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Politique de lutte contre les addictions : l’insoutenable légèreté de l’indécision

En matière de drogue, la France a bien du mal à adopter une ligne de conduite claire. C’est qu’elle est partagée entre la loi du 31 décembre 1970, essentiellement répressive pour l’usage et le trafic de stupéfiants, et les avancées qui ont lieu en coulisse pour prévenir les risques, dans une approche plus pragmatique. Pour faire court, la loi se surimpose aux réalités du terrain. Dépassée, elle est rapidement devenue contreproductive. Il est temps de se mettre d’accord sur la politique à adopter et laisser un peu plus de place à la prévention.

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Quelle ligne de conduite adopter pour une politique de lutte efficace ?

Le deux poids deux mesures des autorités de santé publique

La loi de 1970 ne convient en effet plus guère en l’état. Elle condamne sans prendre en compte l’hétérogénéité des stupéfiants et des consommations. Un usager de drogue risque un an d’emprisonnement et une amende de 3750 euros, et ce peu importe la quantité de drogue saisie. Il risque même de se voir frappé d’interdictions professionnelles, et ces dernières concernent notamment la fonction publique (en particulier l’éducation nationale), les commerçants, la banque et l’assurance, les agents immobiliers et les agents de voyages ou l’édition de livres et de journaux destinés à la jeunesse.

Les professionnels de santé, les médecins et les pharmaciens qui prescrivent des traitements de substitutions aux opiacés sont pour leur part soumis à de plus en plus de condamnations. La dernière affaire de trafic de stupéfiants impliquant un professionnel de santé remonte à novembre 2013. Un pharmacien a été mis en examen à Annecy pour falsification volontaire d’ordonnances et vente de médicaments sans avis de médecins à des toxicomanes qui en faisaient le trafic.

Le Skenan, puissant antalgique contre les douleurs persistantes intenses ou rebelles aux autres analgésiques, en particulier douleurs d’origine cancéreuse, est l’un de ces médicaments au cœur de trafic médicamenteux. En théorie délivrée sur ordonnance, il l’est en réalité grâce à l’utilisation frauduleuse de cartes vitales et la complicité de certains médecins. Les toxicomanes qui l’essayent une fois sont condamnés à devoir se l’injecter régulièrement par la suite, non plus pour se défoncer, mais pour apaiser la douleur provoquée par le manque. Une réalité ignorée, pourtant tout aussi inquiétante et dévastatrice que la toxicomanie en tant que telle et qui amène à considérer la nécessité de soumettre les traitements à davantage de régulations. Il n’y a qu’en restreignant cette trop grande liberté de prescription que le trafic aura effectivement des chances de diminuer. 

Autre fait sous-estimé, les médicaments délivrés sans ordonnances que les Français ingèrent, mais dont ils ignorent les conditions de consommation et les propriétés addictives. Une étude officielle menée par une équipe de cinq pharmacologues et épidémiologistes français s’est intéressée pour la première fois à ce sujet. Elle révèle que toute une gamme de médicaments a des propriétés psychoactives peut conduire à une forme d’addiction s’ils sont consommés au-delà de la durée réglementaire. C’est le « deux poids deux mesures » des autorités de santé publique. 

Évolution des produits et des usages : la loi ne suit plus

La loi méconnaît en outre les évolutions des produits et des usages alors qu’elles sont significatives depuis 40 ans. Le dernier état des lieux de l’Observatoire des drogues et des toxicomanies (OFDT) est très révélateur de l’inadéquation existante entre la position des autorités de santé publique et la réalité de la toxicomanie en France. L’expérimentation de l’héroïne progresse au sein de l’hexagone et il n’est plus seulement question d’injection, mais d’une multiplication de pratiques telles que la chasse au dragon ou la consommation en snif. Les drogues dites récréatives (MDMA, ecstasy, amphétamines) ont vu leur disponibilité s’accroître du fait de leur vente sous différentes formes (en comprimé, en poudre, en cristal). Le cannabis est plus dosé qu’avant, la consommation de la cocaïne s’est banalisée.

Soigner ou punir, il faut choisir

Réprimer apparaît donc comme une solution non seulement hypocrite, mais aussi nettement insuffisante. Pourtant, une approche modernisée de la prévention s’est mise en place dès 1987, mais elle entrait en conflit avec la législation. En 1987 en effet, la vente libre des seringues est pérennisée par la ministre de la Santé de l’époque, Mme Barzach. 8 ans plus tard, les autorités autorisent les associations à délivrer gratuitement des trousses de prévention contenant seringues, ampoules d’eau, tampon et préservatifs. Depuis, absolument rien de neuf en la matière. Le statu quo règne et les autorités publiques se contentent de subventionner des associations douteuses.

