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Les palestiniens de Gaza - indignation mondiale, fractures démocratiques, responsabilités et dérives

Depuis les attaques du 7 octobre 2023 perpétrées par le Hamas en Israël, la région de Gaza et sa population vit une crise humanitaire sans précédent. La réponse militaire israélienne, conduite sous l’autorité du Premier ministre Benyamin Netanyahou, criminel de guerre, a suscité une condamnation croissante au sein de l’opinion publique internationale. À cette indignation face à la souffrance du peuple palestinien s’ajoute une inquiétude grandissante : celle de voir le débat déraper vers des formes d’hostilité ou de rejet, en particulier à l’égard des populations juives, au lieu de se concentrer sur les responsabilités politiques réelles.

1. Une situation humanitaire dramatique à Gaza

Les chiffres issus d’organisations internationales comme l’ONU, Médecins Sans Frontières, Human Rights Watch ou autres évoquent :

  • Des dizaines de milliers de civils tués ou blessés, en majorité des femmes et des enfants.

  • L'effondrement total du système de santé.

  • Des pénuries organisées en eau, nourriture et électricité, assimilées à l’utilisation de la famine comme arme de guerre.

  • Des déplacements forcés de population et la destruction d’infrastructures vitales.

Si le droit international reconnaît le droit d’un État à se défendre, il impose aussi des limites claires quant à la protection des civils. Lorsque ces limites sont franchies, des enquêtes internationales doivent être ouvertes, comme l’a fait la Cour pénale internationale (CPI) en envisageant de poursuivre plusieurs dirigeants israéliens, dont Benyamin Netanyahou, pour crimes de guerre ou crimes contre l’humanité.

2. Un silence des démocraties alliées d'Israël minant la crédibilité démocratique

Le soutien quasi inconditionnel de plusieurs puissances occidentales à Israël (France, USA, Canada, Angleterre, Belgique, etc.) malgré les preuves accablantes de violations du droit humanitaire, ébranle leur autorité morale. Ces États, qui se présentent comme les garants des droits humains et de la justice internationale, sont perçus comme complices ou hypocrites lorsqu’ils :

  • Blocage ou retardent des résolutions à l’ONU.

  • Refusent d’imposer des sanctions.

  • Continuent à livrer des armes ou un soutien politique actif.

Cette asymétrie alimente une perte de confiance des opinions publiques, notamment chez les jeunes, les diasporas ou les défenseurs des droits humains. Il y a exacerbation des opinions publiques

3. Médias, polarisation et désinformation

Le traitement médiatique en France et ailleurs a souvent été critiqué pour son manque de nuance. Dans certains cas, la mise en avant systématique de la parole officielle israélienne, au détriment de la réalité sur le terrain à Gaza, est une forme de désinformation ou de parti-pris.

Cette approche peut involontairement :

  • Occulter ou minimiser la souffrance des Palestiniens.

  • Provoquer un rejet globalisé qui, malheureusement, se traduit parfois par des actes ou propos antisémites, ce qui est inacceptable.

4. Risques de confusion : dénoncer les crimes sans nourrir la haine

Il est crucial de faire la distinction entre la critique légitime de l’action d’un gouvernement, fut-il israélien, et toute généralisation visant une communauté entière, notamment les Juifs, en France ou ailleurs.

  • Être solidaire du peuple palestinien ne signifie pas être antisémite.

  • De même, dénoncer le comportement d’un dirigeant israélien n’est pas un rejet du peuple juif ou d’Israël en tant qu’État.

La vigilance contre l'antisémitisme doit aller de pair avec la vigilance contre l'impunité, qu'elle vienne d’un État ou d’un groupe armé.

Conclusion

La crise à Gaza est un test moral et politique majeur pour les démocraties occidentales. Ignorer ou relativiser les souffrances du peuple palestinien revient à compromettre les principes universels que ces États prétendent défendre. Mais il faut aussi être attentif à ne pas laisser cette colère, légitime dans sa source, se transformer en haine injustifiée envers des communautés entières.

La justice exige la responsabilité de tous les acteurs impliqués, mais aussi la rigueur des discours et la lucidité des analyses. C’est dans cet équilibre que réside l’espoir d’une paix véritable et d’une mémoire qui ne trahit ni les victimes palestiniennes ni les valeurs démocratiques.


