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Accueil du site > Tribune Libre > Rap raciste, protectionnisme culturel : la tentation d’interdire

Rap raciste, protectionnisme culturel : la tentation d’interdire

La tentation est grande surtout dans la culture française. C’est si ancré que cela paraît presque normal. Il y a comme un réflexe pavlovien typiquement hexagonal. Le salut de la démocratie passerait par la limitation de la liberté d’expression.

Guerres culturelles

Faut-il par exemple laisser Nick Conrad diffuser son rap raciste ou le faire interdire et condamner par un tribunal ? Je pense que la loi ne change pas fondamentalement les mentalités. Elle pose une limite formelle mais pas forcément en conscience. La peur de la loi refoule, elle ne transforme pas. Alors oui, laissons-le diffuser mais déconstruisons son discours.

Ne laissons pas les personnes ou les camps faire main basse sur le terme progressiste, qui serait l’étendard des minorités militantes. Le néo-racisme est une régression menée par l’armée des 1000 singes, dont ceux qui se proclamaient opportunément anti-racistes et qui ont dénaturé ce combat.

Aussi agressif que soit le texte de Conrad (je suis très tenté depuis hier d’inverser le R et le A, mais ce serait céder à la facilité…), aussi pauvre et insignifiante que soit sa musique, laissons-leur une place et répondons, à notre manière, un peu partout.

Pour toucher le coeur de la pieuvre moraliste (dont les messagers médiatiques sont les coteries parisienne ou hollywoodienne) il faut allumer le feu partout où il y a une bonne raison de le faire. Ne pas, jamais, leur laisser un monopole sur la parole, ni même une simple prévalence. Le monde est loin d’être apaisé, même dans nos sociétés. Les guerres culturelles sont d’une virulence grandissante et le camp de la liberté n’est plus clairement identifiable.

 

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Z comme Zemmour

Il faut laisser parler Éric Zemmour. Je suis en complet désaccord avec sa polémique sur les prénoms français. Mon prénom d’origine anglophone ferait tache dans le paysage. Mais je peux comprendre qu’il en fasse une affaire. C’est possiblement important à ses yeux, de la même manière qu’il a été important pour les parents de madame Sy de la prénommer Hapsatou, soit un prénom de sa culture et de son origine.

La famille d’Hapsatou Sy a fait dans le protectionnisme culturel, comme Éric Zemmour. Les indignations sont cependant à sens unique. Madame Sy (image 1) réfléchit même à porter plainte contre le polémiste et fait circuler une pétition pour l’interdire sur les plateaux de télé.

Mais de quelle autorité un chroniqueur se permet-il de demander une éviction des plateaux ?

On pense ce que l’on veut de Zemmour (qui n’a rien d’un fasciste, et dont je n’exclus pas qu’il ait voulu faire du buzz pour vendre davantage de son nouveau livre) et de Sy, ce n’est plus l’objet : la tentation d’interdire a déjà remplacé la discussion. Il est amusant de penser que parmi les bonnes âmes prompte à demander des interdictions, nombre d’entre elles sont issues de la génération « Interdit d’interdire ». Mais bon, tout le monde peut changer.

 

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Discréditer l’adversaire

Il faut laisser parler Jean-Luc Mélenchon. L’homme est pourtant clivant, jamais loin d’une forme de haine sociale, et plutôt peu tolérant face à la contradiction.

Il faut laisser parler Yann Moix même s’il insulte la Suisse ou s’il provoque les policiers. Pas plus qu’à Christine Angot on ne lui demande d’être honnête, objectif ou rigoureux. Il sert le spectacle, rien de plus, et celui-ci est bien assuré par des gens à l’esprit troublé.

Il faut laisser parler Eugénie Bastié, qui a récemment récemment été attaquée pour avoir écrit : « Une main aux fesses n’a jamais tué personne, contrairement aux bonnes intentions qui pavent l’enfer des utopies ». C’est dans son nouveau livre : Le porc émissaire, terreur ou contre-révolution (Editions du Cerf).

Cette jeune et brillante journaliste à l’esprit pointu est classée sous le néologisme d’ultra-conservatrice par certains. Ultra ? Pourquoi ? Elle se revendique conservatrice, pourquoi en rajouter ? Ah oui, la guerre du langage… Discréditer l’adversaire sur sa personne et ses appartenances plutôt que de discuter du fond et de l’intention.

Car voici ce qu’elle écrivait à propos du conservatisme en 2017, dans la revue Limites, sous le titre « Osez le conservatisme » :

« Le conservatisme est la philosophie de l’attache­ment », explique le penseur britannique Roger Scruton, interviewé dans nos pages ».

