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Accueil du site > Tribune Libre > Quatre petites gorgées de vie

Quatre petites gorgées de vie

L’actualité se nourrit de bruits de bottes, de trahisons, de crimes odieux, des fracas du monde.

Saisis dans le tourbillon des sinistres augures, nous oublions que tout ceci n’est pas le monde, mais seulement ce qu’on nous en donne à voir.

La noirceur des articles ici récemment publiés m’incite à prendre le contrepied, pour rappeler si nécessaire, qu’il y a plein de petites gorgées de vie qui se perdent et finissent par s’oublier.

En voici quatre parmi d’autres, tout aussi appréciables...

 Prendre le train de nuit en gare étrangère (Bangkok - Chang Mai)

J’aime les trains de nuit et les vieux wagons tapissés d’acajou, tellement romantiques. Endroits de rêverie, de mystère, de sensualité chargés d’étreintes furtives fantasmées.

Rapide et lent à la fois, le train de nuit est le moyen de transport propice à toutes les dérivations.

Allongé sur ma couchette, j’aime la petite lumière d’ambiance bleutée des wagons d’antan tout comme la rythmique des essieux qui change à l’aiguillage.

J’aime être réveillé au milieu de nulle part lorsque s’ébroue le convoi, essuyer du revers de la main la vitre embuée et découvrir la petite gare déserte, baignée sous son éclairage indécis, la voir s’éloigner lentement et imaginer la vie à cet instant précis, telle que dans chaque foyer, au coeur de la ville endormie.

Me croirez vous si je vous dis que les toilettes des trains figurent parmi les endroits les plus fascinants. Le bruit y est toujours spectaculaire et voir le ballast défiler par la petite lucarne d’une fosse d’aisance est toujours un moment particulièrement saisissant.

 
 

Se régaler d’un plat de sars grillés sur le port de Chania

Poisson d’eau claire, plutôt craintif, d’où sa présence en petits bancs dans les ragues, le Sar est bien connu des amateurs de pêche à l’agachon.

C’est un met de choix, surtout lorsqu’il passe sur le grill dans l’heure qui suit le coup d’arbalète fatal.

J’apprécie sa chair particulièrement délicieuse, proche de celle de la Daurade royale.

Une goutte d’huile d’olive et une pincée de sel suffisent à en relever toutes les saveurs.

En accompagnement, rien qu’un pichet de vin d’Archanes, très légèrement résiné. Sur le port vénitien de Chania, laisser filer les heures sans se soucier du reste.

La Saupe, à rayures jaunes pourra utilement remplacer le Sar.

 

Siroter un petit "elliniko" face à la fontaine Morosini à 8h00 du matin

La nuit tombée, la fontaine Morosini, construite en 1628 par le gouverneur du même nom, devient le territoire favori des autochtones.

Voir et être vu, la "passeggiata" grecque autour de la place Venizelou au coeur d’Heraklion est un grand classique de l’été.

Mais le meilleur moment pour en saisir toute l’esthétique est encore le petit matin.

Peu ou pas de touristes, la capitale crétoise a des charmes cachés qui se méritent.

Dans votre café grec (ou turc, dira Gül), un sucre si vous voulez, mais de petite cuillère pour touiller lentement et longuement comme à Paris, que nenni !, vous gâcheriez cette petite gorgée de vie.

Prendre simplement la tasse brûlante au creux des mains et se laisser toucher par la grâce de la fontaine Morosini...

 

Humer l’air de Corse sur le tarmac de Calvi

Entre mer et collines de Balagne pousse l’astéracée à fleurs jaunes, appelée immortelle d’Italie. Son huile essentielle est utilisée en aromathérapie.

Au coeur de l’été, ses fleurs distillent un parfum de noix grillée.

Le souffle aromatique qui caractérise la Corse lui doit beaucoup. L’arbousier, la myrthe, les cystes, le genévrier et le lentisque qui prospèrent dans le maquis corse ne sont là que pour compléter la palette olfactive de l’Ile de beauté.

Sans elle, la Corse ne serait pas vraiment la Corse.

