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Accueil du site > Tribune Libre > Quelle école pour vos enfants ?

Quelle école pour vos enfants ?

Dès à présent je ferme la porte de ma classe.

J’entre en résistance active !

Je ferme la porte de ma classe pour ne pas que la France, pour laquelle 53% des Français ont voté dimanche soir (de façon plus ou moins consciente et éclairée...), n’y entre.

Je la laisse sur le palier, cette France de "l’ordre, de la morale, du respect, du travail et du mérite" scandés comme un slogan à opposer à... à quoi déjà ?

Exit ! la France des boucs émissaires, recette empruntée à l’Antiquité et qui a fait ses monstrueuses preuves tout au long de l’histoire.

Dehors ! la France des écoles à la carte où l’on pourra choisir sur catalogue l’école de ses enfants et les petits copains proprets qu’on invitera aux anniversaires.

Pas de ça chez moi ! Pas de ça dans ma classe !

Je ne veux pas de ces enfants robotisés qui se lèvent quand j’entre en classe. Je ne suis pas enseignante quand je pénètre dans la classe, je le suis dans la cour de récréation, quand je passe dans les couloirs, quand je soigne un de leurs bobos à l’infirmerie, sur le trottoir quand je parle aux parents.

Faudrait-il exiger des enfants qu’ils se mettent au garde-à-vous quand ils me croisent au supermarché entre le lait et l’eau minérale ? Croyez-vous que je me sentirais grandie de cela ?

Alors je ferme la porte de ma classe, et j’y fais règner la France dont je rêve pour mes élèves et pour mes enfants.

- Une France miniature pour mes 22 futurs citoyens qui y apprennent la curiosité, le partage, le travail d’équipe, la coopération.

- Une France miniature où les plus favorisés aident les plus démunis.

- Une France où l’on ne chante pas la Marseillaise la main posée sur le coeur mais où l’on apprend à connaître et à comprendre, surtout, les symbole de cette République laïque qui m’est chère : Marianne, symbole de la lutte qu’il faut mener tous les jours pour préserver ses droits, la devise "Liberté Egalité Fraternité" qui sert bien souvent de paillasson aux rangers crottées des extrémistes, la Déclaration des Droits de l’Homme que l’on voudrait universelle...

- Une France, enfin, où la réussite ne se mesure pas à la taille de sa tirelire mais à ce que l’on est capable de donner de soi pour que ces 22 citoyens gravissent ensemble les marches du savoir car il n’y a de véritable réussite que si personne ne reste sur le carreau.

C’est cela la fierté de mon métier. Voulez-vous savoir quand j’ai été la plus fière de mes élèves ? Pas quand ils m’ont fait la blague d’être sages comme des images, les bras croisés, le doigt sur la bouche alors que j’entrais en classe (je reconnais, j’ai trouvé ça rigolo de leur part). Non ! C’est le jour où une remplaçante a "malmené" verbalement un de mes élèves en intégration avec un handicap mental invisible à l’oeil nu et où tous mes élèves ont fait front pour lui dire : "tu ne dois pas parler comme cela à Gabriel, il a un trouble, il faut lui laisser plus de temps".

La remplaçante a été soufflée, et là je suis fière de mes "petits" citoyens !

Je ferme la porte de ma classe, et je garde cette France-là !


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44 réactions à cet article    


  • jak 10 mai 2007 10:50

    Sarkosy président, liste d’attente dans les écoles privées, soyez rassurée personne ne forcera votre porte, surtout pas l’élite de gauche, trop occupée a inscrire sa progéniture a l’école alsacienne.

    Vous revendiquez les valeurs de mai 68, qui me semble-t-il vous n’avez pas vécu, ces mêmes valeurs qui 40 années plus tard, font que des profs soient poignardés, frappés, insultés, sortez du monde de Candy, ou tout au moins cessez d’y entrainer l’innocence de nos enfants


    • Fanfan Fanfan 10 mai 2007 12:58

      Cher Jak

      Où avez vous lu que je revendiquais les valeurs de mai 68 ? Est-ce parce que je parle de mes parents trentenaires de gauche en 81 ? Votre raccourci est assez étonnant. Je ne vie pas dans le merveilleux monde des bisounours comme certains souhaiteraient le faire croire. Ma classe est tout le contraire. On m’invite à enseigner en ZEP, j’y suis ! Mes élèves ne sont ni attardés, ni asseptisés loin de là. Ils participent à des débats dans la classe chaque semaine, ont désigné des délégués chargés de discuter en conseil les décisions relatives à la vie de la classe. Est-ce cela les valeurs de mai 68 ? Dans ce cas, Célestin Freinet serait heureux d’apprendre qu’il était soixante-huitard en 1928 (40 ans d’avance, quel homme !)

      Je ne me laisserai pas pervertir par le discours matraqué. Je continue de croire qu’il fait bon vivre en France, que nous avons encore la chance de pouvoir faire soigner nos enfants quand ils sont malades, que nous avons la liberté précieuse de nous exprimer et c’est cette France là, cette République là que je fais découvrir à mes élèves.


    • La mouche du coche La mouche du coche 10 mai 2007 11:02

      Fanfan,

      Votre saine colère doit s’apaiser. smiley


      • Mysticlolly Mysticlolly 10 mai 2007 11:44

        Heureusement que les enseignants sont encore libres de tenir leur classe comme ils le souhaitent.. Mais pour combien de temps encore ?

        J’ai beaucoup aimé votre témoignage Fanfan et j’ai la même vision de choses que vous smiley

        Je ne vois pas en quoi rappeler ce que signifient les symboles de notre République est « politique » ?

        En quoi refuser d’imposer à ses élèves de se lever quand vous entrez en classe est « politique » ?

        En quoi leur enseigner « la curiosité, le partage, le travail d’équipe, la coopération » est politique ?

        Ah oui, c’est vrai que dans une société individualiste comme la notre, une société du chacun pour soir, ce sont des valeurs d’un autre temps qui n’ont plus leur place !

        Allez-vous avoir le culot de penser que ce sont ces valeurs qui sont la cause des violences à l’école ?