En 1992 nait ASUD (Auto-Support des Usagers de Drogues). Sous prétexte de promouvoir la réduction des risques auprès des usagers et ex-usagers de drogues, cette association rend disponibles en ligne tous les moyens possibles et imaginables pour se mettre la tête à l’envers. Le fait qu’elle soit officiellement agréée comme association de patients par le ministère de la Santé est encore la preuve que la France ne sait décidément pas comment se positionner en termes de prévention, confondant parfois véritablement accompagnement médical et encouragement opérationnel à la toxicomanie.

Il faudrait savoir ce que l’on privilégie : la répression ou la prévention, la punition ou les soins ? Pourquoi adopter la loi de 1987 si c’est pour interdire en 2013 l’ouverture d’une salle de shoot pour sécuriser les pratiques des toxicomanes ? Tout cela manque de cohérence.

D’autant qu’en matière de politique de réduction
 des risques, l’opinion des Français évolue vers davantage de prise en charge. Ils sont désormais 83 % à être d’accord avec le principe de base de cette politique mise en action dans les années 1990, qui est d’« informer les consommateurs de drogues sur la façon la moins dangereuse de les consommer afin de diminuer les risques pour la santé ». Ils n’étaient que 70 % en 2008.

En dehors de toute visée comptable, diminuer les risques, ce serait aussi diminuer les coûts d’une sécurité sociale exsangue à qui les drogues coûtent 1,5 milliard d’euros à l’assurance maladie (2010)


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21 réactions à cet article    


  • asterix asterix 28 janvier 2014 10:35

    Un article extrêmement intéressant sur l’addiction et ses conséquences. Le seul dommage est la photo jointe qui donne a priori à penser qu’addiction = pétard, alors qu’il en existe beaucoup d’autres à commencer par celle à l’alcool. Et l’autre, bien traitée par l’auteur, beaucoup plus problématique liée aux dérivés opiacés. Quid en revanche sur la cocaïne et les amphétamines ? Le phénomène addiction n’est pas lié qu’aux drogues les plus connues, mais à toutes les drogues et à d’autres secteurs de l’activité humaine. De nombreux ex-utilisateurs du pétard vous le diront : il est cent fois plus facile de s’en passer que de la cigarette par exemple.
    Il n’y a pas de prosélytisme là-dedans, c’est un simple état de fait.
    Le législateur n’agit pas, il laisse faire et se conduit même comme un jocrisse là où cela lui rapporte. Et quelle que soit l’addiction, il ne fait rien dans le secteur le plus important : la prévention. En fait, il prend le citoyen lambda pour un cobaye à qui on dit : cette addiction-là, tu peux et l’autre, tu ne peux pas. Sans donner de raison sur un choix nécessairement arbitraire... La puissance des lobbys ?

      


    • ffi ffi 28 janvier 2014 10:48

      Le gros problème de la consommation du haschisch, c’est l’accroissement important du risque de schizophrénie (risque multiplié par 10 pour les consommateurs), maladie mentale grave et qui coûte très cher à soigner pour la collectivité (elle exige généralement un suivi à vie). L’alcool ou le tabac n’ont pas ces caractéristiques.


    • ffi ffi 28 janvier 2014 11:58

      Déjà, l’addiction est un mot anglais.
      En français, on parle de dépendance, ou mieux, d’assuétude.
       
      Assuétude vient du latin adsuetudo (« habitude »)
      mot construit ainsi :
      1° adsuesco (verbe : « s’accoutumer à, s’habituer à »)
      2° adsuetus (participe passé de adsuesco : « accoutumé à, habitué à »)
      3° adsuetudo (le préfixe -udo transforme le participe passé en nom/substantif :
      « fait de s’être accoutumé à, fait de s’être habitué à »)

      adsuesco se construit ainsi :
      préfixe ad-, préfixe indiquant le rapprochement, la proximité, le renforcement.
      la racine suus « sien », « son »
      suffixe -esco « propre, qui appartient, » (en français -esque)
       
      adsuesco marque l’idée d’orienter son quant-à-soi dans une certaine direction« .
      adsuetudo désigne donc le fait d’avoir orienté son quant-à-soi dans une certaine direction, donc une habitude personnelle.
       
      Un mot proche est »consuetudo", qui a donné en français « la coutume », habitude collective. Accoutumance est d’ailleurs un mot alternatif à assuétude.
       
