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Accueil du site > Tribune Libre > Pensées libres sur l’Euro et la Grèce

Pensées libres sur l’Euro et la Grèce

On s’interroge souvent sur les effets de la sortie de Grèce de la zone euro. Est-ce positif ou négatif ?
Ce débat reste assez idéologique en fait. On croit souvent que le fait d’être plutôt favorable à une sortie de la Grèce de la zone euro, cela signifie nécessairement que l’on est contre l’Europe. Très souvent les eurosceptiques ne sont pas contre l’Europe mais pour une autre Europe ainsi qu’une autre monnaie unique avec des institutions social-démocrates. L’euro aurait davantage exacerbé les divergences économiques qu’assurer une quelconque convergence même non homogène.
A partir de là il est possible d’évaluer le coût d’opportunité, c'est-à-dire le coût de renonciation à la zone euro. Il est possible de justifier économiquement une sortie de la zone euro au-delà des aspects politiques et psychologiques. Comparons les gains et les coûts de plusieurs scenarios possibles.
Prenons une première situation : le maintien de la Grèce dans la zone euro :
Concernant les gains pour la zone euro du maintien de la Grèce dans la zone euro (A) : Il se résume aujourd’hui aux effets bénéfiques d’une politique de change inexistante, mais ces effets bénéfiques ont déjà bien été absorbés par les marchés si l’on peut dire les choses ainsi…ces gains sont forts certes sur le plan symbolique, et dans l’histoire de la construction européenne, et dans le domaine du psychologique élément essentiel au fonctionnement des marchés financiers. On peut ajouter quand même les gains économiques passés liés au rattrapage opéré par les pays du sud en matière de croissance économique pendant les premières années de la décennie 2000, l’amélioration des niveaux de vie, la qualité de beaucoup d’autres aspects de la vie quotidienne. Ces gains d’ailleurs semblent assez indépendants de l’existence de la Grèce dans la zone euro. On peut librement ici ajouter d’autres gains. 
Concernant les coûts pour la zone euro du maintien de la Grèce dans la zone euro (B) : Le maintien de la Grèce dans la zone euro a un coût assez visible. Evidemment tous les plans de sauvetage depuis le début de la crise et une situation de puits sans fonds où pour la Grèce, les taux d’intérêt à dix ans sont toujours très supérieurs aux taux de croissance. Il faut ajouter à cela les coûts des politiques d’austérité réalisées en même temps et qui ponctionnent la croissance, politiques initialisées par la Grèce en premier lieu faut-il le rappeler avec un effet de contagion politique. Enfin les coûts sociaux bien visibles si l’on considère que le cas de la Grèce a propulsé un certain nombre de choses en Europe…Il faut ajouter un vrai risque systémique facilement compréhensible par la méthode médicale. Comme la « cellule malade » est dans la zone, elle risque de contaminer les autres. D’ailleurs le principe du défaut déguisé entre dans cette catégorie puisque les décotes des créanciers sur la dette grecque ont bien été effectives et mises à exécution. 
Concernant les gains pour la Grèce du maintien de la Grèce dans la zone euro (C) :
Appelons les C : Ici, entre le principe de l’aléa moral. Quel est l’intérêt de la Grèce de respecter certains critères si elle considère que de toute façon les autres pays de la zone paieront. Ensuite, elle bénéficie aussi d’un espace commercial de qualité et compétitif qui lui permet de satisfaire l’ensemble des besoins de la population à des conditions intra-branches avantageuses. D’autres gains peuvent être ajoutés. Par exemple étant un pays plus risqué en matière d’investissement, elle a pu réussir à attirer des investisseurs internationaux preneurs de risque.
Concernant les coûts pour la Grèce de son maintien dans la zone euro (D) :
Les coûts représentent la quote-part de la Grèce à l’ensemble des ressources du FESF. On peut ajouter bien sûr le coût économique pour la Grèce des divergences économiques accentuées ces derniers temps notamment par rapport aux pays du Nord. Cette liste non exhaustive peut s’étendre. 
Prenons une seconde situation hypothétique celle-ci de sortie de la Grèce de la zone euro :
Concernant maintenant les gains pour la zone euro sans la Grèce (E) : ici, on retrouve l’arrêt du risque systémique et la possibilité le cas échéant de mobiliser des capitaux vers des pays récupérables, c’est-à-dire lorsque le différentiel « taux d’intérêt à 10 ans – taux de croissance économique » est le plus faible possible pour simplifier.
Concernant maintenant les coûts pour la zone euro sans la Grèce (F) : objectivement il est difficile de dire que l’absence de la Grèce soit une catastrophe pour l’économie européenne. Sur le plan strictement économique et les chiffres ont été donnés, le poids de la Grèce dans la zone euro est très faible et la Grèce n’est pas une plateforme de propulsion de l’économie européenne vers d’autres zones géographiques, les échanges en Zone euro étant essentiellement intra-branches. Ici l’inquiétude est surtout le défaut du coup total et non déguisé de la Grèce vis-à-vis de ses créanciers et le risque d’une décote encore plus élevée.
Concernant les gains pour la Grèce de la sortie de la Grèce de la zone euro (G) : 
Ici, il faut raisonner en deux temps et l’on oublie bien volontairement le second temps, en général au bout de six mois (cas de nombreux pays qui ont décroché d’une zone à ancrage monétaire et qui ont dévalué). L’économie est caractérisée par des cycles. Ici, dans les commentaires et pour le cas d’une éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro, il n’existerait plus de cycle. Certes une récession encore plus profonde est possible avec exclusion du financement des marchés financiers à cause du défaut probable officiel, mais une récession s’accompagne toujours d’une stabilisation et d’une reprise économique au bout de 6 mois après la sortie de la zone d’ancrage monétaire (reprise de la production, diversification de l’activité, reprise en main des affaires publiques…). Cette reprise économique est permise par des politiques économiques appropriées et non auto suicidaires. Les indépendances monétaire et budgétaire en somme.
Concernant les coûts pour la Grèce de sa sortie de la zone euro (H) : on dit que si la Grèce sort de la zone euro, il existe plusieurs types de coûts : d’abord une inflation importée, une baisse considérable du pouvoir d’achat des grecs, l’explosion de la dette en euro suite à une forte dévaluation du drachme (pas évidente puisque une part importante de la dette publique grecque est de droit privé national). On évoque aussi souvent le risque systémique en oubliant que de toute façon celui-ci existe déjà dans la zone euro. Admettons alors la contagion. Remarquons que la métaphore médicale ne permet pas de valider l’assertion car lorsqu’une « cellule malade » est enlevée on comprend moins l’idée de contagion, et comment celle-ci peut avoir lieu lorsque la dette nationale est détenue par des nationaux. En revanche à l’intérieur de la zone euro, celle-ci existe réellement.
Conclusion : A la différence des coûts et gains du maintien de la Grèce dans la zone euro, les coûts et gains d’une sortie de la Grèce de la zone euro sont des estimations tournées vers le futur et extrêmement aléatoires alors que les coûts et les gains de la Grèce dans la zone euro, eux, peuvent plus facilement être estimés. Du coup, les coûts et gains tirés d’une situation hypothétique de sortie de la Grèce doivent être actualisés par un « discount factor », un taux d’intérêt de référence pour ramener ces montants à leur valeur présente. Cette liste n’est bien évidemment pas exhaustive, libre à chacun d’y intégrer des éléments économiques mais au final une sortie de la Grèce de la zone euro est-elle bénéfique ? Dans l’hypothèse ou il est possible de déterminer un coût du capital, un discount rate en sorte ou encore un taux d’actualisation, alors le maintien de la Grèce est préférable si (A+C) – (B+D) non actualisées > (E+G) – (F+H) actualisées.
 
