• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Les herméneutiques qui ont fait et font encore avancer le monde au XXe et (...)

Les herméneutiques qui ont fait et font encore avancer le monde au XXe et XXIe siècle

 

  1. L’HERMÉNEUTIQUE DE L’ARME ATOMIQUE DANS LE NOUVEL ÉQUILIBRE DU MONDE POST-1945

 

Comment comprendre les forces qui ont donné le monde d’aujourd’hui, surtout avec l’avènement de plus de 120 pays issus de la décolonisation du monde ? Dès 1945, de nouvelles forces sont apparues et ont changé l’état du monde. En premier les deux grandes puissances, les États-Unis et l’Union soviétique, sorties victorieuses de la Deuxième Guerre mondiale. Si les États-Unis ont été les seuls à détenir l’arme nucléaire, ils sont vite rejoints par l’Union soviétique, en 1949. De même pour l’arme thermonucléaire, les États-Unis, le 1er novembre 1952, l’Union soviétique, le 12 août 1953. Moins d’une année pour la bombe H.

Il y a comme une « main invisible » qui est en train de mettre deux grandes puissances, l’une en face de l’autre, détentrices du pouvoir de destruction absolu, mais toujours les mettant sur une ligne rouge qu’il ne devait dépasser en aucun cas, autrement une « destruction mutuelle assurée » en quelques heures, quelques jours. On peut dire aussi que la Nature a horreur du vide ; qu’une grande puissance avait besoin d’être équilibrée ; que les deux guerres mondiales qui ont été provoquées n’ont jamais été pensées qu’elles se termineraient ainsi ; si Hitler savait, par exemple, qu’il se suiciderait à la fin de la guerre, et le peuple allemand savait que dix millions d’Allemands allaient perdre la vie, et des millions de blessés et d’handicapés à vie, et des villes d’Allemagne seraient en grande partie détruites, l’Allemagne que ce soit le pouvoir politique ou le peuple allemand aurait peur de prononcer même le mot guerre.

Donc, on comprend pourquoi l’espèce humaine devait détenir l’arme absolue, parce que c’est fini les guerres qui durent ; avec l’avènement de cette arme, c’est la première signification dans la nouvelle construction du monde, la « nouvelle existence » de l’humanité avec une épée de Damoclès qui est là pour assurer une paix atomique pour les grandes puissances. Les êtres humains, du moins les grandes puissances, savent d’avance ce qui ressortiraient d’une autre « guerre mondiale », la mort pour tous ou presque tous.

Et on comprend pourquoi la Nature a octroyé à l’espèce humaine l’arme atomique parce que c’est cet arme qui va régir désormais la « paix atomique » dans le monde, entre bien entendu les grandes puissances détentrices ; sans ces armes atomiques, ces armes nucléaires, il est certain que les humains comme ils sont, par nature, seraient certainement poussés à provoquer une troisième guerre, une quatrième guerre mondiale… Comme ils l’ont fait pour la première et la deuxième guerre mondiale. C’est cela a été permis pour la première et la deuxième guerre mondiale, c’est simplement que les êtres n’avaient pas connaissance qu’ils allaient s’exterminer durant de longues années. Ce qui n’est plus le cas avec le nouvel état du monde né après 1945.

Reste aujourd’hui la guerre en Ukraine ; il est clair qu’elle constitue un « nouveau test herméneutique de la paix nucléo-atomique du monde » ; quoi qu’il arrive en Ukraine, la guerre ne pourra affecter la résilience de la paix mondiale. Et ni la Russie, ni les États-Unis, ni l’Union européenne et donc l’OTAN ne peuvent enfreindre les Lois de la Nature. Pourquoi ? Simplement parce que la Nature qui a octroyé à l’homme l’arme absolue lui a octroyée en même temps « l’interdit ».

La Nature ne peut aller contre son propre « Décret » ; si Elle allait contre son Décret, se poserait alors le sens de l’arme atomique ; que serait alors le sens de l’arme nucléo-atomique si l’homme venait à détruire l’espèce humaine sur terre alors qu’une seule secousse tellurique majeure qui briserait l’écorce de la Terre un peu partout suffirait à mettre fin à l’existence de l’humanité. Une secousse qui changerait le cours des mers, océans et continents. Ou encore un simple « rapprochement de l’astre terrestre du soleil », et une température de 80 degrés qui surgirait mettrait fin à toute vie sur terre. Et point besoin alors d’arme atomique ni de Troisième Guerre mondiale.