        Continuez comme ça Fanfan ! Ca fait plaisir à voir ;o)


        • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 10 mai 2007 12:53

          Peut-on me dire pourquoi respecter un instituteur serait un signe de robotisation ou de lobotomie ?

          Les droits de l’homme sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression. (article 2 déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789)

          La carte scolaire va à l’encontre de cet article, puisqu’il n’y a plus de liberté de choix.

          La sureté est le troisième des droits. C’est celui qui justifie l’ordre. Mais trop d’ordre va à l’encontre du quatrième. C’est pour cela que l’Etat a le monopole de la violence, mais ce monopole doit être minimisé. Faire disparaitre la carte scolaire est une urgence, et rien ne justifie son maintient si ce n’est l’oppression d’un Etat qui outrepasse ses prérogatives.

          La loi n’a le droit de défendre que les actions nuisibles à la société. (article 5)

          En quoi le choix d’une école, d’un instituteur, d’une méthode d’enseignement, d’un environnement est nuisible à la société ?

          Il n’y a pas deux enfants identiques. Vouloir une école identique pour tous est non seulement un mensonge d’Etat, mais aussi une très grave atteinte au droit et à la dignité.

          Chaque dirigeant d’école et son équipe doit pouvoir choisir les nouveaux enseignants. C’est d’ailleurs ce qui se pratique en Finlande qui arrive en tête de tout les pays en ce qui concerne la réussite scolaire (la France arrivant en bas de la liste des pays européens).

          La solidarité est aussi importante que l’émulation. Et c’est trahir la mission d’enseigner que de ne pas développer au maximum le potentiel de chacun des élève sous un fallacieux prétexte d’égalité.

          L’égalité est dans le traitement, dans le droit, surement pas dans l’égalitarisme stérilisant.


        • grangeoisi grangeoisi 10 mai 2007 11:58

          Chère soeur laïque,

          A mon sens, mon humble sens, il y a du vrai dans ce que vous dîtes mais n’y a t-il pas une part d’outrance aussi ?

          Vous savez , compte tenu de mon âge avancé, j’ai connu les levers - assoyez-vous, sans devenir un robot ! Par contre j’ai souvenir de merveilleux enseignants et quant aux caractériels, peu nombreux, qui jouaient aux tyranneaux de village ils compensaient malgré tout par un travail bien fait. Mais ce monde représentait, parfois, aussi, une faible ouverture d’esprit je vous l’accorde.

          Bref, le suffrage s’est exprimé, le futur président de la république ( pas mon candidat, ho ! non !) a dit qu’il demandait du respect pour les enseignants -suis pour- et le choix de l’école pour les parents - suis contre.Donc un futur parlement pourra corriger si les députés ont le sens de l’égalité.

          L’admission des handicapés au sein des classes est une grande et belle mesure ; mais quand un enfant pousse des cris stridents à faire dresser les cheveux sur la tête des autres enfants comment rattrappez-vous le coup et essayez-vous de faire avancer la leçon ?

          Vos 22 futurs citoyens, donneurs de leçon me semblent ou sacrément adultes ( ont-ils déjà quitté le monde de l’enfance ces mignons ?) ou acteurs de série américaine sirupeuse à souhait de bons sentiments... mais je deviens sarcastique là , pourvu de ne pas devenir sarkostique.


          • LE CHAT LE CHAT 10 mai 2007 12:16

            On entre dans le monde des télétubbies ou de la tortue Franklin .Il doit pas y en avoir beaucoup de classes comme celle là , l’école de nos enfants ayant été perverties par les théories gauchistes fumeuses enseignées dans les IUFM par des illuminés n’ayant jamais enseigné ; j’ai eu affaire à une enseignante qui pratiquait le darwinisme en laissant les élèves s’intruire par eux même à l’aide de fiche ( alors que les ce1 ce2 ont vraiment besoin d’avoir des repaires et ’êtres encadrés)et qui a fini en dépression ...


            • Bouli Bouli 10 mai 2007 12:19

              Merci pour ce témoignage !

              Eh oui, l’école sert à former des citoyens dans les valeurs de tolérance, de partage, de respect, écoute et curiosité puis plus tard grâce au sens critique quand ils ont atteint l’âge de comprendre ce concept. Malheureusement cette image de l’école n’a plus cours aujourd’hui ni auprès des parents ni auprès des enfants. Ce gouvernement a commencé à détruire l’école publique pour pouvoir inciter les parents à inscrire leur progéniture dans le privé, ce qui à terme conduit à la suppression de la carte scolaire... Et malheureusement, ce n’est pas la vision de l’éducation nationale de notre nouveau président qui arrangera les choses, bien au contraire... smiley


              • Bouli Bouli 10 mai 2007 12:21

                A l’auteur...

                Attendez-voux aux commentaires insultants comme quoi les enseignants ne sont que des feignasses à 90% alcooliques et soixante-huitards et que les enfants sont tous devenus des monstres abrutis de violence et incapables d’apprendre quoi que ce soit...


              • Darkfox 10 mai 2007 13:05

                Bonjour, tout dabord si vous n aimez pas votre job changez s en ... au dernière nouvelle vous êtes enseignante..donc payer par l’état donc les 53% de français...

                De plus, vous caricaturez très bien l’image .. mais ne sortons nous pas d’un quinquenat de droite ? vos enfants se sont transformés en robocop ? je ne pense pas.

                De plus, il serait interessant de voir votre point vue dans un autre environnement et voir si vous seriez heureuse de vous aussi être « soufflée » par des « gentils petits citoyens » du zep...

                Enfin bref l « ordre juste » n’a pas été élu ...vive « l ordre juste » c’est bien ça ?


                • Fanfan Fanfan 10 mai 2007 21:37

                  Cher Darkfox Justement non je ne changerai pas de mètier car, ne vous en déplaise, je l’aime ! Il me semblait que ça se voyait (trop de dark et pas assez de fox sans doute...)


                • Bulgroz 10 mai 2007 14:41

                  Madame,

                  Vous êtes fonctionnaire, n’est ce pas, vous émargez au budget de l’état, n’est ce pas ?

