Ma planète ? Arrêt sur image, entre démocratie et écologisme !
J’avoue sortir du confinement un peu hébétée, témoin comme beaucoup d’entre vous d’un monde ébranlé et qui m’apparait de plus en plus schizophrène !
Durant cet entre-temps, ni les moyens de production ni les réseaux de communication n’ont été atomisés pourtant l’activité économique est en berne. L’actualité, rarement souriante, continue d’égrener son lot de misères, de discriminations et de conflits. Le Covid 19 reste toujours très actif sur le globe. La crise s’annonce violente et les citoyens paumés boudent les élections tout en revendiquant leur attachement aux libertés et à la démocratie participative !
En ce 1er juillet 2020, je tiens à partager avec vous ce billet d’humeur tandis que je reçois un message inquiétant d’un ami turc vivant en Turquie sur la situation des libertés dans son pays. Je réalise qu’ici, à la faveur de nos municipales, l’écologisme et les préceptes écologiques se sont vu propulsés à la une des media comme le remède à tous les maux !
N’y a-t-il pas un décalage naïf entre nos questionnements de pays riche et le monde qui nous entoure ?
Ma planète est-elle un champ de ruines physiques et démocratiques que seule l’économie verte peut sauver ?
WhatsApp 01/07/20020 Istanbul
Chers amis,
Ça été une journée difficile et grave pour la démocratie turque après une longue semaine pleine de débats et de discussions, concernant le désir du gouvernement de diviser les barreaux de toutes les villes turques sous les protestations des avocats, des intellectuels et des amis de la liberté, deux chaînes d’oppositions de télévision ont reçu des punitions de fermeture pendant cinq journées pour chacune. On leur a également fait savoir que si ses deux chaines répétaient encore une fois leurs « crimes », dans ce cas elles seront fermées définitivement avec l’annulation de leur licence. Mais attendez encore, ce n’est pas tout ! Nous avons également eu droit aujourd’hui à écouter le Président de la République qui nous a dit que les médias sociaux devaient maintenant être soit contrôlés totalement, soit carrément enlevés de la circulation. C’est le comité de contrôle et de censure sur les médias (RTÜK) qui a annoncé aujourd’hui les châtiments infligés aux deux chaînes de télévision.
Comme vous pouvez le voir je vous envoie ce message par WhatsApp et je ne sais même plus si cette forme de communication pourrait être gardée ou non, donc on espère pouvoir rester en contact avec vous. (? ??) Passer une bonne semaine et essayer de nous envoyer toutes vos énergies et vos supports concernant les miettes de démocratie qui nous restent dans les mains... Et encore !
Dans le monde, voire aux abords de nos frontières, des peuples se battent et meurent tous les jours pour que même un maigre fragment de nos libertés puisse, au-delà des mots, survivre dans leur pays afin de pouvoir s’exprimer et penser librement ou aller voter sans ce que cela soit la prime au démocrate d’apparence …
A l’inverse, chez nous, la défiance globale face à une certaine pratique politique nous pousse à vouloir rêver en un autre système ! Mais en attendant, nous, bénéficions d’un système démocratique construit sur le respect des libertés individuelles et collectives dont le rayonnement a inspiré bien des nations. Il n’est peut-être pas parfait mais il est le nôtre, il est le fruit et l’acteur de siècles d’une histoire remarquable.
Dans ma chère France, du matin au soir, j’entends parler de la mission d’exemplarité de notre pays et l’on s’agite avec frénésie autour de l’espoir que porte pour la planète la naissance d’une nouvelle économie verte, vertueuse et solidaire.
En attendant, je suis persuadée qu’il n’y aura pas de renouveau écologique pérenne ni de chance réelle pour la planète sans hommes libres, et, sans un monde moins déchiré. Je rappelle que même la Charte des droits fondamentaux en vigueur dans l'Union européenne depuis 2000 concernant la défense et la protection du citoyen intègre, aussi, au chapitre IV « Des Solidarités », la protection de l’environnent (art. 37).
Si la tâche est complexe et dépasse largement les frontières, à la notion d’exemplarité un tantinet arrogante, je préfère simplement, au regard de nos héritages, la conscience d’une obligation morale de soutien aux démocraties émergentes ou fragiles tant vis-à-vis du respect des droits de l’homme que face aux défis écologiques.
Aujourd’hui, sur le thème vital des libertés, la Turquie de Erdogan devient un cas d’école.
