dollars sur les marchés pour régler leurs importations, et donc à financer indirectement les déficits commerciaux américains. Un accord depuis 1973 lie les pétromonarchies et les autres pays pétroliers arabes aux États-Unis pour vendre le pétrole en dollar.
Enfin, le deuxième dispositif, il concerne les trois autres grands pôles, à savoir l’Europe (zone euro et Grande-Bretagne) et le Japon. Ces pôles qui voient leurs monnaies s’apprécier sur les marchés, par suite des injections monétaires américaines, et qui ne peuvent acheter des dollars pour déprécier leurs monnaies parce qu’eux-aussi sont comme les Etats-Unis « endettés », n’ont d’autres choix que d’user du même mode opératoire que la FED, i.e. mener des politiques monétaires non conventionnelles. Ainsi, la BCE, La Banque du Japon et la Banque d’Angleterre, en procédant à des injections monétaires massives ex nihilo contre des bons de Trésor et autres titres auprès de leurs banques commerciales respectives, lesquelles achètent, à leur tour, comme les banques américaines, de la dette publique, régulent le taux de change de leurs monnaies dans une fourchette tolérable avec le dollar.
Ce processus démontre finalement que le « privilège exorbitant » que l’on croit qu’il ne revient qu’à la superpuissance américaine, en réalité, est partagé dans une certaine mesure entre les trois pôles occidentaux et les pays arabes exportateurs de pétrole. Et ces quatre pôles auxquels il faut ajouter la Russie, exportateur de pétrole, bénéficient ensemble des émissions monétaires opérées des deux côtés de l’Atlantique. Il y a donc un front constitué de l’Occident articulé sur ses deux appuis, le lobby juif et le monde de l’Islam, et d’une Russie bénéficiaire de la donne monétaro-pétrolière. Et si les pays d’Asie au sein de laquelle la Chine et l’Inde, d’Amérique du Sud et d’Afrique sont pénalisés, cela ne signifie pas qu’ils acceptent le statu quo des politiques monétaires d’assouplissement quantitatif sans réaction (dernière réunion des pays du BRICS à Durban (Afrique du Sud).
Précisément, depuis 2011, ces pays s’organisent pour faire pièce aux politiques monétaires non conventionnelles occidentales. La Chine a commencé le processus d’internationalisation de son yuan, et celui-ci compte déjà comme monnaie de réserve dans plusieurs grandes banques centrales. Le yuan est déjà utilisé dans les transactions internationales de biens et services, pétrole et matières premières. La Russie a aussi internationalisé son rouble. L’Inde dans une certaine mesure. Le Brésil par la voix de son ministre des finances Guido Mantega qui a, dès 2010, dénoncé la « guerre des monnaies » (currency war), a mis en œuvre toute une panoplie de contrôle des changes. Il est évident que, depuis 2010, ces mesures prises par les pays qui se sentent lésés par cette « fuite de richesses » vers l’Occident, la Russie et le monde arabo-musulman commencent à faire leurs effets. Et c’est probablement ce « front opposé à l’Occident » sur le plan financier et monétaire qui a amené la Réserve fédérale américaine à penser à la réduction prochaine de son programme d’achats de 85 milliards de dollars de bons de Trésor et d’obligations.
Pour maintenir le financement des déficits américains, et si on prend en compte ce « front opposé à l’Occident », d’autant plus que les États-Unis ne sont pas seuls à pratiquer les QE, la Grande-Bretagne, la zone euro et le Japon aussi, par conséquent le seul moyen pour continuer ce processus (les injections monétaires ex nihilo) et qui évite une hausse d’inflation, est le renchérissement du prix du pétrole et des matières premières, qui jouera à la fois le rôle de « déflateur » et de « véhicule de transmission des déficits vers le reste du monde ». Et une inflation maintenue basse en Occident grâce à un système de subventions qui régule le rapport salaire-prix des produits de première consommation. Par conséquent, seule une hausse supplémentaire du pétrole et des matières premières peut donner un « autre souffle aux Quantitative Easing ». Ce qui ne peut passer que par un événement majeur au Moyen-Orient, comme par exemple un conflit armé. Et c’est ce qui nous amène à la guerre civile en Syrie, et la volonté de l’Amérique à créer une « situation de guerre » même limitée pour créer un minikrach pétrolier.
Mais, comme la Grande-Bretagne et l’Allemagne se sont retirés de la décision de procéder à des bombardements sur la Syrie, et ne reste que la France dont le président français cherche, depuis son succès au Mali, à faire diversion sur le problème économique et l’emploi en France, et la Russie qui tergiverse sachant d’avance de quoi il retourne, et que la Syrie n’est qu’un laboratoire pour les puissances, il est clair que les politiques concoctées par les quatre Banques centrales dont la FED, et combien même les bombardements agiront pour provoquer une hausse des cours pétroliers, ne pourraient longtemps influer sur les événements à venir. Dans le sens que « les banques centrales ont trop tiré sur des politiques monétaires accommodantes » et qu’il est peu probable que le pétrole aura à changer le cours du monde.
Ce qu’on peut dire, si la reprise comme elle est annoncée est là, elle ne repose encore qu’aux politiques non conventionnelles qui ont dopé la consommation en Occident, en Russie, dans le monde arabo-musulman et en Chine grâce au formidables réserves de change.
Si les bombardements opérés contre la Syrie ne provoqueront pas une forte hausse des prix du pétrole et que la crise syrienne se « libanise » sans vainqueur sans vaincu, la situation économique mondiale suite à un assèchement progressif risque encore de s’aggraver, et un plongeon récessif pourrait toucher non seulement l’Occident mais l’ensemble du monde. Le problème aujourd’hui est comment sortir de cette spirale de violence au Moyen-Orient. Que génère l’« iceberg économique mondial ». Et comment sortir aussi de l’« iceberg économique mondial » ? La réponse avant tout est d’arrêter la violence. L’Occident s’y résoudra-t-il ? Telle est la problématique qui se pose aujourd’hui à l’Occident et au monde.
Medjdoub Hamed
Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale,
Relations internationales et Prospective.
Notes :
* Du monde de l’Islam et de l’instrumentalisation des « pétrodollars » par les États-Unis à la revanche de l’histoire, par Medjdoub hamed
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