 

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Pas dans le même sac

« Pour lui, le conservatisme n’est rien d’autre que la défense des « trésors du passé », des sanctuaires de beauté et des refuges d’intelligence, menacés par la double emprise de l’État et du consumé­risme, de la poigne de fer bureaucratique et de la main invisible qui ignorent la valeur des ruines. Il ne s’agit pas d’un conservatisme purement patrimonial, qui veille­rait au maintien de l’ordre social pour protéger les inté­rêts des privilégiés, mais du « sentiment que les choses bonnes peuvent être aisément détruites, mais non aisé­ment crées ».

Eugénie Bastié a été désavouée par une rédactrice de la revue : « … je te le dis clairement, tes propos d’aujourd’hui me choquent. »

En interview la journaliste a précisé à Léa Salamé :

« Non je ne revendique pas la main aux fesses. Je m’érige contre la victimisation excessive, qui à mon avis est une régression puisqu’on considère dans une certaine frange du mouvement MeToo que la femme finalement doit être traitée comme un enfant, c’est-à-dire qu’elle est innocente a priori et finalement on veut appliquer les mêmes critères aux femmes qu’on applique aux enfants, et pour moi c’est une régression quasiment victorienne. Et je crois qu’il faut hiérarchiser les violences, hiérarchiser les souffrances. »

Par exemple, ne plus mettre dans le même sac l’allusion sexuelle, la remarque sexiste, la main sur les fesses et l’agression ou le viol.

 

Parler-02.jpg

Palabrer pour digérer

Il faut laisser parler Houria Bouteldja, la sinistre présidente du PIR (Parti des Indigènes de la République). Ses propos sont souvent qualifiés de racistes (anti-blancs) ou racialiste, et parfois homophobes. Laissons-la parler et déconstruisons son discours. Il n’est pas déplacé de porter ses propos devant un tribunal, mais la loi ne changera pas les consciences. Il faut porter des jugements et choisir son camp.

Il faut laisser parler Élisabeth Lévy, épouvantail des féministes françaises et rédactrice en chef de Causeur. Récemment la ministre des Droits des femmes (en fait les Droits de l’Homme) a organisé l’université d’été du féminisme. La directrice de Causeur était invitée. Elle s’est faite huer pour non conformité au féminisme officiel, victimaire et misandre.

Huer, c’est vouloir faire taire (l’inclusivité, hochet à la mode, c’est pour les cons). Comme le dit madame Lévy elle-même : « Les huées, c’est le signal faible de la barbarie. »

Au passage on se demande de quelle légitimité la ministre s’est parée, pour organiser aux frais de l’État et avec son soutien actif, donc aussi des contribuables hommes, une assise pour le développement d’une idéologie particulière, misandre et séparatrice. Un peu comme si le ministre du travail organisait les assises du communisme !

Tant de choses ont évolué depuis un siècle, je pense que tout n’est pas digéré, loin s’en faut. Il est souhaitable de palabrer longtemps dans une nation avant de parvenir à un discours moins partisan et plus objectif.

La tentation d'interdire est grande. Pour ma part je pense qu’il faut laisser parler, puis répondre point par point. C’est une manière plus sûre que la condamnation pénale pour désamorcer les bombes émotionnelles jetées dans la vie publique et cultivées comme un fonds de commerce par l’armée des 1000 singes, ces auxiliaires obscurs de la nouvelle oppression.

 


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15 réactions à cet article    


  • V_Parlier V_Parlier 1er octobre 2018 15:49
    Même si je suis sans cesse sidéré par le « deux poids deux mesures » de la bienpensance en vigueur depuis une trentaine d’années en France (*), je ne crois pas en la liberté d’expression absolue. D’ailleurs, ça n’existe dans aucun pays, ce n’est pas sans raison. Il y a toujours une limite en tout et on finit par s’en rendre compte à un moment donné, devant le fait accompli, sur le chemin de la liberté absolue...

    (*) Même Zemmour, des proches de JMLP ou même des personnages sulfureux comme Soral ne pourraient se permettre le dixième de ce qui est proféré dans le clip du moment (similaire à tant d’autres que la bobosphère prétendait ignorer). Donc la comparaison reste asymétrique.

    • Coriosolite 1er octobre 2018 16:55
      Bonjour,

      La liberté d’expression a ses limites évidentes. Un appel au meurtre -pendre les blancs ça y ressemble quand même- tombe sous le coup de la loi et ne peut être toléré.
      Et cela quelles que soient les tardives justifications tordues et hypocrites de « l’artiste ».

