Où va le navire France ?
Le besoin d’appartenance à un groupe est le troisième en termes d’importance dans la pyramide de Maslow. Malgré son histoire chaotique, la France constituait un groupe qui suscitait une réelle adhésion de la part de ces citoyens. Aujourd’hui, elle est en cours de dilution dans une soupe mondialiste qui permettra à d’autres groupes d’émerger. Cette dilution laissera de nombreux français au milieu du bouillon, sans protection face aux nouvelles puissances.
Les français étaient fédérés autour du sentiment subjectif d’appartenir à une nation multiséculaire qui contribua plus que d’autres au progrès de l’humanité et au sentiment, objectif celui-là, de bénéficier des avancées de la science, de jouir d’un confort palpable et surtout, d’être inscrits sur une trajectoire de progrès. En plus de la satisfaction des besoins physiologiques de bases, ils vivaient dans un environnement sécurisé, bénéficiaient des congés payés, de la sécurité sociale, d’une retraite, de la gratuité de l’éducation. L’amélioration de la productivité avait permis de distribuer du temps libre et le confort ne cessait de s’améliorer de génération en génération. La solidarité jouait à plein. A quelque nuance prête, c’était le bonheur, les vacances à la mer, la voiture pour tous...
Et puis, quelque chose s’est grippé et Macron a été élu. Macron n’est pas le responsable mais le symptôme d’une France qui s’écroule, d’une France qui ne promet plus rien. Candidat, il aurait déclaré qu’il n’y a pas de culture française et qu’il n’a jamais vu l’art français. Macron est l’incarnation de cette France qui semble oublier que nul ne possède durablement que ce qu’il peut défendre, cette France qui a oublié son passé de combats, de conquêtes, qui n’assume plus les origines de son opulence, cette France qui dilapide ses richesses achetées par les sacrifices et parfois le sang de ceux qui espéraient un avenir meilleur pour leurs descendants. La prodigalité de cette France dilue l’héritage français dans un bouillon mondialiste qui permettra l’émergence d’autres groupes et laissera des français au milieu du bouillon, sans aucune protection.
Les causes d’une telle situation ne sont pas très difficiles à identifier. Les groupes s’affrontent en permanence et, par calcul ou par bêtise, les élites françaises n’ont pas tenté de lutter contre les dynamiques enclenchées. Engoncées dans une approche westphalienne des relations internationales, ne concevant la défense nationale que sous l’angle étatique et militariste, certaines élites ont tardé à prendre en compte les acteurs intra et supra-étatiques qui menaçaient les intérêts nationaux dans de multiples domaines. Ceux-là continuent d’admirer avec satisfaction la parfaite orchestration du défilé du 14 juillet pendant que la nation s’effondre. La ligne Maginot exerçait la même fascination sur leurs ancêtres. Les autres ont déjà choisi de porter les intérêts d’un autre groupe, qu’il s’agisse de l’Europe, des multinationales, d’une religion, d’un autre Etat, etc. Lorsque le bateau coule...
Cette situation procède avant tout de l’impéritie des élites françaises. Cette impéritie serait de peu d’importance si les français étaient seuls sur terre mais elle devient dramatique dès lors que le monde est peuplé de groupes qui s’affrontent pour les ressources nécessaires au confort et la sécurité de leurs membres. Dans ce combat qui n’utilise pas toujours des bombes, les meilleurs stratèges l’emporteront, les membres de leur groupe vivront dans le confort et l’opulence, et malheur aux vaincus.
Le mauvais stratège n’est pas une fatalité, il résulte d’un processus corrompu. Les élites françaises manquent à minima de créativité, de réalisme, de bon sens et cette liste n’est pas exhaustive. Bon petit soldat d’un ordre figé, elles sont sélectionnées sur leur aptitude à obéir et à réciter les discours convenus, quand elles n’héritent pas directement de leur position. Leur confusion entre communication et réalité leur empêchera de percevoir la gravité de la situation dans laquelle elles ont engagé la France jusqu’au moment de l’effondrement final. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, ces élites sont gangrénées par la corruption et le lobbying puisqu’aucun processus ne permet d’exclure celles et ceux qui portent les intérêts de groupes concurrentiels au projet France. On ne peut que déplorer que les organismes qui devraient faire le tri soient également gangrénés par ces maux.
Alors, que reste-t-il comme espoir ? La tempête qui se prépare risque d’être terrible et il n’y aura pas de canots de sauvetage pour tout le monde. Les marins savent que l’inconfort d’un navire en mauvaise posture vaut toujours mieux qu’un canot de sauvetage. L’équipage du navire France peut profiter de la faillite de ses officiers pour reprendre son destin. Changer de cap et changer de destination est toujours une solution préférable à l’affrontement d’une tempête dont on sait ne pas pouvoir sortir.
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