                  Concevez vous qu’un Fonctionnaire a d’autres devoirs que celui d’entrer en résistance et de fermer la classe pour y recréer à l’intérieur votre France, la seule que vous concevez, sans contrôle, sans comptes à rendre, sans responsabilité ?

                  Tout ce que vous dites est proprement sidérant et irresponsable. J’espère de tout mon âme que cela puisse changer et que vous cessiez d’écrire de telles conneries avant longtemps.


                  • O.Z.Acosta 10 mai 2007 14:56

                    Encore et toujours la haine des fonctionnaires !!!!!!

                    Oui, on vit sur l’argent que les 53 % de votant donne à l’état sous forme d’impots en tout genre ( l’IR ne représente que 20% des recettes de l’état). Mais en échange on cotise jusqu’a notre retraite ( pas comme tout le monde, viré à 50 ans car trop vieux) et en plus on cotise solidairement au chomage ( la solidarité beaucoup de personnes l’on oublié, mais ca existe encore).

                    Pour information, le professeur est maitre dans sa classe, vous avez fait l’IUFM ? non !!!! vous avez passé des concours administratifs ? non !!!! Alors essayé juste pour voir.de plus les fonctionnaires ont un droit de reserve vis a vis de la politique des gouvernements ne vous en déplaise nous ferons toujours resistance à la régression que nous propose « l’elu ».

                    Merci Fanfan pour ce temoignage, enfin une maitresse qui fait passer ses devoirs vis a vis de ses éléves avant ses devoirs administratifs.

                    Z


                    • Bulgroz 10 mai 2007 15:10

                      Acosta, vous dites :

                      de plus les fonctionnaires ont un droit de reserve vis a vis de la politique des gouvernements ne vous en déplaise nous ferons toujours resistance à la régression que nous propose « l’elu ».

                      Vous êtes complètement à coté de la plaque : les fonctionnaires ont un devoir de réserve, point.

                      Ils n’ont surtout pas le droit de s’ériger contre l’état dans le cadre de leur fonction, point.

                      et pourquoi pas inciter les élèves à la résistance et de bruler les magasins.. ?

                      Quand les fonctionnaires font de la résistance, ils sont au service de qui ? Qui les commandite ?


                    • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 11 mai 2007 09:49

                      ACOSTA semble en faire parti du corps des enseignants. Le « on », (confondu avec le « nous ») paraît le signifier.

                      Quand on écrit : Alors essayé juste pour voir. et que c’est son métier d’enseigner l’orthographe, ça ne rassure pas sur les compétences professionnelles de l’individu.

                      Je ne suis pas instit, ce n’est pas mon métier. Et si je laisse passer parfois des fautes, cela ne ridiculise que moi.

                      Quand on lit cela, on comprend mieux le problème de l’école : l’incompétence n’est pas détectée car il n’y a pas d’évaluation. De ce fait, les bons profs en pâtissent, car ils sont assimilés aux mauvais. Mais ils en sont aussi un peu responsables, car au lieu de dénoncer l’impéritie de certains, par une pseudo solidarité corporatiste, ils participent à la déliquescence de notre système scolaire.


                    • O.Z.Acosta 11 mai 2007 10:44

                      Si des fonctionnaires ne s’étaient pas mis en travers de la route de gouvernements extremistes (vichy ) nous serions toujours sous domination Allemande.

                      Les fonctionnaires ne servent pas les gouvernements mais la France, pas 53% des 86% de votant mais 100% des Français et des étrangers vivants en France.

                      Z


                    • O.Z.Acosta 11 mai 2007 10:53

                      Je travaille à l’éducation Nationale.

                      A la fois comme ingénieur réseaux et télécommunication, enseignant à la formation continu (DESTU) et chercheur.

                      j’ai plus de contact que vous n’en aurez jamais à la fois avec les entreprises privée ( qui vampirise les services publiques qu’ils considérent comme des vaches à lait ), avec les personnes non diplômés et laissé pour compte ( sur 40 éléves 25% ont plus de 40 ans, beaucoup n’ont jamais eu la chance d’avoir un emploi ) et le monde de la recherche, et membre de jury pour les concours adminitratifs ( catégorie B, A).

                      Alors les remarques sur les fautes d’orthographes ( je ne suis pas né Français mais Irlandais) , sont plus le faite que votre haine des fonctionnaires et le faite que notre droit de retrait vis a vis des dirigeants est a vos yeux insupportables vous qui devez suivre à la lettre les ordres de vos supérieur même si ceux-ci sont illégales.

                      Z


                    • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 14 mai 2007 15:00

                      Je ne hais personne, et encore moins pour le travail qu’ils occupent.

                      Il y a une très grande différence entre critiquer une administration pléthorique et ses dysfonctionnements, et critiquer les fonctionnaires en tant que tels.

                      Quant à vos appréciations sur mes compétences et mon attitude, avouez qu’elles sont totalement fantasmées, car vous ne savez rien de moi.

                      Si, moi-même, j’ai fais une erreur d’appréciation sur votre compte, votre message en est la cause et illustre parfaitement mon propos.

                      Alors que vous n’êtes pas instituteur, vous laissez entendre que vous en faites parti en utilisant le « on ». Et vous prenez pour vous les critiques faites à une institutrice qui annonce sa volonté de renier sa mission, c’est à dire être agent de l’éducation nationale. Mais les mots ont-ils un sens pour vous ?

                      Enfin, votre discours sur la guerre, il est symptomatique de l’amalgame et de la désinformation :

                      Premièrement il est faux de dire que les fonctionnaires se sont mis en travers de la route [...].

                      Certains fonctionnaires l’ont fait, peu nombreux. D’autres ont collaboré, et la majorité des autres a fait tant bien que mal.

                      Deuxièmement, comparer la période de guerre et le gouvernement de l’époque avec ce qui se passe aujourd’hui est une ineptie totale, est une preuve flagrante de votre mauvaise foi.

                      Le choix est simple : soit on est démocrate et l’on respecte le choix des urnes (et encore plus quand on est fonctionnaires), soit on ne l’est pas. Et dans ce cas, toutes les outrances sont envisageables de ces personnes. Et la démocratie a le devoir de se protéger de tels agissements.


