Nouvel adage : « Marcher aux côtés d’Emmanuel Macron porte bonheur »
On connait l’adage : « Marcher dans une bouse de vache porte bonheur. » Désormais c’est marcher aux côtés d’Emmanuel Macron qui indéniablement porte bonheur.
Après la présidentielle beaucoup des collaborateurs des ministères ont quitté leur fonction ou n’ont pas été réemployés. Mais comme ils avaient approché Emmanuel Macron la chance leur a souri et des solutions ont été trouvées.
On connait déjà d’anciens heureux « récompensés » :
- Sibeth N’Diaye a trouvé son bonheur dans le groupe ADECCO France comme secrétaire générale et membre du comité exécutif ;
- Édouard Philippe a trouvé son bonheur chez ATOS comme administrateur ;- Brune Poirson a trouvé son bonheur dans le groupe ACCOR ;
- Muriel Pénicaud a eu le bonheur d’être nommée ambassadrice auprès de l’OCDE, organisation de coopération et de développement économiques, en remplacement de Jean-Pierre Jouyet mentor et premier soutien d’Emmanuel Macron.
Sans attendre la démission du gouvernement Caltex auquel il appartenait, Jean Baptiste Djebbari, ex-ministre des transports, a vu son bonheur à moitié comblé. La HATPV, haute autorité pour la transparence de la vie publique, a refusé son embauche par l’armateur CGA CGM à cause de « risques déontologiques substantiels », mais a autorisé sa nomination au conseil d’administration de la société Hopium, spécialiste de la voiture à hydrogène assortie d’un avis « de compatibilité avec réserves ».
Voici la longue liste des heureux bénéficiaires de la macronie, lue dans le Canard enchainé.
- Emmanuelle Wargon, ex-ministre du logement, le tweete elle-même : « Très honorée de la confiance du président de la République pour présider la CRE (Commission de régulation de l’énergie) », le 21 juillet 2022. Elle remplace Jean-François Carenco, nouveau ministre délégué chargé des Outre-Mer.
- Clément Léonarduzzi, ex-conseiller spécial du chef de l’État : vice-président de Publicis Consultants.
Il y est accompagné par Jonhatan Guémas, ex-conseiller discours de Macron et Thibault Caizergues, ex-directeur de création à la présidence de la République.
- Mathieu Pontécaille, ex-conseiller spécial de Marlène Schiappa : directeur associé chez Publicis.
- Mayada Boulos, ex-conseillère com’ de Jean Castex ex-premier ministre : copédégère de Havas Paris.
- Edouard Montchamp, ex-conseiller com’ d’Olivier Véran ex-ministre de la santé : directeur conseil chez TBWA, agence de communication.
- Antoine Boscher, ex-membre du cabinet de Cédric O ex-secrétaire d’État chargé du Numérique : managing director chez TBWA.
- Margaux Bonneau, ex-conseillère parlementaire d’Olivier Véran : responsable des affaires publiques de Nestlé.
- Marine Imbault, ex-conseillère auprès de Marc Fesnault, ex-ministre chargé des relations avec le parlement : responsable des affaires publiques du lobby du secteur céréalier, Interceréales.
- Éléonore Leprettre, ex-cheffe de cabinet de Marc Fesnault : dircom du lobby des pesticides, Phytéis.
- Alicia Botti, ex-conseillère de Julien Denormandie ex-ministre de l’agriculture : dircom du syndicat professionnel de Brasseurs de France.
- François-Xavier Huard, ex-conseiller au cabinet d’Alain Griset ex-ministre des PME : PDG de la Fédération nationale de l’industrie laitière.
- Charlotte Buliard, ex-conseillère diplomatique de Jean-Baptiste Djebbari : directrice des affaires institutionnelles d’Hopium dont Jean-Baptiste Djebbari a pris la tête du conseil d’administration.
- Stanislas Raizine, ex-conseiller énergie à l’Élysée : vice-président de Suez.
