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Accueil du site > Tribune Libre > Marché et démocratie, les parents terribles de l’hypermonde

Marché et démocratie, les parents terribles de l’hypermonde


L’économie de marché a apporté, dans les impedimenta de ses conquêtes, un vieux concept né il y a quelques millénaires à l’ombre des oliviers de la Grèce antique : la démocratie. Comme le marché, la démocratie est l’expression d’une liberté : celle de choisir entre plusieurs programmes, celle d’élire des représentants pour faire la loi et pour l’appliquer, celle de les contrôler et d’assurer la justice. Pour émerger, et s’imposer partout, sur les décombres des idéologies anciennes, le marché a besoin de la démocratie. La concurrence, le désir de consommation, l’existence d’une monnaie, la protection de la propriété privée, la circulation des biens et des personnes, toutes ces libertés exigent la mise en œuvre de pratiques démocratiques. De ce fait, marché et démocratie forment un couple indissociable. Là où s’installe la démocratie, l’économie planifiée cède le pas devant le marché. L’un ne peut fonctionner sans l’autre.

Mais, comme dans tout couple, les relations équilibrées ne sont pas éternelles, et l’un finit toujours par emporter l’ascendant sur l’autre. D’autant plus que ce couple s’avère très vite mal assorti. Le marché promeut l’individu, consommateur de produits de plus en plus personnalisés, exigeant une pratique privative. La démocratie suppose au contraire la vie de la collectivité et des services publics. L’un cherche à s’affranchir des frontières nationales pour glisser dans un monde lisse, sans aspérité ; l’autre cherche à définir les limites territoriales de son action. Le premier recherche la satisfaction de l’individu, alors que le deuxième membre du couple s’attache à faire accepter par la minorité les décisions de la majorité. L’un a pour ambition la réussite individuelle, alors que l’autre est tendu vers l’intérêt de vivre ensemble.

Dans le subtil jeu d’équilibre de ce couple disparate, c’est le marché qui se fait, chaque jour, plus fort que la démocratie, au point de la diluer, par degrés, jusqu’à l’absorption. Le mécanisme de ce rapport inégal de forces est relativement simple ; il ne tient pas à une force supérieure machiavélique qui tirerait les ficelles, il n’y a pas de deus ex machina. Il y a en revanche des lois naturelles. Un individu est plus souple, plus rapide dans l’exercice de la mutation qu’une masse collective ; le marché donne la primauté à l’individu, à l’initiative privée, alors que la démocratie doit mettre en œuvre des processus lourds et complexes pour modifier la trajectoire de l’action. Dans un cas, nous sommes en présence d’une physique moléculaire, souple, changeant facilement d’état ; dans l’autre cas, nous avons affaire à une physique lourde, massive, évoluant sur des aires longues. Autre loi, celle de l’espace. Le marché s’affranchit des frontières, des États et des territoires, il traverse par flux de biens, de personnes, d’idées, de modes, la planète tout entière. La démocratie, au contraire, a besoin d’un État-nation pour fonctionner, assis fermement sur un socle territorial et institutionnel.

La suprématie du marché sur la démocratie est aujourd’hui telle que le marché peut se passer de la démocratie pour fonctionner. L’hypermonde actuel est presque entièrement soumis aux lois du marché, mais la moitié de la planète est encore régie par la dictature ou le totalitarisme. Cet affaiblissement de la démocratie s’opère par le jeu de forces exogènes et endogènes. La pression de l’extérieur est celle des acteurs économiques du marché mondial. De nombreuses entreprises géantes sont aujourd’hui plus puissantes que les États. Ces entreprises sont transnationales, ce qui veut dire qu’elles n’ont ni territoire ni localisation ; leur espace est le monde dans lequel les États ne sont que des lieux de passage, ou des zones de localisation mises en concurrence. La suprématie du marché sur la démocratie réduit progressivement la part de régulation des États-nations, forcés de laisser en jachère ou de privatiser des pans entiers de leurs anciennes prérogatives : inégalités économiques de leurs citoyens, accès aux services publics, assimilation de leurs minorités, sécurité extérieure.

L’affaiblissement de la démocratie provient aussi de forces intérieures : elle est minée par la conception de l’individu formalisée par le marché économique. L’individu est un concept récent. Il se situe dans le contexte de la quête moderne de l’autonomie qui, au-delà de ses aspects politiques, juridiques ou historiques apparents, est déterminée fondamentalement par les processus économiques. Certes, les sociétés de marché reconnaissent l’émancipation de leurs membres plus que tout autre type de société. Mais cette émancipation n’est accordée qu’en fonction des intérêts du marché lui-même ; elle lui accorde des droits en échange d’un seul devoir, participer à la bonne marche des affaires. C’est ainsi que l’individu devient consommateur, usager, travailleur, producteur, et perd de plus en plus les dimensions politiques de son individualité comme la culture, la citoyenneté ou la nationalité.

Associé à une démocratie anémiée, profitant de la grande confusion hyper-informationnelle, le marché illusionne son monde. Il devient ainsi incontestable, indéniable, clos sur lui-même et sur ses propres forces, seule représentation possible du réel.

