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Accueil du site > Tribune Libre > Pourquoi les élus en HLM ne devraient pas être obligés de quitter leur (...)

Pourquoi les élus en HLM ne devraient pas être obligés de quitter leur logement

Depuis les élections municipales, certains titres de presse pointent du doigt les élus parisiens logés en HLM. La redite d'une polémique courante depuis une décennie, qui suscite beaucoup de réactions mais assez peu de réflexion, alors qu'il s'agit là d'un sujet qui a son importance et ne doit pas être abordé de manière légère.

Mais pour aborder de manière réflechie et approfondie ce sujet, encore faut-il avoir en main tous les éléments nécessaires. C'est ce qu'entend entreprendre le blog de République et Socialisme 77 en publiant une prise de position sur ce sujet qui agite périodiquement les commentateurs de la politique, s'efforçant d'aller au-delà des simples jugements de valeur aussi automatiques que définitifs en inscrivant la question des élus logés en HLM dans celle du logement social et de sa vocation.

Sans que cela serve d'excuse pour se dispenser d'une politique volontariste pour éliminer la pauvreté, l'amélioration des conditions de vie des personnes vivant avec de bas revenus compte parmi les priorités de ce que doit être une politique de gauche. En particulier, la question du logement occupe aujourd'hui une importance cruciale tant la précarité liée au logement et à son manque est prégnante aujourd'hui. Deux logiques s'affrontent sur cette question.

Il y a d'abord la logique de l'hospice pour pauvres. Garantissant non pas un logement mais un hébergement à tarif réduit, ce système qui existe depuis le moyen-âge, si ce n'est avant, a connu au cours du XIXème siècle et de la première moitié du XXème siècle un essor important, alors que le capitalisme se déployait triomphalement sans rencontrer de lois sociales contrant ses conséquences. Gérés par des institutions charitables ecclésiastiques ou par des fondations de bonnes œuvres, rarement par l'état (sauf pour quelques hospices de pauvres destinés aux anciens combattants "gueules cassées" de la Première Guerre Mondiale), ces hospices plaçaient leurs locataires devant des dilemmes parfois terribles. En effet, ne se voyant offrir d'hébergement que conditionné à une situation de précarité, ils voyaient ainsi souvent une amélioration de leur condition tempérée par l'obligation de chercher un nouveau logement, aussi valait-il mieux parfois renoncer à améliorer sa condition. Conçus comme une solution d'hébergement temporaire n'offrant pas d'accès au logement, les hospices pour pauvres ont vu émerger depuis le milieu du XIXème siècle une autre logique, opposée : celle du logement social.
Comme son nom l'indique, le logement social est un logement, aucunement un simple hébergement. Il s'agit de permettre à des personnes en situation financière difficile d'accéder au logement. Toutefois, si l'accès au logement social est conditionné à de bas revenus, la conservation du logement est garantie au locataire suivant les mêmes modalités que la location ordinaire d'un logement. Ainsi, même en cas d'amélioration - fort bienvenue ! - de ses conditions financières, un locataire d'un logement social est libre de continuer à vivre ou non dans le logement social qu'il occupe. Si cette amélioration est notable, il ne bénéficiera en revanche plus de bas loyers pour la location, l'instauration d'un surloyer étant automatique en cas de dépassement d'un plafond de revenus. Ce surloyer devient même incitatif à quitter le logement lorsque les revenus dépassent 150% de ce plafond, allant dans ces conditions jusqu'à rendre la location en logement social plus coûteuse que dans le marché privé. Malgré l'existence de ce dispositif, le fait de quitter le logement social demeure fondamentalement un choix du locataire dont la situation s'est améliorée. Qui dit choix, dit possibilité de ne pas le faire, et un locataire peut tout à fait décider de ne pas quitter son HLM même si ses revenus ont considérablement augmenté, ce malgré la pénalité du surloyer. Quelle que soit la raison qui pousse un locataire de HLM à ne pas quitter son logement même quand ses revenus augmentent, son choix est légitime, précisément car il s'agit de logement social et non pas d'hospice de pauvres.

