Qui préside les Etats-Unis d’Amérique ?
Après deux mois sans conférence de presse depuis son investiture, un record absolu, dans une interview, soigneusement mise en scène par la chaîne de télévision ABC et le journaliste et ancien Directeur de la communication de la Maison Blanche sous l’ex-président Clinton (1993 -1996), George Stephanopoulos, l’actuel Président Joseph Biden répondit par « oui » à une question, faisant très probablement partie du script : « Est-ce que le Président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine est-il un tueur ? »
Après avoir confondu, devant un parterre de journalistes, la Vice-Présidente, Kamala Harris, avec le Président, donc lui-même (1), (un lapsus révélateur ?) on le vit trébucher malencontreusement à trois reprises sur l’escalier menant à l’avion présidentiel « Air Force One », l’attendant sur le tarmac, prêt à décoller vers des cieux providentiels, on se demande si c’est vraiment lui, l’homme le plus puissant de la planète, une question qu’a dû se poser maintes fois le journaliste américain, David Talbot, en écrivant son livre « The Devil’s Chess Board », publié en 2016, pas seulement au sujet du Président actuel.
Des mauvaises langues prétendent que le centre du pouvoir se trouve à « Wall Street ».
Dans son livre, David Talbot s’intéresse particulièrement à deux figures historiques des Etats-Unis, les frères Allen et John Foster Dulles, dont le deuxième fut Secrétaire d’Etat entre 1953 et 1959, et dont le premier, nous, les suisses, gardons un précieux souvenir, puisqu’il fut, officiellement, ambassadeur à Berne pendant la Deuxième guerre mondiale, et, officieusement, comme le révèle Talbot dans son livre, en tant qu’homme d’affaires, représentant le cabinet d’avocats new yorkais de son frère, « Sullivan & Cromwell », négociant, au nom du dernier, en collaboration avec « Obergruppenführer » Karl Wolf, chef de la SS en Italie, vers la fin de la guerre, des « sorties honorables » pour des dignitaires nazi vers des cieux plus cléments en Amérique du Sud, à l’insu et en flagrante contradiction avec la politique de son Président, Franklin Delano Roosevelt, la capitulation inconditionnelle de l’Allemagne.
Instiguant la réhabilitation du directeur des services de renseignement à l’Est du Troisième Reich, Reinhard Gehlen (1902-1979), ce fut grâce à Allen Dulles que le dernier occupa à nouveau le poste de chef des services de renseignement allemands après la guerre en fondant ce qu’on appelle aujourd’hui le « Bundesnachrichtendienst » BND.
Premier directeur de la nouvelle agence de renseignement CIA, successeur de l’ancien « Office of Stratetic Services » OSS, la Suisse lui est resté fidèle en quelque sorte, puisqu’elle avait « omis de remarquer », qu’à partir de 1970, l’agence américaine, conjointement avec les services secrets allemands BND, fournissait, pendant des décennies, via leur entreprise suisse « Crypto AG », à l’insu des employés, aux gouvernements de la terre entière, des systèmes de chiffrement truquées, contenant, ce qu’on appelle dans le domaine informatique, des « portes dérobées », permettant à la CIA et au BND d’avoir accès, en temps réel, à toutes les informations transitant par ces systèmes.
Révélée en 2020 par des journalistes de la télévision suisse TSR, le parlement suisse, rarement trop curieux quand il s’agit de laver du linge sale en public, a finalement préféré enterrer l’affaire, puisqu’il vient de refuser définitivement l’ouverture d’une enquête parlementaire à ce sujet.
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/un-pays-neutre-225167
De puissants cabinets privés, en dehors de ceux qu’on occupe tout seul, et autres « think tanks », dont les membres font « porte tambour » avec le monde politique, les Etats-Unis, et sans doute de nombreux pays en Europe, en comptent à suffisance.
