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Accueil du site > Tribune Libre > Référendum pour aéroports de Paris : Un outil pour chaque citoyen

Référendum pour aéroports de Paris : Un outil pour chaque citoyen

Quelques jours après le lancement des signatures, que dire du référendum sur la privatisation d’Aéroports de Paris ? Quoi qu’on pense du gouvernement, quoi qu’on pense du RIC, plusieurs questions se posent : à qui appartiennent les aéroports ? La concurrence doit-elle être une religion ou une méthode ? Pourquoi privatiser un monopole public ? Qui doit décider ?

De quoi s’agit-il ?

Depuis des années, on assiste à une vaste offensive contre les services publics, contre les biens qui appartiennent aux citoyens français.

Contrairement à une idée reçue, la question n’oppose pas simplement les partis de gauche et de droite, elle traverse ces partis. Le gouvernement Jospin a très largement privatisé et des députés de droite se sont vigoureusement opposés à des privatisations (Hervé Mariton concernant les autoroutes, Gilles Carrez concernant ADP, …). Certes, la privatisation est légitimée par l’obsession concurrentielle marquée par les traités européens et, pour beaucoup, elle est une obligation face à la mondialisation. Est-ce une raison suffisante pour oublier l’intérêt public et la volonté des citoyens ?

Qu’un bien public puisse être rendu au privé peut se discuter. Encore faut-il savoir quels sont les critères de décision et qui décide au bout du compte. L’exemple du Royaume-Uni qui, après avoir privatisé à tout va, amorce des renationalisations, doit inciter à la réflexion.

La question des aéroports de Paris n’est pas seulement celle d’un cadeau fait au privé ou celle d’un Etat à bout de souffle cherchant des ressources en vendant le patrimoine à des tiers. Elle est aussi celle d’une politique des transports qui délaisse, de plus en plus, une très large part du territoire. Elle est donc symbolique de la manière dont le pays est gouverné.

Quand la méthode rejoint le fond

La loi de 2008 permettant l’organisation d’un RIP (référendum d’initiative partagée) était supposée contribuer à combler le fossé abyssal qui s’est creusé entre les citoyens et leurs élus. En fait, cette loi est une synthèse baroque entre le besoin de donner un espoir d’action aux citoyens et la volonté qu’ils ne puissent pas l’utiliser. Conçue comme un évènement exceptionnel, le RIP ressemble à un parcours d’obstacles.

Les conditions de son utilisation sont elles-mêmes la preuve de cette quadrature du cercle. En théorie, en effet, on ne peut appeler à un RIP contre une loi qu’un an après le vote de celle-ci. Il n’est pas besoin d’être génial pour constater l’absurdité de cette condition dans le cas d’ADP : un an après le vote de la privatisation, les aéroports ayant été vendus, on pourrait difficilement annuler le principe de la vente. Mais une faille existait dans le texte : la loi privatisant ADP n’avait pas encore été définitivement votée et l’appel à un RIP a donc été jugé possible… au grand dam de certains.

Ainsi, le président du Sénat Gérard Larcher a dénoncé un "détournement de démocratie représentative". Il pose là la vraie question. En effet, deux légitimités s’affrontent dans cette affaire : celle du parlement et celle du référendum. Les parlementaires qui, pour le cas précis, prennent position pour le référendum, à mon sens avec raison, ont-ils conscience qu’ils posent effectivement la question de la légitimité et qu’ils valident ainsi la logique de l’élection d’une Constituante ? Et ceux qui s’opposent à ce RIP ont-ils conscience qu’ils accentuent une crise politique que nous dénonçons depuis plus de 11 ans ? Il faudra bien que la question soit tranchée. Et par qui sinon par le peuple si on veut éviter un coup de force autoritaire ?

Agir avec tranquillité et fermeté

Le processus est maintenant lancé. Il concerne une question essentielle pour le pays, celle des biens publics en général et des transports en particulier. Il serait vain et dangereux de vouloir l’étouffer. Bien au contraire, il s’agit de l’accompagner :

- Tout d’abord en appelant à signer quels que soient les obstacles dérisoires mis par le ministère de l’intérieur pour gêner les signataires.

- Ensuite en profitant de la circonstance pour expliquer tout l’enjeu démocratique de cette situation sans précédent.

- Enfin, en montrant que cet évènement permet de reconstruire le débat démocratique autour du suffrage universel en évitant les surenchères démagogiques.