                    • Nometon Nometon 10 mai 2007 16:04

                      Chère Fanfan,

                      En parent, je partage l’exigence de l’enseignement tel que vous le décrivez. Un enseignement où ont cours la laïcité, le partage des valeurs républicaines, le vivre ensemble.

                      Le premier impératif de l’instruction par l’école publique est, et doit rester, de former, in fine, des citoyens responsables, capables de penser par eux-mêmes et disposant des outils essentiels pour le faire (au demeurant : lire, écrire, compter).

                      L’autorité ne me semble pas s’opposer, au contraire, à cette finalité. Vous marquez votre préférence pour une autorité légitime : l’autorité librement consentie parce qu’intrinséquement respectable. Celle qui n’a pas à s’imposer par la force, à vaincre, parce qu’elle choisit de convaincre. Une autorité qui parle à l’intelligence, individuelle et collective. Là encore, je partage votre conviction. Mais permettez-moi une nuance : lorsque l’autorité légitime n’est pas respectée, malgré tout, en dépit des efforts déployés, alors, c’est l’autorité nue qui est en cause, celle de la limite. Tout enfant, tout adolescent, à un moment ou à un autre, va « tester » une limite. Il va chercher où se situe la frontière de l’acceptable. Ne pas lui donner cette limite, c’est l’inviter incidemment à en chercher une autre, plus lointaine. Il s’agit là d’une forme d’insécurisation dont peut souffrir un enfant. A lire vos propos, je me doute que vous maîtrisez cet équilibre. Mais c’est justement parce qu’un certain nombre d’enseignants, par le passé, ne l’ont pas fait, qu’aujourd’hui, gronde une rumeur réactionnaire pour une restauration de l’ordre à tout va. Fixer des limites ne suffit pas à faire d’un enfant un citoyen en devenir comme certains, ici et ailleurs, voudraient le croire. Il faut bien plus pour cela, et c’est ce sur quoi vous insistez avec force et, semble-t-il, avec passion. Mais c’est aussi un préalable. A l’école, comme dans toute société. Bon courage et ne fermez pas votre classe ! Nous sommes en République. Et vous n’êtes pas seule !


                      • razorlinou 10 mai 2007 16:09

                        C’est parfaitement ridicule.

                        Ordre et discipline sont des valeurs absolument nécessaires aux petits.

                        Ils auront bien le temps d’apprendre des valeurs plus complexes en grandissant, en acquérant leurs propres points de vue et en faisant leurs propres choix.

                        La doctrine « ne pas stresser les petits » / « laisser décider les moyens » / « ne pas brusquer les grands » ça ne nous donne qu’une seule chose. Des bataillons à l’entrée des facs de psycho et d’histoire de l’art (ie des bataillons - quelques chanceux de chômeurs). Et des faibles cohortes à l’entrée des classes prépa et des facs plus porteuses, math, physique... (ie des jeunes gens à l’avenir assuré par la bêtise de la majorité de ceux de leur âge)

                        Formez donc nos enfants pour les doter d’un avenir radieux plutôt que pour en faire des hommes selon vous intelligents mais tristes, pauvres et sans avenir.

                        Enfin, votre avis n’a aucune importance, on ne vous paie pas pour donner votre avis mais pour exercer un métier selon des règles édictées par la collectivité (ie une majorité en démocratie même si ce n’est pas le majorité qui vous plait).

                        Pauvre pays qui laisse aux profs la liberté de détruire sa jeunesse.


                        • Fanfan Fanfan 10 mai 2007 21:49

                          « Pauvre pays qui laisse aux profs la liberté de détruire sa jeunesse. » alors là je suis sciée. Que nous proposez vous comme alternative à mon crime ? Cesser de vouloir des enfants intelligents et tristes ? Moins d’étudiants en psycho et en art, et plus en maths et physique ?

                          Définitivement nous ne pouvons nous comprendre. Jamais aucun expert comptable ne me fera plus rêver qu’un poête, qu’un musicien, qu’un peintre.

                          Je ne souhaite ni à mes enfants, ni à mes élèves une société comme vous nous la décrivez, une société où intelligence rime avec tristesse, et où l’avenir radieux devient dépendant de la richesse du porte-monnaie plutôt que de l’âme.

                          Et si mon avis n’a pas plus d’importance, je souhaite que vos enfants trouvent sur leur chemin scolaire des enseignants qui partagent vos convictions (cherchez bien, il doit bien y en avoir). Nous en reparlerons alors parce que je doute que vous n’ayez des enfants vous même pour parler de la sorte.


                        • Muadib 11 mai 2007 08:55

                          On peut très bien s’amuser en math-physique.

                          « Jamais aucun expert comptable ne me fera plus rêver qu’un poête, qu’un musicien, qu’un peintre. »

                          Evidemment, si vous prenez un expert-comptable... Mais je peux vous assurer que certains profs d’unifs sont tellement dans leur « univers » de nombres, de chiffres, que cela en devient fascinant. Et il n’y a qu’un pas jusqu’au rêve.

                          De plus, « on » agit pas sur le même plan. Chacun son rôle.

                          Il n’est pas nécessaire d’opposer les études littéraires et scientifiques pour justifier vos propos. J’ai, pour ma part, suivi des études secondaires certes mathématiques mais aussi avec le grec pendant 5 ans. Comme quoi, il ne faut pas schématiser et penser qu’un mémoire de matheux sera illisible à la lecture et qu’un mémoire de littéraire sera creux mais agréable à lire smiley

                          Il ne fait aucun doute qu’il y a un « besoin » actuel dans certaines branches universitaires. Et les enseignants doivent en être conscient. Car s’il faut encourager l’élève dans « ce qu’il aime », il faut aussi lui faire prendre conscience de l’avenir et du peu de possibilités qu’il aura s’il suit le « troupeau ».


                        • Kiri 11 mai 2007 11:47

                          Madame

                          Puis je vous signaler qu’en tant que fonctionnaire, vous n’etes pas payée pour « rêver », mais pour accomplir une tâche ?