Cette différence de conception entre logique d'hospice pour pauvres et logique de logement social a d'autres conséquences que l'obligation ou non de déménager en cas d'amélioration de sa condition. Une autre différence majeure réside dans l'implication que nécessitent ces deux logiques. Là où un système d'hospices pour pauvres permet une implication minime, le nombre d'établissements et de places disponibles pouvant être relativement stable d'une année sur l'autre à partir du moment où on part de la logique que les locataires doivent régulièrement céder leur place à d'autres, en revanche, la logique du logement social implique fondamentalement la nécessité de construire chaque année de nouveaux logements.
Ainsi, que des locataires de HLM dont la situation s'est améliorée décident de déménager au profit d'une location dans le privée voire d'une accession à la propriété peut certes permettre aux offices HLM de répondre à plus de demandes de logement social ; mais cela ne doit pas constituer un objectif des offices pour pallier à la demande. En aucun cas le "turn-over" existant des locataires de HLM ne peut servir d'excuse à l'absence de création de nouveaux logements sociaux. Même si la demande de logements sociaux excède malheureusement de loin l'offre existante, entraînant parfois abus, clientélisme, voire corruption caractérisée, raisonner en des termes pareils conduirait à abandonner le principe même du logement social au profit, de fait, de celui d'hospices pour pauvres. Ceci serait un retour en arrière dommageable à tous points de vue.

On en arrive ici au cas des élus logés en HLM, un sujet qui fait l'actualité en ce moment et qui apparaît en filigrane après chaque élection depuis plus d'une décennie. Il faut dire que les affaires d'attribution de complaisance de HLM ont considérablement terni l'image même du logement social et jettent la suspicion sur tout élu logé en HLM. Mais ce n'est pas d'abus dont il est ici question. Les propos visant les élus locataires de HLM qui font le choix de ne pas le quitter concernent des situations on ne peut plus légales et régulières.
Il s'agit de personnes vivant en HLM qui se présentent à une élection et sont élus pour un mandat pour lequel ils perçoivent une indemnité confortable, leur permettant de dépasser, parfois de beaucoup, le plafond de revenus. S'ils choisissent de ne pas quitter leur logement HLM, ils se retrouveront logiquement à payer un surloyer, parfois extrêmement important, le temps de leur mandat. Qu'est-ce qui peut ainsi les inciter à ne pas quitter, dans ces conditions, un logement HLM, lesquels ne sont pourtant pas spécialement réputés offrir un cadre de vie comparable aux beaux quartiers ?

Dans bien des cas, des locataires d'un logement HLM sont élus alors que cela fait des années qu'ils y vivent. Le fait de ne pas vouloir se couper de ce qui était leur vie d'avant l'élection, où ils ont leurs habitudes et leurs repères, est souvent évoqué. C'est déjà une raison tout à fait compréhensible en soi, qui combine à la fois une dimension affective personnelle et l'inévitable soucis de "ne pas se couper des simples citoyens" proclamé par à peu près tous les élus de tous les pays du monde. Mais il y a surtout une autre raison, peut-être plus forte encore.
Être élu, pour la majorité d'entre eux, ce n'est pas conçu comme une carrière, c'est un épisode au cours de la vie. Nombre de ceux qui se présentent à une élection ne comptent pas être élus toute leur vie durant, une proportion non négligeable d'entre eux n'envisage d'ailleurs qu'un seul mandat. L'élection ne sera qu'une parenthèse dans leur vie, un moment au cours duquel ils se seront consacrés à la chose publique mais qui a un terme bien déterminé et, une fois ce terme arrivé, ils comptent bien reprendre leur vie d'avant.
Or comment reprendre sa vie d'avant si on quitte son logement quand on est élu ? Le problème se pose bien évidemment à propos de l'emploi, mais la question du logement est bien plus importante encore, car on atteint là directement un domaine lié à la vie personnelle et intime, un élément de stabilité.