Face à cette suprématie, il ne reste plus qu’à inventer des formes nouvelles de la démocratie. Elles sont encore à imaginer, à repérer dans les initiatives et les idées qui émergent çà et là, subrepticement et parfois spontanément. Cet enjeu est révolutionnaire. Une révolution qui se fera sans prise de Bastille ou du Palais d’hiver. Une implosion plutôt, qui nous demandera de nous réapproprier le sens de notre propre histoire et celui de notre responsabilité. Un enjeu qui n’est pas une utopie, mais le seul moyen d’éviter une fin sans gloire.


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57 réactions à cet article    


  • Gérard Ayache Gérard Ayache 4 septembre 2006 12:53

    Bonjour Demian

    Vous n’avez pas tort, mais cela montre à quel point, cette démocratie, nous y tenons, et qu’elle nous donne bien du souci par ces temps de grande confusion.


  • (---.---.79.11) 4 septembre 2006 13:25

    Je ne vois pas du tout le rapport entre service public et démocratie..

    Par ailleur, la démocratie c’est voter des lois qu’on s’applique à soi même, or tout le monde constate que les electeurs ne cherchent en fait qu’a voler les riches sous des pretextes les plus divers, habilleant ce vole d’une apparence de morale ou de justice. Donc les riches et leurs entreprises quittent le pays, et les voleurs futurs pauvres n’ont donc qu’à s’en prendre à eux même.

    L’Histoire de toute société jusqu’à nos jours, c’est l’histoire de la lutte des classes. De plus en plus la société se divise en deux grands camps ennemie, en deux grande classe qui s’affrontent directement : la bourgeoisie et les fonctionnaires. Autrement dit, les forces vives contre les parasites sociaux, ou encore, les doués contre les médiocres, les travailleurs contre les paresseux, les créateurs contre les destructeurs, les génies contre les nullités, bref, l’homme supérieur contre l’homme inférieur. Le but immédiat de la bourgeoisie est le même partout : constitution de la bourgeoisie en classe, conquête du pouvoir politique par la bourgeoisie, liquidation des fonctionnaires en tant que classe.

    La bourgeoisie doit tout d’abord s’emparer du pouvoir politique, s’ériger en classe nationale, se constituer elle-même en tant que classe dominante. Par cet acte, elle sert la nation, mais nullement dans le sens des fonctionnaires.

    La bourgeoisie se servira de sa suprématie politique pour arracher peu à peu toute espèce de pouvoir et de salaire illicite aux classes inférieurs, pour centraliser tous les instruments de répressions et de propagande entre les mains de l’Etat -de la bourgeoisie organisé en classe dominante- et pour accroître le plus rapidement possible la masse des forces productives, donc la richesse du pays.

    Naturellement, tout cela ne peut se faire dès l’abord sans attenter despotiquement aux pseudo droits politique et socials que se sont auto attribué les classes inférieur, donc sans prendre des mesures apparemment insuffisantes et inconsistantes du point de vue économique. Mais au cours du mouvement, ces mesures se dépassent elles-mêmes et sont indispensables comme moyens de bouleverser le mode de production tout entier.

    Les bourgeois combattent pour les intérêts et les buts immédiats de la classe supérieur ; mais dans ce mouvement du présent, ils représentent en même temps l’avenir du pays.

    Bref, la bourgeoisie appuient partout les mouvement révolutionnaires contre les institutions sociales et politiques existantes. Dans tous ces mouvements, ils mettent en avant la question du respect de la propriété privé, quel que soit le degré de développement qu’elle ait pu atteindre : c’est la question fondamentale.

    Les Bourgeois dédaignent de faire un secret de leurs idées et de leurs intentions. Ils déclarent ouvertement que leur fins ne pourront être atteintes sans le renversement violent de tout l’ordre social, tel qu’il a existé jusqu’à présent. Ce n’est pas sans raison que les énarques, les fonctionnaires et autres membres de la classe inférieure tremblent devant la menace d’une révolution bourgeoise. Les bourgeois ne risque d’y perdre que leurs chaînes. Ils ont le monde à y gagner.

    Bourgeois de France, unissez-vous !


    • Jesrad (---.---.20.126) 4 septembre 2006 15:05

      Lutte des classes entre les hommes de l’état et les contribuables ?


    • Marsupilami (---.---.169.172) 4 septembre 2006 13:42

      « De ce fait, marché et démocratie forment un couple indissociable. Là où s’installe la démocratie, l’économie planifiée cède le pas devant le marché. L’un ne peut fonctionner sans l’autre ».

      Exemples : le Chili de Pinochet, la Chine actuelle.

      Du pur bourrage de crâne ultracapitaliste et néolibéral.


      • Jesrad (---.---.20.126) 4 septembre 2006 14:54

        Exact, les étatolâtres ne peuvent pas concevoir le monde sans leurs chaînes adorées. Tristes auto-infantilisés qui, de peur de goûter à la liberté, refusent de s’émanciper.


      • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 4 septembre 2006 15:39

        La Chili de Pinochet était l’expression d’un capitalisme anti-libéral, de même la Chine dont l’évolution reste problématique. Hyper-capitalisme anti-démocratique privé ou d’état= anti-libéralisme...Relisez vos CLASSIQUES ;


      • Jesrad (---.---.20.126) 4 septembre 2006 15:58

        En fait, Sylvain, c’est une confusion entre libéralisme politique ou philosophique, et libéralisme purement économique, qui est en cause ici, non ?

        Difficile de nier que le Chili était libéral économiquement, surtout avec l’intervention des « Chicago Boys », mais difficile de nier aussi que la société chilienne d’alors était anti-libérale au sens politique.