La Nature est là pour dissuader tout excès de l’homme ; l’arme absolue n’a été donnée à l’homme que pour protéger l’homme de ses démons en lui qu’il ne commande pas, et aussi pour lui octroyer les applications bénéfiques, pacifiques et révolutionnaires de la science de l’atome. C’est la seule explication qui apparaît « logique et futuriste » de l’avènement de l’arme absolue pour l’humanité, dans le nouvel état du monde né post-1945.

 

  1. L'« EUREKA » DE LA « GUERRE FROIDE » ENTRE LES ÉTATS-UNIS ET L'UNION SOVIÉTIQUE POUR LE TIERS-MONDE

 

 Sur le plan économique, financier et monétaire, les États-Unis étaient la première puissance mondiale. Seul le dollar américain jouait le rôle de monnaie internationale convertible en or sur les marchés monétaires. Epargnés par la guerre grâce à leur position géographique (éloignés des théâtres de combat), les États-Unis avaient développé une industrie telle qu'elle a suppléé aux besoins de l'Europe et du reste du monde. L'affaiblissement des pays d’Europe, les destructions dues à la guerre, endettés vis-à-vis des États-Unis ont rendu les monnaies des pays européens non convertibles.

Grâce aux plans d'aides et du Plan Marshall pour l'Europe, et l'utilisation mondiale du dollar américain dans les échanges, les États-Unis ont joué un rôle majeur dans le développement de l'économie mondiale. Les aides octroyées à l'Europe et aux pays alliés en Asie (Corée du Sud, Taiwan, Japon) ont permis à la fois à l'Europe et aux pays d'Asie de se reconstruire et de se développer mais permis aussi à l'économie américaine de croître. Donc aides et plan Marshall ont été mutuellement bénéfiques, ce qui a évité surtout pour les États-Unis une crise de croissance et de l'emploi, dans les années post-1945.

La situation va changer avec la fin de la reconstruction de l'Europe. Dès 1958, les monnaies européennes redeviennent progressivement convertibles sur les marchés monétaires. L'Europe commence par peser, par ses exportations, dans le commerce mondial. Quant au reste du monde, avec l'avènement après la décolonisation des pays d'Afrique, du monde arabe, d'Asie et autres régions du monde, un problème financier et monétaire majeur va se poser pour l'édification de leurs États. Des économies fragiles (du type colonial), sans monnaies, sans soutien financier, ces pays se sont trouvés dans un contexte économique difficile.

Une situation paradoxale s'est posée. En effet, « si les pays occidentaux n'échangeaient avec les pays du reste du monde que le strict nécessaire pour les besoins de leurs industrie, que serait-il passé pour le reste du monde ? » Or, à l'époque, après 1945, l'Amérique seule détenait l'unique monnaie de compte et de réserve internationale, utilisée dans toutes les transactions commerciales. Si elle n'importait des autres pays du monde que le strict nécessaire de matières premières et de biens pour son économie, et n'exportait aussi de biens et services que le strict nécessaire pour financer ses importations, et les pays d'Europe faisaient de même avec leurs monnaies alignées aux dollars, il est évident que, pour les pays nouvellement indépendants, « les recettes en devises tirées de leurs exportations n'auraient servi qu'à financer leurs importations en équipements auprès de ces mêmes pays ».

Le solde commercial entre l'Occident et le reste du monde serait pour ainsi dire pratiquement « nul ». Ce qui aura pour conséquence des réserves de change pratiquement aussi « nulles » pour les pays du reste du monde. Même les emprunts opérés par les pays du reste du monde auprès de l'Occident ne seraient que le prix des exportations de matières premières reportées à une date ultérieure.

Les monnaies de ces pays sans réserves de change seraient très faibles, et le peu de devises dont ils disposeraient limiteraient considérablement leur croissance. Il y a une alternative entre les pays du reste du monde d'échanger entre eux, par le troc aux prix bien entendu affichés par les cours internationaux dans les Bourses mondiales (essentiellement occidentales). Ce moyen par le troc n'est ni fiable ni rentable pour leurs économies, tout au plus un arrangement entre États. Et ces pays avaient un besoin réel d'édifier leurs nations, qui demandaient beaucoup de capitaux. Et le seul moyen pour pallier à cette situation est « que les pays occidentaux acceptent » d'enregistrer des déficits dans leurs balances commerciales avec les pays du reste du monde ». Déficits qui permettaient aux nouveaux pays d'avoir des balances excédentaires, ce qui signifie de disposer de réserves de change.

