On critique souvent les services d’urgences des hôpitaux publics, je viens de vivre une expérience qui aurait pu être le drame de ma vie, s’ils avaient été mauvais...
Lundi 25 septembre 2006, 19 heures : ma femme, Rose-Marie, rentre à la maison après une dure journée de travail, elle est auxiliaire de vie, elle décide de "faire un peu de ménage".
19 h 35 mn : elle s’apprête à ranger quelques jouets laissés à l’abandon par les petits-enfants, chargée d’un carton plein elle grimpe l’escalier qui conduit à l’étage, parvenue à la dernière marche elle ressent à l’intérieur de son crâne une douleur atroce, indescriptible, elle parvient à redescendre, saisit un verre pour prendre un médicament, mais la douleur s’intensifie encore, elle ressent "comme un écoulement dans le cerveau, puis des fourmillements jusqu’au bas de sa colonne vertébrale."
20 h : je quitte mon service et rentre chez moi, il me faut 15 mn.
Dés mon arrivée j’entends ma femme essayant de s’expliquer avec les pompiers, mais elle prononce mal les mots, je m’aperçois de la gravité de son état, reprends la conversation, les secours arrivent.
Le temps me paraît très long, et pourtant il font très vite, mon épouse est maintenant très angoissée, elle me répète qu’elle va mourir, les secouristes, sirènes hurlantes, la transportent vers les services d’urgence de l’hôpital le plus proche : Abbeville.
20 h 30 : les médecins prévenus par les ambulanciers attendent l’arrivée du Samu, aussitôt il emportent Rose-Marie sur une civière, je suis contraint d’attendre. Mes enfants, que j’ai prévenus, arrivent à leur tour .Tous ensemble, désemparés, anxieux, nous sommes derrière cette porte qui nous sépare de l’être cher qui se bat contre la mort.
Les heures passent, puis vers minuit la porte s’ouvre enfin, un médecin me demande d’entrer (moi seul), il m’explique que mon épouse a subi en un temps record scanner, prise de sang et ponctions lombaires, et que les résultats sont sans équivoque : rupture d’anévrisme. Alors commence une course vitale contre la montre, ne pouvant traiter un cas si lourd, on la transporte par le Samu à l’hôpital d’Amiens, au service de neurochirurgie, plusieurs médecins et spécialistes l’attendent.
1 h : départ d’Abbeville,
1 h 34 : arrivée à Amiens "Hôpital Nord"
De nouveau je suis contraint d’attendre, puis un médecin me promet de me tenir informé de l’évolution des choses.
2 h : il vient me dire qu’ils ont détecté, grâce à l’IRM, une hémorragie méningée située à l’arrière du cerveau, ma femme est maintenant dans le coma.
2 h 30 : il décident d’intervenir pour obturer le vaisseau qui a claqué, ils me préviennent que le pronostic vital est en jeu.
Ils passeront par une artère...
5 h : je craque nerveusement, je pleure, j’ai peur....
Enfin le professeur chirurgien, encore revêtu de sa tenue verte d’intervention, m’informe que tout s’est déroulé parfaitement, elle est maintenant en "réa".
Mardi 26 septembre : elle a repris connaissance mais ne peut ni parler ni bouger, elle parvient cependant à me sourire, elle se bat pour survivre, c’est dur d’être impuissant devant la fatalité.
Mercredi 27 septembre : elle va mieux et peut quitter la "réa" pour une chambre. Elle peut enfin prononcer quelques mots très faibles.
Jeudi 28 septembre, elle fait des progrès fulgurants, elle peut tenir une conversation, elle a très mal à la tête malgré les calmants.
Vendredi 29 septembre : le professeur après un nouveau scanner m’informe que tout danger de mort est écarté, soulagement, pleurs de joie... Merci les urgences, merci du fond du coeur.
Aujourd’hui dimanche, comme chaque jour, je me rends à son chevet, maintenant le problème qui va se poser : quelles séquelles va-t-elle avoir ?