                        • O.Z.Acosta 11 mai 2007 11:55

                          Les fonctionnaires n’ont pas de taches mais des missions.

                          Z


                        • l’effraie 10 mai 2007 17:07

                          Chapeau, Fanfan ! Vos élèves ne doivent pas être ceux qui me sont arrivés en Seconde cette année ! Certes, ils restent debout jusqu’à ce que je leur dise de s’asseoir. Mais ensuite... !!De la curiosité ? Que nenni ! Tout leur est indifférent ! Le partage ? Moi, je dirais plutôt : l’intimidation ! Gare à ceux qui envisageaient simplement de travailler, de progresser et d’avoir de bonnes notes ! On a dû leur faire comprendre dans les couloirs que la loi c’est celle de celui qui ricane le plus fort, qui ponctue l’heure de cours des remarques les plus désopilantes à l’intention des petits camarades complices de ce processus de refus méprisant de la matière enseignée par le professeur. Moi, je n’ai pas la chance d’avoir 22 élèves qui gravissent ensemble les marches du savoir, mais plutôt une bonne quinzaine de gugusses dont le jeu favori est le culte du néant intellectuel et le sabotage systématique des cours. Et je ne suis pas en ZEP, mais dans un lycée de banlieue parisienne dit « normal » !


                          • ZEN zen 10 mai 2007 18:55

                            Tiens, il me semble avoir déjà entendu ce refrain, peut-être pour la 53° fois...C’est un peu makorépétitif...


                          • l’effraie 10 mai 2007 19:09

                            Que les enseignants idéalistes méditent cette phrase traduite du dernier ouvrage de Wladimir Kaminer paru en Allemagne :-« Dans les pays démocratiques, la culture est un point faible, car on n’a pas le droit de torturer les enfants ! » Wladimir Kaminer constate sur le mode humoristique les insuffisances du système scolaire allemand qui ne sont pas sans évoquer les nôtres.


                            • Bulgroz 10 mai 2007 19:51

                              Je retiens les propos de Fanfan comme sidérants et hors du temps.

                              Vous ne m’en voudrez pas, je vous citerai comme exemple du mal Français.

                              Moi aussi, je ferme ma porte : à vous !!!


                            • Fanfan Fanfan 10 mai 2007 21:04

                              Très cher Bulgroz, claquez la porte et ne revenez pas si tel est votre souhait. Je me permettrai juste de vous citer comme le mâle français, c’est aussi ridicule.


                            • Bulgroz 10 mai 2007 22:12

                              Trés chère Fanfan,

                              Daignez accepter le fait que c’est vous qui parlez de fermer les portes. Tout cela suite au résultat de l’élection présidentielle et avant même que Sarkozy ait été un seul jour président, avant même qu’une quelconque décision ait été prise.

                              Faire des procès d’intention, quelle belle liberté d’esprit !!!

                              Merci, vous m’avez ouvert les yeux, il y a du boulot à faire pour réformer l’éducation nationale et rappeler ses fonctionnaires au devoir de réserve.


                            • Christophe Christophe 10 mai 2007 20:34

                              Beau démoignage Fanfan !

                              Faites en sorte, si possible, d’éviter que vos élèves puissent avoir les comportements d’autorité absurdes des donneurs de leçons. L’autorité brute est parfois nécessaire, mais l’autorité et le respect sont deux choses bien différentes. Si l’autorité s’impose, le respect ne le peut ; c’est un sentiment mutuel donc partagé, nous respectons ceux qui nous respectent et nous obtenons le respect des autres en les respectant. L’autorité n’a jamais imposée le respect ; ce n’est pas parce que certains spécialistes des raccourcis pensent et disent le contraire que cela se vérifie !


                              • Christophe Christophe 10 mai 2007 22:58

                                J’ai déjà eu l’occasion de me présenter devant des classes d’adolescents ; certes ce n’est pas mon métier, mais les technologies que j’ai pratiqué ont été jugée parfois nécessaire à l’enseignement.

                                Je ne vous dis pas que cela est simple, je ne fais qu’insister sur un point important ; l’autorité n’a jamais imposé le respect, quoique que votre expérience vous ait apportée. Ce qui ne signifie pas qu’il ne faut pas faire montre d’autorité dans des relations respectueuses. Ce qui reste certain est que si un enseignant ne respecte pas ses élèves, ils lui retourneront cette image tel un mirroir !


                              • Christophe Christophe 11 mai 2007 09:08

                                J’ai même connu pas mal de problème en maternelle, primaire, au secondaire, lycée.

                                Vous savez après une vingtaine d’année d’engagements associatifs qui m’ont permis d’être aux Conseils d’Ecole et d’Administration, dans des groupes de soutien scolaire, ainsi qu’entraineur de Basket avec des groupe de 20 à 30 enfants ou adolescents, j’ai souvent été au contact des problèmes mais aussi aux effets sociologiques de groupes.

                                Comme je vous l’ai dit, ce n’est pas mon métier, je le fais volontairement ; mais cela n’empêche pas d’être confronté aux problèmes réccurents des jeunes et de leurs comportements en groupe.

                                Par ailleurs, quand j’ai participé aux approches du Contrat Educatif Local, j’ai trouvé très particulier cette nécessité de toujours mettre les gosses devant l’obligation d’être soumis à une activité ; faut-il les encadrer, les surveiller continuellement ? N’ont-ils droit à aucune liberté individuelle, et particulièrement celle du choix ?


                              • Fanfan Fanfan 10 mai 2007 20:59

                                Quelle est donc cette manie d’opposer ma pratique pédagogique et l’autorité ? Je me demande ce que vous cachez tous derrière ce terme...

                                Pensez-vous que la « France va mal » parce que vous avez le droit de vote ? Pensez-vous que la « France va mal » parce que nous avons la liberté de la presse ? Pourquoi en serait-il autrement dans la micro-société que sont nos classes ?

                                Donner la parole aux enfants est-ce nier les règles, les lois, les droits et les devoirs de chacun ? Permettre aux enfants de participer à la vie de la classe comme on vous permet de participer à la vie de la société : c’est contre cela que vous vous insurgez ??