 
Maintien de la Grèce dans la zone euro
Sortie de la Grèce dans la zone euro
 
GAINS
COÛTS
GAINS
COÛTS
Pour la zone euro
A
B
E
 
F
 
Pour la Grèce
C
D
 
G
 
H
 

Moyenne des avis sur cet article :  2.71/5   (14 votes)




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6 réactions à cet article    


  • Pascal de Lima de Lima 29 octobre 2012 17:33

    Je pose simplement un calcul rationnel, vous pouvez ajouter ou retirer ce que vous voulez. On peut évaluer aussi les coûts sociaux. C’est étonnant en France dès que l’on calcule un tout petit peu, une simple soustraction, ça part dans l’idéologie. Le texte est apolitique et vous pouvez construire votre raisonnement comme vous le voulez à partir du moment où la méthode est respectée, ce n’est pas un article ou il est possible d’être pour ou contre. Ha la France ça ne s’arrange pas.


    • Pascal de Lima de Lima 29 octobre 2012 21:33

      Oui, on connait aussi, c’est la haine de l’autre, les économistes contre les citoyens, les multinationales contre les PME, les entreprises contre les universités ect...on connait c’est un fléau qui s’intensifie depuis une dizaine d’années, la haine, la jalousie, l’envie ect...ca donne ce que l’on voit dans la circulation automobile tous les jours, protégé dans son véhicule, sous le couvert de l’anonymat...de la haine, de la haine de la haine. belle France. 


      • BA 29 octobre 2012 21:40

        Lundi 29 octobre 2012 :

         

        La troïka aux créanciers publics de la Grèce : « prenez vos pertes ! »

         

        Selon l’édition de ce lundi de Der Spiegel, la troïka, composée de représentants de la Commission européenne, de la BCE et du FMI, serait parvenue à la conclusion qu’on ne pourra pas éviter une nouvelle coupe dans les créances helléniques. Et cette fois, la troïka demande de ne pas se contenter, comme en mars dernier, de mettre les créanciers privés à la peine, mais exige une contribution des créanciers publics.

