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Accueil du site > Tribune Libre > Quand la politique du gouvernement prend (enfin) tout son sens

Quand la politique du gouvernement prend (enfin) tout son sens

Les dernières statistiques concernant l’emploi sont tombées : les chiffres, de quelque côté qu’on les prennent, doivent être vraiment très mauvais, car même l’INSEE n’a pas réussi à en faire une interprétation positive. Bien sûr le gouvernement argue sur le fait que la baisse est moins forte en France qu’ailleurs (ce qui est à relativiser) et se fait presque une victoire de la montée de l’intérim par rapport à toutes les autres catégories.

Mais derrière cette façade, c’est toute la politique du gouvernement qui prend ainsi son sens : la création du chaos social, afin de justifier l’établissement d’un pouvoir fort et autoritaire, basé sur la répression et l’injustice sociale.

Les deux facteurs principaux sur lesquels est basée la politique actuelle sont la sécurité d’une part, et l’appauvrissement des plus faibles d’une autre. Si on regarde bien les réformes engagées depuis l’élection présidentielle, on s’aperçoit que les riches ont bénéficié d’une politique très avantageuse (crédits d’impôts, bouclier fiscal, défiscalisation des heures supplémentaires, casse du droit du travail, réforme des retraites…), tandis que les pauvres ont vu leurs maigres avantages fondre à vue d’oeil (précarisation des emplois, recul du crédit, hausse des tarifs du gaz et de l’électricité, licenciements massifs, suppression ou conditionnement des aides sociales…)

ce constat est sans doute bien éloigné des discours de façade et des promesses sociales de notre président, mais les chiffres sont cependant en totale corrélation avec la réalité des mesures entreprises par le gouvernement : bénéfices des banques en hausse, bonus et dividendes versés comme il se doit, niches fiscales et paradis fiscaux toujours en service, remboursements et dégrèvements de taxes diverses… le petit monde des riches ne se plaint pas. Tandis que les pauvres trinquent, de plus en plus précarisés : baisse de la consommation, de la confiance, augmentation des conflits sociaux, et… augmentation de la violence ??

Là aussi, les chiffres nous montrent, même trafiqués, qu’en réalité la violence n’augmente pas, et pour faire simple qu’elle est plutôt stable. S’il serait bon à cet instant de s’interroger sur le double langage tenu par le gouvernement qui nous annonce à la fois ses réussites en matière de sécurité et la guerre contre la délinquance (qui est paraît-il le problème prioritaire de tous les Français…), il ne faudrait pas s’arrêter là, mais regarder les faits. Puisque la violence n’augmente pas mais qu’on veut la combattre, puisqu’on fait tout pour résoudre la crise mais qu’on n’y arrive pas, c’est qu’en réalité on veut la violence et on soutient la crise. Et à ceux qui se demandent quel peut être l’intérêt, pour un gouvernement, d’inciter à la violence et à la crise économique, on peut répondre par l’Histoire toute entière, qui a été façonnée par les guerres et les crises, et qui seules permettent aux gouvernants de continuer à exercer leur pouvoir tout en imposant des restrictions aux peuples qui ne les acceptent que contraints et forcés.

En effet, l’élection d’un pouvoir faible qui n’engendre ni conflits ni de bouleversements économiques est un pouvoir qui ne se perpétue pas, tandis qu’un gouvernement jouant sur les peurs et sur les faiblesses humaines a toutes les chances d’engendrer la réalisation de ces peurs et de se positionner comme seul capable de les faire disparaître… et d’être plébiscité par la suite pour résoudre ces problèmes.

Et puisque ce gouvernement s’est positionné presque exclusivement sur les politiques économiques et sécuritaires, il lui faut pour être crédible engendrer violence et crise économique. Ainsi il sera en mesure d’établir un gouvernement fort et autoritaire, pour lutter contre « les monstres » qu’il a lui-même créé. Au lieu de se faire juger sur son incompétence à régler les vrais problèmes (le changement climatique, la mondialisation, la misère et la corruption généralisée), il se met en position de n’être jugé que sur la gestion d’une situation de crise qu’il aura lui-même précipité, en se servant de celle-ci pour augmenter son pouvoir et restreindre celui du peuple. De la même manière qu’un dirigeant élu pour faire cesser le terrorisme a tout intérêt à provoquer lui-même le terrorisme qui le maintiendra en place tant qu’il sera contrôlé par ses services, le gouvernement a lui-aussi tout intérêt à provoquer les crises qu’il veut combattre pour rester en place. D’autant que les mesures destinées à apaiser le climat social sont toutes aussi connues que celles pour enrayer le terrorisme : être juste, et ne pas faire de provocations haineuses envers ceux qu’on est en devoir d’apaiser ; c’est à dire pour la France supprimer le bouclier fiscal, remettre en route la police de proximité, relancer l’investissement en taxant les banques, relancer la production en facilitant le crédit, c’est à dire en obligeant les grandes firmes à rogner sur leurs marges…