L’endroit le plus propice pour s’en charger les narines est encore le tarmac de l’aéroport de Calvi, durant l’été.

Dès l’ouverture des portes de la caravelle, s’en remplir les poumons et les narines sans réserve... ce parfum là n’a pas de prix...

 

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13 réactions à cet article    


  • Sandro Ferretti SANDRO 29 mai 2009 12:13

    Ave, Yohan.
    Tu es le Philippe Delerm d’Avox.
    Bien d’accord pour le sar, injustement méconnu, à qui on préfère le loup.

    Pour le reste , « j’ai reconnu le bonheur au bruit qu’il a fait en partant » , disait je ne sais qui (Prévert, je crois).
    Carpe diem. 


    • Yohan Yohan 29 mai 2009 13:11

      Ave Sandro
      Compliment flatteur, je vais pouvoir me la péter smiley


      • Gül 29 mai 2009 13:45

        Ho ! Merci Yohan pour ces humeurs d’un jour qui glissent furtivement sur chacun de mes sens. C’est un bien bel article, déclarée d’utilité agoravoxienne.

        Ce fut un plaisir, même le café...Turc !, Enfin, voyons ! smiley


        • Yohan Yohan 29 mai 2009 14:13

          Bonjour Gül
          Le café est bien sûr offert


          • ASINUS 29 mai 2009 15:15

            yep , dingue comme Yohan s ait etre heureux






            trugarez !


            • appoline appoline 29 mai 2009 19:45

              @ Yohan,
              Asinus a raison, ça transpire le bonheur et cela fait du bien, je dirais même ça donne envie de cultiver « l’authentique » ;
              Vous m’avez remis en mémoire le bercement des trains de nuit, toutes ces petites choses auxquelles, trop souvent, on n’accorde pas assez d’attention. Les problèmes de la vie parasitent cruellement tous les moments de plaisir qui passent presque quotidiennement près de nous mais vous avez su nous faire partager les vôtres, merci.


              • Yohan Yohan 29 mai 2009 21:43

                Appoline, Asinus, Papy
                je suis bien content que ce modeste papier vous ait plu
                Bon WE et profite bien des petits bonheurs qui s’offrent


                • morice morice 29 mai 2009 22:43

                  Dès l’ouverture des portes de la caravelle, s’en remplir les poumons et les narines sans réserve... ce parfum là n’a pas de prix..


                  euh ...  « Le dernier vol d’une Caravelle française a eu lieu le 14 février 1998, lorsque la s/n 116 a rejoint Istres au départ de Brétigny. »

                  • Gül 30 mai 2009 01:33

                    Hon ! La !la ! Morice !!!

                    Mais quel naze !!!! Allez polluer ailleurs, ici l’air est pur et bon, nous y sommes bien.

                    Ou alors revenez pour vous détendre, ça ne vous ferait pas de mal....


                  • Gül 30 mai 2009 01:52

                    @ Shawford,

                    Le net c’est pas toujours facile à gérer. Je ne te suis pas toujours dans tes propos parce que l’habitude a été prise de dire les choses autrement que dans la vie vraie.

                    Mais en tous cas, j’apprécie réellement ta franchise et ton honnêteté, c’est suffisament rare pour être relevé.

                    Franchement, chapeau bas pour cela, c’est une denrée en voie de disparition.

                    Bonne nuit ! smiley


                  • Loïc Decrauze Loïc Decrauze 31 mai 2009 02:04

                    Fraîcheur de vous lire Gül, au milieu d’invectives finalement bien stériles... et auxquelles je cède parfois.
                    Bien à vous.


                  • Loïc Decrauze Loïc Decrauze 31 mai 2009 02:07

                    Et je faisais bien sûr allusion à votre apparition sous l’article aux plus de 800 commentaires ! Ici, le feutré est de douceur rigueur.


                  • Yohan Yohan 30 mai 2009 01:21

                    Ouais je sais, c’est fait exprès. J’aime bien les vieilleries, tu te doutes bien que je n’ignore pas que les caravelles ne volent plus. Mais mon texte va mieux avec, on n’est pas à ça près

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