Quel message les appels aux élus logés en HLM à quitter leur logement adressent aux plus modestes ! "Présentez-vous aux élections : vous pourrez certes bénéficier d'une indemnité pendant votre mandat, mais vous devrez par contre quitter votre logement HLM pour un logement dans le parc privé, que vous ne pourrez pas vous permettre de conserver quand vous ne toucherez plus votre indemnité à la fin de votre mandat !"
Belle perspective que celle de sacrifier un statut social modeste mais assis pour quelques années de revenus confortables, et de perdre ainsi une garantie de la vie à moyen terme. Gageons que cette belle abnégation exigée des plus modestes - et d'eux seuls ! - pour se présenter suscitera des vocations en nombre...

A moins que ceux qui intiment les élus de quitter leurs logements sociaux estiment que les élus ont vocation à l'être ad vitam aeternam ? Ou, pire encore, qu'ils ont vocation à profiter de leurs années en tant qu'élu pour servir leurs intérêts personnels et se garantir une situation une fois leur mandat écoulé ?
Non, de telles considérations ne sont pas à l'origine de ces appels, qui ne sont motivés que par l'absence de réflexion et l'ignorance des réalités, voire le tropisme du "tous pourris" qu'on retrouve plus ou moins explicitement dans tous les médias conservateurs. En revanche, ces appels constituent indéniablement des incitations en ce sens. De quoi accréditer encore l'idée que les élus forment une caste de privilégiés détachés du peuple.

Alexis Martinez, République & Socialisme 77


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25 réactions à cet article    


  • foufouille foufouille 2 juillet 2014 18:45

    vu le revenu hyper confortable avec chauffeur, tu peut devenir proprio très rapidement

    on parle pas du HLM pour pauvres mais pour les potes. il est pas dans une ZUS, le « hlm » du ploutocrate. le seul dealer est celui de Delarue


    • Les HLM sont soumis à une condition de revenus. Tu gagnes trop, tu degages. Point barre.


      • JC (Exether) 2 juillet 2014 20:27

        Non, autant je ne suis pas d’accord avec l’article autant ce que vous dites n’est pas exact. On a le droit de rester dans un logement HLM même si on ne rempli plus les conditions d’attribution. Ce sont les règles, si elles ne sont pas bonnes il faut les changer.


      • exact, et du point de vue des bénéficiaires, c’est parfaitement RATIONNEL de profiter du systeme. 


      • République et Socialisme 77 République et Socialisme 77 3 juillet 2014 14:38

        Vous êtes donc partisan des hospices pour pauvres. Grand bien vous fasse, ce n’est pas là la destination du logement social, ça ne l’a jamais été et ça ne doit pas le devenir.


      • République et Socialisme 77 République et Socialisme 77 3 juillet 2014 16:54

        Mais vous vous revendiquez « libéral », c’est logique et cohérent de votre part d’être partisan du système des hospices pour pauvres. Il ne faudrait pas que l’accès au logement soit autre chose qu’un privilège, n’est-ce pas ?


      • Sinon, c’est tout le principe même des HLM qu’il faut remettre en cause !


        Privatiser pour en finir avec le scandale des HLM

        • JC (Exether) 2 juillet 2014 20:29

          Il faut quand même garder à l’esprit qu’il y a au cœur de Paris des HLM de 300m2 qui sont généreusement attribués aux personnes en vue ou à leurs enfants. J’ai travaillé un peu dans l’agence qui attribuait les logements à Paris et certaines visites étaient surprenantes.


          • République et Socialisme 77 République et Socialisme 77 3 juillet 2014 14:46

            Qu’il y ai des abus, des agissements illégaux et/ou irréguliers, c’est une chose. Et il faut évidemment s’insurger contre ces comportements, qu’ils soient dénoncés et leurs auteurs condamnés, qu’il s’agisse d’attribution de complaisance, de clientélisme, de corruption, etc.

