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Sabordage sournois du service public français de formation sélective des médecins : vers une gouvernance européenne à marche forcée, au détriment des patients

Jacques-René Tenon, chirurgien français, écrivait en 1788 : « Les hôpitaux sont en quelque sorte la mesure de la civilisation d'un peuple : ils sont plus appropriés à ses besoins et mieux tenus, à proportion de ce qu'il est plus rassemblé, plus humain, plus instruit... ». Cette citation demeure plus que jamais d’actualité.

 

I- Introduction

En tant qu’étudiant en médecine, de cursus universitaire français, l’euroscepticisme me gagne progressivement. J’ai beau essayer de me convaincre de l’inverse, il me semble tout de même percevoir que l’Union européenne favorise un sournois sabordage de notre formation universitaire en médecine. Il s’agit du dernier cursus facultaire public ultra-sélectif, quelque peu élitiste, il est vrai. Les instances internationales comme l’OMS tendent même à placer le système de soins français, et la formation universitaire médicale française afférente, à la première place mondiale [1,2]. Ceci explique, entre autres, le fait que des chefs d’État étrangers préfèrent venir se faire soigner en France, plutôt que dans leur pays d’origine. La haute qualité de la formation médicale universitaire en France, reconnue mondialement, est intimement liée à la sélection drastique des meilleurs éléments, en première puis en sixième année. Cette sélection est basée sur les capacités de mémorisation rapide, de raisonnement scientifique, et de gestion du stress ; ce sont les principales qualités requises pour faire des professionnels de santé efficients et de bons universitaires, associées aux « qualités humaines » dont seraient totalement dépourvus les étudiants en médecine, bêtes à concours asociales. Nous ne sommes pas des robots dotés d’une mémoire supérieure à la moyenne. En médecine, à la Faculté française tout au moins, il faut plus comprendre qu'apprendre, avant de pouvoir restituer la masse de connaissances intelligemment. C’est beaucoup plus de la logique que du déversement de savoir bête et méchant. J’insiste sur ce fait, car nos gouvernants européistes, et parfois même certains de nos Professeurs, enfermés dans leur relativisme (« tout se vaut ») dénigrent notre formation universitaire, alors qu’elle est considérée internationalement comme une des meilleures, voire la meilleure au monde [2]. On ne compte plus les chirurgiens et les médecins-chercheurs français accueillis à bras ouverts aux États-Unis par exemple, notamment du fait de leur talent d’innovation et de leur expertise reconnue [3,4]. Dans de nombreux domaines, les médecins spécialistes français se trouvent aux premières places mondiales, à égalité avec leurs confrères états-uniens, et loin devant les allemands ou les britanniques [5]. Beaucoup d’étudiants étrangers (allemands ou suisses par exemple) viennent se former dans nos hôpitaux universitaires, afin de faire profiter leur pays d’origine de notre savoir-faire français.

 

II- Vers la destruction du modèle universitaire français méritocratique

Malgré l’objective performance de notre cursus universitaire médical national, nos dirigeants européistes veulent instaurer un système européen de formation médicale, qui inéluctablement aboutira à un nivellement par le bas. Je ne pense pas qu’un alignement sur le système ultra-sélectif français soit prévu, puisqu’il est unique en Europe (les autres pays européens ne sélectionnent pas leurs étudiants en médecine). De plus, l’architecture de notre cursus est très singulière, puisque ce dernier est historiquement basé sur un compagnonnage prolongé, associant théorie et pratique au lit du malade. Ceci explique le fait que la durée des études médicales françaises soit la plus longue en Europe, et que les étudiants ne soient autorisés à soutenir leur Thèse de Doctorat qu’à Bac+9, voire Bac+11, en fin d’Internat. Dans un souci d’harmonisation européenne, les épreuves, traditionnellement rédactionnelles en France, seront sûrement remplacées par des QCMs, bien évidemment en langue anglaise. De plus, il y aura inéluctablement un problème d’échelle et d’intégrité dans le système d’évaluation. Déjà à l’échelon français peuvent survenir des dysfonctionnements techniques, comme au Concours de l’Internat en 2011 [6,7]. De plus, comment s’assurer de l’absence de corruption sur un si vaste territoire, surtout dans des pays où elle est endémique, en particulier à l’Est [8,9] ?