À l’aune de cette explication, les réformes engagées précédemment comme la modification constitutionnelle protégeant le chef de l’Etat, la suppression du juge d’instruction, la réforme du code du travail, celle des retraites ou la discrimination des minorités, se comprennent mieux. Se comprennent mieux aussi l’échec de Copenhague, celui des G20 successifs nous promettant la fin des paradis fiscaux ou des parachutes dorés… le but n’est pas de sortir les peuples de la crise, mais de les y enfoncer tellement profond qu’ils n’aient pas d’autres solutions que de faire confiance à leurs dirigeants, qui les entrainent peu à peu dans la misère et l’injustice, et les prépare à subir les prochaines étapes de cette politique sans se révolter contre « leurs protecteurs », mais plutôt contre ceux qu’on a désigné au préalable comme responsables de tous leurs maux : les étrangers, les Musulmans, les minorités, les pauvres.

Ensuite ils seront aptes à accepter les pires extrémités, c’est à dire de rogner sur leur chère liberté, et aussi leurs si chers « droits de l’homme ». Et c’est à cela que servent les sondages comme celui réalisé sur un échantillon de 1000 personnes, pendant les vacances, et après la médiatisation sans précédent de faits divers évocateurs de la propagande mise en place : nous faire croire que nous sommes tous d’accord pour dire que le problème ce n’est pas nos dirigeants, mais « l’autre ». Comme ça, quand nos « alliés » auront lancé les conquêtes qu’ils préparent depuis presque dix ans contre un ennemi qu’ils ont créé de toute pièce, la France s’en ira à ses côtés comme un seul homme, et l’Histoire ajoutera une autre page à la gloire de la guerre et de l’horreur…

Il n’est pas besoin d’avoir un penchant pour le « conspirationnisme » pour s’apercevoir de cette réalité, mais simplement de regarder la vérité en face, car les choses sont claires dès qu’on veut bien s’y arrêter : la politique actuelle menée par le gouvernement s’explique beaucoup mieux de ce point de vue que de tous les autres. Et pour ceux qui n’en sont toujours pas convaincus, l’Histoire est là pour les éclairer : elle a toujours été un éternel recommencement, et il n’y a que peu de raisons pour que cela change.

Mais malheureusement pour nous, Elle nous a toujours montré aussi que la force de la propagande est plus grande que la vérité, et ce pour une raison bien simple : les médias ne sont pas libres lorsqu’ils sont à la solde du pouvoir… une autre des réalisations politique de notre gouvernement, qui décidément n’a rien laissé au hasard !

Dormez tranquilles et continuez à voter, le gouvernement s’occupe de nous…ou réveillez-vous et regardez les choses en face, elles vous sauteront alors aux yeux.

Caleb Irri

http://calebirri.unblog.fr


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6 réactions à cet article    


  • Alpo47 Alpo47 10 août 2010 13:12

    L’auteur a tout compris. Mais... mais il ne suffit pas de faire ce constat, il faut aussi avoir LE POUVOIR DE CHANGER. Or, nous ne l’avons plus.

    Manipulés, paupérisés, insécurisés, divisés ...Le plus grand nombre ne peut que suivre le « strory -telling » du Pouvoir.

    Un cas de manipulation de l’opinion a été pratiqué par le pouvoir quelques jours avant le premier tour Jospin/Chirac/...le Pen. On a donc eu une « agression », évidemment très médiatisée, d’un pauvre grand père, battu et sa maison incendiée. Evidemment, gros mouvement d’opinion, scandalisée ... vers la droite et l’extrême droite, avec le résultat que l’on sait.

    D’autre part et comme je l’exprime ailleurs, le plus grand facteur de creusement des inégalités, c’est le choix de l’endettement pour répondre au besoin de financement public, plutôt que de l’impôt qui peut être un facteur de redistribution.

    Le but reste de maintenir et conforter l’ordre établi.


    • paoum 10 août 2010 14:33

      belle et trés claire présentation, l’auteur, comme souvent, merci...

      je pense, aspo, que nous avons le pouvoir de changer....pas grand-chose, mais ce petit peut beaucoup, il faut mettre au point, chacun, un argumentaire simple, imparable car n’ayant pour but que de faire réfléchir les gens, non soumis aux torsions idéologiques et partisanes nécessaires pour amener celui qui écoute à la solution que l’on veut qu’il trouve..

