Mandela, un combat contre la pauvreté !
Depuis hier soir, il n’est pas un seul gouvernant, hormis le psychopathe de Corée du Nord, qui ne salue avec une émotion plus ou moins sincère la disparition de Nelson Mandela, dont le nom restera à jamais associé à la fin de l’apartheid en Afrique du Sud.
Peu d’entre eux rappellent cependant, et ce n'est pas un hasard, que Mandela attribuait avant tout l’origine de ce mal ségrégationniste aux inégalités sociales, à la pauvreté généralisée dans laquelle le système politique des Blancs maintenait les Noirs avec une violence inouïe.
C’est cette injustice humaine, cette pauvreté domestiquée et “racialisée”, que Nelson Mandela, en guerrier prophète, combattait avec une confiance, une énergie et une grâce exceptionnelles, prêt à mourir pour son idéal de vie sur cette terre, dont il rêvait de faire un « Paradis ».
Sa figure emblématique, quasi christique, son charisme et sa volonté, rencontrant aussi un certain nombre d’intérêts géopolitiques de l’époque, ont permis de renverser le régime de l’apartheid (juillet 1991) et de mettre l’Afrique du Sud à une place émergente incontournable dans le grand concert des nations.
Le prisonnier politique le plus célèbre de tous les temps est devenu Président, élu au suffrage universel, le premier président noir de l’histoire de l’Afrique du Sud (1994-1999).
Il a su, en cinq ans, en un seul mandat, développer l’espoir sans jamais le décevoir, développer l’éducation et l’économie, engager une meilleure répartition des richesses, il a su élever son pays, la Nation Arc-en-Ciel, où Noirs et Blancs œuvrent ensemble, au rang d’une démocratie réelle, symbolique du pouvoir des hommes sur leur propre destin.
C’est en luttant de toutes ses forces contre la pauvreté – et non en l’instrumentalisant et en l’exploitant par mille astuces libérales et pseudo-humanitaires, comme nos tartuffes prédateurs savent si bien le faire –, c’est en luttant contre les inégalités sociales par tous les moyens politiques dont il disposait, dont il s’emparait, qu’il prenait à bras le corps, que Nelson Mandela est devenu un être de Lumière dans le ciel toujours sombre de notre humanité.
Pourquoi les dirigeants de la planète, avec leurs discours embués de crocodile, leurs minutes de silence et leurs drapeaux en berne, n’entendent-ils pas ce qui fut l’essence même de l’existence de Nelson Mandela ?
Pourquoi ne veulent-ils pas comprendre que tous les maux de l’humanité, toutes les violences, toutes les injustices, tous les racismes, ne sont que les fruits mortels de cette fabrication et exploitation égoïstes par les uns de la misère des autres ?
C’est ça qui est à pleurer aujourd’hui, à présent que Mandela est libre : l’impuissance permanente du discours humaniste, le seul qui ait du sens, face aux forces morbides de la cupidité des privilégiés et de la Finance géno-suicidaire.
Nelson Mandela reçut à Oslo, le 10 octobre 1993, avec l’ancien président blanc Frederik de Klerk, le Prix Nobel de la Paix. Il prononça les mots de son idéal et rendit hommage à la mémoire de Martin Luther King.
Relisons-le, encore une fois :
« Notre récompense ne se mesurera que par la paix joyeuse qui triomphera un jour, car l'humanité qui unit les blancs et les noirs en une seule et même race nous permettra de vivre un jour tels des enfants du paradis. Ainsi vivrons-nous, car nous aurons créé une société qui reconnaît que tous les hommes naissent égaux, et que tous ont le droit à la vie, à la liberté, à la prospérité, aux droits humains et à une bonne gouvernance. Une telle société n'autorisera plus jamais que certains soient faits prisonniers à cause de leurs idées. (...)
Qu'il ne soit jamais dit par les générations futures que l'indifférence, le cynisme et l'égoïsme nous ont empêché d'être à la hauteur des idéaux humanistes. Que chacune de nos aspirations prouve que Martin Luther King avait raison, quand il disait que l'humanité ne peut plus être tragiquement liée à la nuit sans étoiles, du racisme et de la guerre. Que les efforts de tous prouvent qu'il n'était pas un simple rêveur quand il parlait de la beauté de la véritable fraternité et de la paix, plus précieuse que les diamants en argent ou en or. »
Combien faudra-t-il de Gandhi, de Martin Luther King, de Nelson Mandela, combien de millions d’anonymes sacrifiés porteurs de cet idéal, pour que l’humanité, plombée par sa légèreté et son attachement sans vision à des profits mirages, échappe à son naufrage ?
Christophe Leclaire
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