                                A-t-on perdu quelque chose mesdames quand on nous a enfin reconnu le droit de vote comme ces messieurs ?

                                De quoi avez vous peur ?

                                Comme on nous le dit de façon fort élégante, je suis enseignante du public, fonctionnaire de l’état, payée par vos impôts...payée pour quoi ? Pour transmettre des savoirs, des savoir-faires et des connaissances. Je n’ai pas signé pour être flic, garde chiourme, garantes des valeurs et de la morale.

                                Et ce sont les mêmes parents qui viennent me voir entre deux portes à la fin de l’année pour me demander de ne pas mettre leur cher petit chez Monsieur Machin parce qu’il parait qu’il traumatise les enfants en criant tout le temps et qu’il donne beaucoup de devoirs (incompatible avec les départs en week-end du vendredi soir). CQFD


                                • Fanfan Fanfan 10 mai 2007 21:55

                                  Cher Philippe, Voici le petit inscrit enfin en maternelle. Je lui souhaite ainsi qu’à vous un parcours scolaire semé de curiosité, de découvertes, d’échanges et de partage. Qu’il puisse s’épanouir en tant qu’être à part entière dans une harmonie propice (malgré les détracteurs) aux apprentissages. Notre école laïque n’est pas sans faille, et le dinosaure est parfois bien lourd à déplacer, mais les bonnes volontés ne manquent pas, et l’amour du métier persiste malgré les tempètes. Bien à vous.


                                • Citoyen ordinaire 10 mai 2007 22:12

                                  Comment a t on pu laisser les classes se transformer en laboratoires d’expérimentation soumis aux délires des enseignants et nos enfants devenir des cobayes !

                                  Qu’en sort il ? Des analphabètes, des révoltés, des frustrés de la vie qui se réfugient dans les paradis artificiels car ils n’ont pas été exposés à la vie sociale réelle.

                                  Toujours pareil ! Les enfants qui ont la chance d’être éduqués dans des écoles ou les enseignants assument leur mission civique et éducative ont des chances de s’en sortir.

                                  Les autres, les cobayes des instits dévoyés sont pour la plupart voués à finir sur le pavé.


                                  • O.Z.Acosta 11 mai 2007 11:09

                                    les problèmes de l’éducation nationale dont aussi les problèmes des parents comment expliquer à un enfant de 8 ans que son frère ne trouvera jamais de travail malgrès ses diplômes parfois très supérieur a cause d’un patronat archaique et pratiquant la discrimination à l’embauche ( couleur, sexe, handicap, santé, fumeur ).

                                    Comment expliquer à cet enfant que quoi qu’il fasse il sera mis au ban de la société. Alors cet enfant ne travail plus, ne réfléchit plus et devient associal, regarde cauet et dechavanne bref un français bien profond.

                                    Les enfants sont à l’image de notre société : brutales, immorale.

                                    Il est facile de laisser ses enfants devant la TV 8 heures par jour, de tout laisser reposer sur les épaules des enseignants et ensuite de dire que les enfants sont mal éduqué et qu’ils cassent tout.

                                    Seulement le rôle d’un enseignant est d’instruire, l’éducation c’est aux parents de la faire, c’est facile de trouver des boucs émisaires mais c’est beaucoup moins facile de pouvoir ensuite se regarder dans la glace.

                                    Z


                                  • armand armand 10 mai 2007 22:19

                                    Chère Collègue Fanfan,

                                    Je reste perplexe devant votre article. Vous semblez disposer d’une classe introuvable, qui ne ressemble absolument pas à celles qu’affrontent certaines jeunes collègues (je suis moi-même dans le supérieur), où la moitié de l’heure est passée à obtenir un semblant de silence, et où la consigne est de ne pas s’offusquer des insultes, menaces, voire bousculades qui peuvent survenir dans les couloirs.

                                    Devant un public semblable on ne peut pas s’attendre à ce que tout lauréat d’un concours déploie des trésors de psychologie. C’est pourquoi l’autorité doit (re)devenir la règle et non une négociation permanente tendant au moindre mal.

                                    C’est pourquoi un minimum de tenue doit être exigé - pas nécessairement la classe au garde-à-vous et répondant en choeur à la salutation de leur prof comme un régiment russe, mais des postures normales, le silence sauf pour répondre, sans quoi il n’y a pas de concentration, la politesse quand on s’adresse au prof ou à l’un de ses condisciples.

                                    Et j’irais jusqu’à souhaiter le retour de l’uniforme, non pas par goût d’uniformité, mais pour casser la tyrannie des marques et offrir à la classe une forme d’identité d’équipe.

                                    Vous fermez la porte de votre classe à des procédés qui, dans votre cas particulier, ne sont pas nécessaires. Souffrez que d’autres, qui n’ont reçu en partage ni votre sens de la psychologie, ni votre charisme, ni la chance d’enseigner à 22 petits anges, puissent accomplir leur mission, celle de transmettre un savoir, une culture, une identité, dans les meilleures conditions.


                                    • les collines L’accompte S 10 mai 2007 23:04

                                      Chère fanfan et vous autres enseignants , qu’il ne doit pas etre évident d’éssayer d’intéresser des enfants qui sont soumis au matraquage publicitaire,au monde des séries américaines(et alors là,c’est que le début !!),au monde du sport fric et toutes ces autres valeurs dans lesquelles baignent jusqu’à l’oreillette leurs propres parents.Je vous soutiens de tout coeur .


                                      • Alienor Alienor 11 mai 2007 00:22

                                        Chère Fanfan,

                                        Merci pour ce bel article prônant des valeurs civiques de tolérance, d’ouverture et de solidarité. Etrange... qu’un article prônant des valeurs aussi pacifiques se trouve attaqué avec tant de hargne.

                                        Il est vrai que par les temps qui courent, les haineux se sentent gonflés à bloc, prêts à « enfin » en découdre avec les assistés et les fonctionnaires qui vident leurs portefeuilles - croient-ils. La « Nouvelle France » c’est ça : si on n’est pas d’accord avec la majorité toute puissante, on ne l’ouvre pas, sous peine de se faire traiter de « Marxo-Trosko-Faschiste-Soixantehuitard ».