Une partie essentielle est engagée. Sachons y participer tous ensemble pour réaffirmer notre volonté et la souveraineté collective.

André Bellon
Auteur de « Ceci n’est pas une dictature »

Le site officiel pour signer est celui-ci : https://www.referendum.interieur.gouv.fr/soutien/etape-1

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12 réactions à cet article    


  • Eric F Eric F 5 juillet 2019 19:03

    Efforçons nous en effet de promouvoir la collecte de signatures citoyennes, mais la barre est extrêmement haute (4,7 millions de signatures requises, c’est du jamais vu).

    Le RIP étant dans la constitution suite à une modification approuvée par les deux assemblées, il est abusif d’extrapoler que les parlementaires qui l’ont soutenu sont « dans la logique de l’élection d’une constituante », il s’agit d’un nouveau recours -exactement du reste comme lorsque l’opposition en appelle au conseil constitutionnel" contre une loi-.

    Les propositions suite au Grand Débat vont du reste dans le bon sens, concernant la réduction à 1 million de signataires. Pas encore le RIC, mais on s’approche peu à peu.


    • sirocco sirocco 5 juillet 2019 19:44

      @Eric F

      « Pas encore le RIC, mais on s’approche peu à peu. »

       
      Ne rêvez pas. Un gouvernement mafieux au service d’un dictateur sanguinaire ne proposera JAMAIS le RIC qui est pour lui un épouvantail et une condamnation à mort. Le RIC devra être gagné à la force des piques, des sabres et des fusils de chasse ou ne jamais voir le jour.


    • kirios 5 juillet 2019 20:15

      Le Canard républicain

      en principe , vous avez raison !

      il y a cependant un problème:la majorité des citoyens est composée de mougeons qui ont besoin de l’aval des merdias pour faire un choix .

      si les citoyens étaient responsables, jamais ils ne se seraient laissé déposséder par les privatisations.


      • alinea alinea 6 juillet 2019 05:46

        Pourquoi vendre nos forêts ? La Française des jeux ? Nos terres ? Notre patrimoine ? Pourquoi nous dépossédez de nos acquis ?

        En attendant, si vous voulez suivre l’évolution des votes à cette demande de référendum :

        https://www.adprip.fr


        • Jean Keim Jean Keim 6 juillet 2019 07:36

          Nationaliser ou privatiser c’est bonnet blanc et blanc bonnet, c’est encore et toujours penser en termes d’avantages et/ ou de profits.

          Dans une entreprise publique comme jadis EDF-GDF, SNCF, RENAULT, AIR-FRANCE, FRANCE TELECOM..., des intérêts corporatifs, bien entretenus par des syndicats, au fil du temps rendent l’entreprise monolithique et ingérable dans le jeu économique qui a cours , les salariés demandent toujours plus d’avantages qui par bien des côtés compensent la relative modicité des salaires, avec parfois des comportements irresponsables, du genre pour des employés EDF, mettre en plein hiver un gros radiateur électrique dans le garage ouvert aux courants d’air, de façon que la voiture soit bien chaude avant de partir au travail (je n’invente rien) ; jamais les employés n’ont défendu autre chose que leurs intérêts propres, même au détriment de l’intérêt général, l’égoïsme est la règle et les avantages acquis intouchables, ils sont présentés comme des avancées sociales réservées à ceux qui en bénéficient.

          Quand au privé, est-il besoin de développer ? Il suffit pour beaucoup d’observer ce qui se passe sur le lieu de leur travail, chacun s’active pour le bien-être des actionnaires, beaucoup d’emplois semblent ne pas avoir beaucoup de sens, les petits chefs sont majoritairement choisis parmi des incompétents serviles, les grands chefs pensent surtout à leur plan de carrière, souvent la vitrine est belle mais la réalité est affligeante voire sordide.

          Notre civilisation est au bout du bout de son histoire, l’individualisme individuel et de classe aura raison de nous si nous ne percevons pas l’inanité et l’insanité de l’existence humaine.