Le problème qui va se poser, c'est que si l'Occident enregistre un déficit commercial, il perd dans l'échange. Puisque les pays du tiers-monde, en enregistrant des excédents, et donc, à l'époque, des dollars, des francs, des deutschemarks, des livres sterling, et en les échangeant, par exemple contre l'or à cette époque, le système de Bretton Woods était encore en vigueur ces pays pouvaient se créer un stock d'or, ce qui se ferait au détriment de l'Occident qui accuserait une perte de son stock d'or.

Et ni les États Unis ni les pays d'Europe n'accepteraient une telle situation qui, on le pense bien, est négative pour leurs économies. Elle les affaiblirait ; mais alors d'où va venir la solution, le « eurêka » pour les pays du tiers-monde ?

Il viendra justement du conflit d'hégémonie mondiale qui oppose les États Unis à l'Union soviétique ! C'est précisément cette « course contre la montre dans la recherche et la conquête spatiale (création de la NASA), la création d'arsenaux de dizaines de milliers de missiles balistiques nucléaires, d'armements toujours plus performants, de grands projets dans l'industrie d'armements, des besoins financiers pour la projection d'une multitude de bases militaires dans le monde, qui vont amener la superpuissance face à l'URSS à enregistrer des déficits colossaux et permettront aux pays du reste du monde de s'assurer des excédents commerciaux, et donc des réserves de change suffisantes pour édifier progressivement leurs nations ».

Une relation de cause à effet induite directement de l'ordre programmé de la marche du monde par la « main invisible ». « La guerre froide a joué un rôle salutaire dans la construction du monde ; elle constitue une autre herméneutique, un Euréka dans la nouvelle marche du monde. »

Sans cette guerre froide et les formidables déficits commerciaux de la superpuissance américaine avec les pays du reste du monde qui ont joué comme « moteur » dans la croissance économique mondiale, les pays décolonisés auraient eu toutes les difficultés pour édifier leurs nations. Aussi peut-on dire que ce sont ces réserves de change qui ont joué massivement pour les pays d’Afrique, d’Asie, du Moyen-Orient et pour tous les pays nouvellement libérés dans la construction de plus d'hôpitaux, plus d'écoles, plus d'universités, plus de centrales électriques, etc. Et l'Occident en a aussi en retour fortement profité puisque les pays du reste du monde ont constitué un formidable gisement pour ses exportations et donc dopé la croissance et l'emploi dans les économies avancées. Une herméneutique naturelle inscrite dans la marche du monde expliquant la formidable poussée démographique sur terre qui est passée de 2,54 milliards d’êtres humains en 1950 à 8 milliard en 2022, et donc multiplié pratiquement par pi (π), 3,14. N’est-ce pas une poussée démographique historique majeure dans l’histoire de l’humanité permise par les herméneutiques de la Nature dans la nature de l’espèce humaine.

 

  1. LE « DROIT SEIGNEURIAL » DES ÉTATS-UNIS, UNE TROISIEME HERMÉNEUTIQUE DANS LA MARCHE DU MONDE

 

 Que peut-on encore dire de ce processus basé sur les déficits américains, qui est vital pour le reste du monde, y compris pour l'Europe ? Au regard de l’histoire profonde des siècles passés, les seigneurs ou les rois de l’Antiquité et au Moyen-Âge n’avaient-ils pas deux possibilités pour financer les dépenses de leurs royaumes. La fiscalisation ou l'« excès de frappe monétaire ». Pour éviter qu'une forte fiscalisation qui, arrivée à des limites, ne crée des troubles au royaume, les souverains augmentaient la frappe de la monnaie. Le surplus de monnaie se logeait dans les prix. Le blé d'abord, ensuite sur les autres produits du royaume. La question est pourquoi le blé et ensuite les produits de base (agricoles) et les produits finis (production artisanale) ? Une véritable industrie n’existait pas en ces temps passés.

Les paysans, par cette hausse des prix, s'appauvrissaient. Sans le savoir, les paysans payaient en fait un « impôt déguisé », et qui relève de la frappe de monnaie, c'est-à-dire du « droit de seigneuriage du roi ». Mais sur quoi est basé le droit de seigneuriage des souverains des temps passés ? La frappe de monnaie a besoin de contreparties physiques, productives et donc réelles.

