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Accueil du site > Tribune Libre > Maroc - Algérie, l’histoire d’une fraternité trahie

Maroc - Algérie, l’histoire d’une fraternité trahie

L’histoire des relations entre le Maroc et l’Algérie ne commence pas avec l’indépendance de cette dernière en 1962. Elle est bien plus ancienne, marquée par des liens profonds, souvent fraternels, parfois complexes, mais globalement empreints de solidarité et de respect mutuel. Pourtant, cette fraternité a été trahie par une série d’événements politiques et idéologiques initiés dès la naissance de l’État algérien moderne. Cet entend retracer ce basculement, en montrant comment l’Algérie officielle, en particulier son régime militaire, a choisi l’hostilité au détriment de la mémoire commune et des intérêts maghrébin

I. Une mémoire partagée : l’histoire au-delà des frontières

Pendant des siècles, les populations de l’ouest algérien et de l’est marocain ont partagé les mêmes cultures, dialectes, traditions religieuses, tribales et commerciales. L’espace entre Tlemcen, Oujda, Figuig, Béchar, et même au-delà, formait un continuum humain où la notion de frontière était souple, voire inexistante.

Le Maroc, en tant qu’État souverain structuré depuis plus de douze siècles, a souvent exercé une influence spirituelle et politique sur l’ouest algérien. Plusieurs dynasties marocaines, comme les Almoravides, les Almohades, les Mérinides, ont étendu leur autorité sur une grande partie de l’actuelle Algérie, bien avant la colonisation française. Cela n’a jamais empêché la coexistence, bien au contraire : le facteur religieux, soufi notamment, cimentait les liens.

La colonisation française a profondément bouleversé ces équilibres. Mais c’est justement durant cette période que le Maroc a joué un rôle crucial dans le soutien au combat algérien pour la libération.

II. Le Maroc, allié fidèle du peuple algérien pendant la guerre de libération

La guerre de libération algérienne (1954-1962) n’aurait pas connu la même dynamique sans l’aide déterminante du Maroc. Le Royaume, encore sous protectorat, a offert ses frontières, ses hommes, ses armes, et son territoire aux combattants algériens du FLN. De nombreuses bases de repli, des circuits logistiques et des soutiens diplomatiques ont vu le jour grâce à la générosité marocaine.

Le Maroc indépendant (1956) a même accepté de différer la récupération de certains de ses territoires orientaux, considérant que l’Algérie libre serait en mesure, une fois indépendante, de traiter loyalement la question des frontières. C’était une preuve de confiance politique et morale. Hélas, cette confiance fut vite trahie.

III. L’ingratitude érigée en doctrine : l’affaire de 1963

La guerre des Sables en 1963 marque la première grande trahison du régime algérien envers le Maroc. À peine libérée, l’Algérie, sous la houlette de Ben Bella et de ses conseillers militaires, choisit d’affronter militairement un pays frère qui l’avait soutenue. Ce fut un choc pour le Maroc et une blessure pour la mémoire partagée.

Sous prétexte de frontières héritées de la colonisation, l’Algérie refusa d’ouvrir le dialogue sur les territoires historiquement marocains, comme Tindouf ou Béchar, pourtant clairement identifiés dans les archives coloniales françaises comme des zones arbitrairement rattachées à l’Algérie par l’administration de l’époque.

Cette guerre, que certains qualifient de « fratricide », fut en réalité une agression unilatérale. Le Maroc n’a jamais revendiqué de manière belliqueuse ses droits. Il a toujours appelé au dialogue, à l’arbitrage international, voire à la négociation directe, mais l’Algérie militaire a choisi la provocation.

IV. Le tournant du Sahara : le mythe d’un conflit « nécolonial »

Le soutien de l’Algérie au Front Polisario marque un autre point de rupture majeur. Au nom d’un prétendu soutien aux peuples opprimés, le régime algérien va instrumentaliser la question du Sahara pour affaiblir le Maroc. Il ne s’agissait pas d’un simple appui idéologique. Il s’agissait d’une guerre froide régionale dans laquelle l’Algérie cherchait à s’imposer comme puissance hégémonique.

