Les pogroms, une spécificité russe ?
Un « pogrom » est un mot d'origine russe signifiant l'attaque meurtrière d'une partie de la population contre une autre, il est entré dans le langage courant pour désigner un massacre de populations de confession juive. Les pogroms antisémites étaient des attaques sporadiques qui pouvaient faire des milliers de victimes ou seulement plusieurs dizaines. Plusieurs centaines de pogroms ont été recensés ces derniers siècles. Les historiens ont librement utilisé ce terme quelque soit le pays concerné, y compris la France du moyen-age.
Mais ces dernières années ce mot a pris un sens exclusif totalement à charge contre une seule nation. En effet, dorénavant ce mot véhicule l'idée que les Russes seraient les auteurs exclusifs de ces pogroms, mais la réalité est plus complexe, et interfère avec la perception d’événements en cours. Faisons un bref retour dans le passé.
Le tout premier pogrom antisémite recensé, bien avant la création de la Russie et de l'empire russe, eu lieu en 1113 à Kiev qui est aujourd'hui la capitale de l'Ukraine. Le nombre de victimes n'est pas parvenu jusqu'à nous.
Pendant les 5 siècles suivants, il semble qu'il n'y ait pas eu de pogrom spécifiquement antisémite sur le territoire de la future Russie et de ce qui deviendra l'empire Russe le 2 novembre 1721, mais de nombreux pogroms ont été recensés dans le reste de l'Europe, en Allemagne, en France, en Angleterre, en Pologne et dans de nombreux autres pays européens.
Statue du héros de l'indépendance de l'Ulraine Bogdan Khmelnitski à Kiev
Mais restons sur le territoire de ce qui deviendra l'empire russe.
Après le pogrom de Kiev de 1113, l'ère des pogroms antisémites sera ouverte par Bogdan Khmelnitski, Chef des cosaques qui a assassiné 80000 juifs entre 1648 et 1650, lors de la révolte des cosaques contre les Polonais. ( Pour ce faire une idée plus réaliste des chiffres, d'un point de vue démographique, 80 000 personnes en 1650 représentent environ 400 000 de nos jours).
Bogdan Khmelnitski est aujourd'hui vénéré comme le fondateur de l'identité ukrainienne et la statue « du héros national » est fièrement dressée sur la grande place de Kiev. L'identité nationale ukrainienne puise ses sources dans un des premiers grand massacre de masse antisémite dans l'histoire européenne.
Ce pogrom antisémite qui est plus une tentative de génocide qu'un « simple » pogrom a bien eu lieu sur un territoire historiquement russe, mais perpétré par les précurseurs de l'indépendance ukrainienne.
170 années plus tard eu lieu le premier pogrom sur le territoire spécifique de l'empire russe, il s'est déroulé en 1821 à Odessa. Trois nouveaux pogroms antisémites eurent lieu toujours à Odessa en 1849, 1859 et 1871. Odessa, théâtre de 4 pogroms successifs est bien situé sur le territoire de l'empire Russe, mais il s'agit encore une fois de pogroms réalisés par les précurseurs des Ukrainiens et non des Russes.
En 1862, un pogrom se déclencha à Akkerman, aujourd'hui Bilhorod-Dnistrovskyï, dans l'oblast d'Odessa, toujours en Ukraine.
En 1881, éclatent de nombreux pogroms. Celui du 15 avril 1881à Elisabethgrad aujourd'hui Kropyvnytskyï, capitale administrative de l'oblast de Kivorohrad toujours dans l'actuelle Ukraine.
Celui de Kiev le 26 avril, d'Odessa du 3 au 5 mai 1881, de Varsovie, alors possession russe, entre décembre 1881 et janvier 1882, et de Balta, une ville de l'oblast d'Odessa le 22 mars 1882 et les mois suivants.
Il sera reproché aux autorités russes de l'époque leur incapacité à juguler la violence des cosaques, héros de l'indépendance de l'actuelle Ukraine.
En 1895 un pogrom eut lieu à Koutaïssi dans l’actuelle Géorgie.
Nouveaux pogroms les 18 et19 février 1897, dans le bourg de Chpola, oblast de Kiev, et les 16 et 17 avril 1897 dans le bourg de Kantakouzenka, oblast de Kherson.