        La question, donc, est de savoir ce que l’auteur a vraiment voulu dire en parlant du lien entre démocratie et marché. Est-ce à dire que le marché est la démocratie ? Que la démocratie a besoin du marché pour survivre (hypothèse que je soutiens en tant que catallarchiste) ? Que le marché a besoin de démocratie ?


      • Marsupilami (---.---.169.172) 4 septembre 2006 16:03

        « Relisez vos CLASSIQUES »

        @ Sylvain Reboul

        Merci pour ce conseil magistral et majuscule, herr Doktor.

        Les classiques (que j’ai lus) n’avaient pas prévu les épousailles de l’ultracapitalisme mondialisé et du néolibéralisme qui s’est mis à son service (ou plutôt qui est sa piteuse caution intellectuelle). Je maintiens que l’équivalence économie de marché = démocratie est une pure foutaise.


      • Gérard Ayache Gérard Ayache 4 septembre 2006 16:09

        @ Jesrad

        Quand je parle de « marché » j’entends (de façon un peu elliptique dans cet article, je vous l’accorde) marché ultralibéral. Càd la mainmise d’une idéologie (en est-ce vraiment une) qui s’empare d’un terme noble : liberté, libéralisme, pour le pervertir aux fins d’occulter ses vraies intentions : une globalisation échevelée, une fracture de plus en plus grande entre les riches et les autres, une homogénéisation des pensées, des espaces, des cultures.


      • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 4 septembre 2006 16:42

        Le libéralisme économique sans libéralisme politique et juridique tend nécessairement à l’hypercapitalisme monopoliste et mafieux donc économiquement anti-libéral...

        L’hyper-capitalisme n’est qu’un capitalisme économiquement liberticide !


      • (---.---.226.170) 5 septembre 2006 00:02

        Le capitalisme provoque une augmentation du niveau de vie, et donc, à partir d’un certain niveau, une demande de démocratie. Et oui, ce que les gens croient vouloir passionmant n’est que la conséquence de l’action du capitalisme. Cela dit je ne vois pas du tout le rapport avec de quelconque formation de monopole. Du moment que la concurence est possible, même virtuellement, il n’y a pas de monopole. Ce fait ne peut se produire que si l’Etat le décide, dans un but electoraliste, donc, évidement, plutôt lorsqu’il y a une démocratie. C’est alors le rôle du contre pouvoir économique de sanctioner le pays et ses dirigeants en délocalisant.


      • (---.---.226.170) 5 septembre 2006 00:09

        Vive la masturbation. Vous n’aimez pas consommer ? Et bien arretez d’acheter des livres et des ordinateurs, des médicaments et des diplômes, et donnez donc votre argent, votre salaire à ceux qui le voudraient bien, aux immigrés parquets dans des cité victime du Racisme et de la pauvreté.


      • Jesrad 5 septembre 2006 00:11

        Quid de l’hyperlibéralisme ? Le gigacapitalisme ? Le teralibéralisme ? Le picosocialisme ? Le femtoconservatisme ? Le petafascisme ?

        Arrêtez la novlangue, c’est mauvais pour le crâne.


      • -noID- (---.---.80.97) 5 septembre 2006 04:10

        Alors là Jesrad BRAVO !! Vous m’avez plié en deux devant mon écran !! Merci...

        Aaaah vivement la glorieuse époque du picosocialisme !!


      • (---.---.61.100) 5 septembre 2006 10:09

        la manipulation de l’opinion : voila la clé de la libéral-démocratie...

        http://democratie-directe.blogspot.com/


      • Daniel Milan (---.---.168.139) 4 septembre 2006 13:45

        Marché et démocratie : « Le marché aux esclaves » ! L’auteur nous parle en connaisseur !!


        • Anne Onyme (---.---.180.54) 4 septembre 2006 13:56

          Je ne comprends pas.

          Comment un désir de consommation peut-il être une liberté ? Comme la concurrence peut-elle être une liberté ? L’existence d’une monnaie, une liberté ?

          Philosophiquement, cela ne me semble pas avoir de sens.


          • Gérard Ayache Gérard Ayache 4 septembre 2006 14:03

            Je suis d’accord avec vous que cela n’a aucun sens philosophique. En revanche cela en a un pour les théoriciens de l’ultra-libéralisme contemporain, et la pensée dominante qu’ils nous infligent. C’est en cela qu’ils pervertissent les racines mêmes du concept de liberté.


          • Jesrad (---.---.20.126) 4 septembre 2006 15:02

            Le désir de consommation est une liberté ? Peut-être, mais en tout cas ce n’est pas « la » liberté. C’est curieux mais je ne crois pas qu’aucun libéral, même auto-proclamé, ne soutienne une telle bêtise.

            Il me semble que vous mettez dans la bouche des autres ce qui n’y est pas.


          • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 4 septembre 2006 15:55

            Le désir de consommation est une liberté dans la mesure où la consommateur peut décider ce qui est bon pour lui et non l’état ou tel ou tel monopole.

            La concurrence est une liberté pour le consommateur dans la mesure où elle permet son choix entre des produits semblables mais différents en terme de coûts/qualité et où il peut choisir celui qui lui paraît le plus avantageux. pour lui.

            La monnaie est un outil de la liberté dans la mesure où elle permet d’utiliser les service de quelqu’un sans lui devoir fidèlité à vie et de devenir propriétaire de ce que bon nous semble sans avoir à justifier un quelconque droit statutaire pour accéder à cette propriété et donc au libre usage de notre bien.