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8 réactions à cet article    


  • Durand Durand 26 mai 22:08

    « La crise à Gaza est un test moral et politique majeur pour les démocraties occidentales. »

    La crise n’est certes pas finie mais je dirais plutôt “a été“ « un test moral et politique majeur pour les démocraties occidentales »…

    Car le bilan provisoire suffit largement à démontrer, non seulement que ces démocraties n’ont aucune morale, pas plus qu’elles n’ont de politique efficace pour générer la paix et la “sûreté“ (au sens de la déclaration de 1789) mais surtout – car j’ai la faiblesse de croire que l’immense majorité des occidentaux serait horrifiée si le système médiatique faisait le job de manière un tant soit peu “démocratique“ – qu’elles ne sont absolument pas des démocraties,… CQFD !

    Ça ne pourra donc s’arrêter que par la “rue“… Bain de foule ou bain de sang.

    ..


    • @Durand

      Votre réaction soulève des points importants sur le rôle des démocraties occidentales dans la gestion des crises internationales, et notamment celle de Gaza.

      Il est vrai que cette crise met en lumière de nombreuses contradictions et limites, tant sur le plan moral que politique, dans les réponses apportées par certains gouvernements occidentaux. L’indignation sélective, l’inefficacité des appels à la désescalade, ou encore les blocages diplomatiques sont des faits régulièrement relevés, y compris par des observateurs engagés dans la défense des droits humains.

      Cependant, qualifier ces sociétés d’« absolument pas démocratiques » pose question. Les démocraties occidentales, bien que perfectibles, restent des systèmes où le pluralisme, la liberté d’expression et l’alternance politique existent, même si les médias ou les institutions ne répondent pas toujours aux attentes de transparence ou d’impartialité que l’on pourrait souhaiter.

      Concernant l’idée que seule « la rue » pourrait mettre fin à cette situation, il est essentiel d’encourager les formes de mobilisation citoyenne pacifiques et démocratiques. L’histoire montre que des transformations profondes peuvent émerger de la société civile, mais aussi que la violence n’est jamais une garantie de justice.

      En somme, votre message exprime une colère légitime face à l’impuissance ou la passivité apparente des grandes puissances. Il nous invite à réfléchir collectivement à ce que signifie aujourd’hui être une démocratie face à l’inacceptable – et à la responsabilité que nous portons, en tant que citoyens, pour exiger mieux de nos dirigeants et de nos médias.


    • rogal 27 mai 02:44

      Risques pour les Juifs du monde entier, de toute évidence c’est à craindre, Au-delà c’est le judaïsme lui-même qui risque gros dans la politique de Nétanyaou et de ses inspirateurs.
      Et le chrisitianisme relevant pour une bonne part des mêmes textes sacrés, ses adeptes feraient bien d’y réfléchir plus. Marcion de Sinope avait essayé de les y aider.


      • Corcovado 27 mai 11:05

        @rogal
        Vous vous avancez bien vite. Avec tous ses attentats et ses agressions depuis des décennies, vous ne trouvez pas que l’islamisme se porte encore très bien ? Alors pourquoi pas pareil pour les autres ?


      • @Corcovado

        Vous soulevez un point souvent exprimé dans le débat public : la résilience de certains courants religieux face aux critiques ou à la violence. Il est vrai que l’islamisme radical, malgré les condamnations très majoritaires au sein des sociétés musulmanes, persiste dans différentes régions. Cela dit, il est important de distinguer les religions dans leur essence spirituelle, des instrumentalisations politiques ou idéologiques qui en sont faites. Le parallèle entre « islamisme » et « judaïsme » ou « christianisme » peut prêter à confusion, car on compare ici un courant politique violent à des traditions religieuses dans leur ensemble.

        Plutôt que d’opposer les religions ou les peuples entre eux, il semble plus constructif de s’interroger sur les formes de dérives, d’instrumentalisation ou de radicalisation qui, dans toutes les traditions, peuvent menacer les valeurs communes d’humanité, de compassion et de justice.


      • @rogal

        Vous soulignez un point essentiel : les actes de certains dirigeants, en particulier lorsqu’ils sont perçus comme contraires aux valeurs universelles de justice et de paix, peuvent avoir des répercussions bien au-delà du cadre politique immédiat. Il est effectivement légitime de s’interroger sur les conséquences pour l’image du judaïsme dans le monde, surtout quand certains amalgames injustes peuvent nourrir l’antisémitisme. Votre référence à Marcion de Sinope illustre aussi combien les liens entre judaïsme et christianisme ont été l’objet de débats anciens et parfois douloureux, même si son approche reste aujourd’hui marginale dans les traditions chrétiennes modernes.


      • Mustik 27 mai 08:05
        Un silence des démocraties alliées d’Israël« Démocraties » ?... hum, faut le dire vite smiley
        qui a dit :
        un peuple d’élites sûr de lui et dominateur,
        le lobby juif des media,
        un lobby juif puissant et néfaste en France
         ?

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