Du 19 au 21 avril 1899, à Nikolaïev, Oblastt de Kherson eu lieu un pogrom au moment des fêtes de Pâque.
En 1902 en Pologne à Częstochowa une tentative de pogrom fut écrasée par les forces russes présentes sur place.
Les 6 et 7 avril 1903, lors de la Pâque orthodoxe et de la Pâque juive, eurent lieu les violents Pogroms de Kichinev ( Chisinau, capitale de la Moldavie).
En 1904, dans la ville d'Oleksandriïa dans l’oblast de Kherson
En 1905, 4000 juifs furent assassinés à Odesa, encore.
En 1911, un grand pogrom eut lieu à Kiev.
Une vague de pogroms se déroula pendant la guerre civile en Russie de 1917 à 1921.
Et là encore, le territoire de l'Ukraine en fut le théâtre majeur : les indépendantistes ukrainiens en lutte contre l'Armée rouge massacrèrent les Juifs, sous la conduite de leurs atamans et avec l'appui des troupes ukrainiennes libres et du Premier ministre Simon Petlioura, dans 524 villes, en particulier Proskourov le 15 février 1919.
C'est la victoire définitive de l'Armée rouge qui mit fin à cette suite insensée de massacres de masse dirigés contre les populations de confession juive.
The Times of Israel a recensé 1236 pogroms et incidents violents contre les juifs dans 524 villes ukrainiennes à l’époque de la Révolution russe, de 1918 à 1921.
Les Indépendantistes de la République nationale ukrainienne de Petlioura ont été directement responsables de 493 d'entre eux.
La révolution bolchevique a mis fin aux pogroms mais le déferlement des troupes nazies sur le territoire ukrainien a déclenché un nouveau cycle de tueries de masse envers les populations de confession juive sur ces territoires.
À partir du 2 juin du 30 juin 1941, à peine une semaine après que l'armée rouge a été battue à Lwow (Lviv) par les troupes nazies le 22 juin 1941, les indépendantistes ukrainiens massacrent entre 4000 et 7000 juifs pendant 3 jours.
Le 25 au 29 juillet 1941 les mêmes nationalistes ukrainiens assassins de nouveau 3000 juifs .
À Kiev Le 29 et 30 septembre, plus de 33 771 juifs sont massacrés par les nazis avec le concours des supplétifs ukrainiens du 201e bataillon Schutzmannschaft.
Le 201e bataillon Schutzmannschaft était composé de 650 nationalistes ukrainiens ( issus du mouvement OUN(B) de Stepan Bandera .
Un des principaux chefs du 201eme bataillon Schutzmannschaft est Roman Choukhevytch, qui est honoré au Canada, en tant que héros national ukrainien.
Héros qui a contribué au massacre de 33 771 hommes, femmes, vieillards et enfants juifs qui sont tous exécutés à l’arme à feu, en 36 heures, au bord d'un ravin à Babi Yar.
En 2016, un grand boulevard de Kiev a été rebaptisé du nom de Bandera. Ce changement de nom est particulièrement obscène puisque la rue mène à Babi Yar.
Rendons à César ce qui lui revient, ou plutôt rendons les nationalistes Ukrainiens comptables de leurs crimes antisémites tout au long de leur histoire et notamment pendant la guerre de 39-45 pendant laquelle 1,5 million de Juifs, soit un quart de tous les Juifs assassinés pendant l’Holocauste, venaient d’Ukraine.
Ces 1 500 000 juifs ont été les victimes des nazis, certes, mais avec la complicité active et zélée de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA), et de l’Organisation paramilitaire des nationalistes ukrainiens (OUN), dirigée par Stepan Bandera, le collaborateur nazi qui a dirigé une faction de l’OUN (appelée OUN-B) et qui est une figure majeure vénérée dans l’Ukraine d’aujourd’hui.
