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Accueil du site > Tribune Libre > Rêveries d’un promeneur égaré

Rêveries d’un promeneur égaré

Je suis perdu, je me suis égaré dans la forêt des savoirs, ceux des sciences, des philosophies, des religions, des livres et des innombrables documents accessibles sur le net. Cette accumulation de savoirs et connaissances est devenue une épaisse fumée. J’ai beau essayer de chasser ce brouillard par le souffle de l’esprit, rien n’y fait, les informations envahissent mes pensées et je ne sais pas comment sortir du tunnel. Je croyais y parvenir et découvrir les mystères de la nature, organiser tout cet ensemble en un système, en trouvant de nouvelles théories mais ce dessein universel que n’aurait pas boudé Rousseau reste inaccessible à mon petit cerveau chargé comme un disque dur cabossé à force de chercher la bosse des mathématiques universelles et de la métaphysique du mystère. Du coup, le monde me paraît assez rétréci et pour tout vous dire, la plupart de ce que je lis de savant ou de sociétal me paraît douteux. L’humain est limité. Dans les affaires sociales et politiques, de grandes idées sont lancées mais derrière la plupart des décisions, il n’y a qu’intérêts particuliers, carriérisme, narcissisme, favoritisme, opportunisme, népotisme, communautarisme. Rien de bien sincère. L’homme honnête se fait rare mais il reste des compagnes, des compagnons, des amis, quelques sages et puis, ne soyons pas exigeants, nul n’est parfait doit être traduit par tout le monde est imparfait et perfectible. Mais la croissance économique ne résoudra pas les problèmes de société d’autant plus qu’elle sera absente. Les intellectuels nous prennent pour des cons.

Perfectible comme les savoirs scientifiques qui en vérité, me font douter non pas parce que le scientifique est malhonnête pas parce qu’il est limité et que du reste, la vision scientifique du réel est partielle. C’est une illusion mais pas comme celle du sensible, de Platon et de sa caverne. Plutôt celle de Claude Bernard et de son laboratoire. La science a produit un savoir qui repose sur la ruse de la technique. L’homme interagit avec la nature et le monde à travers des instruments et des opérations et finit par croire que l’univers fonctionne comme ce monde technique et interactif. C’est ce qu’on appelle la convergence opérationnelle, qui si l’on veut une clôture opérationnelle pour parler comme Varela, sauf que ce n’est pas la clôture du système étudié et conçu mais la clôture du système qui étudie les systèmes. L’homme est enfermé dans la clôture universelle qui se replie sur elle-même, forte de ses rétroactions cognitives et de ses couplages transdisciplinaires dont le graal suprême n’est autre que cette singularité technologique imaginée par un fou californien. C’est ce qu’on appelle la ruse de la technologie. L’homme cyborg en vue et la mort de l’âme en perspective.

Les savoirs scientifiques ne sont pas faux mais ils ne concernent qu’une portion externe de la réalité, celle qui s’offre à l’expérimentation et au calcul. La biologie et l’évolution n’ont rien compris aux profondeurs des processus du vivant, les sciences humaines ne savent rien de la pensée et des facultés de connaissance accessibles à l’humain. La physique tâtonne. On a beau avoir en face des superbes théories, le monde physique est inintelligible. Les pièces du puzzle sont dispersées et parfois, elles ne s’emboîtent pas. Il y la cosmologie avec l’entropie du trou noir, la mécanique quantique et la cohérence, puis le magnétisme, la charge de l’électron, le champ électromagnétique, les théories quantiques des champs au nombre de trois, car il y a trois interactions. Des photons qu’on ne voit pas, des fluctuations du vide dont on ne sait que faire, des processus virtuels et des trous noirs qui rayonnent on ne sait où, des spins qui nous font tourner la tête, des quarks invisibles pour l’éternité. La gravité échappe même à la compréhension et tout cet ensemble se noie dans une théorie universelle et son entropie infinie si bien que seul un Dieu peut organiser toute cette soupe de particules en un univers cohérent qu’une espèce animale, après des millions et des millions d’années d’évolution, parvient à observer grâce son génie dû à quelques gènes différents de ceux du singe ainsi que des subtilités épigénétiques que les biologistes ne comprennent pas, pas plus qu’ils ne savent comment ça peut se développer, un organisme si complexe issu de la rencontre de deux gamètes. Alors je ne vais pas tirer des plans sur la gamète et m’en aller me promener en attendant d’être secoué par une lumière qui me permettra, à l’instar de saint Paul, de reprendre contact avec la voie. Je suis sûr que le tunnel a une porte de sortie et qu’on finira par rassembler en une divine algèbre tous ces éclats de sciences parsemés dans les livres.

