Lettre ouverte aux députés LREM sur la réforme des retraites
Mesdames les députées, Messieurs les députés,
Le projet de réforme des retraites suscite inquiétude, colère et exaspération. Les citoyens perçoivent les principaux dangers de cette réforme : baisse des retraites pour tous, augmentation de l’âge de départ. La plupart des femmes seront perdantes ainsi que tous ceux ayant eu des carrières hachées. Le plafonnement des cotisations pour les cadres, ainsi que les incitations fiscales à la capitalisation, affaibliront la répartition.
Tous les syndicalistes ont expliqué, sur FranceTVInfo, que pendant 2 ans la "concertation" sur la réforme des retraites ce n'était que du cinéma
Les raisons profondes de la colère des Français sont exposées par Emmanuel Dockès, universitaire agrégé de droit du travail, dans son décryptage de la lettre d’Edouard Philippe du 11 janvier 2020
Les citoyens sont écœurés de constater que les journalistes des grands médias ne posent jamais les questions précises qui permettraient d’obtenir des réponses claires et sincères de la part des ministres.
Ce nouveau refus de toute négociation sérieuse avec les corps intermédiaires conduit à un climat de violence qui risque d’aller en s’amplifiant.
Comme membre de l’Assemblée Nationale, vous aurez à voter pour ou contre cette réforme, ainsi que sur des amendements. Nous espérons que vous tiendrez compte des très nombreuses critiques formulées par les organisations syndicales, les économistes, les associations et une large majorité de Français. Nous vous demandons en particulier de faire connaître aux citoyens vos réponses aux questions figurant en annexe.
Vous en remerciant par avance, nous vous prions d’agréer, Madame/Monsieur le député, l’expression de nos salutations empreintes d’inquiétude et de fort mécontentement.
Annexe
Question 1
Il est écrit dans le programme retraites du candidat Macron en 2017 :
« Demain, chacun pourra mieux choisir son âge de départ. Par exemple, vous pouvez choisir de travailler davantage pour avoir une pension plus élevée ou de partir plus tôt avec une pension moindre. Nous laisserons les gens libres de choisir. Il y aura toujours un âge légal de la retraite à partir duquel on pourra liquider ses droits. Il restera à 62 ans. »
Madame/ Monsieur le député, vous avez été élue sur la base de ce programme d’Emmanuel Macron. Pensez-vous que le projet de réforme respecte ces 2 engagements extrêmement clairs ?
Question 2
Toutes les économistes et les citoyens estiment qu’une retraite à points basée sur l’ensemble de la carrière sera toujours plus faible et moins solidaire qu’une retraite basée sur les 25 meilleures années.
Madame/ Monsieur le député, que leur répondez-vous ?
Question 3
Le plafonnement de la cotisation de 28% à 120 000 € de salaire annuel, au lieu de 330 000 € actuellement, conduirait à une perte annuelle de recettes d’environ 4,8 milliards en moyenne, pour le système de retraites. Soit en cumulé de 2025 à 2040 de plus de 71 milliards d’euros.
Madame/ Monsieur le député, contestez-vous ce chiffrage des services de l’AGIRC-ARRCO ? Si oui, quel est le chiffrage du gouvernement ?
Ne pensez-vous pas que ce plafonnement, ainsi que la loi PACTE, permettront aux groupes financiers vendant des « produits » de retraite par capitalisation de prendre une part croissante du « marché » des retraites ? Alors que le risque d’une crise financière dans les années à venir est très élevé.
Question 4
Tous les ministres répètent que pour assurer l’équilibre financier du système, il serait impératif de faire des économies. Vous savez probablement que, depuis 2009, des centaines de milliers de personnes cumulent, sans aucune limitation, une pension de retraite confortable avec un salaire confortable.
Madame/ Monsieur le député, considérez-vous comme normal ce droit à cumul, sans aucune limitation ? Ne pensez-vous pas qu’un encadrement du cumul emploi/retraite, du type de celui en vigueur jusqu’en 2009, constituerait une mesure d’économie et de justice sociale ?
Question 5
Dans son avis rendu public le 24 janvier, le Conseil d’Etat estime ne pas avoir eu « les délais de réflexion nécessaires pour garantir au mieux la sécurité juridique » du projet de loi. Il a jugé l’étude d’impact « insuffisante » et ne répondant pas « aux exigences générales d’objectivité et de sincérité ». Il a jugé les projections économiques « lacunaires ».
Madame/Monsieur le député, ne pensez-vous pas que, dans ces conditions, la discussion du projet de loi au Parlement doit au minimum être reportée ?
Question 6
Le Conseil d’État a critiqué le choix de recourir à 29 ordonnances, ce qui « fait perdre la visibilité d’ensemble ».
Madame/Monsieur le député, pensez-vous qu’en recourant à 29 ordonnances le gouvernement respecte les parlementaires que vous êtes ? Comment les parlementaires LREM envisagent-ils de se faire respecter ?
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