            J’ajoute de reste que la monnaie permet d’éviter ou de réduire le risque de violence donc de renforcer la sécurité des échanges en subtituant un équivalent à un bien ou service quelconque, dans la réciprocité librement consentie, au vol et à la conquête forcée.

            C’est incroyable qu’il faille rappeler de telles évidences !


          • Marsupilami (---.---.169.172) 4 septembre 2006 16:14

            @ Sylvain Reboul

            Il est tout aussi consternant de devoir rappeler que le citoyen-voteur-consommateur est généralement un ignare sans aucun sens des valeurs collectives et de long terme dont il faut d’urgence réguler les désirs avant qu’ils ne le mènent à la catastrophe. Voir l’excellent article que tu as écrit sur la fiction démocratique.

            Je te cite :

            « Le peuple est formé dans sa majorité d’ignorants de la chose publique et des exigences qu’elle implique, et ne peut, de ce fait, être raisonnable, en cela que les opinions qui s’opposent entre elles, en son sein, sont toujours particulières, et donc passionnelles, et aveugles à l’intérêt général et au long terme, ou pire, se prétendent seules conformes à un intérêt général contre les autres, rendant celui-ci introuvable ».

            Sans commentaire. Pour l’instant.


          • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 4 septembre 2006 16:51

            Je sais cela (et pour cause) mais je sais aussi faire la distinction entre les libertés comme droits et l’usage plus ou moins libre que l’on peut en faire (régulation raisonné des désirs) ; mais, comme disait Kant, ce n’est pas en interdisant les libertés du consommateurs qu’ils apprendront à en faire bon uage... Ce qui vaut pour les droits démocratiques vaut pour les droits économiques...Je répondais sur les liberté économiques (ou droits) des consommateurs comme condition nécessaire mais pas suffisante de la liberté ou pratique de libération qui exige maîtrise raisonnée de soi, comme puissance de désir (Spinoza).


          • Marsupilami (---.---.169.172) 4 septembre 2006 17:08

            @ Sylvain Reboul

            Certes mais, je te re-cite :

            « Le désir de consommation est une liberté dans la mesure où la consommateur peut décider ce qui est bon pour lui et non l’état ou tel ou tel monopole ».

            Kant, Spinoza & co n’avaient jamais pu imaginer (pour cause d’uchronie) que le désir de consommation ne serait plus une liberté (s’il en a jamais été une), mais une réaction (au sens pavlovien) du cerveau reptilien à des avalanches de pubs. Où est la liberté là-dedans ?


          • Antoine Diederick (---.---.21.172) 4 septembre 2006 19:04

            Il le faut....il n’y a de confusions que lorsque les définitions sont oubliées, les sens perdus, les évidences perverties.... smiley


          • Antoine Diederick (---.---.21.172) 4 septembre 2006 19:06

            Ce post était destiné aux commentaires de Monsieur Reboul en ponctuant sur ceci :

            « C’est incroyable qu’il faille rappeler de telles évidences ! »


          • Antoine Diederick (---.---.21.172) 4 septembre 2006 19:14

            Belle chute pour ce texte ...je souscris...et je signe où smiley

            "...qui nous demandera de nous réapproprier le sens de notre propre histoire

            Sans ce travail de fond...nous sommes perdus...enfin presque.


          • Antoine Diederick (---.---.21.172) 4 septembre 2006 19:16

            Merci Avox, je tente de mettre cette intervention ds le fil normal et pas à la suite d’un commentaire et je me retrouve ici....

            Ok ce post précédent est destiné à venir comme commentaire au texte de Monsieur Ayache...ponctuant sur la chute de son article.


          • anne onyme (---.---.202.131) 4 septembre 2006 21:09

            Le pb c’est que là, si je lis bien votre article, c’est vous qui le dites.

            qui dois-je croire ? ;)


          • Sylvain Reboul (---.---.101.171) 4 septembre 2006 22:26

            Bien sur que si : la question de la passion (en l’occurence consommatrice) dans son rapport à la raison et de sa maîtrise est aussi vieille que la philosophie, au point de se confondre avec elle. Voir chez Spinoza la distinction entre passion passive et désir actif. Consommer en excès et/ou d’une manière dite irrationnelle, n’est que l’expression de passion socialement dépendante liée à la recherche du prestige ou a moins de la distinction dans le rapport aux autres. Déjà Platon (livre VIII de la République) et surtout Rousseau discours sur l’Inégalité partie II) etc...


          • Sylvain Reboul (---.---.101.171) 4 septembre 2006 22:28

            Bien sur que si : la question de la passion (en l’occurence consommatrice) dans son rapport à la raison et de sa maîtrise est aussi vieille que la philosophie, au point de se confondre avec elle. Voir chez Spinoza la distinction entre passion passive et désir actif. Consommer en excès et/ou d’une manière dite irrationnelle, n’est que l’expression de passion socialement dépendante liée à la recherche du prestige ou a moins de la distinction dans le rapport aux autres. Déjà Platon (livre VIII de la République) et surtout Rousseau discours sur l’Inégalité partie II) etc...


