Plan climat : l’outre-mer tourne au vert
Confrontés à un coût de l'énergie élevé en raison de leur isolement, les DOM et autres territoires insulaires français misent sur le développement des ressources renouvelables. Les initiatives se multiplient en la matière grâce à des partenariats avec des entreprises publiques comme privées.
Un plan climat à adapter aux territoires insulaires
Responsables de leur propre transition énergétique selon la loi du 17 août 2015, les territoires insulaires français se sont, pour la plupart, fixé des objectifs plus ambitieux que la Métropole. D'ici 2030, les DOM (Guadeloupe, Martinique, La Réunion, Mayotte et Guyane) visent l'autonomie énergétique totale pour leur production d'électricité avec une étape à 50 % d'ici 2020, tandis que la Corse ambitionne de se passer d'apport en énergie extérieure à l'horizon 2050 avec un palier à 40 % en 2023.
Regroupés sous l'appellation de zones insulaires non-interconnectées (ZNI), les DOM, COM (Saint-Pierre-et-Miquelon, Saint-Martin, Saint-Barthélemy, Polynésie française et Wallis-et-Futuna) ainsi que les îles bretonnes (Glénan, Ouessant, Molène et Sein) et normandes (Chausey) supportent un coût de l'énergie cinq à dix fois supérieur à celui du reste de la France, qui sert essentiellement au transport et à l'électricité. Pour proposer à leurs habitants des tarifs égaux aux Métropolitains, la direction des systèmes énergétiques insulaires d'EDF (EDF-SEI) débourse près d'un milliard d'euros chaque année (10,8 milliards d'euros entre 2002 et 2013).
Faute de centrales nucléaires assurant une production électrique fiable et peu chère, les ZNI sont en avance sur la France métropolitaine en matière d'énergies renouvelables. Fin 2015, la Corse et les DOM (hormis Mayotte) comptaient 27,3 % de part d'EnR dans leur mix électrique, contre 17,4 % dans le reste de l'Hexagone. En Guyane, ce pourcentage s'élève même à 62 % grâce à la forte production hydraulique, contre 37 % à la Réunion, mais seulement 7 % en Martinique. La présentation du Plan climat par Nicolas Hulot, ministre de la transition écologique et solidaire, le 6 juillet 2017 constitue en cela un signal encourageant pour les territoires insulaires. À commencer par les mesures en faveur des véhicules électriques, qui s'imposent lentement dans les ZNI. La création d'une prime pour aider les ménages modestes à acquérir une voiture électrique ou hydride d’occasion devrait permettre de généraliser leur adoption dans ces territoires.
Le Plan climat et les EnR sonnent le glas des hydrocarbures
À la Réunion, les véhicules "propres" représentaient moins d'1 % des mises en circulation totales sur l'île en 2014 (775 sur environ 78 000). Pourtant l'électrique a le vent en poupe eu égard aux distances peu importantes parcouruent chaque jour par les habitants (24 km en moyenne) et au prix élevé des hydrocarbures ‒ sans oublier leur impact environnemental. En 2015, EDF-SEI y a lancé le projet Sunny Mouv, une flotte d'entreprise de cinq véhicules électriques avec un système de recharge intelligente (photovoltaïque avec stockage). Après une expérimentation qui prendra fin en mars 2018, le concept pourrait être étendu à l'ensemble de l'île.
En Martinique et en Guadeloupe, la startup Green Technologie a, quant à elle, créé le réseau Madin'Drive, qui prévoit en 2017 l'installation de 20 bornes pour recharger les véhicules électriques à partir de l'énergie solaire.
Avec le transport, l'électricité constitue un poste de dépense énergétique majeur pour les Français, en particulier pour les populations insulaires. C'est pourquoi après s'être lancé dans l'autoconsommation solaire pour les particuliers en 2016, EDF réfléchit à une offre pour les copropriétés, bailleurs sociaux et habitations collectives intitulée Mon Soleil & Moi. Celle-ci devrait être déployée fin 2018 ou début 2019. La quête d'autonomie énergétique des foyers pourrait s'accélérer grâce au chauffe-eau solaire commercialisé depuis 2013 par l'énergéticien français, qui intéresse particulièrement La Réunion et la Corse. 145 000 appareils ont déjà été vendus sur l'île de l'Océan indien, tandis que son homologue de Méditerranée vise plus modestement l'installation de 10 000 unités à l'horizon 2023. En Martinique, le groupe Sunzil s'est lui associé à l'entreprise toulousaine Ingeteam pour lancer Sunstockage, qui propose aux propriétaires d'installations photovoltaïques de "stocker l'énergie non autoconsommée en envoyant les excédents sur le réseau électrique afin qu'ils soient utilisés au moment où il y en a besoin".
Le chemin semble donc tout tracé pour le développement des énergies renouvelables en outre-mer. Dans les DOM, la hausse de 41,8 % de la puissance raccordée entre 2010 et 2015 et de 57,2 % de la file d'attente des installations renouvelables entre 2014 et 2015 s'inscrit parfaitement dans le Plan climat de Nicolas Hulot, qui a annoncé l'interdiction de tout nouveau permis d'exploration afin que la France ne produise plus d'hydrocarbures sur son territoire d'ici 2040. "Les ressources sont variées et abondantes, confirme Jérôme Billerey, président de la commission des régions ultramarines au Syndicat des énergies renouvelables. Entre le soleil, le vent, la biomasse, les mers, les fleuves et le potentiel géothermique, on couvre toute la filière."
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