Le soutien est d’autant plus paradoxal que l’Algérie n’a jamais toléré une quelconque remise en question de ses frontières héritées de la colonisation. Elle réclame pour le Maroc une posture qu’elle-même refuse d’adopter. Le Sahara est marocain par l’histoire, par la géographie, par le droit international (la Cour Internationale de Justice l’a reconnu en 1975), et par l’allégeance traditionnelle des tribus sahariennes aux sultans marocains.

L’Algérie a donc soutenu une entité séparatiste, armée, financée et logée sur son sol, pour affronter le Maroc et s’opposer à sa souveraineté légitime.

V. La haine cultivée comme doctrine d’État

Depuis les années 1970, la diplomatie algérienne a érigé l’hostilité envers le Maroc en politique officielle. Les manuels scolaires, les médias d’État, les discours politiques et diplomatiques véhiculent une image déformée, agressive et haineuse du Maroc.

Le peuple algérien, dans sa majorité, ne partage pas cette haine. Il se sent même souvent prisonnier de cette propagande d’État. Il en veut pour preuve les liens familiaux, les échanges culturels, les souvenirs de solidarité entre les deux peuples. Mais le régime militaire, avec son idéologie figée et ses intérêts géostratégiques, empêche toute réconciliation.

VI. Une main tendue rejetée

Le Roi Mohammed VI n’a cessé de tendre la main aux dirigeants algériens. Ses discours, ses appels au dialogue direct, à la réouverture des frontières, à la coopération économique et sécuritaire sont restés lettre morte. À chaque initiative marocaine, l’Algérie oppose le silence, voire la provocation.

VII Une mémoire à restaurer, un avenir à reconstruire

Malgré tout, le Maroc reste fidèle à ses principes. Il croit à l’unité maghrébine, au dialogue entre peuples frères, à la force de l’histoire commune. Le peuple algérien n’est pas l’ennemi. C’est le régime militaire, avec sa logique de confrontation, qui est le véritable obstacle à la paix régionale.


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13 réactions à cet article    


  • Mustik 7 mai 19:07

    Sbah UL kheir alecumMohamed

    Soit par ignorance soit pour ne pas jeter exciter d’avantage les dictateurs algériens, on « oublie » de rappeler que :

    l’armée française a chassé le Dey ottoman de Dzair qui régnait seulement sur 340,000 kms dans un territoire en forme de fer à cheval dont le Mzab était exclu, au départ de la France, le territoire colonisé par l’armée française atteignait 2,500,000 km2, soit plus de 7 fois la Régence ottomane d’El Dzaïr. CA fait un sacré bénef pour le FLN... sans compter les ressources de Hassi Messaoud qui ne se trouve qu’à 200km de Ghardaïa.

    S’il y a des gens qui devraient en vouloir à la France, ce seraient plutôt les Berbères du M’zab... ne penses-tu pas ?

    Pour ce qui est de Tindouf ? 

    que peux-tu espérer d’une caste Algéroise qui vole la rente gazeuse de son propre peuple ?

    Le FLN et les suivants n’ont même pas eu la reconnaissance envers la France qui avec la CIA a encouragé le FLN à suspendre le second tour des élections qui devait mener le FIS au pouvoir.

    Toute la bourgeoisie algéroise est venue se planquer à Paris pendant les Années noires GIA-FIS qui ont fait plus de 100,000 morts.

    La seule explication que je vois pour le profil bas des dirigeants français (même Marine le Pen) est leur corruption via des comptes en Suisse. Car Paris pourrait pourrir l’image des dictateurs algériens en faisant de la contre propagande...