- Emmanuel Constantin, ex-conseiller rénovation énergétique d’Emmanuelle Wargon et ex-Référent local d’EnMarche : directeur du site de traitement des déchets de Southwark, Grande-Bretagne, de Veolia.
- Marie Francolin, ex-chargée de la coordination Covid-19 au cabinet d’Olivier Véran : membre du comité de direction chargée des questions stratégiques de la société La Saur, 3ème fournisseur d’eau en France.
- Lucie Muniesa, ex-directrice de cabinet de Franck Riester ex-ministre dans trois secteurs différents : direction du développement durable de Paprec, spécialiste de la collecte des déchets.
- Cédric Bozonnat, ex-conseiller nouvelles mobilités de Jean-Baptiste Djebbari, et Julien Dumond, ex-membre du cabinet de Cédric O : engagés par l’armateur CGA CGM.
- Alice Lefort, ex-conseillère transports à l’Élysée, Alix Lecadre et Juliette Fraile, ex-conseillères de Jacqueline Gourault ex-ministre de la cohésion des territoires : engagées par la société de transports Transdev.
- Sylvain Durand, ex-conseiller budgétaire de Barbara Pompili ex-ministre de l’écologie : intègre le cabinet de Catherine Guillouard patronne de la RATP.
- Aloïs Kirchner, ex-directeur de cabinet d’Agnès Pannier-Runacher
ex-secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances : pilote les activités transports en commun et transition énergétique du groupe Keolis.
- Audrey Goffi, ex-conseillère régulations numériques de Cédric O : direction de la transformation numérique d’Alstom.
- Marion Beyret, ex-conseillère “communication” au cabinet du ministre des transports : direction de la communication d’Air France.
- Cécile Collin, ex-conseillère spéciale de Gérald Darmanin toujours ministre de l’intérieur : direction des ressources humaines d’Aéroports de Paris.
- Pierre-Étienne Girardot, ex-conseiller innovation d’Agnès Pannier-Runacher : engagé par la multinationale française spécialisée dans les métiers du combustible nucléaire Orano.
- Charles-Henri Weymuller, ex-conseiller industrie de Jean Castex : chef économiste d’EDF.
- Nassima Auvray, ex-conseillère innovation de Florence Parly ex-ministre des armées : gestion du cloud d’Orange Business service.
- Marie Peticuénot, ex-conseillère spéciale à l’industrie de Florence Parly : gestion du cloud de l’éditeur américain de logiciels Salesforce.
- Rebecca Peres, ex-conseillère parlementaire à l’Élysée, et Maelle Charreau, ex-cheffe de cabinet d’Emmanuelle Wargon : la première, directrice déléguée aux affaires territoriales, la seconde, directrice de la stratégie et des transitions de La Poste.
- Olivier Morin, ex-collaborateur d’Olivier Dussopt ex-Ministre délégué chargé des Comptes publics : intègre le comité exécutif du groupe Casino.
- Helena Robyn, ex-collaboratrice de Clément Beaune ex-secrétaire d'État chargé des Affaires européennes et Thibaut Mongis ex-collaborateur d’Olivia Grégoire ex-secrétaire d'État chargée de l’Économie sociale, solidaire et de la Relance : engagés par la Française des jeux.
- Clément Lacoin, ex-directeur de cabinet adjoint d’Olivier Véran : directeur général délégué de la filiale santé du groupe SOS Santé (1,1 milliard d’euros en 2020) présidé par Jean-Marc Borello délégué général adjoint de La République en Marche.
Ceux qui ont fait le chemin inverse d’Emmanuel Macron : direction les banques et la finance.
- Philippe Englebert, ex-conseiller chargés des entreprises à l’Élysée : associé-gérant des dossiers techniques, Banque Lazard.
- Nicolas Jégou, ex-conseiller Europe d’Emmanuel Macron : directeur de cabinet du patron d’Euronext, bourse.
- Aurélia Lecourtier-Gégout ex collaboratrice économie de Matignon : intègre le fonds de gestion Amundi.
