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Les mois de juin sont fatigants

Les ménagères de moins de 50 ans n’ont pas le moral en juin. Pire que la rentrée peut-être, le mois de juin est le mois de toutes les déprimes pour les mères de famille.

Les ménagères de moins de 50 ans n’ont pas le moral en juin. Pire que la rentrée peut-être, le mois de juin est le mois de toutes les déprimes pour les mères de famille. Tandis que les pères pianotent sur Agoravox et refont le monde derrière leur clavier, des drames se jouent derrière les yeux cernés et les joues creusées de la mère de leurs enfants.

D’abord, c’est la fin de l’année de travail : réunions, bouclages de dossiers, préparation de la rentrée ou du remplacement du mois d’août, encadrement du petit stagiaire, charmant au demeurant mais pas très autonome, déplacements imprévus, surcharge de boulot à cause des RTT et congés pris in extremis par les collègues, bref, tout est réuni pour que le cheveu pende, l’oeil se plisse, les rides du front s’accentuent, la peau blanchisse et les sandwichs avalés en vitesse s’installent confortablement sur les hanches. Sans compter l’épuisement, la démarche voûtée, le sourire crispé devant les petits fours du pot de retraite de Machin Truc.

Ajoutez à cela les obligations mondaines innombrables de la fin d’année scolaire. En premier les fêtes de fin d’activités : fête de la danse pour acclamer Poupounette dans son tutu rose, fête du roller avec tout un samedi après-midi à contempler les évolutions de votre grand dadais tout en buvant du jus d’orange chaud dans un verre en plastique. Puis la fête du dessin pour admirer (= émettre des bruits polis d’étonnement admiratif) les oeuvres de l’amie-préférée-du-moment de Poussinette avant d’enchaîner sur le concert de flûte de la maîtresse de votre cadette.

Ensuite, après toutes ces mises en bouche, on arrive inévitablement à la Fête de l’école : cette kermesse traînante où la tombola déclenche immanquablement les hurlements des deux cents enfants qui n’ont rien gagné et les regards de travers des parents vers ceux qui ont gagné les gros lots (forcément, ils ont acheté cinquante billets !), où les enfants attendent des heures aux stands pour jeter une balle sur une bouteille, où le temps s’écoule aussi lentement que la refondation au PS.

Puis, il y a les anniversaires et les dernières fêtes des copains-copines, chaque enfant étant pris d’une frénésie d’invitation avant la grande séparation des vacances. Vous trouvez des enfants plein votre canapé, vous ne savez plus ce que font les aînés, vous achetez cadeaux après cadeaux à Virgin ou à la Grande Récré. Une carte bleue sur patte, c’est vous. Vous lorgnez d’un oeil malheureux les femmes qui font les soldes : des soldes, vous avez dit des soldes ? Mais comment auriez-vous le temps d’acheter la moindre babiole pour vous ? Parce qu’il y a aussi les pique-niques en juin ! Toutes ces sorties que les écoles placent astucieusement à la fin de l’année, histoire de les faire toutes ensemble. A vous le remplissage du frigo, le sempiternel pain tartiné au beurre trop dur qui accroche et emporte la moitié de la mie, les chips, le petit sac à dos que les enfants se disputent, personne ne voulant du sac de secours, rose avec un trou.

Mais ô joie les vacances se profilent à l’horizon : un rêve de sable chaud, de farniente vous saisit à la gorge. Y êtes-vous ? Que nenni : les vacances, cela consiste d’abord à se précipiter à 6 heures du matin devant la mairie pour avoir une maigre chance d’envoyer Poupounette en colonie : 5 jours de découverte de l’habitat paysan traditionnel dans la Creuse ? C’est tout ce qu’il reste ? Très bien vous prenez. Puis le petit dernier à expédier chez les grands-parents qui ont un créneau libre entre le 16 et le 23 juillet. Pour le reste, le centre aéré en ravalant un énorme sentiment de culpabilité à l’idée de leur faire passer les belles journées d’été à la ville, surtout que le centre n’est pas dans leur école, fermée pour travaux mais plus loin, avec des gamins qu’ils ne connaissent même pas.

Ensuite, il faudrait louer une maison au bord de la mer, mais elles sont toutes prises, depuis 9 mois... Camping avec la joie de nettoyer la boue sous la tente ? Quelques jours chez les amis avec les grands repas sympas, les enfants qui courent partout, le soleil, les discussions entre potes comme à la télé (traduction dans la vie réelle : les heures de course et de cuisine, les guêpes et les coups de soleil, les activités à trouver les jours de pluie, les hommes qui refont le monde devant leur bière ) ?

Ou... Ou quoi ? Alors on repousse à plus tard : en juillet on aura certainement une idée géniale. Pour l’instant, il reste à finir la déclaration d’impôts, plus celle de la CAF, à remplir les papiers d’inscription pour le collège, à traîner le grand chez le photographe pour la première d’une longue, longue série de photos d’indentité.

Vous soupirez, parfois même vous retenez quelques larmes (mais discrètement, on a notre fierté, nous, les ménagères de moins de 50 ans) et puis un jour, vous virez votre homme de devant son écran, vous écrivez ces lignes et vous les envoyez à Agoravox. Parce que vous trouvez les mois de juin fatigants et que vous voulez savoir si vous êtes la seule à les vivre ainsi.