On se souvient notamment, pour faire une parenthèse, de la puissante agence de marketing « Hill & Knowlton », à l’origine, suite à l’invasion iraquienne du Koweït le 2 août 1990, d’un faux témoignage devant le Congrès américain, le témoignage de Nayirah, une fausse infirmière, Nayirah al Sabah, en réalité la fille de l’ambassadeur koweïtien aux Etats-Unis, histoire par ailleurs corroborée par « Amnesty International », faisant finalement balancer l’opinion publique américaine en faveur d’une intervention militaire américaine dans la région du Golf.
Evoquer l’existence de l’état profond, notamment en période de désamour entre les peuples et leurs institutions, peut s’avérer périlleux, pourtant certains faits historiques sont têtus.
Ainsi, selon le journaliste David Talbot, ce fut sous l’administration Eisenhower, que les services secrets, sous les auspices des frères Dulles, l’un à la tête du Département d’Etat et l’autre en tant que chef de la CIA, nouvelle agence issue de l’ancien « Office of Strategic Services » OSS, dotée de nouvelles compétences, reçurent carte blanche pour renverser les gouvernements dont la politique fut incompatible avec les intérêts américains, notamment ceux des clients du cabinet « Sullivan & Cromwell ».
Suite à la décision du premier ministre iranien Mohammad Mossadegh de nationaliser les réserves de pétrole, les frères Dulles décidèrent en 1953, par l’intermédiaire de la CIA, de le remplacer par le roi Mohammad Reza Pahlavi en tant que souverain absolu. Dans le cas du renversement du gouvernement guatémaltèque du président Jacobo Arbenz Guzman, les frères Dulles agirent en leur propre nom d’une certaine façon, en tant qu’actionnaires de la « United Fruit Company ».
Juste avant que le jeune sénateur John Fitzgerald Kennedy ait pris ses fonctions en tant que président, les frères Dulles et la CIA se dépêchèrent, au nom des clients du cabinet « Sullivan & Cromwell » de se débarrasser du Premier ministre congolais Patrice Lumumba, figure emblématique de l’indépendance, sachant que Kennedy endossait les efforts de démocratisation du leader africain.
L’émancipation des services de renseignement américains, notamment de la CIA, en tant qu’état dans l’état, ne date pas d’aujourd’hui et, contrairement aux idées reçues, ses activités ne s’arrêtent pas non plus aux frontières du tiers monde. La tentative de renversement, au mois d’avril 1961, du gouvernement du défunt président français Charles de Gaulle par la CIA et son directeur Allen Dulles, impliquant des officiers de l’armée française, à l’insu du président Kennedy, en témoigne. En jeu fut l’attitude favorable du président de Gaulle envers l’indépendance de l’Algérie, colonie, riche en gisements d’hydrocarbure et gaz naturel.
Le débarquement d’une poignée d’exilés cubains dans la baie de cochon, orchestrée par la CIA et son sémillant directeur, échoua faute d’intervention de la part du président Kennedy, menant néanmoins le monde au précipice d’une guerre nucléaire, ce qui enragea Dulles, et ce qui mena finalement à son assassinat, selon David Talbot, faisant remarquer qu’Allen Dulles réussit à se faire élire en tant que commissaire de la « Commission Warren », chargée d’enquêter sur les circonstances de l’assassinat du président Kennedy.
Il fut de notoriété publique à l’époque qu’Allen Dulles entretenait d’excellentes relations avec les médias. Toute ressemblance avec des faits actuels est fortuite.
A moins que. Après quatre ans de battage médiatique autour d’une supposée interférence russe dans le processus électoral des Etats-Unis appelée « Russiagate », une théorie complotiste désavouée par le procureur spécial Robert Muller et sa commission, la campagne d’intoxication continue sous la nouvelle administration comme si de rien n’était, incitant le nouveau président à aller jusqu’à taxer le président d’une autre nation d’assassin, une accusation dont on se demande si elle vient de lui.
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