Pour une « guerre masquée » : quand politique et science doivent enfin rimer avec bon sens
« Un principe nous guide pour anticiper et gérer cette crise, c’est la confiance dans la science, écouter celles et ceux qui savent » déclarait Emmanuel Macron dans son allocution télévisée du 12 mars. Quelques jours plus tard, le premier tour des municipales était ainsi maintenu car « considéré comme sans risques sanitaires particuliers » par ce fameux Conseil scientifique... Des élections synonymes, en plus de l’organisation du scrutin, de dizaines de milliers d’équipes de candidats à battre la campagne jusqu’au bout (porte à porte chez les habitants, permanences, réunions publiques, etc.). Ou quand le bon sens était sacrifié sur l’autel de la politique, avec le cautionnement de la science. Alors que, 48 heures plus tard, une simple sortie sans attestation devenait une infraction…
Fournir des masques alternatifs à toute la population
L’heure n’est pas à la polémique, mais une once d’humilité et de remise en question de la part de nos gouvernants et leurs conseillers seraient les bienvenues. Et un peu de courage politique aussi, pour ne pas rester enfermés dans des stratégies contre-productives. La gestion de la pénurie de masques sanitaires (chirurgicaux et FFP2) en est un bel exemple. Pour les réserver aux soignants et aux malades, on a trop rabâché à la population qu’un port généralisé du masque était inefficace, voire dangereux. Cette posture maladroite impose donc désormais une volte-face compliquée à assumer politiquement, mais nécessaire et urgente. Alors que l’Académie de médecine appelle au port généralisé de masques et que l’OMS a infléchi sa position sur le sujet, nos gouvernants et autorités sanitaires ont été contraints de faire évoluer leur doctrine. Mais l’évolution est trop timide, alors qu’une mesure drastique s’impose : l’instauration, au plus vite, d’un port obligatoire du masque pour tous. Une mesure d’ores et déjà entrée en vigueur ce dimanche 5 avril en Lombardie, région italienne la plus touchée par l’épidémie de coronavirus.
Il est donc urgent de réquisitionner nos industries textiles pour produire massivement des masques en tissu, lavables et réutilisables, à distribuer à toute la population. Avec un cahier des charges très simple : faire barrage aux projections de gouttelettes. Les normes encore trop contraignantes des masques alternatifs promis par le Gouvernement (imposant notamment un filtrage d’au moins 70% des particules de 3 microns) risquent en effet de limiter leur production à quelques millions…
Les considérations politiques ne doivent pas avoir leur place
Un tel virage à 180° sur la stratégie des masques est nécessaire, mais malheureusement difficile à imaginer de la part de nos gouvernants, car il pourrait leur être néfaste en termes d’image : ils seraient certainement raillés pour ce revirement, donnant l’impression de ne pas savoir où ils vont. Dès lors, l’exécutif va sûrement prendre ce virage plus en douceur en se contentant pour le moment de recommander le port du masque, au lieu de prendre les mesures qui s’imposent pour instaurer un port généralisé et obligatoire dans les plus brefs délais… Alors que des vies sont en jeu, les considérations politiques ne doivent pas avoir leur place ! Appelons donc nos gouvernants à un peu de courage, pour que politique et science riment enfin avec bon sens.
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