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13 réactions à cet article    


  • La Taverne des Poètes 5 juillet 2007 11:33

    « Ah j’vous dis pas ma pauv’dame ! ». Ainsi donc vous avez profité de l’absence du Julot, pour vous emparer anonymement du clavier. Bien fait ! « Mais c’est la mort du p’tit commerce », me disait l’aut’ jour une péripapéticienne, les hommes viennent plus. Ils restent devant leurs écrans de télé et d’ordinateur et même se font ma au poigent en...jouant avec...leur manettes de Nitendo, de Playstation, et même de X box, dont le « x » veut tout dire..."

    Et tout ce temps passé sur Internet ! « AgoravoX », la nouvelle pornographie du Net.


    • Bouli Bouli 5 juillet 2007 11:38

      Très bien écrit et très amusant !

      Mais très triste aussi... que font les hommes pendant ce temps ??? Mais bon, nous savons bien qu’ils ne sont pas tous comme ça... smiley


      • La Taverne des Poètes 5 juillet 2007 11:42

        Quand la souris reprend la souris, cela donne ce proverbe agoravocien : « Julot en allé, mulot retrouvé ! » Bienvenue sur Mulot’land !

        Si cela peut vous consoler. Les hommes séparés n’ont pas la vie facile non plus : s’adapter aux enfants (qui évoluent vite) tous les quinze jours et pour la moitié des vacances. Comment faire bouger de devant son PC le fils aîné mordu d’informatique qui a un sacré bon dieu d’bon dieu de caractère (il tient de sa mère... smiley) et fait un mètre quatre-vingt pour cent kilos ? Toujours une excuse pour pas bouger.


        • Vincent 5 juillet 2007 12:01

          Bien écrit,

          J’aime le style, Par contre vous avez de la chance cette année, il n’y a pas de foot en juin (coupe du monde ou coupe d’Europe). Par contre à la rentrée vous allez déguster avec la Coupe du Monde de Rugby.....

          Rassurez-vous pour les homme c’est pareil, ils se consacrent aux travaux d’extérieurs, tondre de pelouse, repeindre les volets, ....

          Ou s’il sont en appart madame décide de profiter des soldes d’été et d’une émission de déco sur une chaîne quelconque pour décider qu’il faut refaire la cuisine !!!! Nous avons tous notre lot de petits emmerdements, mais cela fiat partie de la vie, sinon que feriez vous ?

          Vous sortiriez avec des copine jusqu’à pas d’heure (le lendemain vous auriez aussi les trait tirés)

          Vous feriez les soldes toujours avec des copines et n’auriez plus de sous pour partir en vacances dans ce magnifique club au bord d’un lagon d’un bleu profond où l’on vous servirait des margaritas à longueur de journée comprises dans la formule all inclusive.

          Mais suis-je bête ça c’était probablement votre vie d’avant votre rencontre et d’avant vos enfants.

          Collez-les tous en colo, un mois, l’autre mois chez les papis et mamies avec des cahiers de vacances, collier de nouilles, coloriage et cendrier en papier mâché au programme, Croque-vacances l’après midi et le tour est joué. (à non ça c’était l y a trente ans).

          Bon courage tout de même et n’oubliez pas de faire à manger pour ce soir, car les gamins rentreront du centre aéré, ils auront la dalle vu qu’à la cantine c’est dégueu !!!!!!


          • LE CHAT LE CHAT 5 juillet 2007 12:33

            bon article , c’est la vrai vie ça ! et l’angoisse de la mère qui est plus stressée que ses enfants par les résultats du brevet ou du bac ; les formulaires à remplir pour les incriptions l’année prochaine , les gosses qui sont pas content de leur nouvelle garde robe pour l’été ...


            • alain93500 5 juillet 2007 12:54

              Ils font comme les femmes...

              Alain (père célibataire)


              • Jason Jason 5 juillet 2007 13:26

                Situation très difficile. Avez-vous pensé à faire un coup d’état ? A vous acheter un fouet ? Ou faire vos valises ? A moins que vous ayez plusieurs vies.

                Personnellement, je n’en ai qu’une. Pensez-y.


                • LE CHAT LE CHAT 5 juillet 2007 13:30

                  @jason

                  il vaut mieux être un chat , on en a neuf ! smiley


                • Jason Jason 5 juillet 2007 13:41

                  @ Le Chat,

                  Vous idolatrez une bête. Pouah ! Les chats ont peut-être neuf vies selon les superstitions, mais vous n’en avez qu’une. Et ils la mettent en danger en attaquant à leur manière la diversité de la faune et ainsi la biosphère. Les animaux de compagnie ne sont ni des jouets, ni des enfants.

                  Amusez-vous pendant que ça dure. Hi ! Hi ! Hi !


                • Iris Iris 5 juillet 2007 13:34

                  Je compatis sincèrement !


                  • alex75 5 juillet 2007 15:13

                    D’après plusieurs membres de mon entourage il y a un nombre anormalement élevé cette année de personnes totalement exténuées (à Paris).

                    La campagne électorale de très longue durée que nous avons dû « subir » y est peut-être pour quelque chose : autant de haine, de mauvaise fois, de mensonges provenant de tous les côtés à la fois, c’est très perturbant sur le plan émotionnel.

                    Mais on doit aussi se poser des question sur les effets de la pollution, la malbouffe,la précarisation généralisée, certaines technologies comme la téléphonie Gsm etc.

                    Plus les choses s’améliorent, plus ça devient difficile de vivre, curieux paradoxe de nos sociétés « développées ».

                    Vivre devient fatigant ! Que faire ?


                    • NEUF 6 juillet 2007 10:01

                      Quand je pianote sur Agoravox, je suis derrière ou devant mon clavier ? Neuf smiley


                      • Gasty Gasty 7 juillet 2007 18:10

                        On sent bien dans l’article que c’est du vécu ! smiley

                        Et comment on s’y retrouve tous !

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