      Addiction viens aussi du latin, mais ce mot y désigne une « adjudication », « la vente aux enchères du débiteur insolvable ».
       
      L’assuétude consiste donc en une habitude, et ce billet traite en particulier de la vilaine habitude de s’intoxiquer (la toxicomanie). Une habitude est quelque chose que l’on a pris à un moment du temps pour certaines raisons, mais que l’on conserve par simple automatisme, par empirisme : c’est comme si l’habituation avait gravé quelque chose en nous, qui finit par renforcer encore le besoin d’habituation. En fait, c’est gravé en négatif, c’est un manque.

      Il y a encore l’aspect maniaque (toxicomaniaque) qui marque l’aspect non raisonnable de l’habitude.

      S’être habitué à la prise d’un produit psychoactif finit par faire perdre l’habileté biologique de produire soi-même les neuromédiateurs apportés par ce psychoactif. C’est un peu comme celui qui reste longtemps alité et qui peine à marcher, ou celui qui fut longtemps dénutri qui peine à manger.

      Cette habitude viciée résulte donc en fait en une perte d’habileté, autrement dit une débilité (debere étant le contraire de habere en latin).
       
      Et c’est là que l’on retombe sur le mot d’addiction : la débilité étant à l’habileté ce que la dette étant à l’avoir, celui qui a voulu en avoir plus qu’il n’en pouvait a fini par en devoir trop et donc « l’addict » paye sa dette : il lui manque quelque chose.
       
      La drogue est donc un chemin vers une débilité pathologique.
       
      Maintenant, pour en venir au coeur de votre sujet, à savoir la répression où le soin :

      Il faut voir que le soin des dégâts causés par la drogues sont lourds, très long, et généralement très inefficaces. On ne peut pas soigner les inaptitudes des tissus cérébraux héritées de pratiques déviantes comme l’on soignerait un microbe. Étant donné que la prise de drogue dépend de la volonté du sujet, mais que le sujet à sa volonté déréglée (c’est-à-dire réglée sur la prise du toxique), dans les cas d’une toxicomanie profonde, le soin est en fait quasiment impossible, il y a à la limite la stratégie du substitut.

      En vérité, donc, le soin impossible, les toxicos sont perdus.
      Ils vivront le reste de leur vie cahin-caha, entre HP, médoc,...etc
      Fichue vie...
       
      La meilleur prévention en ces matières est donc de ne jamais commencer.
      La répression est donc la meilleure des préventions.
      Il faut absolument réprimer la jeunesse pour qu’elle ne commence pas.
      Pour les toxicos profonds, il s’agit de trouver des stratégies de soin qui les handicapent le moins.


      • Buddha Marcel. 28 janvier 2014 12:07

        la planete entiere se drogue...la france entière achete sa drogue légale chez lidl ou Leclerc..en buvant l’eau du robinet vous vous droguez au chlore, un poison sans bien sur compter toutes les autres saloperies etc etc etc etc etc

        c’est juste l’histoire d’une société démente , malsaine, criminelles , qui essaye de se faire passer pour « quelqu’un » de bien......mais aussi qui étant probablement à la source des drogues illégales va permettre d’en augmenter le prix d’une manière énorme donc de multiplier les bénéfices....une société qui colonise n’a surtout aucune morale a faire à qui que ce soit, car elle est ce qu’il y a de plus criminel...


        • ffi ffi 28 janvier 2014 12:25

          Le chlore n’est pas un poison... Le sel (Na Cl) est composé de chlore.

          Ce n’est pas non plus une drogue : L’homme ne produit pas de chlore.
           
          La drogue qu’est-ce que c’est ?
          C’est une produit qui contient des neuromédiateurs (ou leurs précurseurs), et qui donc nous fait un effet psychique à l’absorption.

          Cependant, absorber régulièrement de la drogue, résulte à terme en l’atrophie de la capacité de produire ces neuromédiateurs en interne, d’où la sensation de manque, puis la nécessité d’absorber ceux-ci par voie externe.
           
          Bref, il n’y a pas de recette magique, la drogue, il ne faut pas la commencer, car elle résulte en pertes de capacités, elle amoindrit les capacités cérébrales.


        • Buddha Marcel. 28 janvier 2014 12:47

          salut, je n’ai aucune base scientifique par choix, donc je lis ce que tu dis...et je comprends ce que veut dire le mot drogue....

          j’ai commencé a faire des recherches sur l’eau chloré et je ne crois pas du tout à l’innocuité de ce produit par expérience et par vision....mais je ne cherche pas à prouver quoique ce soit, je dis juste des experiences..c’est juste une démarche personnelle qui m’a amené a choisir un systeme de filtrage d’eau performant mais assez cher....pas seulement pour le chlore bien sur.....depuis 1 ans, disparus les diarrhées, les gastro et tout le reste, la forme physique bien meilleur que tout ceci est extrêmement étonnant et bizarrement j’ai développé une allergie cutanée au contact de l’eau chlorée.....mon corps refuse tout contact avec un produit chloré....donc filtre a chlore sur la douche..= ça roule ma poule !

          salutations....