Dès à présent, des initiatives sur le territoire français visent à saper notre système ultra-sélectif pour l’adapter à la tendance européenne. L’Université d’Angers, en partenariat avec d’autres, a l’intention de « faire réussir tous les étudiants » [10,11]. C’est la sempiternelle antienne de ces idéologues pédagogistes qui ont déprécié le baccalauréat, et induit la faillite de l’instruction à l’école. Pour ce faire, le concours éliminatoire de première année sera tout bonnement supprimé et remplacé par une licence « plurisanté » ouverte à tous. Il est évoqué des évaluations subjectives par compétences, au moyen d’examens oraux, bien évidemment sans anonymat. Par ailleurs, sont officialisées sur le territoire français des modalités (« passerelles ») de contournement du concours éliminatoire de première année, vendues comme un « décloisonnement » en faveur de la « mixité » universitaire. Ce concours est déjà contourné par les étudiants européens, du fait du système des équivalences automatiques, et par les médecins à diplôme étranger, du fait des procédures d’autorisation d’exercice dérogatoires. Ce genre de projet pernicieux est dans la même veine que la suppression des notes à l’école et la fin de la sanction des fautes d’orthographe, alors que le niveau scolaire ne cesse de baisser [12,13]. Les étudiants doivent n’être confrontés à aucune compétition, jugée trop traumatisante, et aucun obstacle à leur désir, source d’une frustration intolérable. Pourtant, c’est dans la difficulté que l’on apprend le plus, sur soi-même et sur autrui, et ceux qui dénigrent la saine compétition oublient sa dimension émulatrice. Comme à l’accoutumée, c’est de l’idéologie libérale-libertaire destructrice, cachée derrière un paravent de faux pragmatisme et de fausses bonnes intentions. Une solution beaucoup plus simple aurait été de desserrer le numerus clausus à l’échelon national pour l’adapter aux besoins en médecins, et de créer des voies de passage systématiques en deuxième année vers les « biodisciplines » (biologie, biochimie, biophysique, biostatistiques…) pour les étudiants non classés en rang utile à l’issue du concours de première année, sous réserve de l’obtention d’une note suffisante. Nous assistons encore et toujours à l’expansion d’un égalitarisme néfaste (le baccalauréat ne vaut plus rien à cause de cela). Après la Faculté de médecine, la prochaine victime sera le système des Grandes Écoles, jugé trop élitiste par Vincent Peillon, ancien ministre de l'Éducation nationale, ce dernier prônant leur suppression et plaidant pour un « métissage » de l’enseignement supérieur [14]. Concernant la réforme de la formation médicale, choquant est le terme « expérimentation » utilisé pour qualifier cette initiative hasardeuse. Qu’en sera-t-il de la valeur du diplôme obtenu si cette « expérimentation » universitaire non sélective échoue ? On ne connait d’ailleurs pas les critères qui seront utilisés pour juger de son succès. Cette attaque organisée contre notre système universitaire sélectif procède de cette volonté d’indifférenciation : comment pourra-t-on à l’avenir faire valoir le prestige de notre diplôme français de Docteur en médecine, dont l’obtention sous-entend une double sélection académique (en première puis en sixième année), face aux autres diplômes européens, obtenus en Roumanie, en Bulgarie ou en Croatie par exemple ? C’est la porte ouverte à l’intensification d’un dumping social et salarial, déjà à l’œuvre dans les hôpitaux publics (du fait de leur déficit budgétaire) et dans les cliniques privées (du fait de la financiarisation croissante du secteur libéral depuis l’ouverture sournoise du capital aux investisseurs non-médecins) [15].

 