            En revanche, agiter ces cas malheureusement existants pour discréditer les HLM et jusqu’à l’idée même du logement social, comme le font les libéraux et les conservateurs qui ne rêvent qu’à démanteler les éléments d’état social qui demeurent en France, c’est totalement inacceptable. Or en France, depuis une grosse décennie, les libéraux et les conservateurs exploitent l’existence de ces comportements illégaux pour ternir l’idée même du logement social.
            Non pas qu’ils tiennent particulièrement à l’honnêteté dans l’attribution des logements, cela, ils s’en moquent comme de l’an 40. Mais que des pauvres puissent accéder au logement grâce à un dispositif social au lieu de ne bénéficier que d’un hébergement les contraignant à vivre de la charité publique, ça, ça leur est insupportable. Et du coup, ils profitent de l’exploitation de cas existants mais fort heureusement limités en nombre (même si ces cas sont relativement nombreux, la grande majorité des attributions de HLM n’est fort heureusement pas concernée) pour polariser l’opinion publique contre le principe même du logement social, qu’ils rêvent de voir disparaître purement et simplement, pour que l’accès au logement redevienne un privilège.


          • Alexis_Barecq Alexis_Barecq 2 juillet 2014 21:01

            Langue de bois.
            Berk.


            • soi même 3 juillet 2014 00:43

              Chiche à votre réflexion, les élus au smic !


              • bakerstreet bakerstreet 3 juillet 2014 03:39
                Mon dieu, quel combat courageux !

                Cela me rappelle les nobles qui convoquèrent eux aussi les état généraux, en 89, fâchés pour de bon que le roi exige qu’ils paient dorénavant leur perruque avec leurs propres deniers.

                Ils finirent par perdre la tête qui se trouvait dessous.


                • République et Socialisme 77 République et Socialisme 77 3 juillet 2014 16:47

                  Outre le fait que manifestement vous ne connaissez rien du tout à l’histoire de la Révolution française (voilà que « les nobles » convoquèrent les états généraux en 1789, maintenant !), oui, c’est là un « combat courageux », pour reprendre votre expression. Parce que quand on veut mettre fin à la professionnalisation de la politique, quand on veut que des ouvriers et des employés puissent être élus en plus grand nombre, quand on veut mettre fin au cumul dans le temps tel qu’il se pratique fréquemment en France (Jean-Paul Huchon, président de la région Île-de-France depuis 19 ans, par exemple), la moindre des choses, c’est de ne pas empêcher les locataires de HLM de se présenter en les obligeant à quitter leur logement en cas d’élection.
                  Alors oui, comme pour tout, il y a d’autres combats qui existent, et République et Socialisme en mène un certain nombre. Malgré tout, c’est effectivement un combat qui vaut la peine d’être mené, parce que la logique des libéraux et des conservateurs qui s’impose par la présentation des élus et des locataires de HLM comme des « privilégiés » conduit tout naturellement à réserver plus encore qu’aujourd’hui la politique à des professionnels qui peuvent se permettre d’être élus et à transformer le logement social en hospices pour pauvres.


                • xmen-classe4 xmen-classe4 3 juillet 2014 06:53

                  Les hlm c’est un délire de plan marshall avec des problemes pour loger le surplus de popullation nécéssaire à la reconstruction.
                  En plus, il n’y a pas de hlm en « Capsule hotel » comme au japon. le HLM est le logement modele de la famille urbaine.
                  ça fait surement des appartements à 1500€/m pour des familles alors qu’un cadre ne peut se le payer. c’est abérant de venir decider qui doit bien etre logé dans l’entreprise pour choisir le pauvre.


                  • xmen-classe4 xmen-classe4 3 juillet 2014 06:58

                    o alors ça les fait marrer de constater que l’economie de marché peut etre communiste si il y a abus de position dominante.
                    et on vois passer des sociologue comme dans un zoo.