        • ffi ffi 28 janvier 2014 16:05

          Je n’ai jamais eu de filtre à eau personnellement, et je n’ai pas à me plaindre de problèmes de Diarrhée, ni de gastro (sauf quand je mange un truc périmé, bien-sûr).
          Je n’ai donc rien eu besoin d’acheter.
           
          Après, cela dépend peut-être des régions.
          Le Chlore, ça se sent bien à l’odeur dans l’eau. Il est ajouté pour tuer les éventuels micro-organismes : c’est en fait de l’eau de javel. C’est un peu irritant, il est vrai.
          Cependant, c’est un produit volatile et il s’évapore naturellement.

          Il me suffit donc de laisser reposer l’eau dans un simple pichet.
           
          Et c’est là que j’ai compris un truc récemment :
          En fait, lorsque fut découvert l’électricité, François Dufay avait déterminé deux types d’électricité : l’électricité vitreuse et l’électricité résineuse.
           
          L’électricité vitreuse est caractéristique du Verre : le Verre fournit des électrons et se charge positivement

          L’électricité résineuse est caractéristique de l’Ambre, qui est une résine naturelle : l’ambre capte des électrons et se charge négativement. (Note l’ambre se dit elektron en grec et c’est ce qui a donné le nom électricité)
           
          Or, le plastique est lui aussi un genre de résine, artificielle (Note : quelque fois avec du chlore ou du fluor ou autres choses dedans...).
           
          Bref, cela signifie que si tu as un pichet en plastique, celui-ci va avoir une relation avec l’eau qui sera totalement différente d’un pichet en Verre. Le pichet en plastique va absorber des électrons et repousser les ions négatifs dans l’eau. Le pichet en Verre (ou céramique ou poterie) va céder des électrons et va repousser les ions positifs dans à l’eau.
           
          Et bien, moi, mon truc, c’est d’avoir un pichet en Verre.
          Je trouve que l’eau est beaucoup plus saine là-dedans.
           
          Le chlore, c’est du Cl-. Je suppose que les ions de Chlore sont naturellement attirés par le verre positivement chargé, puis s’évapore sous forme de Cl2 gazeux. En revanche, dans un pichet en plastique, dont la résine se charge négativement, le chlore tendra à rester en solution dans l’eau.
           
          Ca me fait doucement marrer ces pichets avec un filtre et tout en plastique...
           
          Tu peux tenter l’expérience :
          Tu prends deux pichets : l’un en verre, l’autre en plastique, tu mets la même quantité d’eau du Robinet dans chacun d’eux, puis tu renifles lequel sent le plus le chlore.

          Normalement, si ma théorie est bonne, cela devrait être (au début) le pichet en verre, car il provoque l’évaporation du chlore. Quant au pichet en plastique, il ne devrait rien sentir, puisque le chlore reste dans l’eau. En revanche, au goût, après avoir laisser reposer l’eau quelque instant, tu devrais ressentir le chlore fortement dans le pichet en plastique mais peu dans le pichet en verre.
           
          Bref : il y a deux genres d’électricité, la vitreuse et la résineuse.
          Je préfère boire l’eau qui est contenue dans du verre.
          Or, comme le verre tend à se charger positivement, il capte les ions négatifs de l’eau.
          Cela signifierait donc que l’excès d’ions négatif dans l’eau est néfaste.
          Et en effet, le stress oxydatif, sur wikipedia, semble être du fait d’ions négatifs, riches en électrons.
          Inversement, le plastique, qui a tendance à absorber les électrons de l’environnement, tendrait à augmenter la quantité d’ions négatif dans l’eau.
          Donc un pichet plastique serait facteur de stress oxydatif, contrairement à un pichet en verre.

          Le stress oxydatif est suspecté de provoquer inflammations, mutations génétiques, cancer, maladie d’Alzheimer, maladies cardio-vasculaires, accident cérébro-vasculaire,...etc
           
          Notez bien que ce ne sont que des hypothèses personnelles, n’étant pas médecin pour ma part.
           
          Cela nous éloigne un petit peu du sujet de la drogue.
          Mais il est vrai que je préfère que le contenant de l’eau soit en verre ou en céramique.