          • GRL (---.---.91.38) 4 septembre 2006 14:02

            C’est vrai qu’aujourd’hui , c’est la démocratie qui passe à la moulinette . Bon , et c’est bien vrai , si on y tenait pas un peu , à notre vecteur démocrate , on en ferait pas tout un bouquin smiley mais , voilà , vous serez d’accord , nous en sommes à une phase où tout le monde dit , " maintenant , faut que çà évolue ... la démocratie participative .... la technologie ... et puis il le faut tant elle est attaquée .... oui , ok , ... d’accord d’accord ... mais quand , à votre avis ?

            Quand est ce que ces changements vont reellement opérer ? mmm ?


            • Daniel Milan (---.---.168.139) 4 septembre 2006 14:10

              Ou c’est « l’Homme qui passe à la moulinette » de « la démocratie » ?


            • SilenT BoB (---.---.247.54) 4 septembre 2006 14:12

              Il est certain que nos etatistes de tous poils continueront a vous otez de plus en plus de libertes de choix, mais bon, vous les mettez au pouvoir, alors...


            • SilenT BoB (---.---.247.54) 4 septembre 2006 14:09

              Un desir de consommation est une liberte, dans le sens ou vous seul savez ce que vous voulez, ce que vous desirez, vous seul avez le choix de succomber a votre envie ou pas. La concurrence resulte de la liberte de creation de societe ou d’entreprise, la concurrence permet a un marche de vivre et d’etre mobile dans le temps et l’espace. La concurrence permet une chose saine : La creation et l’innovation. En soit la concurrence n’est pas une liberte mais une resultante de celle-ci. La monnaie est un moyen comptable d’echanger des bien, ce n’est pas une liberte, mais elle justifie son existance dans le fait que les humains veulent echanger des biens. Cet outil comptable permet d’avoir un etalon pour donner un prix a une chose. A vous la liberte de faire du troc si cela vous chante.

              Le marche est la chose la plus simple (mais forcement la meilleure) pour echanger des bien, il resulte de la liberte de contracter entre deux ou plusieures parties. La rencontre des volonte sur un prix donne permet l’echange de propriete sur ce bien.


              • faxtronic (---.---.127.45) 4 septembre 2006 14:30

                Simplet, Simplet, viens voir, le communiste du marché est de retour.


              • Jesrad (---.---.20.126) 4 septembre 2006 15:00

                Y a deux façons d’obtenir quelque chose : l’échanger contre autre chose à quelqu’un, avec son accord ; ou le prendre de force (parfois en laissant quelque chose à la place, parfois non). Le marché, idéalement, c’est la première option. L’état c’est la seconde.

                C’est aussi simple que ça.


              • ZEN zen 4 septembre 2006 23:37

                Silent nous fait là un cours d’économie à l’usage du CP..il devrait au moins relire ses classiques : Hayek,Walras,Friedman,Ernest-Antoine Seilière, etc..qui sont d’un niveau nettement supérieur !


              • -noID- (---.---.80.97) 5 septembre 2006 05:07

                Et d’autant plus superieurs qu ’ils sont un peu plus récents...

                A ce propos le « libre choix » du « con-sommanteur » mériterait des analyses un peu plus élaborées, ne pensez vous pas ? Gageons que les entreprises ne manquent pas d’y procéder... Dans le même registre ; l’experience menée par Galbraith dans son supermarché experimental est édifiante (plus de 50% des choix faits par les « con-sommateurs » étaient aberrants)...

                Tout ceci pour en venir au fait que la consommation en tant que telle n’est qu’une composante mineure d’un systeme productif moderne. Durant les années 20 les économistes de tous bords prétendaient (déjà !!) que l’économie de marché avait atteint un paroxysme ouvrant un ère de prospérité sans fin.Nous connaissons tous la suite...

                Suite qui a ouvert un débat bien plus complexe : celui sur le rôle de l’Etat (Keynesiannisme...) Il est interessant de noter qu’auparavant (au 19eme et au début du 20eme siècle) la part de richesses publics (de services publics diront certains) dans les économies occidentales modernes variait entre 5% et 10% du PNB selon les pays. La crise de 1929 n’a t elle pas démontrée la fragilité excessive d’économies exclusivements privées ? La maniere dont nos économies ont absorbées les différents chocs financiers survenus aprés la guerre et les « trentes glorieuses » n’est elle pas une démonstration qu’une certaine forme de régulation est necessaire ? La façon dont certains pays ayant appliqués les règles « libérales » (comme l’Argentine) ont littéralement implosés suite à la crise de 1997 alors que d’autres qui possédaient un service public plus étendu (comme la Corée du Sud) ont rebondi relativement vite, est un argument de plus pour une certaine forme de régulation en plus d’un service public efficace (avec des moyens financiers conséquents).

                Le tout libéral a déjà historiquement montré ses limites...Silent Bob ne nous faites pas prendre les gens ternes pour des messies !! Nous avons autant besoin d’initiatives privées que d’institutions publiques puissantes (le pouvoir de l’administration Americaine ou Chinoise n’est plus à démontrer je crois...)Cela nous conduit a devoir élaborer des solutions nouvelles, comme le souligne l’auteur. Nouveaux liens de médiations ? Nouvelles institutions ? Nouvelles règlementation/juridiction ? Tout ceci sans même parler du tiers monde...La pauvreté des uns fait la richesse des autres (pour faire dans la schematisation bas de gamme).

                J’arrete là d’autant plus que le commentaire suivant soulève le lièvre de la portée psychologique inhérente à la consommation : forcément indispensable à lire..