III- Du dumping social et salarial à la sous-enchère sanitaire

Afin de mettre les étudiants en médecine devant le fait accompli, et ainsi justifier la suppression de la sélection universitaire, les cliniques et les hôpitaux français embauchent en masse des médecins à diplôme étranger provenant de l’UE ou hors de l’UE, à bas coût. Ces derniers ne passent par aucun des filtres français de sélection académique, et ne sont autorisés à exercer qu’en vertu du manque (organisé par l’État) de médecins à diplôme français. Leur statut est purement dérogatoire, et non méritocratique comme le nôtre. C’est objectivement l’entérinement d’une entorse au principe juridique de l'égalité devant le concours, puisqu’au final ces médecins à diplôme étranger sont autorisés à occuper les mêmes postes que nous. En toute incongruité, les médecins à diplôme étranger issus de l'UE, depuis que les diplômes ont été harmonisés, peuvent pratiquer où bon leur semble en France, alors que la région d’exercice des étudiants français dépend de leur classement au Concours de l’Internat (ECN) en sixième année ! L'Ordre des médecins estime en outre que le recours aux médecins à diplôme étranger n'apporte pas de solution au problème des régions « sous-dotées », qui peinent à attirer des praticiens. Les médecins européens et extra-européens étaient censés combler le vide de la densité médicale, mais ils choisissent le salariat (à l'hôpital public ou en clinique privée), ou exercent en centre-ville [16]. Ainsi, nous assistons impuissants à une arrivée massive de médecins à diplôme étranger, si bien qu’il y aura bientôt trop de médecins en France aux dires même de l’Ordre des médecins [17,18]. En d’autres termes, des médecins à diplôme français, issus du cursus académique ultra-sélectif, vont se retrouver au chômage dans leur propre pays, au profit de médecins à diplôme étranger dont l’autorisation d’exercice en France ne relève que d’un simple artifice administratif dérogatoire ; c’est objectivement une aberration, conséquence directe des directives de l’Union européenne concernant la libre circulation des travailleurs. En plus de favoriser une sous-enchère sociale et salariale, ces médecins à diplôme étranger génèrent une concurrence déloyale puisqu’ils ne sont pas soumis à la même pression académique et au même contingentement que les étudiants français. Cependant, la solution n’est certainement pas une dérégulation/déréglementation, dont la suppression de la sélection académique est un des aspects [19]. Pour un pays développé comme la France, cette situation est scandaleuse. Aux États-Unis par exemple, aucune équivalence de Doctorat en médecine n’est consentie : il faut obligatoirement réussir les examens que passent les étudiants américains (USMLE), et effectuer l’Internat de spécialisation (Residency), avant de passer le concours final (Board) ; l’évaluation académique est ainsi la même pour tous. Pourtant, les États-Unis sont un pays ultra-libéral, mais malgré cela, la logique financière n’entre pas en ligne de compte quand il s’agit d’autoriser des médecins à diplôme étranger à exercer sur le territoire national. Le plus grave est que les instances françaises savent que les médecins à diplôme étranger qui exercent en France ont pour la plupart un niveau insuffisant, comme le faisait remarquer l’Ordre national des médecins, en parlant même de l’existence de « faux diplômes » [16]. De toute façon, il s’agit d’une question de bon sens : aucun étudiant en médecine français n’aurait l’idée de parachever sa formation universitaire en Roumanie ou au Maghreb par exemple ! De même aucun dirigeant français n’irait spontanément en Bulgarie ou au Machrek pour se faire soigner ! Pourtant, les gouvernants, enfermés dans leur dogmatisme européiste, nous imposent une sorte de relativisme idéologique en prétendant que toutes les formations médicales se valent, alors que ce sont les premiers à exiger de se faire soigner par un médecin de cursus universitaire français, et de préférence Professeur dans un hôpital parisien.

 

IV- Le progressif désengagement de l’État du système universitaire français

L’évolution actuelle du système de santé, longtemps protégé de la prédation financière et de la dérégulation/déréglementation du fait de son domaine d’application (à savoir l’intégrité physique et psychique des citoyens), est un indicateur de l’avancée de la trahison du peuple français par ses gouvernants. À leurs yeux, la santé des Français ne requiert plus de bons professionnels issus d’une sélection académique stricte, anonyme et méritocratique, dont le cursus universitaire long et difficile, ainsi que la formation de haut niveau (assurée encore actuellement par la Faculté publique, et non par des écoles privées onéreuses), légitiment in fine la prérogative de prescription médicale. En réalité, il est progressivement organisé une véritable « délocalisation » et une « privatisation » de l’apprentissage de la médecine. De fait, l’Union européenne ultra-libérale favorise un processus général de retrait progressif de l’État et de dérégulation/déréglementation [19]. L’extension continue de la logique marchande mondialiste touche d’une part en aval le secteur de l’hospitalisation, et d’autre part en amont les études de santé. Une antenne universitaire privée portugaise de pharmacie et d’odontologie vient par exemple de s’implanter en France malgré l’opposition des professionnels de cursus universitaire français [20]. Comme ses homologues européennes, elle permet moyennant finances de contourner le concours éliminatoire de première année, mais cette fois-ci sur le sol français.

 

V- Conclusion : l’indispensable préservation du cursus médical universitaire français

Il faut défendre ce modèle sélectif français, très exigeant certes, mais somme toute équitable. Il faut en être fier, parce qu’au final, vu de l’étranger, ce système universitaire public forme d’excellents médecins, sur la base d’exigences académiques communes associées à un compagnonnage prolongé. Il est très subjectif d’évaluer la valeur des formations « exotiques », surtout en période de pénurie de personnels, où la tendance est plutôt à baisser le niveau d’exigence pour fournir les hôpitaux périphériques ou les cabinets ruraux en déshérence. La médecine est encore, et doit rester, une filière sélective, pour laquelle l’évaluation académique se doit d’être unique. Le plus objectif est de faire passer tout le monde par le même filtre sélectif (concours éliminatoire de première année + concours de sixième année/ECN + Internat de spécialisation), comme c’est le cas aux États-Unis (USMLE + Residency + Board pour tout le monde). C’est en tout cas plus juste vis-à-vis des étudiants qui respectent le cursus français classique, plutôt que d’accorder des équivalences automatiquement ou après une pseudo-évaluation, surtout pour des spécialités médicales difficiles à avoir au Concours de l’Internat (ECN). Pour les moyens financiers et organisationnels de l’État en cas de desserrement du numerus clausus, cela relève plus de la volonté politique et des choix prioritaires, parce qu’il est toujours possible de trouver des subsides (la France demeure malgré tout un pays riche et le système de soins est quand même crucial).