        • Rincevent Rincevent 28 janvier 2014 13:03

          @ Par ffi

          Cette association haschisch/ psychose ne se présente pas comme ça. En fait, on parle de « pré-psychotiques » c.a.d. de personnes chez qui la psychose était dormante et aurait pu dormir encore longtemps si elle n’avait pas rencontré ce toxique qui a servi de détonateur.

           Pour le moment, que je sache, l’alcoolisme exige toujours un suivi quasiment à vie avec de nombreux échecs et des conséquences neurologiques et hépatiques pouvant conduire à la mort (plus de 45 000 personnes par an) http://www.doctissimo.fr/html/sante/hommes/sa_24_i_toxicoma.htm

          Là où le cannabis est plus dangereux qu’on le croyait est une question d’âge : une consommation importante chez un adolescent peut provoquer des dégâts beaucoup plus importants que chez l’adulte parce que son système nerveux n’est pas encore complètement développé et va être impacté sévèrement.

          Quand à ériger la répression comme la seule solution, la réalité sur le terrain dément tous les jours ce genre d’option. Par contre, la recherche sur nos mécanismes neurologiques ( système de récompense par exemple) http://fr.wikipedia.org/wiki/Syst%C3%A8me_de_r%C3%A9compense nous permet de comprendre comment ça marche et ouvre des perspectives d’action autres que celles basées sur des jugements moraux (manque de volonté).


          • ffi ffi 28 janvier 2014 14:00

            L’argument des « pré-psychotiques » qui succomberaient préférentiellement au haschisch n’est pas scientifique, et il fut une simple hypothèse pour dénier les résultats pourtant formels et établis qui montrent que 7% des gamins qui commencent le haschisch avant 15 ans développent une schizophrénie avant 20 ans, alors que la prévalence dans la population générale est de 0,7%.
             
            En effet, il n’y a rien aujourd’hui qui permette de caractériser une personnalité « pré-psychotique » : tout ce que l’on peut voir, c’est quand quelqu’un est devenu psychotique.
             
            De toute façon, même si l’argument était vrai, il faut bien voir qu’appeler à banaliser le haschisch c’est en vérité proposer à 7% des gamins d’être atteint de schizophrénie, avec tout le cortège de malheurs qui va avec, ce qui serait une fausse générosité, un conseil de faux-ami.

            J’ai connu suffisamment de haschischins dans ma vie, et il me faut bien que reconnaître que tous ceux que j’ai connu qui sont passés par la case HP (pour schizophrénie paranoïaque ou délires psychotiques divers) avaient chacun consommé du haschisch à haute dose sur une longue durée, c’est une réalité factuelle que j’ai constatée de visu.
             
            Par ces connaissances, j’ai fumé du haschisch (et je continue parfois, par légère dépendance), et j’ai vu les dégâts qu’il produit, sans heureusement en subir trop pour moi-même, ayant pris conscience de sa potentielle nocivité, justement suite aux exemples que je viens de citer.

            Par conséquent, je ne peux pas donner de meilleur conseil à toute la jeunesse de ne jamais commencer : c’est vain, ça coûte cher, ça n’apporte que des problèmes, sans parler des relations entre toxicomanes qui sont des relations généralement peu constructives.
             
            Le volet répression est donc absolument indispensable, pour que la jeunesse ne commence pas.
             
            Pour ce qui est des vieux usagers, dépendants, le soin est délicat : le problème n’est pas qu’ils auraient une chose en trop (un virus, un microbe, une tumeur), qui pourrait être enlevée, mais quelque chose en moins, qui n’est plus produit car leur organe cérébral dépend d’un approvisionnement externe. 
             
            L’habileté de produire à nouveau ce qui manque peut se reconstituer, et encore uniquement partiellement et cela dépend aussi de l’âge, les plus vieux le pouvant le moins, mais il faut alors que cesse toute ingestion du produit. C’est la cure de désintoxication : la souffrance ressentie est considérable, bien souvent, c’est la rechute.
             
            Donc, non. Baser le traitement des drogués sur le soin est une impasse, précisément parce qu’il n’existe pas de véritables soins, le véritable soin étant la prise de drogue...

            Bref. Il suffit de ne pas commencer, c’est tout.
            Mais quand tu as commencé, t’es baisé, tu es obligé de continuer.
             
            C’est ce qui justifie la répression.
            Mais comprenons-nous bien : Répression du marché.