              • Jesrad (---.---.20.126) 5 septembre 2006 11:16

                La crise de 1929 n’a t elle pas démontrée la fragilité excessive d’économies exclusivements privées ?

                Non, elle a juste montré qu’une banque centrale en charge de la monnaie est une très mauvaise idée. De telles crises ne se sont pas produites lorsque la monnaie était fiduciaire et produite par des banques privées indépendantes du gouvernement.


              • ZEN zen 4 septembre 2006 14:54

                @ L’auteur

                Avez-vous lu les études de Christopher Lasch sur le rapport entre développement de la marchandisation universelle et la régression des libertés individuelles et même la transformation des sujets, surtout dans « La culture du narcissisme »(ed Climats) ? A discuter, mais trés intéressant.

                Les études fines de Alain Ehrenberg sur ce problème sont aussi ,à mon avis, incontournables, notamment « Le culte de la performance » et « la fatigue d’être soi »...

                Voilà de quoi alimenter le débat...


                • Gérard Ayache Gérard Ayache 4 septembre 2006 15:36

                  @ zen

                  Ces études et de nombreuses autres (je pense au travail de Norbert Elias, de Marcel gauchet, de Michel Maffesoli par exemple) vont dans le même sens : quelque chose a changé dans la nature humaine. Et plus intensément depuis une trentaine d’années.

                  Ces changements (on devrait plutôt parler de mutations) sont pour la plupart inédits et prennent une dimension anthropologique. Ils portent sur de nombreux aspects comme la conception de l’individu, de l’autre, du temps, de l’espace, des émotions, de notre rapport au réel, à la vérité, sur notre rapport à la politique, à la citoyenneté, ... à la démocratie, etc...

                  La question est de savoir quelles sont les causes de ces mutations qui génèrent un véritable trouble individuel et sociétal (c’est ce que j’appelle la grande confusion). Leur analyse attentive montre qu’elles sont toutes forgées dans les creusets de l’hyperinformation qui elle-même a favorisé le développement du marché ultralibéral tel que nous le connaissons aujourd’hui.


                • Antoine Diederick (---.---.21.172) 4 septembre 2006 19:01

                  Michel Maffesoli est à lire, je le pense aussi...pas facile mais très utile...

                  Je dois dire que je n’ai pas eu encore le temps de finir de le lire pour diverses raisons pratiques...

                  J’ai été frappé par les analogies des images qu’il utilise pour mettre en forme ses concepts et le comportements des médias...surtout ds les émissions de type Loft etc....

                  A tel point que je me suis demandé si les spécialistes du marketing télé n’ont pas calqué ses propos ds l’application des programmes...cela pose question pour moi.

                  La modification de la représentation de l’individu social est en train de basculer semble-t-il...bien d’accord.


                • Antoine Diederick (---.---.21.172) 4 septembre 2006 20:04

                  « J’ai été frappé par les analogies des images qu’il utilise pour mettre en forme ses concepts et le comportements des médias...surtout ds les émissions de type Loft etc.... »

                  Je corrige ceci (je suis sans doute moi mme ds la confusion)

                  correction : --- et les comportements des médias se trouvent être très proches des images qu’il évoque pour mettre en forme ses concepts---


                • Gilbert Wonder (---.---.64.145) 4 septembre 2006 15:33

                  Il me semble que le marché précède largement la démocratie et même l’état. L’échange de bien et de services, voire la spéculation (acheter quelque chose qui n’existe pas encore) remontent à la nuit des temps. Mais la malhonnêteté est probablement née en même temps, d’où un besoin de sécurité. Ce qui a engendré les états, d’abord pour protéger la communauté contre d’autres, grâce à une « armée », ensuite pour protéger les individus les uns des autres grâce à une « police », et finalement pour protéger l’individu contre l’état lui-même, d’où la démocratie (car armée et police sont des jouets dangereux).

                  Mais avons-nous LA démocratie ? Non, seulement DES démocraties (et uniquement pour quelques veinards), alors qu’il n’y a plus qu’UN marché global. La protection des individus est donc juridiquement inégale, ce qui biaise le marché, le rendant avantageux pour certains et dangereux pour d’autres. Constatons que dans l’ensemble, la tendance (intégrations régionales, reflux des dictatures et nouveaux media) laissent entrevoir une lente avancée vers LA démocratie. Allez courage.


                  • Antoine Diederick (---.---.21.172) 4 septembre 2006 20:00

                    pas d’âge d’or, Demian...cela c’est comme les « millénarismes » d’ailleurs ds les idéaux confus du gouvernement mondial , ces mmes idées reviennent comme leitmotifs.

                    Et en plus, certaines sectes en font choux gras...

                    l’inconnu est à définir surtout qu’il s’avance vers nous...


                  • -noID- (---.---.80.97) 5 septembre 2006 05:12

                    N’ayez crainte Demian ; quand bien même l’hiver nucléaire serait présent vous pourriez encore untiliser Internet. La moitié de votre rêve messianique n’a donc pas lieu d’être smiley


                  • Daniel Milan (---.---.168.139) 4 septembre 2006 18:54

                    Il ne veut vraiment pas me parler Gérard Ayache, peut-être qu’il n’aime pas les indigènes Français ? smiley


                    • candidat007 (---.---.122.128) 4 septembre 2006 19:04

                      Etes vous si sûr de la suprématie du marché sur la democratie. ? Tout cela n’est pas si linéaire et la messe n’est pas dite..

                      le marché a besoin de consommateurs assez riches tant qu’a faire pour acheter les produits. le marché ne peut pas tourner indéfiniment sur lui-même. la concurrence a besoin de règles claires pour bien s’exercer, l’expansion des entreprises est tributaire de la raréfaction des ressources et matières premières, le marché a besoin de régulation pour fonctionner dans le monde qui vient, le marché va atteindre ses limites, a peut être déjà atteint ses limites, en rendant ce monde de moins en moins viable, de plus en plus en survie comme l’on dit. etc etc...

                      mais enfin, ce que j’ai surtout retenu dans votre article c’est la fin, la conclusion.