                    • claude-michel claude-michel 3 juillet 2014 07:52
                      Les élus..leur place n’est pas en HLM..mais en prison pour prise illégale de l’argent du peuple.. !

                      • Garance 3 juillet 2014 08:39

                        J’ai bien aimé la partie de l’article traitant de l’éventualité ou un élu résident en HLM ne soit pas reélu : pourra-il retrouver le HLM de ses débuts ?


                        Ben oui : on sait bien ce que l’on quitte ; on ne sait ce que l’on va pouvoir trouver à la place ; d’autant que les copains vont se faire rare

                        C’en est bien de la misère tout ça

                        Quand on lit le pseudo de l’auteur on se dit que cet article n’est pas innocent

                        • République et Socialisme 77 République et Socialisme 77 3 juillet 2014 14:53

                          Le pseudo de l’auteur, comme vous dites, est le nom de République et Socialisme, parti politique né en 2009 et membre du Front de Gauche. J’anime ici le compte du comité départemental 77 de ce parti. Libre à vous à partir de là de considérer que dès lors « cet article n’est pas innocent », quel que soit ce que vous voulez dire par là.

                          Sinon : « on sait bien ce que l’on quitte ; on ne sait ce l’on va pouvoir trouver à la place ». Tout particulièrement quand on a vécu la galère de l’attribution d’un logement social. Je connais personnellement des élus et anciens élus qui vivent en HLM. Très clairement, s’ils avaient dû quitter leur logement une fois élus, ils ne se seraient pas présentés : quand on a attendu huit ans (!) pour obtenir l’attribution d’un logement social (pour citer le cas le plus spectaculaire que je connais), rien que la perspective de devoir remettre ça six ans plus tard si on est élu retire toute motivation à se présenter.


                        • unandeja 3 juillet 2014 12:05

                          ...je bosse dans le HLM et certains, notamment à Paris, sont bien + confortables que le logement privé.

                          Quand des membres de la famille de ministres socialistes ont des 100m² rue de l’hotel de ville avec vue sur la seine pour le loyer d’un studio c’est un peu gênant....

                          Vous parlez du surloyer...ce surloyer est généralement bien inférieur au prix du marché privé....comme celui de la vice présidente PS de Paris....idem pour Chevenement...gageons que sa retraite de pauvre petit multi-élu est insuffisante pour payer au prix du marché...

                          enfin peut être est-ce cela le socialisme....avoir des élus payant (éventuellement) un petit surloyer et pendant qu’un sdf crève au bas de l’immeuble...

                          Cette ignorance des réalités dont vous parlez semble plutot vous toucher....je regrette que le « secret professionnel » m’interdise d’en étaler + et nominativement....


                          • République et Socialisme 77 République et Socialisme 77 3 juillet 2014 15:40

                            Je pense que vous parlez de la vice-présidente PS de la région Île-de-France ? Si c’est le cas, justement, il s’agit d’une personne qui a menti sur ses ressources et sa situation pour ne pas payer de surloyer. Elle s’est faite attraper et a dû quitter son logement, et c’est tant mieux !

                            Pour ce qui est de Chevènement, il n’est pas logé en HLM, mais dans un appartement à loyer libre (donc pas un logement social) géré par la Régie Immobilière de la Ville de Paris (ce qui est une pratique contestable : on peut considérer que les régies immobilières publiques ne devraient pas gérer de biens hors du domaine du loyer réglementé). La relative faiblesse de son loyer (1 950 € / mois pour 120 m², quand même) provient principalement du fait qu’il occupe ce logement depuis 31 ans sans discontinuer. La réévaluation annuelle du loyer étant encadrée (comme dans le privé), la hausse du loyer n’a pas suivi la hausse des prix de l’immobilier, qui font qu’aujourd’hui un appartement de cette surface serait loué à 3 000 € / mois.
                            Mais pas d’illusions à entretenir : quand bien même Chevènement quitterait son logement, son appartement ne serait pas reconverti en HLM, et la RIVP trouverait un nouveau locataire à 3 000 € / mois.

