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Accueil du site > Tribune Libre > Péan : Une Vieillesse Française

Péan : Une Vieillesse Française

 par Jacques-Marie Bourget

Avec Pierre Péan la France possède un géant, un parangon, le plus grand investigateur, enquêteur, découvreur de tous les temps et de toutes les nations. C’est vrai : j’ai lu ça dans la presse. Vous imaginez bien que pour soulever des lièvres il faut être fort. En sus des qualités que je viens de citer Péan en possède une autre, radicale : il voit à travers les murs. Ce don lui permet de décrire ce qui se dit et se fait en catimini, sans témoins. Un garçon comme lui, ça n’a pas de prix. A lui seul il balaye autant de boue que toute la branche nettoyage de Véolia.

Ses qualités immense et reconnues lui attribuent un privilège, celui d’écrire n’importe quoi sur n’importe qui sans même avoir besoin de vérifier les bobards ni de prendre contact avec celui qu’il diffame. Péan c’est la roue, le pal, le goudron et la plume de la justice immanente. Et il est faux de laisser croire que Pierre qui roule n’amasse pas mousse : elle a, pour le moins, la couleur des euros de droits d’auteur. « Calomniez, il en restera toujours quelque chose »… c’est inscrit sur son front, partie de chair et d’os qui précède ses cheveux teints.

Un seul exemple. Dans son dernier opus « La République des Mallettes », d’un vrai écrit au doigt mouillé, Péan, page 338 nous informe qu’Henri Azuelos, le pdg de la société Quatre A Restauration « connaitra une fin tragique : il sera abattu le 18 juin 1997 ». Abattu ? Oui, mais par un cancer qui l’a vu agoniser à l’hôpital Américain de Neuilly ! Tout au long de son bouquin l’écrivain enfile de semblables perles. Autre exemple il décrit l’un de ses antihéros comme ayant acquis par magouille la nationalité française… alors que le sieur en question est né en France d’un père et d’une mère français !

Le doute sur le lien pouvant exister entre la vérité et notre polygraphe m’est venu il y a bien longtemps. Je lisais alors, dans le Monde Diplomatique -excellent journal- un papier de Péan sur le massacre de Sabra et Chatila. Il se trouve qu’en septembre 1982, je me trouvais dans ce camp palestinien où j’ai vu l’horreur. Aussi généreux -du point de vu palestinien- qu’ait été ce papier du « Diplo » (mal écrit comme d’habitude), il n’égrenait qu’un chapelet de faits fantasmés. Cette lecture m’a mis le scarabée à l’oreille : Péan inventerait-il ?

Sa rechute, qui aurait dû le conduire dans une unité de soins intensifs, c’est son bouquin sur Mitterrand. D’abord, le principe du livre. Tonton se sentant mourir voulait laisser derrière lui une histoire un peu passée à la javel. Il convoque Péan pour une « biographie autorisée », choix qui implique que le héros du livre raconte ce qu’il veut pour être noble et beau. La publication de cette hagiographie avait par ailleurs l’avantage de couper l’herbe sous le pied de tout impudent pris d’une envie de dire la vérité vraie sur « Dieu ».

Ainsi, dans « l’enquête » écrite par notre motard, Mitterrand, le planqué de Vichy, le décoré de la francisque de la main du Maréchal, devenait un grand résistant, une sorte de Jean Moulin caché. Inutile, pour la beauté de la statue ainsi sculptée, de questionner des gens comme Pichard, l’ancien patron du BOA à Londres pendant la guerre, ou Renaud le fils du logeur de Tonton à Vichy. Leurs témoignages auraient trop écorné le profil.

Mitterrand et la Guerre d’Algérie ? Pardon. Parlez plus fort. Quel rapport entre notre Allende français et une guerre coloniale ? Ainsi l’admirable livre pieux de Péan n’a rien dit de l’ami de Bousquet tirant le cordon de la guillotine à bougnouls (à Yveton aussi, membre du PCF et tout à fait français de souche). Ministre de la Justice, Mitterrand, le temps d’une cigarette, « hésitait » 4 minutes avant de refuser la grâce à un « terroriste » condamné à la peine capitale. Quand il n’était pas ministre de la Justice de son pote Guy Mollet, Tonton était à l’Intérieur. Ca tombe bien puisque l’Algérie n’était pas une « guerre », mais une opération de « maintien de l’ordre » placée sous l’autorité de la place Beauvau qui s’éclairait à la lueur de la gégène. Péan n’a rien vu de tout ça. Au printemps dernier c’est, sur le sujet de l’homme à la rose mais ancien colonial sanguinaire, Benjamin Stora qui est venu mettre un peu de linceul sur la gloire de « Dieu » chantée par le copiste de « Une Jeunesse Française ».

