Les problèmes de l’ENA… selon l’ENA
L’ENA, Ecole Nationale d’Administration, est souvent critiquée mais de l’extérieur. Il est intéressant de lire, puisqu’ils sont publics, les rapports du jury au concours d’entrée de l’ENA, car ils contiennent nombre de critiques non dissimulées de la fameuse école. Des critiques d’autant plus difficiles à nier qu’elles sont émises de l’intérieur. En voici un petit florilège, grâce à un de nos fidèles lecteurs. Vous noterez au passage les critiques envers l’insuffisante discrimination et la diversité des formations d’origine, loin de la pensée correcte prônée dans cette école de l’élite française.
« L’on peut se demander si, même bien conçues, les épreuves sur dossier n’aboutissent pas à permettre à des candidats d’être admissibles, en dépit de qualités intellectuelles médiocres. […] En revanche, une mise en garde s’impose sur la notion de « note ». Nombre de candidats (en particulier au troisième concours, mais aussi au concours interne) ne savent pas ce qu’il faut entendre par ce mot et ont du mal à faire le départ entre une « note » et une « dissertation ». […] De façon plus générale, le jury s’est interrogé sur l’opportunité, pour le concours interne, de panacher les épreuves sur dossier et celles sans dossier. Il lui est en effet apparu que la généralisation des dossiers pouvait avantager des candidats consciencieux, à l’aise dans un exercice qu’ils pratiquent habituellement, par rapport à d’autres à l’esprit plus critique, qui n’osent pas s’en évader suffisamment. » Rapport du jury au concours d’entrée à l’ENA en 2001, pages 3 et 4
« La faiblesse du niveau de la préparation et de la motivation de beaucoup de candidats les a en revanche frappés et ils ont même pu se demander pour nombre d’entre eux comment ils avaient pu franchir le cap de l’admissibilité, parfois même dans de bonnes conditions. Cette constatation les a conduits à s’interroger sur la nature et la structure de certaines épreuves. » Rapport du jury au concours d’entrée à l’ENA en 2005 page 15
“Cette diversité des formations d’origine, beaucoup plus marquée qu’elle ne l’était autrefois, est en soi heureuse ; elle a en revanche une conséquence défavorable : la grande faiblesse en droit de bon nombre de candidats qui ne maîtrisent pas les bases, les notions fondamentales ; cela se constate aussi bien dans les épreuves de droit public que dans les autres matières où ces principes et concepts de base sont indispensables. Le phénomène est si prononcé que l’Ecole doit, me semble t-il, en tirer la conclusion en adaptant les programmes de la première partie de la scolarité ; dans un État de droit, les hauts fonctionnaires, quel que soit leur domaine d’activité, ne peuvent pas ignorer les principes généraux de droit.” Rapport du jury 2007 pages 6 et 7
« Il est en effet étonnant de voir le niveau des réponses de certains candidats qui ont pourtant réussi à être admissibles, essentiellement au concours interne et au troisième concours, pour lesquels une partie des candidats se présente sans avoir fait de préparation particulière et ne sont donc pas bien informés de ce que l’on attend d’eux. Le fait que les épreuves d’admissibilité ne permettent pas d’éliminer ces candidats très éloignés du niveau attendu conduit à penser que les épreuves d’écrit ne sont pas complètement adaptées à leur objectif. Le très grand nombre d’épreuves sur dossier rend l’exercice insuffisamment discriminant sur le niveau des connaissances nécessaires et induit en erreur sur la nature des attentes des jurys. » Rapport du jury de l’ENA 2010 page 9.
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