Le monde est devenu faux à travers les lunettes technologiques qui de leur prisme, on diffracté la nature en un spectre de formalismes. Avant, le monde était en résonance. Les savants écoutaient la musique de l’univers. Ils étaient étonnés par un vol d’oiseaux et la croissance d’un végétal. Ce n’était ni mieux ni pire. Différent. Maintenant, les programmes insignifiants trompent l’ennui des masse et la science médicale vacille. Les laboratoires et le corps médical nous trompent avec leurs statistiques et leurs machines, semant du reste la mort avec les chimiothérapies.

Allez, je sors, à la recherche de mon chemin de Damas. Si ça se trouve, je vais finir dans un labo ou bien à l’université. Mais pour un job à l’envers. D’abord, il faut trouver, au lieu de chercher. Ensuite, proposer un programme de désenseignement. Il faut apprendre aux étudiants à effacer les savoirs erronés. Alléluia !

 


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23 réactions à cet article    


  • Bernard Dugué Bernard Dugué 6 février 2013 21:14

    Désapprendre sera un libre choix des étudiants

    Et c’est vrai que l’éthique a été pervertie, les chemins de l’homme ont été dévoyés. C’est une affaire classée. Place au 21ème siècle


  • MKT 6 février 2013 17:58

    Cher monsieur,

    Je suis très inquiet après la lecture de votre billet.
    Le dernier paragraphe surtout où vous évoquez que vous allez finir dans un labo. Mais rien ne vous oblige à finir comme cobaye pour des expériences.

    Quant au devenir de la recherche scientifique et a vos questionnements sur les « limites du savoir et du pouvoir », je vous conseillerai la lecture du « Théorème du jardin » (spécial pub). Ce livre est écrit par un scientifique très honnête et très rigoureux. Il a le courage de dire que nous sommes actuellement dans une période sombre du point de vue des idées.

    Peut être pourriez vous faire comme Epicure, vous qui vous piquez de philosophie. Entretenez votre jardin. Vivre est une source de plaisir en soi.


    • Bernard Dugué Bernard Dugué 6 février 2013 21:12

      Merci du conseil Mon jardin, c’est ce que j’essaie de cultiver, avec les cafés philo et le rock progressif


    • MKT 7 février 2013 11:00

      C’était un clin d’oeil. Vous échangez avec un cercle d’amis de connaissances, vous êtes déjà dans une forme de fonctionnement épicurien.

      Attention tout de même à ce que vous mettez dans votre café, cela ne semble pas vous remonter le moral.

      Bien à vous


    • Gollum Gollum 6 février 2013 18:13

      Les savoirs scientifiques ne sont pas faux mais ils ne concernent qu’une portion externe de la réalité, celle qui s’offre à l’expérimentation et au calcul.


      Je comprends votre spleen. J’y suis passé. J’ai été fan de sciences jusqu’à ce que je comprenne que ces connaissances ne menaient nulle part parce qu’il s’agit d’un puits sans fond. La seule connaissance qui vaille est celle que l’on peut acquérir sur soi-même. C’était le but des initiations dans l’Antiquité dans les écoles de Mystère. 

      Puis les gens ne comprirent plus les Anciens et inventèrent les sciences par espoir de maîtrise sur la nature, cupidité et goût du confort. Aujourd’hui c’est l’enfer et le basculement vers le grand massacre se profile. La roue tourne et le spirituel fera son grand retour.

      L’avantage de notre époque est que l’on verra bientôt le visage du diable à découvert et là on ne pourra plus nier...

      • Bernard Dugué Bernard Dugué 6 février 2013 21:10

        Je crois que l’époque ne pourra pas voir le visage du diable les gens vivent dans le déni Quant à la science, elle mène quelque part mais il faut la transfigurer en connaissance


      • L'enfoiré L’enfoiré 7 février 2013 12:59

        Gollum,

         C’est pour cela qu’il y a une fossé entre les sciences humaines et les sciences numériques.
         La rupture numérique n’est pas un leurre.
         L’enfer est toujours pavé de bonnes intentions que ce soit d’un côté comme de l’autre.
         Il y a pénurie d’ingénieurs actuellement si vous ne le savez pas.
         Ce qui veut dire qu’il y aurait plus difficile de trouver un emploi de l’autre côté.
          Vive les centristes qui veillent aux vases communiquants smiley

      • alinea Alinea 6 février 2013 19:45

        Le problème est bien de prendre le monde pour un puzzle ! même si l’on en pressent sa complexité.
        Je vous conseille- très sincèrement- la lecture de Krishnamurti ; vous pouvez commencer par « Se libérer du connu ».
        Bonne lecture, et je compte sur un article à ce propos.