Malgré tout, hier comme aujourd’hui, la médecine française reste très renommée mondialement pour son excellent niveau, et à raison. Le sabordage sournois du service public français de formation sélective des médecins, pour au final justifier une gouvernance européenne en la matière, constitue une attaque contre l’excellence académique, et contre la haute qualité de notre système de santé en définitive.

 

Glossaire :

- « CMF » : « Cursus médical universitaire français ». Label dont peuvent se prévaloir les médecins à diplôme français ayant réussi le concours éliminatoire de première année, puis le concours de sixième année, et ayant effectué l’Internat de spécialisation. Un médecin « CMF » a donc auparavant été « Externe » puis « Interne des Hôpitaux ».

- « ECN » : Examen national classant de sixième année, encore appelé traditionnellement « Concours de l’Internat ».

- « Externe » : Étudiant en médecine ayant réussi le concours éliminatoire de première année et travaillant à l’hôpital public à mi-temps.

- « Interne des Hôpitaux » : Premier grade hospitalo-universitaire obtenu par un étudiant ayant réussi le concours éliminatoire de première année et le concours classant de sixième année. Il s’agit d’un médecin de cursus médical universitaire français en cours de spécialisation. L’Interne des Hôpitaux ne doit pas être confondu avec un « faisant fonction d'interne » (FFI) ou un « interne à titre étranger » (ITE), qui sont des médecins à diplôme étranger.

- « UE » : Union européenne.

 

Références :

[1] http://www.e-sante.fr/sante-france-premiere/actualite/1297

[2] http://www.capital.fr/enquetes/dossiers/nos-medecins-figurent-parmi-les-meilleurs-au-monde-891050

[3] http://www.ambafrance-de.org/Le-Prix-Nobel-de-medecine-2011-un

[4] http://www.france-biotech.org/wp-content/uploads/2010/02/Le-Figaro-Les-franc%CC%A7ais-champions-de-la-technologie-me%CC%81dicale-paru-le-06-02-14.pdf

[5] http://www.capital.fr/a-la-une/dossiers/les-150-meilleurs-medecins-de-france-specialite-par-specialite

[6] http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2011/06/01/01016-20110601ARTFIG00608-incidents-au-concours-de-l-internat-de-medecine.php

[7] http://www.lexpress.fr/actualite/societe/sante/pagaille-au-concours-d-internat-de-medecine_998832.html

[8] http://www.lemonde.fr/europe/article/2009/08/15/le-systeme-de-l-enseignement-superieur-roumain-mis-en-cause-par-un-scandale_1228862_3214.html

[9] http://www.liberation.fr/grand-angle/2008/05/12/diplomes-a-vendre_71468

[10] http://www.unof.org/spip.php?page=imprimer_breve&id_breve=2698

[11]http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000028637685&dateTexte=&categorieLien=id

[12] http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2012/10/09/01016-20121009ARTFIG00689-notes-a-l-ecole-hollande-veut-revoir-le-systeme.php

[13] http://www.rtl.fr/actualites/info/article/dictee-a-l-ecole-l-education-nationale-veut-mettre-en-place-une-evaluation-positive-7771072930

[14] http://www.espoir-a-gauche.fr/vincent-peillon-dans-liberation-il-faut-supprimer-les-grandes-ecoles/delia-CMS/page/article_id-1044/mode-/topic_id-36/

[15] http://www.humanite.fr/31_03_2011-le-hold-des-cliniques-469035

[16] http://www.nordeclair.fr/France-Monde/France/2009/09/09/le-niveau-des-medecins-roumains-inquiete.shtml

[17] http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/04/05/sante-l-europe-fait-exploser-le-numerus-clausus_4396396_3224.html

[18] http://www.fmcdinan.org/article-trop-de-medecins-en-france-c-est-pour-bientot-123164480.html

[19] http://www.egaliteetreconciliation.fr/Perennite-de-l-excellence-academique-pour-une-preservation-du-cursus-medical-universitaire-francais-23730.html

[20] http://www.lequotidiendumedecin.fr/information/pessoa-le-tgi-de-toulon-deboute-les-syndicats-de-dentistes-qui-demandaient-la-fermeture-

 

Mots-clés : Déréglementation ; Dérégulation ; Éducation ; Études de médecine ; Excellence académique ; Filière sélective ; France ; Grandes Écoles ; Mondialisme ; Santé ; Union européenne ; Université.