      Une sorte de vrai militantisme personnel républicain, partout et à tous propos ( dans les commerces,les bars, les dîners, la rue, partout !!)
      C’est beaucoup de boulot et de courage mais enfin, on a rien sans rien et on entre en résistance, c’est un combat de chacun à chaque instant, ne nous y trompons pas. Le premier sacrifice( de loin le plus affreux !!) est de dire au revoir à notre habituel confort intellectuel et physique pour plonger dans une eau glacée qu’il faudrait réchauffer seul.

      C’est peut-être tarte ou angélique comme vision des choses mais je pense que c’est, malheureusement, le strict minimum.En fait, je rencontre une immense majorité de gens qui ont soif de savoir, vraiment ( et je ne dis pas de s’informer).Mais ils n’ont pas les liens !
      Le « story- telling », il vient jusqu’à eux sans qu’ils lèvent le petit doigt ! Amenons-leur la contradiction de la même façon et vous serez surpris du résultat !

      Les gens ne sont pas cons, ils ont besoin d’être sûrs et en ce moment, ils se posent beaucoup de questions, ils sont pas contents, ils sont mûrs... Et c’est maintenant , justement, par l’oral, qu’on peut mettre du poids dans la balance de la république.


    • zelectron zelectron 10 août 2010 14:16

      Aucun gouvernement et celui là encore moins qu’un autre ne saura jamais, sous aucun système politique que ce soit, fabriquer le « gâteau » dont on (les hommes politiques) nous répète avec des trémolos dans la voix et des harangues millimétrées par des conseillers en communication (plus intéressés par les revenus que par la vérité d’un discours quel qu’il soit), qu’il faut partager en parts égales. Un homme politique « gère » des dépenses et quand il n’y a plus de ressources au lieu de faire des économies, il « crée » de nouvelles taxes et impôts ! à ce compte là le partage du « gâteau » (qui n’existe toujours pas) est un leurre dans lequel tombent tous les naïfs (niais) puisque c’est demain qu’on rase gratis, demain... Je crains que le prochain gouvernement que nous abreuve de ces inepties habituelles.


      • loco 10 août 2010 19:17

        Première étape, faire l’Europe à marche forcée (voir le référendum et ses suites).

        Deuxième étape, harmoniser l’Europe. Problème : les disparités de salaires et de droit du travail. Etape intermédiaire : mettre au chomedu les employés des zones à salaires élevés (relativement) et à codes du travail, et compléter l’anéantissement ouvrier en réduisant le moyen de bosser dans le secteur public (de moitié pour commencer). Etape finale : ramener du travail dans les anciennes nations « riches » de l’Europe quand l’idée de salaires et de conditions de travail « roumaines » y sera acceptée. Coût : une période dictatoriale avec ses fastures de casses et de flics. Bénéfices : immenses pour nos chers multi-riches,multi-patrons que nous admirons tant


        • Causette Causette 11 août 2010 00:03


          Elle nous a toujours montré aussi que la force de la propagande est plus grande que la vérité, et ce pour une raison bien simple : les médias ne sont pas libres lorsqu’ils sont à la solde du pouvoir… une autre des réalisations politique de notre gouvernement, qui décidément n’a rien laissé au hasard ! par caleb irri

          Si l’auteur pouvait me faire une petite liste des pays où les médias ne sont pas à la solde du pouvoir, ce serait sympa. après tout, ça pourrait nous inciter à aller nous y installer.


          • Coopain des bois Coopain des bois 15 août 2010 09:16

            Merci à Caleb Irri pour cette démonstration de la perversion du pouvoir quand la logique du pouvoir devient l’accroissement du pouvoir.
            Le paradoxe aujourd’hui est que les élus politiques, nos dirigeants qui sont choisis par le peuple pour le diriger prouvent par leurs résultats en matière socio économique et environnemental que leurs décisions et actions ne font qu’accentuer les dérèglements socio économiques et environnementaux. Donc ils ne dirigent plus, mais font semblant de diriger ... ils gesticulent !

            Gesticulations dans tous les domaines !!!

            Par ailleurs et c’est flagrant avec le gouvernement Nicolas Sarkozy, ils se dirigent personnellement vers les yachts, les villas sophistiqués, les grosses fortunes insolentes, ceux qui détournent sans gergogne et dans la démesure le patrimoine économique et environnemental des nations et cela à n’importe quel prix, jusqu’au prix ultime de l’extinction de l’espèce humaine.

            Ce qui est nouveau aujourd’hui c’est que cette perversion de la politique est affichée au grand jour, et assimilée à une vertu politique pour le bien de la Nation. Sarkozy commence sa carrière de président sur le yacht Paloma et finira sa carrière politique dans la villa de Cap Nègre ... ou bien je l’espère un jour dans une prison républicaine aux côtés des voyous de banlieues, ceux là même qu’il voulait nettoyer au kärcher !

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