- Nathanaël Mason-Shuler, ex-collègue de la précédente : gestion des marchés de capitaux de la Société Générale.
- Gauthier Lherier, ex-conseiller de Sébstien Lecornu ex-secrétaire d’État outre-mer : vice-président du pôle financement dans le secteur de l’énergie de la BNP Paribas.
- Thomas Revial, directeur-adjoint de Bruno Lemaire toujours ministre de l’économie : engagé par le leader européen de la sécurisation des paiements, Worldline.
- Dorothée Rouzet, ancienne conseillère du même : cheffe-économiste de la banque américaine Citigroup.
En revanche les ex-conseillers ministériels ont évité les cabinets de conseils tels McKinsey tant décriés ces derniers mois.
Antoine Evenou, ex-directeur de cabinet adjoint de Jean-Michel Blanquer ex-ministre de l’éducation, a rejoint le cabinet Accenture.
Et David Tortel, ex-collaborateur de Gérald Darmanin, le cabinet Deloitte.
(Source le Canard Enchainé.)
À lire les titres des fonctions occupées dans les ministères, conseiller discours, directeur de création, conseillère transports, conseillère régulations numériques, conseiller innovation, conseiller spécial, on peut se demander si ces emplois nécessitaient qu'on rémunère un cadre supérieur pour cela et à quoi certains occupaient leur temps.
Même interrogations quant aux postes obtenus dans le privé : directeur conseil, direction de la transformation numérique, gestion du cloud, directrice déléguée aux affaires territoriales...
En revanche contrairement à ce que préconisait Emmanuel Macron, tous ces récipiendaires n’ont pas eu à traverser la rue.
Les commentateurs ou les théoriciens du monde et des mœurs politiques nomment « pantouflage » ces allers-retours public-privé. Ce phénomène a toujours existé mais a atteint des sommets avec Emmanuel Macron comme le prouve cette chronique avec cette liste sans doute incomplète.
Il est évident qu’il est impossible qu’en quelques semaines, pendant les vacances d’été en plus, ces dizaines de groupes industriels, commerciaux, bancaires ou financiers aient eu chacun un besoin urgent d’embaucher tous ces hauts cadres dirigeants !
On a là la preuve de la collusion entre grands patrons et macronie, et la confirmation qu’Emmanuel Macron est bien dans les mains des riches qui le remercient.
Certains des prénoms de ces collaborateurs ne révèlent-ils pas quelque chose : Clément, Édouard, Margaux, Éléonore, Alicia, François-Xavier, Charlotte, Nathanaël, Gauthier avec un h, Stanislas, Alice, Alix, Aloïs, Pierre-Étienne, Charles-Henri, Maelle, Rebecca. Des « gens de bonne famille ». Non ?
Par ailleurs, des nouvelles de Nicolas Sarkozy.
Nicolas Sarkozy qui n’a pas soutenu Valérie Pécresse, remarquée candidate LR aux présidentielles, préférant réserver son appui au second tour à Emmanuel Macron. Peut-être croyait-il au nouvel adage : « marcher aux côtés d’Emmanuel Macron porte bonheur ». Et vu ses ennuis judiciaires, peut-être a-t-il pensé : « sait-on jamais » ?
Son cabinet d’avocat n’a enregistré en 2021 qu’un bénéfice de 564 000 euros pour un chiffre d’affaires de 7,5 millions en baisse de 50% environ par rapport à 2020. Heureusement quelques petites contributions appelées jeton de présence dans des conseils d’administration améliorent son ordinaire : chez Lagardère 49 039 euros en 2020 ; chez Accor 69 976 euros en 2021. Enfin quelques conférences lucratives payées entre 40 000 et 100 000 euros.
À peine de quoi tenir si sa condamnation à de la prison ferme est confirmée au mois de novembre ce qui lui interdirait d’exercer comme avocat.
Surtout que la vente de ses livres s’effondre : 210 000 en 2019, 179 000 en 2020, 12 872 en 2021.
(Source le Canard Enchainé.)
18 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON