• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Prolétaires de tous les pays, reposez-vous !

Prolétaires de tous les pays, reposez-vous !

Entendu au bistro de la Toile

 

- Oh ! Victor, l'autre matin, j'ai entendu dans le poste une femme du gouvernement – fort intéressante, c'est tellement rare – disant que les 25 milliards (je crois) donnés chaque année aux patrons pour les aider à embaucher n'avaient créés que 100.000 emplois. Ce qui nous met le coût de l'emploi, pour le budget de l’État, donc nos sous à nous, à 250.000 euros l'emploi ! Non mais, c'est un truc de ouf ça, jeter ainsi le pognon par les fenêtres ! Faire de tels cadeaux, pour que les patrons se gavent sans embaucher !

- T'as raison Loulle. Le coût tout compris d'un bas salaire revient autour de 25.000 euros par an. Donc avec ces 25 milliards donnés aux patrons, on pourrait donner aux chômeurs, sans contrepartie de travail, l'équivalent d'un SMIC à non pas 100.000 mais 10 fois plus : 1 million de personnes par an !

- Sans rien faire ?

- Sans rien faire Loulle. Il faut se faire à cette idée : le travail comme moyen de répartition des ressources du pays, c’est mort, c’est fini. Où alors il faut tendre vers la remise en service de l’esclavagisme comme chez les Anglais (avec les « contrats » à l’heure) et chez les Allemands avec le travail forcé à 1 euro de l’heure pour les chômeurs. Le plein emploi qui permet à celui qui n’a que sa force de travail pour vivre, c’est mort et enterré. Il n’y a qu’à voir le fossé de plus en plus abyssal entre ceux qui possèdent un patrimoine et ceux qui n’ont que leurs bras. Les premiers s’enrichissent à flot continu, les seconds ont pour perspective devant eux le chomdu et la rue…

- Alors on fait quoi ?

- On change le logiciel en instituant un revenu de base universel. L’État paie des impôts négatifs. Revient au petit calcul qu'on vient de faire.

- Attends c’est quoi ça. Les impôts, je sais ce que c’est : je donne à l’État pour les services publics une partie de ce que je gagne par mon travail, par mon épargne, par éventuellement des actions, par mon patrimoine. Mais les impôts négatifs c’est quoi ?

- C’est l’État qui verse à chaque citoyen un revenu inconditionnel afin de lui permettre d’assurer sa subsistance, tout en lui laissant le choix d’occuper ou non, en plus, un emploi rémunéré. J'ai bien dit à chaque citoyen français, pas à tous ceux qui se pointeraient en France pour profiter du truc.

- Tu rigoles ou quoi ? Ce serait trop chouette ça !

- C’est plus que chouette Loulle, c’est une simple question de bon sens. Inspiré des utopies fouriéristes, voire plus anciennes, le revenu de base inconditionnel (aussi appelé allocation universelle) « Un revenu minimum suffisant, versé à tous, de la naissance à la mort, sans aucune condition ni contrepartie », qui remplacerait tous les « filets sociaux » actuels et leur bureaucratie par un droit inscrit dans la Constitution, permettant à chacun de mener une existence modeste mais digne.

- Quand même Victor. Qui aura envie de marner dans ces conditions ? C’est une prime à la fainéantise, non ?

- Pas du tout, c’est, enfin, être réaliste. Le travail salarié est une manière de répartir au plus grand nombre des moyens plus ou moins généreux de partager le gâteau national afin que la machine économique – production, consommation – puisse tourner.

- Mais qui la fera tourner la machine s’il n’y a plus personne pour marner ?

- Mais il y en aura du monde pour marner ! Et que font les retraités ? Ils ont un revenu qui leur permet de vivre plus ou moins bien et la plupart a des activités choisies, souvent altruistes (resto du cœur, banque alimentaire, aide aux devoirs des gosses, etc.), qui s’avèrent indispensables à la bonne marche de la société.

On peut parier qu’un individu préférera toujours cumuler ce revenu de base à un autre salaire, surtout quand ce salaire correspondra à un travail qu’il aura plus librement choisi. Le besoin de s’occuper et d’être utile demeure, les gens continueront de travailler pour compléter leur revenu de base, mais différemment d’aujourd’hui. Ils auront plus de temps pour des activités nécessaires au bon fonctionnement de la société qui s’en trouvera mieux.

- Et d’où sortira le pognon Victor ?

- Des « zéconomistes distingués » ont creusé la question. Ce revenu de base coûterait autour de 200 milliards par an. Ce qui n’est pas insurmontable. Les pistes ne manquent pas : fusion de l’aide sociale, du système de chômage et du système de retraite ; redistribution de la rente pétrolière ; un impôt sur le patrimoine, etc. mais avant tout récupération de la fraude fiscale (80 milliards par an) ; ajoutons les près de 20 milliards de la fraude à la TVA, les 15 milliards de la fraude sociale, les 8 milliards du RSA, les 1,5 milliard du Pôle emploi devenu inutile, etc. Les moyens de financement ne manquent pas.

- Merde, mais ce n’est pas si utopique que ça ce truc Victor !

- Et il faut regarder les conséquences positives d’une telle mesure : elle amènerait logiquement la disparition du chômage ainsi qu’une forte relance de la consommation, permettant aux entreprises d’embaucher éventuellement. Dans ce cas-là, les patrons qui voudraient garder ou embaucher de bons collaborateurs seraient plus attentifs aux besoins des salariés, favorisant aussi une hausse des salaires et une amélioration des conditions de travail.

- Ouais mais, Victor, il y a des activités qui ne sont pas très bandantes et qu’il faut pourtant faire : ramasser les poubelles, laver le cul des vieux, etc. Qui les fera ?

- N’oublie pas que ce système va complètement changer les rapports de force entre patronat et salariat. Actuellement, ces boulots peu valorisants sont, en plus, mal payés, mais les volontaires, dans ce système, seraient rares, donc recherchés, donc bien payés !

- Wouarf ! Je rêve Victor. Le glandage enfin reconnu, apprécié et rémunéré ! Lafargue, l’apologue de la Paresse, doit se pisser dessus de bonheur dans sa tombe !

- C’est une mentalité complète à changer Loulle. Nous sommes influencés par cette culture où le religieux ( "Tu te nourriras à la sueur de ton front !") se mêle à l’économique (travailler plus pour gagner plus) et condamne l’oisif à travailler. Sauf s’il est rentier… Après des siècles de christianisme et avec l’esprit du capitalisme, on n’imagine pas passer sa vie dans l’inactivité ou l’activité choisie et gratuite, à moins de passer pour un marginal ou un illuminé. Et malheur à vous si vous avez la malchance d’être au chômage ou si vous avez choisi de faire passer votre vie personnelle avant le travail. On aura vite fait de vous soupçonner de paresse, fainéantise ou de manque d’ambition. Et vous perdrez votre vie à la gagner.

- Y a qu’un fainéant pour inventer des trucs aussi géniaux Victor.

- Parce que le fainéant à l’esprit libre Loulle. Les fainéants sont une élite ! Et même s’il doit travailler, le fainéant est plus efficace : il travaille vite pour avoir plus vite fini, et bien pour ne pas avoir à y revenir !

- A la nôtre Victor. Et vive les Fainéants !

 

Merci à Chimulus

 


Moyenne des avis sur cet article :  4.25/5   (8 votes)




Réagissez à l'article

13 réactions à cet article    


  • alinea alinea 17 août 2015 11:55

    Le RU, oui, à condition de changer nos mentalités ! lire l’article de Robert Gil sur cette page !!
    Mais il faut aussi stopper la spéculation sur les choses nécessaires : bouf, logement, terres agricoles,etc..
    Si nous ne le faisons pas, personne ne le fera pour nous !!


    • straine straine 17 août 2015 14:13

      Ce système mis en place pour déstructurer les acquis sociétaux des pays développés en développant l’esclavagisme dans les pays en voie de développement afin d’engraisser la fange de l’humanité représenté par un tout petit 0.1% n’a pas pour vocation l’éthique et le partage !


      • Spartacus Lequidam Spartacus 17 août 2015 14:52

        L’allocation de base, cette idée suggérée d’un libéral. Milton Friedman.


        Comme se texte le démontre, transformé par les socialo-bolcheviques en apologie de la faignantise qui n’en comprennent ni le principe ni la finalité......

        Le Nobel libéral Friedman en a fait un livre de 600 pages exposant avantages et inconvénients, et il a refusé à la manière dont a été déformée son idée par l’impôt négatif.....


        L’impôt négatif n’est pas pas un revenu de base.....


        L’impôt négatif, intervient a posteriori. Il tient compte après coup des revenus qu’une personne a (ou n’a pas) perçus. 
        Ce n’est, en effet, que lorsque ces revenus sont inférieurs à une base qu’il a droit à un impôt négatif.

        Un revenu de base se défini comme un minimum vital antérieur à une analyse de situation de revenus précédente. C’est un revenu mis à la disposition de chacun au début des périodes d’organisation d’existence des individus pour trouver leur propre autonomie....

        L’allocation de base n’a pas la mentalité gauchiste d’un profit social à accaparer des revenus par une caste plus faignante que les autres....