        • Bernard Dugué Bernard Dugué 6 février 2013 21:09

          Merci pour la suggestion J’ai lu Krishnamurti il y a plus de 20 ans J’ai commencé par l’éveil de l’intelligence


        • alinea Alinea 6 février 2013 21:58

          Je me doute bien que vous le connaissez ! Mon conseil était sournois : relisez-le et comprenez-le, mais pas avec votre intelligence !


        • Dwaabala Dwaabala 6 février 2013 22:08

          Sauf votre respect.
          La science n’est pas la science si elle ne se pratique.
          Les problèmes qu’elle pose sont alors très concrets, et ne sont arcanes que pour l’observateur extérieur.
          Il ne faut pas la confondre avec la connaissance qu’elle donne par la lecture de ses produits mise plus ou moins à la portée du public et qui, elle, alimente une réflexion dans le meilleur des cas philosophique. 


          • Montagnais .. FRIDA Montagnais 7 février 2013 03:49

            Ab imo pectore


            • rhea 1481971 7 février 2013 07:17

              Cela ressemble au théorème incomplétude de Godel, Godel qui à la fin de sa vie essayer de démontrer avec les mathématiques l’existence de dieu.


              • L'enfoiré L’enfoiré 7 février 2013 08:36

                Bien d’accord, Tall.

                Cela s’appelle du néo-darwinisme.
                De Bernard, j’ai déjà parlé dans un de mes billets.
                Je vais ajouter cet article-ci car il dénote un esprit de spleen poétique en plus du fait d’être un scientifique et un philosophe.
                « Les chants désespérés sont les chants les plus beaux » disait Musset. 

                • Bernard Dugué Bernard Dugué 7 février 2013 11:26

                  Salut Guy,

                  Comme tu dis, l’herbe n’est pas plus verte ailleurs mais elle pousse ici, à l’Université, ils ont un pesticide pour éliminer les papillons qui volent et créent bien plus haut que les chouettes de Minerve. Je me souviens il y a des années, quelques conversations avec des gens bien informés. Avec mon profil, c’était un tapis rouge, au Japon ou aux States et ici, la porte fermée

                  Mais c’est pas grave. Dieu semble entendre les désespérés avec son Paraclet

                  J’écoute Kodaly, le soleil est là et mon tracteur qui carbure au fluide intuitif s’est remis en marche. Je suis parti à la recherche du quatrième principe de la thermodynamique, avec Davies et Vedral


                • L'enfoiré L’enfoiré 7 février 2013 11:56

                  «  recherche du quatrième principe de la thermodynamique, avec Davies et Vedral »



                • L'enfoiré L’enfoiré 7 février 2013 12:05

                  Le monde de demain, ne sera plus du tout celui que l’on connait aujourd’hui.

                  Demain, n’est pas loin. Il se construit par phase.
                  Les grandes usines pourvoyeuses de main d’oeuvre liquident les stocks.
                  Ce sont les PME qui comblent quelques trous.
                  Pas n’importe lesquels.
                  Du travail ? 
                  Qu’est-ce que ce sera le travail ?
                  Simple. Un hobby avec lequel on passera le temps au mieux.
                  Que l’on partagera avec des pauses carrières.
                  La minute de travail effectif, productif, efficace sera payée au prix fort.
                  Le reste... bof...
                  Les robots arrivent en douce....
                   smiley


                • non667 7 février 2013 18:13

                  à bernard
                  il y a plusieurs mois pour un de vos articles j’avais eu cette réaction  : moi,ouvrier bac-3 créationniste du point de vue de l’origine de la vie je suis aussi avancé que vous scientifique évolutionniste bac +10+++++,le mal de tête en moins ! ce que vous semblez reconnaître aujourd’hui (le mal de tête ) !
                  n’ayant rien appris j’ai l’avantage de ne pas avoir à désapprendre !
                  attachant la même importance à ce que j’ai appris au catéchisme qu’aux contes de Perrault de mon enfance je n’ai pas besoin du point de vu religieux de lavage de cerveau !

