Mémoires de Jean-Marie Le Pen : une quenelle de 100000 exemplaires vendus en quelques jours !
Sacré bonhomme que ce breton qui aura fait parler de lui ces quarante dernières années comme aucun autre. Ce "nationaliste", plus patriote néo-gaulliste (même s'il n'aime pas le général en question) qu'autre chose passerait pour un banal homme de droite chez nos voisins européens, où les mouvements souverainistes ont pris démocratiquement les rênes du pouvoir (Pologne, Hongrie, peut-être l'Italie dans quelques temps...).
En France, rien n'est pareil. Au pays de l'inversion des valeurs, des droits de l'homme assisté et/ou délinquant, du règne des sectes philosophiques et d'une caste politico-médiatique ultra-libérale qui a entrepris de diviser la société française depuis les années 1970, qu'il fut difficile pour Jean-Marie Le Pen d'exister. Certes, ses écarts de langage, ses jeux de mots idiots issus de ses fréquentations des années 80, n'ont pas joué en sa faveur, et il s'est habitué à ce rôle de croquemitaine décerné à son encontre par les biens-pensants.
Le Front National n'a jamais visé le pouvoir, chose impossible en France pour la mouvance nationaliste. Chacun se souvient de l'hystérie du second de la présidentielle de 2002, cette mobilisation de ceux qui ont démoli notre pays pour faire réélire le nouveau chevalier blanc de la république, Jacques Chirac, pourtant empêtré dans les affaires judiciaires de sa gestion de la ville de Paris... On rappelera les violences et le harcèlement subis par les simples militants FN, souvent licenciés, mis au ban de leur propre famille, oestracisés, parfois contraints de déménager. Pourtant, ces gens ne sont responsables ni de la crise économique et sociale qui frappe la France depuis les traités européens, ni du terrorisme, ni de la loi de la jungle dans nos quartiers populaires. Mais, comme aurait dit Brassens, les braves gens n'aiment pas que l'on suive une autre route qu'eux, et surtout que l'on fasse fonctionner sa cervelle au lieu d'absorber le bourrage de crâne permanent à la sauce libérale-libertaire.
Jean-Marie est donc de ces derniers gaulois qui ne se laissa pas mener par le bout du nez. Samedi 11 mars 2018, il a dédicassé son livre dans une librairie parisienne, où des centaines de gens ont fait la queue pour le rencontrer et acquérir son bréviaire. Une prose difficile à trouver en librairie, car les premiers tirages sont épuisés. On parle de 100000 exemplaires vendus en quelques jours, sans publicité, diffusés par une petite maison d'édition catholique-royaliste peu habituée aux grandes diffusions. Car nos grands éditeurs ont refusé de distribuer le brûlot...
Il relate son enfance, son père résistant, la France abandonnée à l'occupant allemand, ses premiers pas en politiques. Il ne réhabilite pas le maréchal Pétain, mais rappelle qu'il fut le héros républicain de Verdun, et qu'il vint au pouvoir en 1940 avec les pleins pouvoirs votés par une assemblée élue sous le Front populaire. Il nous rappelle aussi qu'il était plus difficile de rester pour nourrir et administrer 40 millions de femmes et de gosses que d'aller prêcher la lutte armée à Londres, comme d'autres. Il reprochera aussi à De Gaulle son abandon de l'Algérie, en oubliant que si le général n'avait pas été là, les communistes auraient pris le pouvoir.
A priori, dans les mémoires de Jean-Marie, c'est comme dans le cochon, tout n'y est pas bon, mais il y a aussi du comestible. L'intérêt de ses mémoires est de réfléchir à la période charnière de l'après-guerre, qui a vu notre pays perdre peu à peu ses colonies puis son indépendance. Il fut témoin des débats, d'où la valeur de ses écrits. Contrairement à sa fille, il fut fidèle en amitiés militantes, cultivé et lecteur de bons bouquins. Comme Mitterrand et Giscard, il a su allier l'intelligence à l'action, chacun défendant son point de vue.
Ses mémoires sont belles et bien une quenelle au système. Les français, qui lisent encore, préfèrent les vrais militants aux vulgaires marchands de discours et apparatchiks électoraux. Il est probable qu'il y avait aussi des gens de gauche dans la file d'attente de la librairie parisienne, des curieux à l'affût de vrais témoignages.
Jean-Marie le menhir aurait été un redoutable chef d'état. Il ne pouvait le devenir dans un pays frileux et conformiste. Il restera un modèle, non pour ses opinions, mais par son tempérament et son volontarisme, comme tout vrai breton qui se respecte. Quand il nous aura quitté, parions qu'il connaitra un destin à la Céline, aujourd'hui vénéré dans les milieux littéraires. Une revanche posthume ? L'avenir nous le dira...
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