Comment nos responsables occidentaux et européens peuvent-il ne pas élever en masse leur voix face à un chef d’état qui sévit avec impudence au bénéfice exclusif de ses ambitions personnelles tout en percevant nos fonds européens pour soi-disant contenir des migrants ou contribuer à une supposée protection de l’Europe ! Un superbe et idéal partenaire économique pour certains, mais néanmoins un dirigeant qui semble vouloir avaler, entre autres, la Libye, les Kurdes, Chypre, se gardant de résoudre ses problèmes avec les grecs, les arméniens (…) et réprimant sans vergogne tout ce sur quoi nous fondons nos valeurs.
Il serait peut-être temps pour l’Europe de sortir la tête du sable, d’agir au titre de nos partenariats politiques et économiques et de défendre avec fermeté ces droits fondamentaux prônées si fièrement par notre civilisation. Ne sont-ils pas la clé de ce monde de demain que nous souhaitons plus équitable, plus vertueux et bienveillant ! Comment donc tolérer un régime hautement répressif aux portes de l’Europe !
Sur notre vaste Terre beaucoup de peuples aimeraient goûter à ce que nous avons la chance de connaitre : la prospérité, la sécurité et la liberté ! En Asie ou en Afrique, on est souvent loin du compte tant les besoins élémentaires d’immenses populations restent encore à satisfaire …
Pour autant et malgré les légitimes et inévitables rivalités de puissances entre blocs économiques qui régissent pour longtemps encore notre monde, je voudrais croire qu’on en terminera avec ces supposées guerres salvatrices montées de toutes pièces au nom de la liberté des peuples visant à éliminer le tyran local et qui n’aboutissent qu’à un vaste bazar assassin. Ces guerres armées sans fin génèrent désastres humains et balancent dans l’air des quantités de polluants ultra toxiques.
Force est de constater qu’une certaine vision de l’humanitaire, de la mission solidaire et du respect de l’environnement a du plomb l’aile !
La perversité écœurante de certains discours visant à justifier de l’horreur par le bon droit est insupportable. Si nous sommes en marche vers une œuvre planétaire au bénéfice du bien-être de chacun alors il faut entendre l’humanité, en comprendre sa pluralité et son hétérogénéité, et, tendre à concevoir la révolution écologique à travers les nécessités humaines et non l’inverse. Etrangement, le Covid 19 vient à point nommé de nous rappeler l’importance de l’activité humaine, des plastiques, de la mobilité, du numérique, de l’électricité et les limites de la décroissance !
Je mesure pleinement le poids de notre responsabilité et l’urgence écologique, faut-il encore être non pas seulement engagé mais surtout cohérent !
Je précise au lecteur, afin que mon propos soit clair, que j’ai pris ma première adhésion au World Wildlife Fund en 1981 et participé à des actions bénévoles en faveur de la préservation de la planète.
Je crois sincèrement que penser « écologie », c’est d’abord placer l’homme libre au cœur de cette réflexion en combinant le respect de l’intégrité des peuples et l’agir politique entre états en faveur des libertés fondamentales par, entre autres, la diffusion des savoirs qui ont fondé leurs pratiques.
Le nouvel écocitoyen, s’il s’intègre obligatoirement dans une œuvre collective au cœur de laquelle civisme et éco-responsabilité sont indissociables, est inexorablement dépendant d’un monde pluriel. Sa responsabilité et celle de nos états qui se veulent à la proue de cette nouvelle ère est immense puisqu’elle est solidaire, sociale, éducationnelle et culturelle.
Un ami journaliste, le très regretté, Antoine SFEIR profondément attaché à la culture française, m’avait dit un jour « Si seulement on avait investi autant d’argent dans la diffusion de la culture française en implantant plus d’écoles et d’instituts français partout dans le monde, que ce qu’on a investi dans la guerre, il y aurait eu plus de démocratie et moins d’intégrisme radical ».
L’identité de la France d’aujourd’hui n’est que le résultat d’un parcours séculaire. Un modèle démocratique ou tout nouveau modèle socio-économique ne s’installe dans la durée que s’il peut s’ancrer dans un cadre culturel et majoritairement fédérateur. Il ne s’impose pas à coup de répression. Il est donc un vœu inspirant que les peuples doivent pouvoir s’approprier et adapter au fil de leur histoire et de leur évolution.
A mon sens, un citoyen libre, objectivement informé et apte à comprendre son environnement humain et sociétal reste le meilleur protecteur de la Terre !
C’est encore dans la stabilité et la richesse de notre socle démocratique et l’usage des libertés qui en découlent que nous puisons notre capacité à prospérer et à affronter les enjeux de l’avenir.
Catherine MOURADIAN
Président- fondateur de « Solidarité Europe Liberté »
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