          • Rincevent Rincevent 28 janvier 2014 16:22

            L’argument des « pré-psychotiques…etc. Je ne vois vraiment pas en quoi ça infirme ce que j’ai écrit, à savoir que le cannabis a déclenché des psychoses qui ne seraient pas apparues autrement. Je répète que le cannabis n’est pas porteur de psychose mais révélateur (comme en photo) Quand à appeler à la banalisation, surement pas, particulièrement chez les jeunes pour la raison physiologique que j’ai signalé.

            Outre le fait de décréter ce qui est scientifique ou ce qui ne l’est pas, vous avez une position personnelle vis à vis du hasch qui est… curieuse. Après avoir décrit tous les dangers du produit dont une dépendance qui ne laisserait à personne son libre arbitre, vous dites que vous fumez un peu en parlant de dépendance légère ce qui est un oxymore. Ou placez vous le point de bascule qui fait qu’on passerait de « dépendant léger » à dépendant tout court ? D’un point de vue scientifique, bien sur.


          • ffi ffi 28 janvier 2014 17:26

            Mais comment pouvez-vous prétendre savoir que les psychoses engendrées par le cannabis seraient latentes chez les gens ? Tout ce que l’on sait, c’est quand celles-ci se manifestent. Alors, on peut faire diverses études pour tenter d’en déterminer les causes. A mon avis, la consommation de cannabis crée la psychose de toute pièce. J’ai connu plein de gens tout-à-fait normaux qui sont partis en vrille tout-à-coup.

            Faites un test : Prenez n’importe qui, faites le fumez pendant une année non stop et vous verrez le résultat... Il ne saura plus aligner les mots. Il sautera sans cesse du coq à l’âne, sa pensée n’aura plus de continuité, il perdra la mémoire, ...etc
             
            Il n’y a pas d’oxymore. Je ne connais pas de dealer et je ne cherche pas à en connaître. Si le cannabis était en vente libre, je fumerais tout le temps.
            C’est la raison pour laquelle c’est pour moi un bien que ce marché soit réprimé.
             
            J’en suis dépendant.
            Or je ne veux pas en fumer.
            Donc je ne veux pas en avoir à disposition.
            Or si c’est en vente libre, j’en aurais à ma disposition.
            Donc je suis pour la répression du marché.


          • Rincevent Rincevent 28 janvier 2014 21:04

            Si une consommation (assez massive) de cannabis peut provoquer un épisode de forme psychotique, celui-ci reste limité dans le temps et disparait la plupart du temps. Si ce n’est pas le cas on est donc dans un autre processus sur lequel les professionnels travaillent : http://www.stop-cannabis.ch/fr/maladies-liees-au-cannabis/cannabis-et-psychoses et http://www.romandieaddiction.ch/pdf/Fosumos/9.cannabis.pdf

            Si je vous ai bien compris, vous réclamez des barrières (répression de l’offre) pour vous protéger car vous craignez de tomber dans la toxicomanie aigüe et la maladie mentale vous fait peur. C’est un point de vue (légitime) mais tout le monde ne gère pas forcément comme ça. Le fait d’avoir le produit à disposition assez facilement (et c’est quand même le cas en France) ne précipite pas la plupart des adeptes du joint récréatif du week-end dans ces affres.

            Je note que vous vous dites dépendant mais c’est une erreur, la dépendance à un toxique ne se règle pas par le manque de disponibilité, c’est beaucoup plus fort que ça et d’une autre nature. Vous êtes tout au plus attiré mais méfiant ce qui se comprend.

            Concernant les manifestations psychotiques rien n’est simple et tranché : on peut très bien faire un épisode isolé qui ne se reproduira pas, ça s’appelle une bouffée délirante déclenchée souvent par une grosse fatigue, une alcoolisation (tiens, encore un toxique qui interfère). Si elle revient, par contre, on parle alors d’entrée dans la psychose.


          • ffi ffi 29 janvier 2014 14:26

            La répression concerne d’abord le Marché.
            Un simple consommateur ne risque rien en pratique, sauf confiscation et moralisation.
             
            Quand vous dites qu’une petite bouffée délirante, ce n’est pas grave, vous êtes extraordinairement léger. Déjà, socialement, ça la fout mal. C’est un risque de perdre son travail, de se faire des ennemis, de perdre des amis. Ensuite, c’est direct à l’HP que vous êtes envoyés. Je connais quelqu’un comme ça : on lui a pris ses clés, ses papiers, et on l’a retenu une semaine à l’HP d’office... Mais ce n’est pas grave dites-vous ?
             