                      « Face à cette suprématie ( du marché !!), il ne reste plus qu’à inventer des formes nouvelles de la démocratie. Elles sont encore à imaginer, à repérer dans les initiatives et les idées qui émergent çà et là, subrepticement et parfois spontanément. Cet enjeu est révolutionnaire. .... Une implosion plutôt, qui nous demandera de nous réapproprier le sens de notre propre histoire et celui de notre responsabilité. Un enjeu qui n’est pas une utopie, mais le seul moyen d’éviter une fin sans gloire. »

                      Vous nous promettez une implosion du marché alors non ?(ou économique alors, guerre de l’eau, guerre des matières premières.. cataclysme écologique etc..etc..) Et donc il y a à inventer des formes nouvelles de démocratie.

                      Mais c’est là que l’on vous attendait ! Quelles nouvelles formes de démocratie ??

                      Vous dites, il y a des pistes ( citez les ?? je ne sais pas moi, ..altermondialisme, démocratie mondiale ??) ou du moins dites nous sur quel aspect du problème vous imaginez que ça puisse bouger. - Sur le sujet (citoyen) de la démocratie, - Sur l’objet (excercice de la souveraineté du peuple, et quel peuple ?) même de la démocratie ??, - Sur les modalités (représentativité, démocratie directe, démocratie sociale, démocratie du consommateur, démocratie virtuelle .etc..) de l’exercice démocratique ??

                      De fait vous ne dites rien. Vous dites , c’est la cata annoncée, et il faut inventer de nouvelles formes de démocratie.

                      Au moins un bon point, vous n’avez pas non plus cité Internet et la connectique de la toile enveloppante pour régler le problème démocratique.


                      • -noID- (---.---.80.97) 5 septembre 2006 05:15

                        « Mais c’est là que l’on vous attendait ! Quelles nouvelles formes de démocratie ?? »

                        +1


                      • Antoine Diederick (---.---.21.172) 4 septembre 2006 20:23

                        Dernière remarque pour ce soir....

                        Le problème aujourd’hui, c’est que la Communication (avec un grand C à dessein) ou son avatar la société de communication définit à la fois un changement sociétal mais aussi est l’objet d’une industrialisation et des comportements consuméristes. C’est à dire que l’enjeu devient plus compliqué autour des valeurs et des sens.

                        Voir cet article sur le Web 2 sur Avox qui est très intéressant...


                        • (---.---.245.193) 5 septembre 2006 08:01

                          Bonne nuit Antoine Tu en as besoin. Ton commentaire est illisible smiley


                        • Antoine Diederick (---.---.235.163) 5 septembre 2006 09:24

                          @(IP:xxx.x56.245.193) le 5 septembre 2006 à 08H01

                          Merci O Inconnu, tout à fait illisible mon propos ....bien d’accord.

                          Merci pour ce sage conseil, trop d’activités nuit au cerveau qui bredouille sans panache.

                          Sport , lecture et travail ont raison de mes neurones...STOP , repos....

                          Bien à vous Inconnu du réseau...


                        • arturh (---.---.119.98) 5 septembre 2006 10:30

                          L’article est construit sur une assertion fausse : « L’économie de marché a apporté, ... la démocratie. »

                          Encore une fois, c’est faux. C’est l’aspiration à la démocratie, naturelle chez l’être humain, qui a apporté la démocratie.

                          La question n’est donc jamais le marché, mais toujours la démocratie.


                          • Gérard Ayache Gérard Ayache 5 septembre 2006 14:10

                            @ arturh

                            Vous faussez mon idée en tronquant la première phrase. Je n’ai jamais dit que le marché avait apporté la démocratie. Je dis tout au long de l’article que le marché (dans son expression la plus ultralibérale) avance en mettant en avant l’étendard de la démocratie. Jusqu’à l’étouffer. Par ailleurs dire que l’aspiration à la démocratie est naturelle à l’être humain... je n’en suis pas si sûr que vous.


                          • arturh (---.---.119.98) 5 septembre 2006 18:16

                            Je n vais pas chercher à vous convaincre, mais vous pouvez relire la démonstration de Francis Fukuyama à ce sujet dans son fameux livre, La Fin de l’Histoire.


                          • éric (---.---.42.167) 5 septembre 2006 12:50

                            Le marché ne fonctionne que dans le cadre de lois qui le réglementent. Les échanges internationaux dont se nourricent les entreprises transnationales ne sont possibles que parce que les échanges sont libres (de par la loi). Si les états semblent avoir perdu tout pouvoir sur des entreprises transnationales c’est parce qu’ils l’ont bien voulu lorsqu’ils ont ratifié des traités de libre échange. Le marché ne correspond à aucune loi naturelle. Il n’est que ce que les individus qui le constituent veulent bien en faire.