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28 réactions à cet article    


  • leypanou 10 juin 2014 11:17

    Excellent article de la part d’un auteur qui sait de quoi il parle.

    C’est pourquoi, il faut que chacun essaie d’agir pour faire avancer les choses, i.e contrer la privatisation en douce de l’enseignement supérieur, dont les études médicales, cachée sous une recherche de plus d’autonomie et qu’il faut que le chef d’établissement soit comme un chef d’entreprise.

    Il n’est en effet pas normal que des médecins puissent s’installer librement en France sous prétexte qu’ils sont européens alors qu’ils n’ont pas reçu la même formation aussi sélective que les médecins formés en France, la non-maîtrise de la langue a d’ailleurs entraîné plus d’une catastrophe de la part d’un médecin allemand opérant en Angleterre le week-end.

    C’est à chaque corporation de se rendre compte à quel point l’UE entraîne le nivellement par le bas et c’est à çà qu’il faut s’opposer et c’est une décision politique.


    • alinea alinea 10 juin 2014 21:30

      Vous êtes payé combien leypanou ? Voyez-vous la moindre raison qu’un medecin libanais soit moins bon qu’un médecin français ? Le problème n’est-il pas ailleurs ? Et que dire des plombiers ? Les polonais sont-ils moins bons que les français ? Cocorico !!! non, je connais une multitude de médecins français qui valent moins que rien !!


    • leypanou 11 juin 2014 17:51

      @alinea :

      Cela n’a rien à voir avec son origine, mais sa formation : un médecin libanais formé en France a la même valeur qu’un médecin français formé en France. Ne parlons pas de plomberie : cela peut s’apprendre en quelques mois et avec quelques mots de français bien en-deçà de ce qu’il faut pour faire un hypo-khâgne, un plombier polonais peut très bien se débrouiller.


    • alinea alinea 12 juin 2014 11:16

      leypanou : la sélection en France, en ce qui concerne les toubibs, les kiné, les vétos, est extrêmement « élitiste » sur des trucs qui n’ont rien à voir avec leur profession ; aujourd’hui les français vont en Belgique faire leurs études de kiné ou de médecine vétérinaire !! Ils ne sont pas moins mauvais ( quel lapsus !!) que les autres ! C’est tout ce que je veux dire ; ce pouvoir des médecins est bien désuet ; d’autres l’ont compris avant nous !


    • Pillippe Stephan Slipenfer 10 juin 2014 11:54

      c’est le retour des arracheurs de dents .


      • lsga lsga 10 juin 2014 13:41

        La privatisation du système de santé n’a pas pour but de baisser le coût de la santé ni d’optimiser les soins, mais de relancer les profits et la « croissance ».

         
        Si vous croyez que le Keynésianisme peut vous sauver de cette loi, vous passerez par les trois étapes et vos enfants finiront sur le front. 

        • non667 10 juin 2014 16:14

          à isga
          vos enfants finiront sur le front.

          o.k. sur le front national !  smiley smiley smiley smiley


        • lsga lsga 10 juin 2014 16:21

          oui, sur le front national de la guerre mondiale. Vous ne saviez pas d’où venait le nom « Front National » ? Apprenez un peu l’histoire de votre parti :

          http://fr.wikipedia.org/wiki/Front_national_(ann%C3%A9es_1930)

           

          La guerre mondiale : voilà ce qui vous attend, pas « l’augmentation du pouvoir d’achat »

           

        • foufouille foufouille 10 juin 2014 13:54

          "L’évolution actuelle du système de santé, longtemps protégé de la prédation financière et de la dérégulation/déréglementation du fait de son domaine d’application (à savoir l’intégrité physique et psychique des citoyens)« 

          ça fait plus de 20 ans que c’est le cas. de nombreux »médecincs" sont juste bon à faire l’ordonnance
          pour faire une radio, il faut revenir et revenir, etc

          c’est la formation après les études qui posent problèmes

          les visiteurs médicaux devraient être interdit


          • alinea alinea 10 juin 2014 15:55

            Terrible de se voir rabaisser au rang du quidam ordinaire !! Mais c’est le cas de tout le monde, l’auteur !
            Mon avocat est italien, mon vétérinaire est hollandais !
            Je ne dis pas que je trouve ça bien, mais il faut se réveiller, hein ?


            • Pere Plexe Pere Plexe 10 juin 2014 18:28

              J’aurais préféré que l’auteur nous explique comment nous passer des médecins étrangers ? 