Précisément, comme souvent les royaumes étaient confrontés à des disettes, et donc des famines dues à des pénuries de la nourriture de base, le blé, ce qui ne manquait pas de créer des troubles dans les royaumes, le blé produit par les paysans était entreposé par décret dans les greniers des rois. Une mesure qui assurait la disponibilité du blé et enrayait la spéculation puisque les prix sont fixés par des administrateurs qui gèrent le Trésor du royaume. A l’image du Trésor public des États souverains aujourd’hui.

En cas de disettes (sécheresse, baisse de production de blé, famines), de guerre (paysans réquisitionnés pour la guerre) ou encore des dépenses somptueuses du roi, parallèlement à la masse monétaire qui est augmentée – la quantité de pièces en métal (bronze, fer…) est augmentée – le prix du blé est augmenté. Il s’ensuit par ce moyen monétaire une hausse des prix du blé qui se généralise par la répercussion de la hausse sur les autres produits du royaume. A l’image de l’inflation dans les États modernes d’aujourd’hui. En fait, les paysans, en payant plus cher les biens et services, ne se rendent pas compte qu'en fait « ils sont imposés ». Le « droit de seigneuriage » apparaît donc comme un « impôt indirect » qui vient compléter les prélèvements d'impôts (si ceux-ci n'arrivent pas à couvrir les dépenses royales). Cette pratique a été poussée à des extrêmes au Moyen-Âge au point que des rois d'Europe ont été qualifiés de « faux-monnayeurs ».

Dans le contexte des années post-1945, le dollar rattaché à l’or et convertible à raison de 35 dollars l’once d’or a été salutaire pour l’économie mondiale. C’est en fait la stabilité du dollar US sur les marchés monétaires qui a permis la période dite des « Trente Glorieuses » jusque dans les années 1960 ; elle a permis une croissance économique mondiale vertueuse. Le grenier du roi était assimilé aux réserves d’or entreposés à Fort Knox, aux États-Unis, qui étaient en tête de classement mondial avec plus de 8000 tonnes, en 1945, et une Europe endettée vis-à-vis de l’Amérique.

Cependant, les excès des déficits commerciaux américains avec les guerres dans le monde, la guerre froide, la forte consommation américaine a mis à mal le change fixe. Le 15 août 1971, l’annonce de la fin de la convertibilité du dollar en or fait passer le change fixe au change flottant. Après deux années d’incertitude et de crises monétaires entre les pays d’Europe qui ont remis en question l’hé Le grenier de l’or US est remplacé par le grenier du pétrole de l’Arabe saoudite, qui sera étendu aux autres pays arabes du Golfe et au cartel pétrolier OPEP. Le dollar devient désormais en 1973 la monnaie de facturation du pétrole des pays OPEP. La situation dure encore aujourd’hui, et qui a rendu un formidable service au monde ans la croissance économique mondiale. Sinon comment expliquer la montée économique en puissance de l’Asie, partie pratiquement de rien pour devenir des grandes puissances économiques mondiales. Excepté le Japon, la Corée du Sud, Singapour, Hong Kong, la Malaisie, l’Inde et aujourd’hui la Chine qui lorgne à devenir la première puissance économique mondiale.

Comment cela a été permis ? C’est grâce précisément à la « troisième herméneutique » concédé par la Nature à la première puissance économique mondiale. Le « droit de seigneuriage » que détiennent les États-Unis par le dollar n’est autre qu’un attribut naturel de la Nature qui pensent l’avenir du monde. Aussi peut-on dire que, avec ces trois herméneutiques, le monde est paré pour le XXIe siècle. Reste évidemment que ces herméneutiques ne sont pas statiques, ils sont dynamiques dans la dynamique même de la marche du monde. Qu’en seront-ils dans les décennies à venir ? Une question qui est posé à tous les chercheurs et experts de la donne géopolitique, géoéconomique et géostratégique du monde. La guerre en Ukraine et le plafonnement du pétrole pensé par l’Occident en sont déjà de petites prémices pour le nouvel ordre économique et géopolitique du monde à venir. Une chose est certaine est que le monde est appelé encore à avancer herméneutiquement, dans le sens qu’il sera toujours protégé contre lui-même. Et c’est là la « mission essentielle » de la Nature sur sa nature humaine dans ce nouvel état du monde qui vient, qui progresse parce que le progrès est en lui.

 

Medjdoub Hamed
Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale,
Relations internationales et Prospective

 


Moyenne des avis sur cet article :  2.33/5   (6 votes)




Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON

Auteur de l'article

Hamed


Voir ses articles



Publicité




Palmarès



Publicité