                            Enfin, concernant le surloyer, non, contrairement à ce que vous affirmez, bien souvent, ce surloyer est très prohibitif quand les revenus du locataire dépassent 150% du plafond de ressources pour l’attribution de logement social. Ce n’est pas une règle générale, ça dépend bien évidemment de l’état du marché privé localement (à Paris, vu les loyers délirants dans le marché privé, c’est extrêmement rare qu’on en arrive à des surloyers dépassant le marché privé, mais ça reste une exception, et justement cette situation fait que les locataires de HLM parisiens dont la situation s’améliore ne veulent surtout pas quitter leur logement), mais le plus souvent, conserver un logement social quand ses revenus excèdent 150% du plafond coûte plus que de déménager dans le privé.


                          • unandeja 3 juillet 2014 17:26

                            il faut reconnaitre que vous êtes bien renseigné...la famille Vallas a aussi un « petit » 100m² pour le prix d’un studio entre la mairie et la Seine  ;).

                            autant je suis ok pour le le petit conseiller municipal de petites voire moyenne commune ait accès au logement social autant le scandale des logements filés aux maires, amis, copins famille dans des villes comme paris devrait cesser...mais ce n’est pas pour demain...

                            quand on pense qu’on est à environ 130 000 dossiers en attente rien que sur Paris.

                            et bien fait pour michèle sabban en tout cas !


                          • République et Socialisme 77 République et Socialisme 77 3 juillet 2014 19:18

                            Nous n’avons pas publié une telle prise de position sans être renseignés sur les polémiques suscitées dans les médias par ce sujet. Il se trouve qu’il y a eu quelques cas qui ont été extrêmement détaillés dans les journaux, et celui de Chevènement en fait partie.

                            Qu’il y ai des abus auquel il faut mettre fin, tout le monde en convient. Que le système de quotas des réservataires (les entités qui financent le parc HLM disposent chacune d’un quota de HLM qu’elles ont la responsabilité d’attribuer sur critères sociaux à des demandeurs) soit critiquable et appelle une réforme, c’est également quelque chose de tout à fait sensé et recevable.

                            Mais une fois encore, il ne s’agit pas de jeter le bébé avec l’eau du bain, et de mettre fin au système même de logement social au profit d’une logique d’hospices pour pauvres sous prétexte d’abus et de réglementation contestable.


                          • République et Socialisme 77 République et Socialisme 77 3 juillet 2014 19:24

                            Après, il y a sur Paris un autre problème, c’est la disproportion du nombre de demandeurs de logements sociaux. C’est assez fou de constater que bon nombre de personnes qui n’ont aucune activité ni aucun lien familial sur Paris demandent Paris, quitte à ce que ça les oblige à des trajets quotidiens, plutôt qu’à proximité de leur lieu de travail ou de leur famille. Le fait que la proche banlieue de Paris, surtout à l’est, ai mauvaise réputation contribue largement à cela (pour avoir vécu à Saint-Denis un paquet d’années, je peux pourtant témoigner du fait que la qualité de vie n’y est pas moins bonne que dans le 19ème ou le 20ème arrondissements de Paris), mais je ne suis pas sûr que cela explique totalement cette disproportion.


                          • Loatse Loatse 3 juillet 2014 14:09

                            Si un élu craint de ne plus pouvoir se loger à coût raisonnable une fois son mandat fini, qu’en est il alors de tous ces français lambda qui sont confronté à la chereté des logements dans le privé et à la difficulté d’accession au logement social du fait des délais d’attente complétement surréalistes (surtout en région parisienne).. ?