              Quand les hôpitaux mais aussi les cliniques ont massivement recours à leurs services.
              Quand tous les rares médecins en zone rurale ou péri urbaine (70% du territoire) sont tous issus de cette filière.
              Quand les délais pour un rendez vous chez un spécialiste dépassent 6 mois.

              Ras le bol de la complainte de ces nantis qui pratiquent le racket sur leurs patients

              • cassios 11 juin 2014 10:09

                Attention, il y a dépassement et dépassement.
                Autant il y en a des scandaleux, autant certains sont justifiés si vous voulez les dernières technologies pour vous soigner.
                La sécu revalorise très très mal les soins depuis plus de 20 ans car les tarifs sont calquées sur la médecine d’il il a au moins 20 ans.
                D’ailleurs, à part certaines catégories de médecins très précises, les médecins aussi ont perdu du pouvoir d’achat en 20 ans.
                Exemple tout bête : les gynéco obstétriciens font des dépassements d’honoraires de plus en plus conséquents mais cela vient en grande partie du fait que leurs assurances procès leur coutent de plus en plus cher (on en est facile à 15000 euros par an). Un gynécoloque qui ne fait pas d’obstétrique ne paiera que 1000 euros par an... Et pourtant il tentera de faire le même prix pour la consult que celui qui fait d el’obstétrique.

                Autre exemple, une loi vient de sortir pour forcer les gynéco qui font des échographies à changer leur matériel tous les 5 ans (alors qu’avant c’était 10 ans) et ce même si l’appareil est en parfait état de marche et entretenu par le constructeur. Merci le lobby des fabricants de matériel, bonjour la facture pour le patient.
                Entre la multiplication des procès, le prix des nouvelles techniques de soins et le lobbying, les dépassements n’ont pas fini d’augmenter.


              • foufouille foufouille 11 juin 2014 10:44

                "Autre exemple, une loi vient de sortir pour forcer les gynéco qui font des échographies à changer leur matériel tous les 5 ans (alors qu’avant c’était 10 ans)"

                c’est par principe de précaution. imagine que ce truc déconne et te bousille un organe ........


              • JMBerniolles 10 juin 2014 20:07

                Très bon article de quelqu’un qui se donne la peine d’informer et d’avertir. Parce qu’évidemment on ne trouvera sûrement pas ce genre d’analyse dans Libé.

                Entre parenthèse, la base d’un bon fonctionnement démocratique est une information juste et adaptée.
                Le niveau de cet article voudrait que les commentaires soient à la hauteur.
                La santé n’est pas un petit sujet et dans ce domaine comme dans d’autres, il faudrait justement que les gens se réveillent sur le vrais problèmes (comme ceux qui sont évoqués ici et qui dépassent la question de la médecine) et ne considèrent pas les dégâts que le système causent comme une évolution naturelle.
                Ainsi la dégradation phénoménale des acquis de connaissances et de pratiques dans l’enseignement, due au laxisme doctrinal et aux problèmes multiples des familles à qui on donne un trop grand poids dans le cursus scolaire jusqu’au Bac [l’enseignement de l’ignorance comme dit J-C Michéa] est un produit du système et non une évolution normale. Parce que l’évolution naturelle serait ici qu’il faille plus de connaissances aujourd’hui pour gérer une famille, assumer son rôle de citoyen, faire son métier... en changer aussi d’ailleurs.
                Il faut aussi relever la notion de démocratie mal digérée, c’est à dire l’extension du principe démocratique de l’égalité des droits, devant la Loi et pour les votes de la représentation nationale, à une égalité généralisée entre les personnes. 
                [Mais déjà, dans certaines consultations comme les sondages on fait la distinction entre des groupes de personnes suivant les compétences par exemple]
                La réalité est qu’il y a des gens meilleurs que d’autres, plus intelligents, plus cultivés, plus courageux,... et qu’il faut en tenir compte ; Il vaut mieux être dirigé par les meilleurs que par des médiocres, voir des incompétents, comme c’est le cas avec notre gouvernment actuel à la suite du précédent d’ailleurs, qui va au-delà de la démission de notre monde politique devant le système





                • JMBerniolles 10 juin 2014 20:21

                  Il ne faut pas tout confondre, le numérus clausus [absurde quand on sait que dans les grands concours comme à Marseille on élimine des étudiants à 15 de moyenne] trop faible, par décision politique, et la nécessité de sélectionner avec un concours de haut niveau. Cette réflexion un peu haineuse sur les « nantis » [des étudiants qui font au moins dix ans d’études pendant lesquels ils ne sont pratiquement pas payés. Un interne qui assure un travail lourd et responsable touche de l’ordre du SMIC] n’apporte vraiment rien au débat.