        • Sozenz 17 août 2015 15:20

          Article très sympathique à lire, du grand plaisir ;
          Le Comment faire passer des idées en étant « ludique »
          Merci à vous !


          • Francis, agnotologue JL 17 août 2015 18:21

            Bonjour Victor,


            d’habitude j’aime vos articles.

            Permettez moi une question : quel sens aurait la vie, sans le travail ?

            Certes, avec un RU, bien des gens vivraient mieux. Mais pour combien, cette manne serait-elle un cadeau empoisonné ?

            Je ne dis pas que c’est une mauvaise piste : je pense que le monde moderne est devenu invivable sans argent, ce que n’était pas le monde ancien. On le voudrait qu’on ne pourrait pas revenir à la bougie. Et pour cette raison, ne serait-ce que la seule, la société industrieuse doit dédommager ceux qui naissent dans ces conditions qui n’ont plus grand chose à voir avec notre biotope naturel.

            •  C BARRATIER C BARRATIER 17 août 2015 19:07

              Tres intéressant. ..mais une paille à côté de l’apprentissage !
              voir en table des news :

              Taxe d’apprentissage, les milliards des syndicats patronaux

               

              http://chessy2008.free.fr/news/news.php?id=208


              • Garance 17 août 2015 19:08

                Sympa cet artique


                Une phrase a cependant retenue mon attention : 

                «   J’ai bien dit à chaque citoyen français, pas à tous ceux qui se pointeraient en France pour profiter du truc. » 

                Eh oui......c’est là que ça coince et que ces douces rêveries ne sont que des conneries pour la poubelle qu’est devenue C’Pays

                A pied ...à cheval...par bateaux....sus .....( c’est du belge)

                « Pom...pom...pom....il est l’heure d’aller au lit faire de beaux rêves....

                - Merci Nounours Victor.....reviens nous vite

                - Pom...pom...pom....... »



                • gogoRat gogoRat 17 août 2015 20:32

                  Un mathématicien et philosophe renommé, (et qui n’a rien d’un farceur !) écrivait
                  (cf « In praise of idleness » de B. Russell )

                  •  « Dans un monde où personne n’est contraint à travailler plus de quatre heures par jour, chaque personne ayant une curiosité scientifique pourra la satisfaire, et chaque peintre pourra peindre sans crever de faim, quelle que puisse être l’excellence de ses tableaux.
                    De jeunes auteurs ne seront pas obligés d’attirer l’attention sur eux par des œuvres alimentaires, dans le sensationnel, pour acquérir l’indépendance économique nécessaire aux œuvres monumentales, pour lesquelles, quand le temps vient enfin, ils auront perdu le goût et la capacité.
                    Les hommes qui, dans leur travail professionnel, se sont intéressés à certains aspects de l’économie ou du gouvernement, pourront développer leurs idées sans l’indifférence universitaire qui fait que le travail des économistes universitaires semble souvent manquer de réalité.
                    Les médecins auront le temps d’apprendre les progrès de la médecine,
                    les professeurs ne lutteront pas exaspérément pour enseigner par la routine des choses qu’ils ont apprises dans leur jeunesse, mais qui, depuis, ont pu s’avérer fausses.
                    Par dessus tout, il y aura le bonheur et la joie de la vie, au lieu des nerfs usés, de la fatigue et de la dyspepsie »

                  • Aristoto Aristoto 17 août 2015 20:44

                    wé !!!!!!!bah ce pauvre matheux doit etre bigleux !!! De pas s’en rendre compte qu’on vit parmi des primate arriéré !


                  • alinea alinea 17 août 2015 22:12

                    @gogoRat
                    Les féministes, les vraies, des années soixante et soixante dix, celles qui firent parvenir la pilule et l’avortement, étaient convaincues qu’il n’y aurait plus que des enfants désirés, et que les enfants désirés seraient exempts de névroses, de souffrances et tout ça !!!
                    il faudra laver tous les cerveaux pour que ce que vous citez se réalise ; soit dit en passant, je n’aime pas l’horaire journalier ; le rythme peut être des mois de boulot intense, puis de longs moments cool,etc !!!


                  • TREKKOTAZ TREKKOTAZ 18 août 2015 11:03

                    Le plein emploi est mort,fini de trimer comme des chiens pour des payes de misère, vive l’ allocation bistrot !!!


                    • gogoRat gogoRat 18 août 2015 12:03

                      ’profil’ d’un doux rêveur ? arriéré ? au cerveau lavé ? : https://fr.wikipedia.org/wiki/Paradoxe_de_Russell

                      citation de ZorroAstre (?) : «  Tout jugement constitue un acte bien plus incontestable que les faits que prétend traduire son verdict proclamé. »

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité



Les thématiques de l'article


Palmarès



Publicité