Politique de sorciers : l’effet « Harry Potter », et autrement « The Witcher »
Il s'est passé quelque chose d'extraodinairement conservateur dans le monde, avec Harry Potter que l'avant-dernière jouvence adora en grandissant à peu près au même rythme. Il s'est passé que cette jouvence associa positivement le conservatisme aux traditions de sorcellerie, à la discipline scolaire dans le genre vieille République, ainsi qu'à l'autorité non parentale, tandis que négativement c'est le progressisme qui passa pour néfaste, dans la figure de Voldemort, celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, et qui au fond est clairement et nettement un moderne.

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Harry Potter nous rejoue littéralement la querelle des Anciens et des Modernes, sur le mode d'une interrogation de fond : faut-il ou non débrider les énergies démiurgiques ? en répondant d'emblée par non et s'effrayant d'emblée de leur libération. Alors, évidemment, c'est cet effroi que les petits malins raillent narquois à leur compte, en se mettant à adorer l'école d'où est issu Voldemort, Serpentard et son sly-punk largement illustré par la figure de Grindelwald ensuite, dans les Animaux fantastiques.
Mais finalement, donc, notre techno-capitalisme (Pascal Chabot, Eric Sadin) ou affairisme lucratif, accouche - selon le précepte de Michael Moore : "le capitaliste te vendrait la corde avec laquelle tu vas le pendre" - de tout un univers de représentations conservatrices raisonnablement créatives : l’étatisme sorcier. Où tout se passe toujours comme si son conservatisme subissait les assauts explosifs de progressismes illégaux & illégitimes, en tant que la loi sorcière est aussi la légitimité morale consensuelle (la paix, la bonté, l'amour). De tout cela se dégage un piétisme, évidemment.
Progressismes qui pourtant fascinent comme le serpent Ka hypnotisait Mowgli, dans le Livre de la jungle, d'autant plus qu'ils sont représentés par une jet set mondaine internationalisée dotée de toutes les ressources. Bref : à travers Harry Potter, l'imaginaire contemporain fait un pied de nez manichéen à la structure qui l'a pourtant rendu possible - à pareille échelle blockbuster.
Un parallèle reste à faire avec the Witcher et - comme le titre l'indique - son sorceleur, qui vit à la marge de forces dominantes qui le stigmatisent comme ancienne & bizarre tradition, devant la nouvelle foi et le nouvel empire, encore que le sorceleur porte quant à lui des valeurs progressistes et le monde use de méthodes traditionnalistes. C'est plus de l'ordre d'un élitisme contre un populisme, raison pour laquelle ça séduit les ambiguïtés morales adultes contemporaines. Quant aux autres, ils pourront toujours se sentir "comme à la maison" à Poudlard, et menacés au dehors.

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