Puisqu’il était chaud et son encre bouillante, Péan a replongé sa plume qui écrit si mal, cette fois à la gloire de Chirac. Résultat ? Pas du tout sensible aux affaires d’argent et incapable de détourner un centime d’argent public nous dit Pierre. Le compte japonais du mari de Bernadette ? Rien du tout. L’amitié sonnante avec Hariri ne fait pas trébucher le « Chi » dans les lignes de Péan dans son travail à façon. Et notez bien que, les valises de sous noirs décrites dans « La République des Mallettes, et véhiculées par le bon Robert Bourgi vieille connaissance de Péan et de son amie Raphaëlle Bacqué du Monde, les valises donc, s’arrêtent toutes à Villepin sans atteindre le paillasson d’à côté, celui de Chirac. Relisez aujourd’hui, si vous la trouvez aux puces, cette autre bio autorisée, c’est une bonne occasion de se détendre.

Flingueur aux yeux fermés, Péan s’intéresse depuis qu’il est tout petit à l’Afrique. Il a donc commis une somme sur le génocide du Rwanda afin de louer la glorieuse armée française. A propos de l’une des deux ethnies qui peuple ce pays de la région des Lacs notre écrivain nous dit : « La culture du mensonge et de la dissimulation domine toutes les autres chez les Tutsis ». Pour ces mots nuancés, après une plainte de SOS Racisme pour incitation à la haine raciale, notre investigateur a été condamné en première instance avant d’être blanchi en deuxième mi-temps. Pourtant, ce qu’écrit Péan, il serait amusant de le transcrire ainsi : « La culture du mensonge et de la dissimulation domine toutes les autres chez les natifs de Sablé-sur-Sarthe ». Pourquoi pas ?

Un autre exemple sur l’enquêteur au doigt mouillé. Cette fois notre icône du vrai s’en prend à William Bourdon, avocat aussi vétilleux sur la morale, c'est-à-dire l’honnêteté, que sur les droits de l’homme. Voilà que le pauvre Bourdon, dans un autre pavé de ce même investigateur, est décrit comme un corrompu titulaire d’un compte caché au Costa Rica. Bigre. La source de cette information intéressante ? Un site Internet basé à Brazzaville qui écrit sous la dictée de Sassou Nguesso, le tyran rouge local. Le même Sassou étant par ailleurs poursuivi par maître Bourdon, au nom d’africains qui protestent contre les « biens mal acquis » du roitelet de Brazzaville. Ça, c’est de l’info.

« La République des Mallettes », le livre-fromage qui s’affine actuellement dans les rayons des libraires, est du même lait. De drôles de petites mains ont encouragé Péan et l’ont aidé dans sa traite. Comme Anne Méaux, membre fondateur du mouvement fasciste Occident, l’amie de dictateurs comme le regretté Ben Ali. Xavier Raufer, connu aussi sous les vocables de Christian de Bonguin ou Bonne Soupe, lui aussi fondateur d’Occident. Péan le présente comme « criminologue » alors que, ce toujours propagandiste d’extrême droite, n’a qu’un diplôme de géographe. N’oublions pas un ou deux survivants de « Minute » qui ont, tout comme l’honnête Tarallo (héros de la corruption chez Elf et ami de Chirac) facilité l’écriture de la vérité.


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14 réactions à cet article    


  • TyRex TyRex 6 octobre 2011 13:03

    C’est un journaliste d’investigation qui aime bien faire parler de lui... je ne connais pas beaucoup l’œuvre de cette personne vu qu’elle m’intéresse peu mais si Péant dévoilait aux grands jours les secrets d’états les plus dérangeant il serait devenu une cible à abattre... mais ce n’est pas le cas au contraire.

    Pour reprendre une citation d’Eugène Labiche,

     Il respirait l’honnêteté... Seulement il avait la respiration très courte.


    • Bulgroz 6 octobre 2011 13:51

      Excellente mise au point.

      Comme 61 999 800 français, j’avais l’intention de ne pas acheter son ouvrage.

      C’est une bonne chose de faite, comme quoi, j’avais le nez creux.


      • morice morice 6 octobre 2011 15:41

        j’a acheté le bouquin par curiosité et il est déplorable en effet : bourré d’erreurs comme celle que vous citez et sans organisation aucune. A éviter !!! le pire, ce sont les multiples références au net comme seule source : comme journalisme d’investigation et de terrain, c’est raté ! le sommet est la préface, où l’auteur passe son temps à s’encenser avant même de démarrer l’ouvrage, c’’est pesant !