                                        Chère Fanfan, pour la « Nouvelle France », voici ce que l’on doit apprendre aux futurs citoyens « reformattés » :

                                        - loi N°1 : obéir au plus fort (comprendre : celui qui a le plus d’argent), savoir se soumettre à l’ordre établi afin de devenir de bons petits travailleurs malléables et corvéables à merci, heureux de travailler plus (« c’est ce qu’il font en Chine, alors pour pouvoir les concurrencer, on doit faire pareil »)

                                        - loi N°2 : Apprendre la détestation de l’autre (comprendre : celui qui me « prend » le peu d’argent que je vais gagner durement avec mes 60 heures de travaux forcés par semaine), les cibles sont déjà toutes désignées par le grand gourou de la « Nouvelle France » (faudrait pas non plus nous demander de réfléchir !) : chômeurs, RMIstes, fonctionnaires, immigrés, artistes. C’est bien, ça fait une soupape de sécurité pour nos dirigeants bien-aimés.

                                        - Loi N°3 : Eviter de penser par soi-même : répéter inlassablement, en boucle, les discours prédigérés de notre dirigeant (loué soit sont nom !), des phrases simples façon slogans publicitaires, afin de convaincre les derniers récalcitrants (maudits soient ces traîtres !) : « travailler plus pour gagner plus », En finir avec la société de l’assistanat« , »Liquider Mai 68« , »On va nettoyer au Karcher !« , »tout va va pour le mieux dans le meilleur des..." Oups, je m’égare. N’oubliez pas de dire tout ça avec les sourcils froncés, ça marche mieux.

                                        - Loi N°4 : Apprendre à trier dès la maternelle (voir même la crèche) le bon grain de l’ivraie : c’est simple, le mauvais grain est génétiquement programmé pour être du mauvais grain. Il faut le repérer dès son plus jeune âge et « se charger de lui » comme il convient, en attendant la mise en place de mesures de tri génétique, plus efficace. « tout va pour le mieux dans le meilleur... » Oups, pardon ça m’a encore échappé !

                                        - Loi N°5 : Enseigner aux enfants des voies professionnelles pleines de débouchés : agent de nettoyage de Yachts, dealer de coke pour gosses de riches, larbins multi-tâches pour VIP, pilote de Charter, milicien des forces spéciales charger de réprimer - sévèrement mais justement - les « crimes de pensée impertinente ».

                                        Chère Fanfan, voilà la lourde tâche qui t’attend... Si les profs ne sont même plus capable de « formatter » correctement leurs élèves, où va le monde ?

                                        Plus sérieusement, la discipline bête et méchante c’est complètement absurde. Il faut punir quand c’est nécessaire, certes, mais il faut surtout que les enfants comprennent la punition : quand j’étais en primaire les instituteurs battaient les élèves à tord et à travers, souvent injustement, « qui aime bien châtie bien » disaient-ils, « c’est bon pour vous ». Et les enfants étaient encore plus violents : d’ailleurs c’était devenu leur seul langage. Certains parents voudraient sûrement revenir à ce système... « Mais bon, c’est le gosse de l’autre qu’il faut tabasser hein ! Pas le mien ! Le mien il est parfait, comme ses parents... »

                                        On exige des élèves qu’il se lèvent par respect du prof ? Mais qu’en est-il de l’irrespect cent fois plus terrible de leurs parents à l’égard des enseignants (« ces féineasses qui bossent moins de 35h ») ? Si les enfants sont indisciplinés avec leur professeur, ne serait-ce pas parce que leurs parents leurs donnent l’exemple en les dénigrant systématiquement devant eux ? Il faudrait peut-être que les donneurs de le leçon, fièrement juchés sur leurs 53% se remettent un peu en question avant de rejeter leurs propres responsabilités sur les autres. Mais c’est tellement plus facile et confortable.


                                        • armand armand 11 mai 2007 19:29

                                          Dans une analyse un rien caricaturale, je relève un point intéressant : la référence aux parents. Les enseignants ont l’impression qu’ils doivent supléer à toutes ls carences parentales : autorité, morale, comportement, civisme. On se défausse complètement sur les profs (dans les petites classes, surtout).

                                          Confrontés à ce type de public je dis haut et fort oui, il faut de l’autorité et une autorité qui au départ ne se discute pas, ne se négocie pas, sauf cas très grave (il y a des profs qui s’en prennent systématiquement à tel ou tel élève, j’en sais quelque chose).

                                          Cette autorité ne dois pas étouffer la critique respectueuse et justifiée. Par exemple, lors d’une de mes premières affectations, dans le supérieur, certes, mais cela vaut pour le secondaire aussi, une étudiante danoise (donc habituée à une certaine indépendance) m’a dit qu’à force de pratiquer l’ironie, je ’coupais les effets’ aux étudiants qui souhaitaient participer. Je l’ai remerciée de sa franchise.

                                          Mais nous sommes loin des classes quasi-incontrôlables de certains établissements. Et là, au risque de froisser certains, je dirais qu’il ne s’agit plus d’éducation, mais de dressage. Et que les concours de l’éducation nationale ne préparent pas à cela.

                                          Quant à la caricature de la nouvelle idéologie sarkozienne dépente par Aliénor, je me permets de rappeler qu’il y a une vingtaine d’années et plus, Marx et Mao occupaient le haut de pavé dans les lycées et les facs, assénés par des profs militants qui avaient jeté aux orties tout devoir de réserve. Qu’en Terminale on nous a fait étudier le ’Notre Père’ obscène de je ne me souviens quel surréaliste (je me suis levé et suis sorti, félicité d’ailleurs par un condisciple algérien). Qu’en fac j’ai dû faire le coup de poing, le jour où j’ai rendu ma thèse, car on était harcelé par des hurluberlus qui exigeaient notre signature en bas d’une pétition contre le gouvernement du Salvador. Que déchirer un tract maoïste dans le grand hall de Tolbiac relevait de la prouesse suicidaire (je l’ai fait, et m’en suis sorti la tête haute, devant les foules abasoudies d’un tel geste). Que la moindre réflexion à la sortie du lycée adressée à un distributeur de tract trostsko-anarchisto-mao déclenchait illico presto une bagarre (dans l’une de ces bagarres qui tournait à mon désavantage j’ai secouru par le fils du colonel de Blignières). Ceux qui n’ont pas connu la véritable chape de plomb totalitaire qui pesait sur l’université et même le lycée dans ces années là n’ont aucune idée de ce que c’était.