                  Il ne faut pas se tromper de nantis. En France les véritables nantis ne risquent pas d’aller se faire opérer par un chirurgien libannais à Draguignan par exemple. Qui ne sera peut-être pas si mauvais d’ailleurs parce qu’il bénéficiera, en France, la culture générale en matière de médecine et de chirurugie qui existe encore.



                  • alinea alinea 10 juin 2014 21:07

                    Cela fait des décennies que les étudiants libanais viennent faire leurs études de médecine en France !!!
                    Je me suis sentie un peu visée par votre commentaire ; je veux juste dire que les médecins aujourd’hui et pour la plupart, sont les suppôts de Big pharma ! leur seul rôle est de nous envoyer chez un spécialiste, de donner des antibios pour une angine ou de de nous laisser nous démerder pour prendre rendez-vous pour un scanner !
                    En revanche, les chirurgiens ont fait énormément de progrès et sauvent des vies ; les urgentistes itou !!
                    (je rappelle aux distraits que l’angine ne se soigne pas avec des antibios !!!)


                  • Krokodilo Krokodilo 12 juin 2014 12:03

                    @Alinea, vous vous trompez pour les angines, du moins ne partie, mais ce n’est pas le sujet. Quant aux antibiotiques, même si nous étions en surconsommation par rapport aux pays nordiques, c’est étonnant à quel point on néglige l’incroyable consommation d’AB de l’élevage intensif, qui représente l’immense majorité de ce qui se retrouve dans nos rivières.


                  • Rafik 11 juin 2014 01:23

                    Bravo pour cet excellent article. Médecin marocain, pour exercer en France j’ai choisi de passer le concours éliminatoire de première année, avant d’effectuer le deuxième cycle des études médicales, puis j’ai passé le Concours de l’Internat. Je confirme ce que dit l’auteur de cet article, à savoir que le niveau académique français est très élevé comparé à celui des autres pays. En tout cas, vu du Maroc, le diplôme français de Docteur en médecine est considéré comme très prestigieux.

                    Autoriser des médecins à diplôme étranger à exercer en France, alors qu’ils ne sont pas passés par les mêmes concours et le même cursus universitaire que les étudiants français n’est pas normal (aux USA par exemple, il faut refaire tout le cursus médical américain). Ce genre de dérogation ne permet pas de garantir une qualité de formation équivalente à celle des étudiants français.


                    • foufouille foufouille 11 juin 2014 10:47

                      pour vendre des médocs, ton diplôme est suffisant en france


                    • TOUSENSEMBLE OU L ECUREUIL ROUGE TOUSENSEMBLE OU L ECUREUIL ROUGE 11 juin 2014 09:34

                      NON MR LAMY DE L UMPS ( ex directeur ocde ;; ;)

                       LA SANTE N EST PAS UNE MARCHANDISE  !!!!!!!!

                      SEULS LES SERVICES PUBLICS REGALIENS NE SONT PAS PRIVATISES
                      car L AGCS « accord général sur le commerce des services » a de beaux jours devant lui !!!!

                      MEME l armee sera remplacée et la police par des cohortes de « mercenaires » (fait aux usa pour 50% !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

                      le TAFTA ACCELERERA TOUT CA  !!!!!!!!!!!!!!!


                      • Yohan Yohan 11 juin 2014 14:42

                        On peut légitimement reprocher aux derniers gouvernements successifs, gauche droite confondue, leur hypocrisie à haut niveau. On a un numérus clausus qui va nous conduire tout droit à une grave pénurie de médecins. 

                        Sans les internes payés au lance pierre, les hôpitaux seraient déjà moribonds. Quand on choisit de laisser faire et de trouver normal d’avoir 12% de généralistes roumains...juste roumains (qu’en pensent les roumains ?), sans parler des médecins polonais, bulgare, espagnols etc...il ne faut pas s’étonner de la la lente dérive et de l’état d’abandon des services de santé publique, (on voit surtout qu’on a affaire à des escrocs). Pour les punir, on devrait réformer le Val de Grace et le mettre à la seule disposition du petit peuple.
                        PS : rappelez nous combien d’étrangers nous soignons gratuitement chez nous. Pour mémoire, lorsque j’ai du me rendre à l’hosto en Thaïlande, la première chose que l’on m’a demandé, c’est ma carte bleue.... eh bien, j’ai trouvé cela normal...

                        • Samiha 11 juin 2014 20:17

                          Je ne suis encore qu’étudiante en médecine, de nationalité algérienne, mais comme Rafik j’ai réussi le très difficile concours de première année en France. Comme il est écrit dans l’article, toutes les formations universitaires ne se valent pas. La formation française « élitiste » ultra-sélective est admirée internationalement. C’est la raison pour laquelle le diplôme français de médecin est autant convoité, et que le système français attire beaucoup d’étudiants étrangers en première année. L’injustice est que maintenant tous les « itinéraires bis » pour contourner le premier et/ou le deuxième concours sont tolérés, en particulier pour les ressortissants de l’UE.