         

        Selon le Spiegel, les représentants de la troïka ont présenté leurs conclusions jeudi dernier aux collaborateurs des ministres des Finances de la zone euro. Ce serait la première fois que la crise grecque coûterait effectivement de l’argent aux contribuables européens. En mai 2010, les pays de la zone euro avaient accordé 53 milliards d’euros à la Grèce sous la forme de crédits bilatéraux. Par la suite, 74 milliards d’euros ont été versés par le FESF (avec la garantie des Etats de la zone euro) à Athènes. Le FMI, lui, a déboursé 22 milliards d’euros pour Athènes. De son côté, selon le Spiegel, la BCE détiendrait par ailleurs 40 milliards d’euros de dette hellénique rachetée sur les marchés. En tout, 136 milliards d’euros de dettes grecques seraient entre des mains publiques.

         

        http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20121029trib000727686/la-troika-aux-creanciers-publics-de-la-grece-prenez-vos-pertes-.html

         

        Lors du premier défaut de paiement de la Grèce, 107 milliards d’euros avaient été effacés : ces pertes avaient concerné les créanciers privés.

         

        Lors du deuxième défaut de paiement de la Grèce, les pertes vont maintenant concerner les créanciers publics. « En tout, 136 milliards d’euros de dettes grecques seraient entre des mains publiques. »

         

        Contribuables, préparez-vous à payer.

         

        Contribuables, préparez-vous à payer pour le deuxième défaut de paiement de la Grèce.


        • Aldous Aldous 1er novembre 2012 15:29

          les gains pour qui ?




          • BA 2 novembre 2012 06:42

            La Grèce de nouveau sous pression de l’Europe.

             

            Autre sujet d’inquiétude, la dette qui devrait s’envoler l’an prochain à 189,1% du PIB, soit 346,2 milliards d’euros, contre 175,6% attendu en 2012. La dette s’alourdit car la Grèce reçoit de nouveaux prêts de l’UE et du FMI depuis 2010, tout en peinant à lancer son programme de privatisations censé l’aider à rembourser ses dettes.

             

            Au terme des quatre ans sur lesquels table la Grèce pour assainir ses comptes – si elle obtient le sursis demandé – les estimations de dette sont encore plus inquiétantes, la Grèce voyant son ardoise culminer à 220,4% du PIB en 2016, selon le « cadre de stratégie des finances publiques à moyen terme 2013-2016 » introduit parallèlement au parlement mercredi.

             

            http://www.boursorama.com/actualites/la-grece-de-nouveau-sous-pression-de-l-europe-79837ab43be348b862e91518f5d1673b

             

            Dette publique de la Grèce :


            2007 : dette publique de 107,4 % du PIB.
            2008 : dette publique de 112,6 % du PIB.
            2009 : dette publique de 129 % du PIB.
            2010 : dette publique de 144,5 % du PIB.
            2011 : dette publique de 170,6 % du PIB.

            2012 : dette publique de 175,6 % du PIB, selon la prévision du gouvernement grec. La dette augmente, augmente encore, augmente toujours, alors que le premier défaut de paiement de la Grèce a effacé 107 milliards d’euros de dettes.

             

            2013 : dette publique de 189,1 % du PIB, selon la prévision du gouvernement grec.

             

            2015 : dette publique de 207,7 % du PIB, selon la prévision du gouvernement grec.

             

            2016 : dette publique de 220,4 % du PIB, selon la prévision du gouvernement grec.

             

            La question n’est plus de savoir si le deuxième défaut de paiement de la Grèce va avoir lieu.

             

            La question est de savoir quand le deuxième défaut de paiement de la Grèce aura lieu.

             

            En zone euro, il va y avoir des défauts de paiement en cascade.


            • ecolittoral ecolittoral 4 novembre 2012 13:22

              Les mathématiques sont une science à part entière, mais permettent t’elles de calculer l’avenir, l’innovation, la parentalité, la confiance, la sécurité, le plaisir de vivre et la motivation ?


              Quelle est la formule qui a permis de calculer que « les arabes » se feraient un printemps ?
              Comment calculer que la variable d’ajustement ; le jeune qui s’est immolé par le feu en Tunisie ; ait pus produire ce fameux « printemps » ?

              Comment calculer un différentiel « indigné/émeute ».

              Comment chiffrer et calculer dans le temps : les dégâts collatéraux, la décision de cessation de paiement, la rumeur sur les marchés financiers.

              Y a t il un seuil, une fonction déterminée à partir des quels, le ras le bol bascule en colère ?

              Le calcul rationnel érigé en idée de solution ne protège pas de la vie.
              L’idéologie qui consiste à calculer pour comprendre et évaluer ne fonctionne pas avec l’humain.

              Les peuples, grecs, espagnoles, chinois...ne respectent pas les données chiffrées !
              Ils vivent et tentent de créer leur avenir à partir du présent et une phrase sera suffisante pour les pousser à l’action.
              On peut compter là dessus !

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