Sauf notre respect pour les LGBTQIA+
On la voit un peu partout suggérée sous YouTube, même quand ça ne relève pas du champ mémétique de notre recherche, comme pour la revendre à foison. Blanche Gardin, pour son sketch au Montreux Comedy Club : Être une femme, être un homme. En fin de sketch, retournement de situation gynocratique : il est meilleur d'être fourré(e) que de fourrer, les hommes adoreraient qu'on leur chatouille la rondelle, et pas que la chatouiller.
Bien sûr, c'est de l'humour, mais il faut dire : elle est sexuellement femme, non pas sexuellement homme. Sa dynamique a des avantages et des inconvénients différents de la dynamique masculine qui a ses avantages et ses inconvénients. Mais, en somme, être homme ou femme ne voudrait donc rien dire, car les hommes auraient à préférer être femmes ? ...
C'était de l'humour, oui, bien sûr. Tout comme Balance ton quoi était sympa. Et pourtant ça rabat toutes nos oreilles, et pas que nos oreilles, en boucle comme en résultats de recherche, à dessein.

Source journalistique
Il faut obligatoirement des caractères sexuels différents et genres afférents,
sinon ça ne fascine pas, car ne référant à aucune hybridation.
Car ça veut dire quelque chose, d'après des "clichés" justement (d'être homme ou femme), c'est-à-dire d'après un référentiel culturel autour de la sexuation, référentiel qu'apparemment d'aucuns rejettent comme cliché, et pour quoi ils prétendent que ça ne veut rien dire - au titre de leur rejet de ce référentiel culturel autour de la sexuation, donc de cette forme de culture en général. Il y en a d'autres formes (de cultures), mais toutes développent des référentiels culturels autour de la sexuation, des "clichés", c'est-à-dire des genres.
Finalement faire/être l'homme ou faire/être la femme réfère bien à une sexuation (malgré les exceptions qui confirment la règle) doublée des idées culturelles qu'on y plaque (les genres). Tout le monde plaque des idées dessus rapport à un référentiel culturel genré avec ses propres "clichés", peu importe lesquels, peut-être surtout les transsexuel(le)s d'ailleurs, qui se sentent hommes ou femmes, qui veulent clairement faire/être l'homme ou la femme. Et il s'agit quand même d'être homme et être femme même pour Blanche Gardin, même quand on joue sur le sens, en disant qu'on ne pense pas toujours qu'on l'est, donc qu'on ne l'est pas en termes d'identité définie, de genres - comme au début de son sketch. C'est bien parce qu'on s'en sent qu'on le fait exister chacun(e) à notre manière, notre genre. Allumez la radio sur Skyrock ou Fun Radio : "les jeunes", quoique sensibilisés au transgenre, marquent définitivement leur sexuation pourtant. Or, ils ont grandi dans une société pro-transgenre ! ... Enfin, que dire de ces hommes devenus transexuelles ou se sentant seulement insexués ("non-binaire", comme si ici la binarité était une arriération mentale ...) une fois dans les vestiaires des femmes ? en lice et en concurrence athlétiques avec elles ? ... C'est ridicule, et pose déjà problème aux USA. Lesbians don't have penises, et ne veulent fémininement pas en rencontrer un brinquebalant dans leurs couloirs, au prétexte que l'homme en face se sentirait lui-même lesbien !
A la fin, il faut quand même se demander ce qu'il reste de monde commun, de culture, donc de possibilités d'intercompréhensions, peu importe le référentiel culturel ou les idées qu'on se fait : pour, contre, avec, sans, en-deçà, par-delà, ou à travers ... si on décrète qu'on n'a pas le droit d'en dire quoi que ce soit au prétexte que ça ne voudrait rien dire et que ce ne seraient que des "clichés" que la sexuation genrée, sous le coup de notre rejet de la sexuation. Et puis, cela existe aussi, les a-genres !
Finalement, la mentalité dite progressiste est en passe de devenir traditionelle à force de militance (en fait, le "Progrès" est déjà traditionnel sur le fond, lire à ce sujet Bruno Latour, Nous n'avons jamais été modernes) ... Cette mentalité qui porte tout ça aujourd'hui, elle est d'ancienne gauche-sociétale et d'ancienne droite-mondialiste, mariées par LREM à réduire le PS et LR en poussière, du centre donc avant tout ... mentalité inculturelle, ou méca-culture, "mécalturelle", qui prétend pouvoir s'adonner mécaniquement à tous les assemblages (elle est guattaro-deleuzienne d'Anti-Oedipe, capitalisme et schizophrénie).
De base, il me semble que les questions sont légitimes : par définition, dans féminisme, il y a féminin, or si on part sur le queer et le transgenre ou l'agenre, soudain ça fait tout drôle puisque c'est exit le féminin comme tel. Les militances sont incohérentes ou décohérentes avant tout.