    Le FLN a fait venir ce pauvre Mohamed Boudiaf depuis la Suisse pour l’assassiner quand il a voulu moraliser le gouvernement de l’Algérie.. et personne n’en parle plus


    • Durand Durand 7 mai 19:48

      Je viens de me taper la fiche wiki du Maroc…, au départ, pour son histoire, jusqu’à la prise de pouvoir par la dynastie alaouite actuelle. Ça vaut vraiment le coup mais c’est long.

      Là, j’en suis au paragraphe “Économie“ et ça vaut son pesant d’or : le mondialisme économique se fraye un chemin en Afrique grâce au Maroc et bien entendu, au profit de la famille royale, de son entourage immédiat et je ne parle même pas des banques, des sociétés conseil, des grandes enseignes commerciales, des sociétés minières, etc…, pendant que – juste un exemple mais précisément – les ouvriers mineurs, malades de leurs conditions de travail, crèvent sans aucun soins, loin des journalopes et autres pustules merdiatiques.

      C’est sûr que la révolution algérienne – autant dire le FLN – à de quoi être révulsée, du plus profond du bled jusqu’aux plus haut dû pouvoir politique !

      Et ça ne date pas d’hier : le Maroc est le premier état qui a reconnu l’indépendance des États Unis en 1777, s’empressant de signer un accord de protection réciproque de leur marine marchande… Et derrière tout ça : les banques, hier comme aujourd’hui.

      La position officielle du Maroc concernant la colonisation, l’apartheid et le génocide des Palestiniens n’arrange certainement pas les choses…

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Maroc

      ..


      • Mustik 7 mai 20:55

        @Durand
        C’est sûr que la révolution algérienne – autant dire le FLN – à de quoi être révulsée, du plus profond du bled jusqu’aux plus haut dû pouvoir politique !

        Waouh, comme tu y vas  smiley

        Il n’y a qu’à comparer les effectifs des candidats à l’émigration de ces 2 pays voisins. Y’a pas photo !
        Dans les années 70 le prix des agrumes au Maroc était de 10 fois inférieur qu’en Algérie. Pour l’achat de 1kg de tomates au marché, on te donnait 1 kg d’orange en prime...
        Dans les années 80, les Algériens allaient faire leurs achats à Tunis au grand dam des Tunisois.
        Ce sont des constats personnels car j’ai travaillé dans ces 3 pays.


      • Durand Durand 8 mai 06:49

        @Mustik

        Oui, les Cubains non-plus, n’avaient rien à bouffer pendant longtemps,… mais eux non-plus, n’ont jamais baissé leur froc !

        ..


      • Durand Durand 8 mai 07:15

        @Mustik

        Une blague entendue au Maroc, précisément dans les années 80…, j’y étais aussi…

        Concours d’entrée dans la police :

        Il s’agissait de conjuguer le verbe manger au présent de l’indicatif.

        L’examinateur passe dans rangs et subitement, monte sur l’estrade et s’écrie « Stop…, vous n’avez rien compris !… Le verbe manger au présent de l’indicatif, c’est :

        Je mange, je mange,… tu manges, je mange,… il mange, je mange,… nous mangeons, je mange,… vous mangez, je mange,… ils mangent, je mange…

        Une autre, pour la route ?

        Le roi décide de se déguiser en mendiant et d’aller faire un tour dans la médina pour voir comment se comportaient ses sujets…

        Dans une ruelle, un petit restaurateur l’appelle, le fait assoir à une table et lui sert un bon tajine… Le roi mange tranquillement et quand il a terminé, il appelle le patron et en relevant un peu la capuche de sa djellaba, il lui dit :

        – Tu vois, je suis le roi et je voudrais te remercier pour la charité dont tu as fait preuve envers moi… Tu peux me demander ce que tu veux et je te l’accorderai… ».

        – Ce que je veux, demande le restaurateur ?

        – Oui, tout ce que tu veux…

        – Alors, donne moi un passeport…

        ..


      • Mustik 8 mai 08:31

        @Durand
        Connais-tu celle de la Dorade qui crie « vive Boumdienne ! » après que le cuisinier d’un restaurant l’ait rejetée à la mer ?








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