                            C’est faute de n’avoir voulu prendre le problème à bras le corps (soit modérer l’appétit des propriétaires et mettre en place du fait de la situation de crise, un gel des loyers voir une réduction sensible de ceux ci dans le parc privé) qu’on en arrive à se demander si nous ne devrions pas mettre fin à la mixité sociale dans les HLM... (n’y loger que les plus défavorisés créera des ghettos, comme à l’inverse Neuilly est devenu un ghetto de riches mais qu’on ne peut évidemment pas qualifier de zone urbaine sensible :)

                            Il serait donc grand temps de prendre la température de ce sentiment de mise au ban qui vient des ban-lieues (et dont on percoit déjà les signes ) et de prendre illico presto des mesures qui permettront une vraie mixité sociale. Pas un entre-soi dans de beaux immeubles sociaux à Neuilly et des ghettos dans des cubes sans âme pour les plus défavorisés en seine saint denis !

                            il y a un proverbe qui dit : quand les riches maigrissent, les pauvres sont déjà morts...

                            En voici un autre : Quand les plus favorisés hésitent à quitter leur hlm, les pauvres sont déjà à la rue.....


                            • République et Socialisme 77 République et Socialisme 77 3 juillet 2014 15:17

                              Et bien ces « français lambda », comme vous dites, ils sont confrontés exactement à la même situation, justement. Autrefois logé en HLM, j’ai connu moi-même, sans jamais avoir été élu, exactement la même situation. Ayant vu mes moyens financiers augmenter, sans pour autant offrir de perspective à long ni même moyen terme (ah, si je tenais le « génie » qui a eu l’idée d’instaurer des primes représentant jusqu’à 50% du salaire fixe... de l’art de donner l’impression de gagner plus tout en empêchant d’avoir une visibilité pour l’avenir, un bon moyen de pression sur les salariés, sur lesquels pèse la menace « si tu es moins productif, tu perds de ton revenu et donc de ton niveau de vie »), je n’ai pas souhaité quitter mon logement social, quitte à payer un surloyer, tout simplement car sans garantie que cette amélioration serait durable, je pouvais tout aussi bien me retrouver à nouveau dans la galère financière dans les années qui venaient, et donc devoir faire à nouveau une demande de logement social, et donc attendre plusieurs mois voire années pour récupérer une situation.

                              La logique est exactement la même concernant les élus, à ceci-près qu’ils ont, s’ils ne souhaitent pas faire plusieurs mandats, une certitude en plus : oui, leur situation va revenir à ce qu’elle était avant, et ce dans quelques années. Raison de plus de ne pas quitter son HLM.

                              En effet, la situation actuelle dans le logement réclame des politiques volontaristes. Moi-même ainsi que l’ensemble de mon parti, République et Socialisme, sommes favorables à un encadrement des loyers, à une réquisition des logements vides viables pour l’habitation (malheureusement en moins grand nombre que ce qu’on croit généralement : la plupart des logements vides sont impropres à l’habitation), à la multiplication des contrôles pour éviter les arnaques de type vente pyramidale, etc. Mais également à ce que l’état impose de manière plus ferme aux collectivités le respect de la loi SRU, un certain nombre d’entre elles assumant parfaitement de ne pas respecter la proportion de logement social au terme du délai légal, en 2025.
                              Nice et Neuilly en sont d’ailleurs de malheureusement « bons » exemples, leurs maires assumant de ne rien faire pour atteindre 25% de logement social en 2025, alors que des communes mettent les bouchées doubles. Résultat : tout comme le patronat créait dans les années 1950 à 1970 avec la complicité d’élus de droite des « cités d’immigrés » en concentrant 90% des immigrés dans 10% des communes (gérées par la gauche, en particulier le PCF), voilà que sont créées des « cités de HLM », les villes qui souhaitent répondre aux besoins de leur population en consacrant une majorité de leur parc immobilier au logement social se voyant contraintes d’accueillir, en plus, les populations modestes qui n’arrivent pas à accéder au logement social dans les communes qui ne se conforment pas à la loi. Le logement social pourrait être un outil au service de la mixité sociale, il est utilisé par certains comme un outil pour créer des ghettos de pauvres.

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