En fait c'est très simple : la notion de féminisme devait fatalement susciter des réactions dites masculinistes, parce que ça va ensemble. Le sexe biologique (y en a-t-il un autre ?) de l'espèce humaine, souffre certes certaines influencent chromosomiques et hormonales, mais globalement il se manifeste en tant qu'incubateur ou inséminateur : féminin ou masculin. De ça on ne se débarrasserait que le jour où nous ne nous reproduirions plus qu'en mode transhumaniste, via utérus artificiels par exemple, à moins que sur des générations nous ré-évoluions vers la parthénogenèse, ce qui semble peu probable vue notre complexité, enfin reste l'option du clonage. Seulement nous voyons bien que ça pose des problèmes éthiques en biotechnologies, et que ce n'est pas aussi simple, d'autant plus qu'en attendant ce qui compte pour nous, là, présentement, dans nos vies belles et bien vécues, c'est justement notre tripe d'existence organique/biologique, pour le meilleur et pour le pire, et elle implique un sexe incubateur et un sexe inséminateur manifestes et largement partagés.
Anthropologiquement, toutes les sociétés ont dû faire quelque chose de la sexuation, et ce qu'elles en firent fut justement une plus ou moins grande accentuation binaire, sachant que certaines établirent des statuts ou des moments un peu spéciaux, plus ou moins honorés, quant aux amoures non-potentiellement sexuelles au sens incubateur-inséminateur du terme.
Par exemple, l'homosexualité initiatique chez les Anciens Grecs : Socrate avait la réputation d'être un sacré coureur d'éphèbes. Est-ce que Socrate se demandait s'il était efféminé ? ... Non seulement nous savons que l'effémination ne fait pas l'homosexuel, mais en plus nous nous doutons bien que le genre auquel appartenait Socrate, dans une société pourtant masculiniste, intégrait au genre masculin la pédérastie (homosexualité initiatique). A condition d'ailleurs, que l'aîné soit le preneur, et le jeune le pris, au risque de se sentir efféminé ! ... mais voilà que 2000 ans plus tard c'est l'homosexualité en elle-même, qui passa pour efféminée, et Socrate avec, ruinant son bel idéal, genre masculin. Socrate s'y sentait bien, parce qu'il avait confiance en soi (encore que marginalisé par la communauté athénienne, comme corrupteur intellectuel de la jeunesse, en tant que philosophe original et réputé). Socrate avait confiance en soi, et il bénéficia d'une reconnaissance dans le milieu de la pensée d'alors (à sa mort, Platon en fit une apologie, ce qui le popularisa jusqu'à nos jours).
Tout rôde autour de la question de l'estime de soi, qui dépend évidemment de notre proximité avec un certain idéal du moi, mais aussi avec le besoin d'appartenance à différents degrés, que nous éprouvons. Quelqu'un qui ressent fort le besoin d'appartenance, alors qu'il est "particulier" va commencer par s'auto-condamner, s'auto-exclure, de façon quasi-paranoïde, mais par simple manque de confiance en soi. C'est qu'il est galvanisé par son sentiment de particularité, et il s'imagine que c'est marqué sur son front alors que généralement ça passe à des kilomètres à la ronde pour le commun des mortels. Mais, quand certains comportements peuvent éventuellement surprendre, rapport à des habitus culturels - de genres, en l'occurrence, mais cela vaut pour tout - toute la question est alors de savoir dans quelle mesure la personne est attachée, par besoin d'appartenance, aux autres, c'est-à-dire aussi la prégnance de leur influence sur son estime de soi, voire intimement sur sa confiance en soi (ce qui est particulièrement vrai avec les plus jeunes).
A partir de là, tout dépend des personnes bien entendu, mais se communautariser est positivement une façon de se ré-encourager, donc de reprendre confiance en soi, comme dans un groupe de soutien thérapeutique, jusqu'au point où notre estime de soi dépend moins de la reconnaissance des autres en général (du besoin d'appartenance global). D'un autre côté, la communautarisation entretient, dans la reconnaissance des autres en général, justement, l'idée d'une particularité non-normale. Je dis bien non-normale parce que, même quand il est admis qu'elle n'est pas anormale, elle peut continuer de sembler non-normale : les gens font semblant de ne pas la voir, ce qui est justement le moment où c'est le plus gênant pour tout le monde. A partir de là, il me semble qu'un peu d'autodérision de la part de la personne concernée ne fait pas de mal, et a d'ailleurs tendance à rendre autrui admiratif, ce qui n'est pas dégueulasse comme résultat au final.
Et, de fil en aiguille, d'autant plus qu'on mûrit/vieillit, on devient capable de faire fi de toutes ces histoires, joyeusement. Néanmoins, ça ne supprime pas la question des éventuels violent-es qui nous agresseraient, seulement je pense qu'il faut aussi savoir raison garder, et effectivement savoir ne pas vivre dans la peur. C'est-à-dire qu'il ne faut pas monter tous les faits divers de cet acabit en épingle, parce que sinon c'est le même mécanisme pour tout le reste : ça finit en chiens de faïence, ce qui n'est pas ce que l'on peut appeler une vie commune heureuse. Et, aussi, n'ayons pas d'idéal du moi trop élevé, et surtout d'idéal du toi trop élevé : ça aide beaucoup. C'est-à-dire que l'être humain est un animal craintif qui n'admet pas aisément qu'il est faillible, inquiet et ignare en bien des choses, à commencer par l'autre là, en face de soi.
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