        • Tall 6 octobre 2011 18:14

          ...et sans organisation aucune. A éviter !!! le pire, ce sont les multiples références au net comme seule source : comme journalisme d’investigation et de terrain, c’est raté !


          bien vu, morice .... très bien vu ! .. smiley

        • aloha aloha 6 octobre 2011 18:42

          ’MMmmmmmmm !!!! Morice a dit un truc inteligent !!! smiley


          A vos capture d’écran ! Viiiiiite ! smiley smiley smiley

        • aloha aloha 6 octobre 2011 18:44

          Heu... Tall,


          Pourquoi t’a pas mis la fin de son post ?

          C’était bien aussi, non ? smiley

        • Tall 6 octobre 2011 19:14

          j’ai hésité aloha ... ce qui m’a retenu, c’est l’auto-encensement ... c’est pas exactement le sujet des préfaces à tonton momo ... mais bon, c’est vrai que quand il cite ses propres nartics ... smiley


        • aloha aloha 6 octobre 2011 20:31

          Ah ! Mais nooon !!!


          C’est trop rare pour ne pas lui donner toute la lumière qu’il mérite !!! Pfff...

          Allons donc au bout du bout...de Victor... épisode 3257 !

          Ben quoi ?

          Mais vouiii ! Moi aussi, je t’aime mon p’tit Momo... ! smiley smiley smiley

        • Tall 6 octobre 2011 20:44

          ah ben, quand il va lire ça, aloha, il va rougir comme une tomate à léon


        • aloha aloha 6 octobre 2011 20:49

          Et c’est le pépère Léon qui n’en va être fie-fier, hein !!!? smiley




        • Tall 6 octobre 2011 22:40

          ah oui, déjà qu’il a mis une cuillère devant les tomates pour qu’on voie bien comment qu’elles sont grandes sur la photo smiley


        • Annie 6 octobre 2011 19:05

          Je n’ai lu que le livre de Péan sur le Rwanda, et je ne porterai donc aucun jugement sur les autres livres qu’il a écrits. La phrase que vous avez mis en exergue a été commenté ad nauseam, et ne serait définir un livre.
          Je n’ai pas eu l’impression qu’il cherchait particulièrement à dédouaner l’armée française ou le gouvernement français, simplement à circonscrire leur implication dans ce désastre. En fait, ce débat autour de la responsabilité, ou de la culpabilité de l’armée ou du gouvernement français est ce qui a totalement faussé et biaisé la compréhension de ce qui s’est passé au Rwanda.
          Ce que j’ai trouvé par contre dans son livre, ce sont les témoignages des personnes qui ont vécu cette période, et qui n’ont jamais été rapportés, et qui miraculeusement coïncidaient avec les miens. Je dis miraculeusement, parce que non seulement cette période est terrible, mais elle le devient encore plus lorsqu’on vous prive délibérément de vos souvenirs et de vos expériences, parce que la réalité ne correspond pas à une vision binaire et simplistique de l’histoire. Le travail de recherche de Péan sur la tragédie du Rwanda est remarquable et très équilibré. Le sujet n’étant pas ce livre, je ne développerai pas plus, mais je suis prête à étoffer ce que j’avance.


          • COVADONGA722 COVADONGA722 6 octobre 2011 20:31

            «  le pire, ce sont les multiples références au net comme seule source : comme journalisme d’investigation et de terrain, c’est raté ! le sommet est la préface, où l’auteur passe son temps à s’encenser avant même de démarrer l’ouvrage, c’’est pesant ! »

            yep je voudrais complimenter l’auteur de cette excellente critique on dirait un lecteur s’étant tapé 40 épisode ciaesaéronofachistomossado article
            heu .........


            • non667 6 octobre 2011 22:28

              0 BOURGET
              De drôles de petites mains ont encouragé Péan et l’ont aidé dans sa traite. Comme Anne Méaux, membre fondateur du mouvement fasciste Occident, l’amie de dictateurs comme le regretté Ben Ali. Xavier Raufer, connu aussi sous les vocables de Christian de Bonguin ou Bonne Soupe, lui aussi fondateur d’Occident. Péan le présente comme « criminologue » alors que, ce toujours propagandiste d’extrême droite, n’a qu’un diplôme de géographe. N’oublions pas un ou deux survivants de « Minute » qui ont, tout comme l’honnête Tarallo (héros de la corruption chez Elf et ami de Chirac) facilité l’écriture de la vérité.

              pean du canard fricote avec l’extrême droite ?
              on ne nous dit pas tout !!! smiley smiley smiley

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