            C’est absurde. L’habitude de gérer ses émois par l’absorption d’une drogue est un très mauvais calcul, car au final c’est l’assurance de perdre l’habileté de les gérer par soi-même. Mieux vaut ne pas remplacer une spiritualité gratuite, qui est nécessaire, par une drogue, payante et qui devient vite nécessaire...
             
            Une spiritualité t’habilite moralement,
            mais une drogue te débilite moralement.
            (Cela dit, il y a aussi des spiritualités toxiques)
             
            Bref, prôner le recours à la drogue est en fait prôner la débilité...
            C’est la raison pour laquelle une des méthodes privilégiée de subversion d’un peuple pour l’asservir consiste à y propager l’usage des drogues (comme les Anglais l’ont fait aux Amérindiens ou aux Chinois). cf Guerre de l’Opium.
             
            En gros ce que vous proposez aux gens, c’est :
            - de risquer une schizophrénie, exigeant un traitement à vie.
            - de risquer de faire des bouffées délirantes, exigeant un internement en HP.
            - d’être dans un état de démoralisation chronique.
            - de subir des pertes de mémoire et de perdre le fil de la pensée.
            - de risquer une désocialisation.
             
            Mais c’est pas grave dites-vous ? Qui est léger ?

            Avec un ami comme vous, on n’a pas besoin d’ennemi.


          • Buddha Marcel. 28 janvier 2014 13:44

            cela dit je me méfie comme de la peste ceux qui pretendent vouloir le bien des autres, je n’y crois pas du tout,sauf très très rares exceptions, et encore...c’est toujours un leurre pour autre chose.........de tres personnel...derriere chaque action pseudo altruiste il y a un moi en expansion qui s’affirme.....

            d’un coté on nous crée une société compétitive donc qui élimine donc violente donc responsable de toutes les guerres pour le profit financier et ce sont ces même gens ,coupable de cela qui viennent faire une sorte de morale....

            cette société ne peut s’ériger en donneuse de leçon.....


            • ffi ffi 28 janvier 2014 14:08

              La société est moins monolithique que cela.
              Il y a des gens dont le métier est le fric (les banquiers).
              Il y a des gens dont le métier est le soin (les médecins).
               
              Les mécanismes de la drogue sont très bien connus maintenant.
              Le manque qu’elle engendre ne se soigne pas, sauf par la prise de drogue...
               
              Donc, si tu veux te mettre sur le dos tout un tas de contraintes inutiles, libre à toi, mais j’ai aussi le droit de t’informer sur le mécanisme que le drogue déclenche et dont tu risques d’être l’esclave.
               
              Maintenant, si tu veux être esclave, je ne peux pas t’en empêcher.


            • migosh migosh 28 janvier 2014 16:42

              Se servir de l’argument de santé publique pour justifier la prohibition dans un pays ou l’alcool tue 49 000 fois plus que le cannabis ,c’est quand même très gonflé ,se servir des jeunes comme bouclier humain et justifier cette même prohibition qui les a transformé en délinquants sur toute la planète et les met à la merci du crime organisé c’est carrément dég....Faut il qu’il soit impératif de sauver le narco-trafique que génère la prohibition par tout les moyens.

              La prohibition est plus toxique que les comportement qu’elle est censée prévenir .

              • Buddha Marcel. 28 janvier 2014 16:43

                Je ne prends pas de drogues ,légales ou pas, ni même café ou excitant, pas d’alcool, rien !!

                mais nous sommes intégralement des esclaves de ce qui reste de notre cerveau...on ne le sait pas...on régresse tout en ayant l’impression du contraire grâce à nos machines..c’est la brindille qui cache la foret..l’auto félicitation marche a fond : je suis génial !!

                la société est très monolithique, si si ! et les médecins que j’ai rencontré beaucoup sont d’abord homme d’affaire qui utilisent la médecine car ça paye bien.....un fait qui dérange bien sur...il dérange si on le refuse,sinon ça ne pose pas de problèmes..

                pour moi de ce que je connais du cerveau, pas en tant que science ou matière mais en tant que fonctionnement, me laisse percevoir que nous sommes devenus des machines automatiques au fonctionnement aléatoire en l’absence du fonctionnement d’une majeure partie du cerveau..il n’y a strictement aucune liberté la dedans mais une dépendance intégrale à un programme que j’appelle cerveau analytique..long sujet..enfin bref toute substance qui modifie ce fonctionnement va alors représenter un intérêt en ce sens qu’il va créer soit de l’oubli, soit des expériences nouvelles....c’est comme ça que le cerveau machine fait de nouvelles fausses experiences ...et comme la vie normale est pénible voir pire , il est alors facile de faire appel à des produits physiques mais la drogue n’est pas que physique