                            • demian au sud-est-nord-ouest (---.---.227.180) 5 septembre 2006 23:41

                              POURQUOI LES MALHONNETES AFRICAINS CHERCHENT ILLEGALEMENT REFUGE DANS LE PAYS D ELECTION DU TRES DEMOCRATIQUE PATRICK ADAM ?,LA REPONSE ICI :

                              Une étrange pollution provoque des intoxications en chaîne à Abidjan

                              Des jeunes gens se protègent devant un lac pollué le 5 septembre 2006 dans les environs d’Abidjan

                              ABIDJAN (AFP) - 05/09/2006 14h47 - Le déversement de plusieurs tonnes de déchets toxiques, peut-être venus de l’étranger, dans des décharges d’Abidjan, a provoqué la mort d’au moins deux personnes et intoxiqué des centaines d’autres, embarrassant un gouvernement ivoirien accusé de laxisme par les victimes.

                              Au moins deux fillettes sont mortes lundi après avoir inhalé ces produits toxiques déversés depuis trois semaines dans des décharges publiques d’Abidjan, a-t-on appris mardi de source hospitalière.

                              « Il y a eu deux morts, une fillette de quatre ans et une autre de neuf ans au CHU (Centre hospitalier et universitaire) de Cocody », l’un des quartiers chics de la capitale économique ivoirienne où les produits ont été déversés, a affirmé à l’AFP un responsable du CHU de Cocody sous couvert de l’anonymat.

                              L’affaire a été dévoilée ces derniers jours dans la presse d’opposition, et a pris de l’ampleur à mesure que l’on recensait des victimes d’intoxication par centaines dans la capitale économique ivoirienne.

                              Selon plusieurs quotidiens, dans la nuit du 19 au 20 août, le Probo Koala, un navire affrété par une société immatriculée aux Pays-Bas, aurait déversé plusieurs tonnes de déchets très toxiques dans les décharges publiques d’Akouédo, de la zone industrielle de Vridi et du plateau Dokoui.

                              Depuis, plusieurs centaines d’habitants des quartiers bordant ces décharges ont été victimes d’intoxications.

                              Lundi après-midi, alors que le gouvernement continuait de garder le silence, une source hospitalière a indiqué à l’AFP que le centre hospitalier universitaire (CHU) du quartier de Cocody avait reçu, depuis le jeudi précédent, plus de 340 personnes intoxiquées par l’inhalation de ces déchets.

                              De jeunes Ivoiriens manifestent le 4 septembre 2006 à Abidjan contre la pollution dont ils sont victimes

                              Au CHU de Treichville, un autre quartier d’Abidjan, on indiquait également qu’un nombre inconnu de personnes intoxiquées avaient été prises en charge.

                              Dans l’après-midi, plusieurs centaines de personnes ont manifesté sur le plateau Dokoui en dénonçant le « laxisme » du gouvernement.

                              Réclamant « la vérité et la transparence », les manifestants, en majorité des jeunes, ont érigé des barrages, notamment autour de la décharge, obligeant les automobilistes à rebrousser chemin.

                              Rassemblés dans le calme, ils brandissaient des pancartes barrées des slogans « Banny (Charles Konan Banny, Premier ministre, ndlr) et son gouvernement, notre vie vous appartient », « Produit toxique ou armes bactériologique, on meurt » ou encore « Pour de l’argent on nous tue ».

                              Sur place, de nombreux riverains interrogés par l’AFP se sont plaints de problèmes d’estomac, de saignements du nez ou de difficultés respiratoires.

                              Le directeur du zoo d’Abidjan, le seul du pays, situé dans le quartier, s’est de son côté inquiété des conséquences de cette pollution sur ses animaux.

                              Dans la soirée, le ministre ivoirien de la Santé a fini par admettre que des déchets toxiques avaient bien été déversés sur plusieurs sites d’Abidjan.

                              « Le gouvernement continue à chercher tous les sites où ces déchets on été déversés », a déclaré le ministre, Rémy Allah Kouadio, à la télévision publique ivoirienne.

                              « Effectivement, ces déchets sont composés de produits toxiques », a-t-il admis, ajoutant : « Nous en sommes conscients, mais les dispositions sont en train d’être prises au niveau de la santé ».

                              « La Côte d’Ivoire n’a jamais eu à faire face à un tel fléau », a-t-il souligné, en précisant que le gouvernement mettait « à la disposition de la population des médicaments de premières nécessité ».

                              L’opposition ivoirienne a vivement réagi lundi par la voix du Rassemblement des Républicains (RDR), qui a affirmé dans un communiqué que les autorités portuaires « avaient été avisées du contenu exact du bateau et savaient qu’il ne s’agissait pas d’eaux usées normales mais de déchets toxiques » contenant notamment de l’« acide sulfurique » et des « éléments chlorés ».

                              Estimant le nombre de victimes à « 550 à ce jour », le RDR a condamné la « légèreté » des autorités et exigé du gouvernement « la publication des résultats des analyses et enquêtes en cours le plus rapidement possible » et une « prise en charge totale des victimes ».

                               smiley on voit l immigration illegale autrement , apres ca , non ? smiley GAGEONS QUE NOS BRAVES MORALISTES « DEMOCRATES LIBERAUX » SAURONT SE JUSTIFIER EN BONNES GRENOUILLES DE BENITIER CAPITALOS , LOL DE LA JUNGLE smiley

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