Cette longue litanie de tueries de masse exercée par des Ukrainiens, le plus souvent ultranationalistes contre des populations de confessions juives sur les territoires ukrainiens était nécessaire pour démontrer la falsification historique tendant à rendre les Russes comme étant les principaux responsables des pogroms. La quasi-totalité des pogroms ( plus de 95% !) ont été le fait des populations vivant sur le territoire revendiqué par l'Ukraine et par les nationalistes ukrainiens, auquel il faut ajouter les pogroms de Pologne, de la Géorgie, de la Moldavie. Par soucis d'exactitude, il y a eu aussi des pogroms sur le territoire de la Russie et de la Biélorussie mais sans aucune commune mesure avec ceux décrits ci-dessus et toute recherche impartiale ramène inexorablement à la notion de « pogroms dans l'empire russe » et les résultats de ces recherches sont la longue litanie ci-dessus.
Sera-t-on considéré comme complotiste que de penser que nous avons affaire là à une volonté manifeste pour accréditer l'idée que les Russes sont les coupables des crimes imputables aux nationalistes ukrainiens ou aux populations ukrainiennes ?
Est-ce être complotiste ou pro-russe que d'exposer la réalité historique des pogroms ?
Depuis Maïdan, qui a amené un nouveau gouvernement en Ukraine en 2014, de nombreux monuments aux collaborateurs nazis et aux auteurs de l’Holocauste ont été érigés, parfois jusqu’à un nouveau chaque semaine. C'est un fait vérifiable ! L’Ukraine compte plusieurs dizaines de monuments et de noms de rues à la gloire du collaborateur nazi Bandera, suffisamment pour nécessiter deux pages Wikipedia distinctes !
Il est difficile de renier ses dieux, mais on peut toujours s'interroger, c'est pourquoi la traduction française d'un site juif répertoriant les monuments des « héros » ukrainiens collaborateurs des nazis ne peut que laisser perplexe le plus fanatique supporter de la cause ukrainienne.
Un extrait de ce document incontournable pour tous ceux qui sont attachés à la vérité, à moins de vouloir continuer à se prosterner devant les idoles nazies.
« Ternopil et de nombreuses autres villes
Une autre statue de Bandera à Ternopil. En haut à gauche, une photo de Zhovkva 1941, où les membres de l’OUN ont accueilli les nazis, les aidant à assassiner les Juifs. Les bannières incluent « Heil Hitler ! » et « Gloire à Bandera ! »
L’Ukraine compte plusieurs dizaines de monuments et de noms de rues à la gloire de ce collaborateur nazi, suffisamment pour nécessiter deux pages Wikipedia distinctes (il y a tellement de rues Bandera que seules quelques-unes sont répertoriées dans ce projet). Il s’agit notamment :
• des monuments communs à sa mémoire et à celle de Roman Shukhevych à Cherkasy, Horishniy, Pochaiv, Rudky et Zaviy ;
• un monument à sa mémoire, à celle de Shukhevych et d’autres dirigeants de l’OUN à Morshyn ;
• un monument à sa mémoire et à celle de son père à Pidpechery ;
• une plaque et un monument à Lutsk ;
• un bas-relief, un monument et un musée à Dubliany ;
• une plaque, un monument et un musée (avec buste) à Stryi ;
• une plaque, une rue et un monument à Zdolbuniv ;
• monuments à Berezhany, Boryslav, Buchach, Chervonohrad, Chortkiv, Drohobych, Dubno, Hordynya, Horodenka, Hrabivka (Ivano-Frankivsk Raion), Kalush, Kamianka-Buzka, Kolomiya, Kozivka, Kremenets, Krushel’nytsya, Kiev, L’viv, (et une plaque), Mlyniv, Mostyska, Mykolaiv (Oblast de L’viv), Mykytyntsi, Nyzhnye (Raïon de Sambir), Pidvolochysk, Romanivka, Sambir, Skole, Sniatyn, Staryi Sambir, Seredniy Bereziv, Sokal, Sosnivka, Strusiv, Tatariv, Terebovlia, Truskavets, Turka, Uzyn, Velyki Mosty, Verbiv (Hromada de Narayiv), Zahirochka et Zalishchyky ;
• une plaque et une rue à Sniatyn et Zhytomyr ;
• des plaques à Ivano-Frankivsk, Khmelnytskyi et Rivne ;
• des musées à Staryi Uhryniv (avec une statue et une plaque commémorative) et à Volya-Zaderevatska (avec un buste et un bas-relief) ;
• un parc à Kamianka-Buzka ;
• une rue à Dnipro et une école à Dobromyl ».
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