                          • smilodon smilodon 11 juin 2014 22:49

                            Vivent les médecins !.. Et vivent aussi les « patients » !.. Pourvu qu’ils le restent !..Adishatz.


                            • Spartacus Lequidam Spartacus 12 juin 2014 00:03

                              Encore une complainte de celui qui a peur de la concurrence. 

                              Vous imaginez si on forme trop de médecins ? 

                              Il faudra devenir un « bon médecin » pour avoir des clients au d’être le seul médecin du quartier....

                              • Krokodilo Krokodilo 12 juin 2014 11:58

                                Globalement d’accord, sous réserve d’augmentation du numérus clausus et de l’amélioration des passerelles L2, pas possible dans toutes les filières, car il est bien évident que les cent ou deux-cent premiers recalés auraient pu faire eux aussi de bons médecins, pas forcément l’élite évoquée dans l’article mais de bons praticiens de toutes disciplines. Une notion absente je crois de l’article, l’injustice interne à la France entre les facultés : environ 8% de réussite à Toulouse, Montpellier, Marseille, alors que Clermont-Ferrand, Besançon ou Lille de mémoire tournent aux alentours de 15%. C’est probablement dû à la sous-médicalisation de certaines régions, mais comme la spécialisation dépend non de la région d’origine mais des examens de 6e année, c’est quand même une situation assez injuste.

                                Sur la question des notes à l’école, pas d’accord sur le lien automatique que vous faites entre notes et sélectivité, ou absence de notes et laxisme/égalitarisme. J’avais fait un article sur le sujet :

                                C’est pas demain que les études médicales seront faites en anglais, heureusement ; d’une par il y a beaucoup de vocabulaire en médecine, les profs et pas seulement les étudiants devraient faire de gros efforts, et surtout les patients parlent français, hormis les riches clients étrangers dont parlent l’article !


                                • Esther 13 juin 2014 21:26

                                  Super article, complet et bien documenté. J’ai de bons résultats au lycée et j’hésite encore entre classes prépas et médecine. Si j’ai bien compris, on est confronté à quatre flux : les étudiants français issus du concours de première année et qui passent par une sélection très sévère, des étudiants qui contournent le numerus clausus en allant faire leurs études dans un autre pays de l’UE et qui ensuite réintègrent le cursus français pour « blanchir » leur diplôme, les médecins à diplôme étranger, et bientôt les médecins à diplôme de Facultés privées européennes. J’ai l’impression que le problème siège à deux niveaux. Le premier est économique : la France est en « faillite » d’après un ancien premier ministre, ce qui n’est pas vraiment en faveur d’un financement public de la formation des étudiants français. Le second est dogmatique : le sacro-saint principe de libre circulation des travailleurs, qui est un des fondements de la construction européenne. En même temps, cette construction a déjà été rejetée par référendum en 2005 par les Français, les Néerlandais et les Irlandais. D’ailleurs, j’ai lu que l’actuel ministre des affaires étrangères militait pour le « non » au référendum sur la Constitution européenne.


                                  • Stefan 30 juillet 2014 21:53

                                    Je viens d’avoir mon Bac avec mention TB, et pour moi ce sera la Fac de médecine, même si c’est hypersélectif. Cet excellent article me donne envie de bénéficier de la formation médicale « élitiste » française, pour ensuite pouvoir défendre à mon tour ce patrimoine universitaire national et ce savoir-faire français que le monde entier reconnaît.

                                    @ Esther : pour compléter ton post, ce ministre PS dont tu parles a finalement approuvé le traité constitutionnel « simplifié » de Lisbonne proposé par l’UMP. C’est en réalité un européiste convaincu qui avait soutenu hypocritement le « non » pour se différencier artificiellement en vue de l’élection primaire de 2006. Cette posture cosmétique ne lui a d’ailleurs pas profité politiquement à l’époque.


                                  • Samuel 17 juin 2014 15:05

                                    Très bon article. La très lucide analyse qui y est développée peut en réalité être étendue à tous les secteurs professionnels ciblés par la pernicieuse dérégulation/déréglementation ultra-libérale prônée par l’Union européenne. Si même les étudiants issus des filières sélectives comme les Grandes Écoles ou la Faculté de médecine sont soumis au dumping social et salarial au moyen des diplômés étrangers, cela signifie que plus aucun citoyen français n’est à l’abri. La prédation de la grande finance à l’encontre des professions libérales médicales est également très inquiétante : cela favorisera le moins-disant sanitaire. Encore bravo à l’auteur pour cet article original et intéressant.

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