          • kirios 6 juillet 2019 09:33

            @Jean Keim
            "Dans une entreprise publique comme jadis EDF-GDF, SNCF, RENAULT, AIR-FRANCE, FRANCE TELECOM..., des intérêts corporatifs, bien entretenus par des syndicats, au fil du temps rendent l’entreprise monolithique et ingérable dans le jeu économique qui a cours , les salariés demandent toujours plus d’avantages qui par bien des côtés compensent la relative modicité des salaires, avec parfois des comportements irresponsables,"
            ce que vous dites est vrai, mais ce sont des dérives qui sont évitables ; je vous ferai remarquer que toutes ces entreprises ,malgré ces dérives, faisaient des bénéfices tout en apportant un service public de qualité.
            lorsque certaines sont devenues déficitaires , c’est l’état qui les a mise en situation pour les brader au public.
            le démantèlement du bien public est majeur pour détruire la démocratie (même lorsqu’il y en a peu)


          • HELIOS HELIOS 6 juillet 2019 11:38

            $$$ Ainsi, le président du Sénat Gérard Larcher a dénoncé un « détournement de démocratie représentative ».


            Sans entrer dans un débat de compétence, il me semble que lorsqu’il y a délégation... c’est le cas de la démocratie representative ou le peuple délègue a des « representants »... ce même peuple peut et doit limiter ou supprimer cette délégation lorsque cela lui parait bon selon son bon vouloir.. Apres tout, c’est bien lui qui est l’acteur principal, donc le décideur.


            Larcher a tort, il se croit proprietaire d’une délégation alors qu’il n’est que l’executant de cette délégation : Hé, Larcher, fait ton boulot et bosse pour ce qu’on te demande de faire, ne te demande pas pourquoi.


            Le référendum, qu’il soit RIP ou RIC est bien la reprise en main d’un choix que le peuple estime ne pas déléguer et demande expressément d’en reprendre le contrôle.

            Pour Larcher il n’y a rien a dire, si ce n’est se poser intérieurement une question fondamentale : pourquoi le peuple décide de suspendre sur ce thème précis, la délégation, y a-t-il quelque part un divorce entre la décision (ou la proposition) de la représentation et de la nation (le peuple) ?


            Larcher devrait se référer a la constitution, article 2 dernière ligne :

            Son principe est : Gouvernement du peuple, par le peuple, et pour le peuple.

            Au contraire, tout le monde devrait se réjouir de cette solution démontrant que la nation se défend et existe. Hélas, j’ai bien peur que l’idée de Larcher n’est pas de se rejouir de cette souveraineté du peuple, mais plutôt de ne plus maitriser les décisions sectaires d’une classe politique déconnectée des réalités du peuple et même de la réalité de la nation elle-même.

            On comprend bien pourquoi, mais.....




            • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 6 juillet 2019 11:52

              @HELIOS

              Lorsque je vois Larcher je suis pris de grossophobie ...est-ce grave ? Ou dois-je me faire traiter chez un psy pour demacrotiephilie aggravée ? Je m’interroge...


            • HELIOS HELIOS 6 juillet 2019 12:07

              @Aita Pea Pea

              d’où l’intérêt de lire plutôt que de regarder BFM !

              Vous pouvez toujours faire comme moi, avant (depuis je me suis calmé) mais lorsque j’accompagnais mes petits enfants à la plage, j’en profitais pour zoomer sur des exemplaires de la race humaine et lorsque l’image valait le coup, le cliché rejoignait mon bestiaire.

              Vous verrez, avec le temps il est de plus en plus difficile de trouver de nouveaux sujet surpassant les précédents et en peu de temps vous perdez l’intérêt, votre galerie cesse de croître ainsi que votre intérêt...

              Larcher et les autres ne se distinguent plus et vous les oublierez rapidement au point que vous en oublier leur existence. Rien de grave la-dedans, vous serez juste un peu plus serein... valent-ils vraiment le coup ?

              J’ai même perdu le dossier... reléguez-les là d’où ils n’auraient jamais du émerger.


            • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 6 juillet 2019 12:28

              @HELIOS

              Ce matin en allant chercher un morceau de lard cuit au marché, je me suis posé , comme d’hab ,a une terrasse avec une binouze et ait maté les passantes . Exercice délicieux comme dirait Brassens . Simple et efficace pour libérer l’esprit.


            • HELIOS HELIOS 8 juillet 2019 01:28

              @Aita Pea Pea

              Excellente activité, je plusse !


            • Celia Celia 6 juillet 2019 14:47

              La bataille contre la privatisation d’Aéroports de Paris est engagée et concerne la société toute entière. C’est une bataille pour la démocratie

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