                                        • Alienor Alienor 12 mai 2007 01:26

                                          @Armand

                                          Comme vous l’avez compris, une partie de mon commentaire était une caricature. Cependant, je crois hélas être assez proche de la vérité sur certains points, l’avenir nous le dira et je prie de m’être trompé sur les intentions de notre nouveau président. Je suis d’accord sur le fait que la discipline, les règles à destination des enfants sont indispensables à leur développement. Néanmoins - et je parle en connaissance car j’ai moi même vécu cela - Les règles de disciplines ne doivent pas être absconses, pour être efficaces, elles doivent être comprises et assimilées par les enfants. Je me rappelle encore d’un camarade qui avait tendance à s’assoupir en classes : l’instituteur l’a fait se mettre à genoux devant ses camarades, avec la grande règle jaune sur ses épaules et deux dictionnaires de chaque coté. Si le dictionnaire tombait, le malheureux recevaient plusieurs coups de bâton. J’avais huit ans mais je me rappelle encore de mon malaise face à cette terrible scène d’humilitation. C’était aussi ça l’école au temps de Jules Ferry, idéalisée par Sarkosy. Alors, permettez moi de vous dire que je préfère encore des élève un peu trop indisciplinés que des enfants, dont j’étais, morts de trouille à l’idée de se prendre une raclée à l’ecole. L’école de Jules Ferry c’était aussi favoriser l’apprentissage par coeur façon perroquet plutôt que la vrai mémorisation passant par l’analyse, la réflexion et la véritable compréhension des textes. Je ne suis pas bien vielle, mais je pense pourtant l’avoir connu cette école façon 19e. Tout n’était pas à jeter, certes, mais je préfère nettement la façon d’enseigner moderne, même si elle est encore perfectible.

                                          Concernant vos propos sur l’absence de reserve dans les Facs il y a plusieurs dizaines d’années : même si j’ai subi l’école façon 19e, je suis trop jeune pour avoir connu ça. Mais si c’est le cas ce n’est pas très glorieux non plus, l’école doit rester un lieu préservé et protégé (n’est-ce pas d’ailleurs ce qu’essayait de dire Fanfan ?). Je n’éprouve pas un amour immodéré pour les Marxistes qui ne connaissent de lui que le nom, et je ne suis pas sûre que Mao soit un modèle à suivre sur le sujet de la liberté. Mais je ne suis pas certaine que ces jeunes là aient réellement su de quoi et de qui ils parlaient. A mon avis ils on pris les figures qui représentaient, à leurs yeux, la rebellion contre une autorité trop forte. A d’autres époques ça aurait tout aussi bien pu être le Che, Marilyn Manson, ou Pikatchu (cherchez l’intru :)). Malheureusement, le fait est que souvent pour entrainer un changement, il faut effectuer un mouvement de contraire de balancier, ce qui entraine des comportements exessifs. Ce n’est qu’après quelques années, après avoir un peu réfléchi et laissé retombé le soufflet que l’on peut apprécier les evolutions que ces bouleversements ont, en fin de compte, apporté à la société.


                                        • Foudebassan Foudebassan 11 mai 2007 07:38

                                          @ l’auteur,

                                          Pour enseigner les valeurs de dialogue et l’ouverture, rien de tel effectivement que de fermer sa porte.

                                          Rassurez-nous, il existe des enseignants non formatés ?


                                          • armand armand 13 mai 2007 11:05

                                            @Alienor, ’L’absence de réserve dans les Facs il y a plusieurs dizaines d’années’ Waouh ! Je vais passer pour Highlander ! La sitation que je décris remonte à il y a une vingtaine d’années environ.

                                            Quant aux jeunes de l’époque qui se réclamaient de Marx, Mao, le Che, etc., j’ai bien peur qu’ils aient parfaitement lu les ouvrages en question. Et qu’ils aient adhéré à des systèmes de pensée d’essence totalitaire. Sans pour autant pratiquer ce sectarisme dans leur vie quotidienne. On n’en était pas encore à l’« attitude » sans consistence qui a les faveurs des annonceurs de nos jours. A l’époque (comme je me sens vieux en écrivant ça !) la tolérance était mépisée dans les facs (« la tolérance, il y a des maisons pour ça ») et on appliquait souvent la fameuse phrase de Maurras : « je réclame ma liberté au nom de vos principes, je vous refuse la votre au nom des miens ». Cela m’amuse toujours de voir mes aînés style Gérard Miller verser une larme de nostalgie sur leurs années maoïstes. Certes, ils n’ont jamais pu, à l’époque, appliquer leurs projets en France, mais quand on songe aux dégâts causés au Cambodge notamment par les purs produits de la Sorbonne des années militantes. Quand on songe qu’en 68 tout a commencé avec un meeting de soutien aux totalitaires viet-cong, alors il ya des ’repentances’ qui se perdent. Et il faut attendre la fin des années quatre-vingt pour que l’Université se libère de cette chape de plomb marxiste.

                                            Je vous suis sur les méthodes humiliantes de certains enseignants. Je n’ai jamais compris que l’autorité ait besoin de tels procédés, qui ne font que créer de la rancoeur et démolir l’estime-de-soi si nécessaire à la réussite. Mais je pense qu’il ne viendrait pas à l’esprit des jeunes enseignants qui affrontent de nos jours les classes incontrôlables d’agir ainsi, même s’ils étaient soutenus par leur hiérarchie. Et les incontrôlables ne sont pas devenus ainsi parce qu’ils ont eu à pâtir de pareils procédés.

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