                une vie d’humain a perdu le sens global Universel, nous sommes coupés des autres sauf pour les utiliser, de la nature sauf par profit et de L’univers en général....on tourne en rond dans un bocal et la drogue devient échappatoire qui ne marche jamais..mais les pires drogués pour la communauté ne sont pas ceux que l’on croit car ce sont les drogués du pouvoir qui sont les plus dangereux et ils sont responsables des millions de mort dans les guerre........et ce sont précisément ces gens qui interdisent la fumette , le pouvoir lui même organise la production et vente disent certains

                le mec qui fume un joint ou 10 ,franchement faut le laisser....mais de là à penser que l’interdiction soit volontaire pour que le produit atteigne des sommets de prix ,il y a un pas que je et plein de gens franchissent....

                mon grand père mangeait des champignons hallucinogènes, genre bout de téton...de quel droit interdire cela.. ? A part du droit du plus fort , il n’y a aucune raison valable, sauf d’ empêcher a tout prix les gens de vivre leur vie, pour un contrôle total des vies des autres.

                l’humain qui moralise n’a jamais dit que la guerre etait le mal......derriere ces lois toujours répressives il y a un pouvoir-mal qui essaye de se cacher...

                on voit bien aujourd’hui le désir des pseudo élites de faire mal..ce sont eu les pires drogués a l’argent et au pouvoir .......


                • ffi ffi 28 janvier 2014 18:12

                  Cette volonté de tout analyser vient de l’inquiétude.
                  L’âme quiète est une âme sécurisée.
                   
                  Pour le reste, sur les interdits.
                  Tu ne peux en vouloir à l’État d’indiquer ce qui est permis et ce qui est illicite.
                  Pour la drogue, cela correspond aussi à une volonté des familles, celle de ne pas voir ses enfants partir à la dérive.
                   
                  Sache que les Amérindiens ont été asservis par les Anglais avec l’Alcool.
                  Sache encore que les Anglais ont tenter d’asservir les Chinois via l’Opium (cf guerre de l’Opium).
                   
                  Un État est légitime à considérer que laisser prospérer certaines consommations dans son peuple peut être nuisible au bien commun. Cela ne me gêne donc pas.


                • hunter hunter 28 janvier 2014 18:29

                  Salut à tous, salut Buddha Marcel,

                  Voilà plusieurs fois que je lis tes interventions, et je voulais juste te dire que tu as compris beaucoup de choses : tes remarques sont pertinentes, et j’y adhère sans retenue.

                  Cette société de la compétition, de la concurrence partout, ne peut tenir que grâce aux substances stupéfiantes ! j’ai bossé 20 piges dans une multinationale, où les cadres se défonçaient à la coke, et les employés...au lexomil !

                  Cette société ne peut rien donner que du matériel, alors que notre nature est premièrement spirituelle et cérébrale ! Le système a fonctionné un temps, mais dorénavant, nous amorçons le processus de fin !

                  Dans la problématique des stupéfiants, il ne faut pas aussi oublier un point : les gens se défoncent, car pendant quelques heures, ils oublient qu’ils sont englués dans un monde sale, corrompu, artificiel et laid ! La came, quelle qu’elle soit, c’est aussi un besoin d’évasion !

                  Merci de tes interventions, et sans doute nous reparlerons-nous ici, si toutefois je ne me lasse pas de la censure de plus en plus prégnante qui existe ici !

                  Take care

                  H/


                  • ffi ffi 28 janvier 2014 20:22

                    Ou là là, c’est une très mauvaise stratégie de recourir à une drogue pour résoudre un malaise intérieur.
                     
                    Cela s’apparente à une sorte de fuite et, si c’est efficace à court terme, c’est au contraire très dommageable à terme.

                    En effet, si, au lieu de faire le travail intérieur qui est nécessaire pour résoudre un malaise que l’on ressent en soi, l’on se met à recourir régulièrement à une drogue, donc à un artifice externe, c’est là que l’on commence justement à perdre l’habilité de résoudre ses émois intérieurs par ses propres forces, et c’est donc là que commence la dépendance au produit.
                     
                    Ainsi, recourir à la drogue, fait perdre l’habileté de gérer ses émois internes.
                    Ce n’est donc pas un service à se rendre. (Ceci tout autant valable pour les médicaments psychotropes, qui ne sont à prendre qu’en cas de crise)


                  • claude-michel claude-michel 29 janvier 2014 08:04

                    La France (dans tout) a entre 30 et 50 ans de retard sur le reste du monde...il serait temps de s’en apercevoir.. ?

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Yvan


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