      Sans doute qu’une condamnation ne changera ni la mentalité ni les convictions de ce type, mais ça lui montrera qu’on ne peut pas appeler au meurtre impunément et que la société a les moyens de se défendre.

      • V_Parlier V_Parlier 1er octobre 2018 17:00

        @Coriosolite
        Cet appel à « volontaires » est d’ailleurs comparable à ceux des sympathisants de Daech proposant des modes « d’exécution » des « infidèles ». Je ne vois pas en quoi il pourrait être considéré différemment, puisque eux aussi sont spécialistes de la mise en scène dans leur « art »...


      • aimable 1er octobre 2018 17:41

        @V_Parlier
        vu leur religion on peut appeler cela une fatwa et nous savons comment elle fini avec les fanatiques .


      • Renaud Bouchard Renaud Bouchard 1er octobre 2018 19:42

        @Coriosolite
        Bonjour,

        Vous écrivez très justement, je vous cite, que :

        "La liberté d’expression a ses limites évidentes.
        Un appel au meurtre -pendre les blancs ça y ressemble quand même- tombe sous le coup de la loi et ne peut être toléré.Et cela quelles que soient les tardives justifications tordues et hypocrites de « l’artiste ».Sans doute, ajoutez(vous, qu’une condamnation ne changera ni la mentalité ni les convictions de ce type, mais ça lui montrera qu’on ne peut pas appeler au meurtre impunément et que la société a les moyens de se défendre.« 

        Ce type ne sera pas condamné, sinon discrètement et de manière symbolique, avec du sursis et une amende infime.

        Impossible de publier ce qui suit sur Agoravox, un »modérateur" n’ayant pas été franchement convaincu du fait que Malcolm X, cité par le rappeur Nick Conrad, avait répandu ses métastases de racisme anti-blanc un peu partout, y compris dans des banlieues fréquentées par des types dont la place est en prison pour appel au meurtre et au génocide.Lisez ici ce qu’il en est :

        Appel au génocide anti-blanc : le clip raciste du rappeur Nick Conrad

         

        Fleurs vénéneuses qui éclosent tranquillement et qui permettent à un criminel de prospérer en répandant impunément dans la société toute entière le poison lent, les métastases d’un racisme anti-blanc tout aussi odieux et toxique que n’importe quel autre type de racisme.

        Avec toutefois cet étrange bémol d’une société qui a la trouille de voir ce qu’elle a bien vu et bien compris mais qui ne peut plus sérieusement l’ignorer et le cacher, sinon en continuant dans le déni et en tentant vainement de parer le coup avec les déclarations d’associations obligées de réaliser que l’un des leurs a irrémédiablement franchi la ligne rouge avec l’anti-racisme à la sauce racaille.

         

        Initialement proposé à la modération sur le site Agoravox, cet article - solidement charpenté et rigoureusement référencé comme à mon habitude -, a fait l’objet d’un commentaire anonyme effectué par un modérateur qui porte un jugement sur le fond sur la base d’une mention faite par mes soins à Malcolm X qui ne lui plaisait pas. Voici donc, in extenso, pour que chacun en prenne connaissance, le texte de ce commentaire ainsi que la réponse qu’il appelle. La moindre des choses eût été d’en débattre à visage découvert plutôt que de servir une soupe insipide simplement parce que l’on toucherait à une icône qui a très mal terminé et dont l’image et l’engagement ont été largement pervertis (démonstration effectuée par les agissements de M. Nick Conrad lui-même) aussi bien aux Etats-Unis qu’ailleurs, précisément au nom d’une "lutte raciale« à sens unique, traduisez : l’oppression »blanche" univoque.

        C’est la signification des « métastases » dont je m’autorise d’autant plus à parler que je connais bien la question. On observera que la mention de Malcolm X - faite par M. Nick Conrad lui-même qui s’y réfère donc comme icône - repose sur deux citations plus qu’explicites - des appels au crime - insérées dans son clip à un endroit de montage (effectué par un professionnel) judicieusement choisi .

        L’argument opposé qui mêle un discours internationaliste tiers-mondiste et anti-impérialiste usé jusqu’à la corde est donc irrecevable dans la mesure où je n’occulte rien et où, précisément, les lecteurs dont je connais l’intelligence, la culture et la sagacité (vérifiées depuis plus de dix ans sur Agoravox comme sur ce site Allo-DME) ont toute possibilité de lire, réfléchir, commenter, vérifier et manifester chacun et librement toutes leurs opinions.