                  Alors je ne vais pas tirer des plans sur la gamète et m’en aller me promener en attendant d’être secoué par une lumière qui me permettra, à l’instar de saint Paul,......

                  la première lumière m’est apparu alors que je promenais mes enfants dans un jardin -zoo et que je vis un superbe paon faire orgueilleusement la roue devant 4-5 ternes paonnes  !
                  la différence m’amena à cette réflexion  : dieu a le sens de l’esthétique  ! là il s’est fait plaisir !

                  plus tard lorsque j’ai entendu /lu parler du livre du savant monot « la vie fruit du hasard et de la nécessité  » ridicule ! j’ai fait l’économie de le lire !

                  beaucoup plus tard hubert reeves évoquait dans un de ses livres (....... ?) le récurent /irrésolu problème « qui a fait l’autre le 1° de la poule ou de l’œuf ? »
                  du haut de mon ignorance j’ai réfléchi ?
                  ni l’un ni l’autre  !
                  de même que lorsqu’on plante un grain de blé on sait parfaitement ce qu’il va pousser ,c’est que le grain contient un programme « génétique » qui en fonction de facteurs extérieurs (temps (durée ) ,températures etc... ) se déroule ....
                  celui qui a fait est donc le programmeur (les programmeurs ) externes ou internes au grain = dieux puisque l’on est obligé de donner un nom pour utiliser le langage !

                  .....conséquence/révolution sur la recherche scientifique !
                  .............................................................. religion !
                  ................................................................politi que !
                   


                  • Agoranymous42 8 février 2013 11:28

                    Et bien moi je me suis sorti de l’autoroute du savoir du côté de Villeneuve sur Lot, j’ai emmené à mes côtés M’Sieur Dugué... et j’espère bien l’avoir remis sur les rails maintenant, et de préférence les bons si possible. smiley


                    • Eric94 10 février 2013 00:14

                      Bernard, tu es perdu, mais pas pour longtemps, car tu as tellement de plasticité car tu vas trouver le moyen de réorienter ta pensée, c’est à dire creuser ton sillon.

                      Alors ça m’évoque deux phrases :

                      « Ne demande pas ton chemin à quelqu’un qui le connaît, car tu risquerais de ne pas te perdre. » Rabbi Nachman de Breslau

                      et aussi

                      Quand vous pensez comprendre la nature de ce que vous avez regardé, c’est que vous n’avez pas regardé assez attentivement


                      • clostra 10 février 2013 11:01

                        Bonjour Bernard,

                        bien ennuyée de ne pas vous croire, un peu compliqué à expliquer surtout dans ce contexte de « promenade » soudain replacé dans un monde poétique que nous aimons tant.

                        Nous aimons ce monde poétique car il nous ramène aux fondamentaux : ce que nous sommes et ce pour quoi (comment ?) nous avons été fait avec nos sens pour appréhender la réalité et plus encore pour nous y adapter.

                        La réalité de nos sens est ce prisme qui n’est ni tout à fait le même ni tout à fait un autre, interfacé pour pouvoir communiquer ET avoir quelque chose à se dire !

                        Je ne vais pas, bien entendu, reprendre cette autre « promenade » (épopée de la pensée ?) à laquelle vous nous avez conviés et qui ferait son chemin.

                        Chemin faisant, la pensée s’élabore, mais quelle importance ?

                        Par la pensée, nous sommes capables de comprendre (mais pas vraiment d’appréhender) le bloc « espace-temps », encore moins de le vivre ? pas si sûr ! c’était une intuition de ces minutes qui s’écoulent en heures et ces secondes qui ont la densité d’années entières.

                        Voici le temps venu d’un monde fini disait Hubert Reeves pour nous enfermer sur nous-mêmes ? ou nous en éjecter ? que sais-je ? ça ne m’a pas plu du tout, ça m’a même « froissée » comme cet univers qui nous invite à l’impensable.

                        Cet univers maternel qui à mes quelques années d’existence, s’exprimant dans le noir à l’heure de la prière alors que je la pressais de questions auxquelles elle ne voulait (pouvait ?) pas répondre, me disait en substance que ce pauvre cerveau était enfermé dans sa coque comme une noix et qu’il ne pouvait grandir et aller au delà. Depuis, il est vrai que les connaissances et même leur organisation et tous ses utilitaires sont embarqués dans des espaces de plus en plus petits jusqu’au nano, fento.

                        Small is beautifull

                        Notre cerveau est petit mais il n’a pas dit son dernier mot !


                        • Eric94 10 février 2013 22:43

                          Comme disait Pascal, plus la sphère de la connaissance grandit, aussi grandit les contacts avec l’ignorance



                          • clostra 10 février 2013 23:19

                            « Dieu semble entendre les désespérés avec son Paraclet »

                            suite de commentaire

                            Il me semble qu’il s’agissait justement de Paraclet qui referma mon cerveau dans une coquille de noix : question sans réponse. Un coup d’oeil sur le toit : oui il était toujours là, le paratonnerre, le parapet car les para tonnerres ressemblent souvent à des parapets.

                            Et le Paraclet se manifeste souvent en tonnerre, mouais.

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