Penelopegate et l’enfumage de Juppé
Personne ne peut dire avec une absolue certitude que sans le coup de bec du Canard enchaîné qui a déclenché l'affaire du "Penelopegate", François Fillon aurait été élu président de la République à la place de qui vous savez. Rien non plus permet d'affirmer que si Alain Juppé ne s'était pas fait enfumer et avait pu remplacer le châtelain de la Sarthe, le maire de Bordeaux aurait gagné l'élection présidentielle. Mais maintenant que Brigitte Macron remplace avantageusement ou pas, c'est vous qui voyez, Madame Penelope Fillon au palais de l'Elysée. Pourquoi revenir sur cette histoire abracadabrantesque qui ne trouvera probablement pas sa place dans les livres d'Histoire de nos écoliers. Simplement pour essayer d'y voir un peu plus clair, notamment sur le rôle de Nicolas Sarkozy qui n'aurait pas autant magouillé qu'on pouvait le penser en faveur de Fillon et contre le plan B, Alain Juppé.
Maintenant vous apprécierez vous-même la pureté de la source d'information, puisqu'il s'agit de Georges Fenech qui publie le 6 juillet "Qui imagine le Général De Gaulle mis en examen ?".
Dans cette "Chronique d'une élection imperdable", l'ex député qui désormais a tout son temps pour écrire, raconte sa version des faits et parle d'un moment crucial, lorsque Fillon a reçu "une convocation judiciaire aux fins de mise en examen." Ce qui pour le candidat à la présidentielle était une véritable catastrophe. On imagine assez facilement la panique à bord, mais que s'est-il passé ensuite d'après les bonnes feuilles livrées par "atlantico"...
"Dans l’urgence, il reçoit tour à tour Xavier Bertrand, Gérard Larcher, Bernard Accoyer, Valérie Pécresse, Bruno Retailleau et Bruno Le Maire. À tous, il assure qu’il tiendra bon, et argue d’une machination politico-judiciaire qu’il se fait fort de démontrer.
Entre-temps, il appelle Nicolas Sarkozy pour lui dire aussi qu’il se maintiendra malgré sa mise en examen. Ce dernier le conforte du bout des lèvres : « Cette décision t’appartient en ton âme et conscience, je ne serai pas déloyal vis-à-vis de ta décision. » Puis il teste Alain Juppé : « Qu’est-ce que tu fais si je me maintiens ? Et si je pars ? »
Réponse gênée d’Alain Juppé : « Dans le premier cas, ça devient compliqué… », répond-il tout en se gardant bien, par pudeur, de montrer qu’il se tenait prêt, en cas de retrait. Puis, sans aucun scrupule, Fillon n’hésite pas à déformer son précédent entretien téléphonique avec Sarkozy : « Je serais prêt à me retirer, mais Sarko s’oppose à ta candidature. Je suis le seul à pouvoir empêcher l’explosion du parti », prétend-il. Silence gêné de Juppé. Apprenant cette manœuvre déloyale, Nicolas Sarkozy laisse éclater sa colère devant ses proches. Cette fois, la tournure des événements va libérer la parole de plusieurs barons qui se décident enfin à lui faire part de leurs doutes. « Tu avais dit que tu ne serais pas candidat si tu étais mis en examen, lui rappelle Bernard Accoyer. Et là, tu fais le contraire. Comment peux-tu annuler au dernier moment ta visite au Salon de l’agriculture, annoncer une mystérieuse déclaration et laisser fleurir les pires spéculations autour d’un plan B ? », déplore-t-il".
Quant à Nicolas Sarkozy tout le monde sait qu'il n'est pas l'ami intime de Juppé. Pour être plus précis, Sarkozy n'apprécie ni l'un ni l'autre, mais pense que Fillon malgré sa victoire à la primaire n'est qu'un looser qui sera plus facile à manipuler. D'ailleurs, Sarko n'a jamais cessé d'être à la manoeuvre pour pousser ses pions. Seulement voilà, Sarkozy n'est plus le sarko d'avant, celui qui faisait peur, il a définitivement perdu la main et surtout son influence sur son ex premier ministre.
De toute façon, Fillon, obsédé par son rêve présidentiel n'écoutait plus personne tellement il s'était persuadé qu'il allait gagner malgré tout. La conquête du pouvoir rend aveugle.
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