        Que le sujet ici abordé déplaise fortement n’enlève rien à sa réalité et la publication de l’article qui suit et qui concerne un appel au génocide (car c’est bien de cela qu’il s’agit) lancé par un psychopathe malade de sa négritude au point d’exsuder une haine inacceptable ( voyez la vidéo et lisez les propos criminels ici rapportés) a précisément pour objet d’ouvrir le débat sans censure préalable.


      • Alren Alren 2 octobre 2018 13:41

        @Coriosolite

         
        Les individus qui haïssent le France (mais y vivent, pas fous !) considèrent comme des faiblesses, voire des lâchetés de tolérer ce qui est intolérable au nom de la « liberté d’expression », un concept qu’ils récuseraient totalement pour leurs adversaires s’ils en avaient le pouvoir.

        Ici l’appel au meurtre tombe sous les coup du code pénal ... Alors appliquons la loi !

      • DACH 2 octobre 2018 15:46

        @Renaud Bouchard= Encouragements pour votre texte qui mérite d’être connu. Ce modérateur anonyme est donc victime et de son ignorance alourdie par ce qu’il a envie de faire croire, comme C Néant sur le Dombass et l’ukraine.


      • Ruut Ruut 3 octobre 2018 08:03

        @Coriosolite

        Pas sur qu’il soit inquiété par notre parodie de justice moderne.
        Nous verrons bien...

        Il aurait été blanc et catholique, oui, il serait déjà en prison ou bannis comme certains humoristes.
        Mais pour le moment il fait parti des intouchables...


      • troletbuse troletbuse 1er octobre 2018 18:34

        Pas besoin de censure. Nos merdias sont responsables car elles ne passent que de la daube. Et celà afin qu’on en parle. Ca évite de parler de la politique pourrie de Macronimbus.


        • Jonas Jonas 1er octobre 2018 22:08
          « Le salut de la démocratie passerait par la limitation de la liberté d’expression. »

          C’est complètement stupide.
          Essayez de donner la liberté d’expression à n’importe quel pays dans le monde, et ça serait la guerre civile en moins de 2h.

          --------------------------------------
          "Aussi agressif que soit le texte de Conrad (je suis très tenté depuis hier d’inverser le R et le A, mais ce serait céder à la facilité…), aussi pauvre et insignifiante que soit sa musique, laissons-leur une place et répondons, à notre manière, un peu partout."

          Nick Conrad propage la doctrine idéologique raciste anti-Blanc et victimaire de banlieue, appelant les Noirs à la vengeance, en tuant les bébés Blancs dans les crèche afin de faire disparaître la race blanche.
          Ce type n’a rien à faire en France, il aurait dû être expulsé du territoire en urgence absolue.



          • Cateaufoncel3 Cateaufoncel3 1er octobre 2018 23:03
            La tentation d’interdire va beaucoup plus loin que ce que vous croyez :


            « En France, au Royaume-Uni et en Allemagne. La haine en ligne est à la hausse. »Et ces tendances dangereuses ne sont pas seulement visibles dans la popularité croissante des partis extrêmes. Malheureusement, les partis traditionnels acceptent une partie de cette rhétorique exclusive.« Cela signifie que l’exclusion, la discrimination et le manque de respect pour les minorités se sont étendus des marges au centre et ne rencontrent pas assez de résistance de la part des médias, des politiciens ou des leaders d’opinion. »Les nationalistes qui défilent à Chemnitz, la campagne anti-Soros en Hongrie ou la rhétorique anti-musulmane ou anti-rom croissante ne sont que quelques exemples qui montrent que malgré la Charte, malgré un cadre juridique solide et des personnes dévouées, comme vous-mêmes, nous avons un problème."

            C’est Věra Jourová, qui s’exprime, une Tchèque de.. centre-droit, Commissaire européen à la Justice, aux Consommateurs et à l’Égalité des genres (Vienne, 25 septembre 2018)


            • zygzornifle zygzornifle 2 octobre 2018 09:52

              Vive la liberté d’expression mais dans tous les sens autrement ça n’a pas de sens .... 


              • Nobody knows me Nobody knows me 2 octobre 2018 14:02
                Au sujet du fameux clip, personne n’a entendu les explications de Nick Conrad ?
                Il affirme avoir inversé une situation qui a bel et bien existé (cf Blackkklansman et le récit de Harry Belafonte), et ne pas avoir fait un clip au premier degré mais une fiction.
                Après, les gens en prendront ce qu’ils voudront : double discours, rattrapage aux branches ou sincérité.

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