« Si le peuple vote mal, il faut changer le peuple ! »
Au bistro de la toile :
- Alors Victor, il s'en passe des choses en ce moment ! C'est la valse des élections, chez les Rosbifs, chez les Espanches et même chez les Bretons… Et les électeurs ne votent pas « comme il faut » me semble-t-il !
- Parlons de chez les Rosbifs. Le peuple s'est exprimé. Et qu'est-ce qu'on entend dans toutes les machines à bruit, qu'est-ce qu'on voit sur toutes les lucarnes à décerveler ? Des interviews des perdants, des bobonimenteurs pourrissant la « stupidité » de cette populace qui n'a pas voté « comme il faut » ! On n'entend que ça. Et on met en avant une vague pétition réclamant rien moins...qu'un nouveau référendum ! Et on fait parler des « brexiteurs » qui disent regretter leur vote.
Et l'on parle d'un pays qui se réveille comme après une grosse cuite. Et l'on oppose le vote des gens éduqués, aisés, propres sur eux de Londres aux ploucs puants de la gueule de la cambrousse qui ont voté contre le maintient dans cette Europe des banksters. Salaud de peuple va ! « Si le peuple vote mal, il faut changer le peuple » qu'il a dit un jour Berthold Brecht !
- S'il y avait un référendum en France, le résultat serait le même que chez les Rosbifs : il y a un rejet général de L'Europe telle qu'elle nous est infligée.
- « Infligée ». T'as trouvé le bon mot Loulle. Cette Europe qui nous est infligée par des traités scélérats n'est plus celle qui nous a tant fait rêver. Cette formidable utopie qui nous a amené la paix en nous réconciliant avec les Allemands a failli réussir. Et elle peut réussir maintenant qu'elle est débarrassée des Britanniques qui ont tout fait pour la casser.
- Aussi, pourquoi les avoir fait entrer les British ?
- Parce que les Etasuniens l'ont imposé. Faisons un petit retour en arrière. Á l'époque de la création du Marché Commun, la Grande-Bretagne a tout fait pour le contrer, notamment en créant parallèlement une « zone de libre- échange » avec quelques pays de l'Europe du Nord. Mais les milieux d'affaires britanniques, assistant impuissants au rapide développement économique du Marché Commun sans en profiter, ont poussé les politiques à demander leur adhésion.
De Gaulle - qui les connaissait bien - s'est en son temps farouchement opposé à leur entrée, en 1963 puis en 1967. Pour des raisons stratégiques : il avait compris que la Grande-Bretagne serait le cheval de Troie des États-Unis. Ce en quoi, là encore, sa vision était pertinente. Mais Rothschild-Pompidou, à la solde la City de Londres, leur ouvrit les portes et, après deux ans de négociations, la Grande-Bretagne adhéra à l'Europe en 1972, amenant dans ses bagages l'Irlande et le Danemark.
La Grande-Bretagne s'est tout de suite opposé à la seule réalisation européenne tangible, la politique agricole commune. Et le bordel européen a commencé... Souvenons-nous de la Thatcher réclamant, telle une virago : « I want my money back ! » Et obtenant un chèque annuel de restitution de tout ce que la Grande-Bretagne verse au budget de l'Europe. Et ça dure toujours !!! De même, Thatcher s'opposa aux tentatives de Jacques Delors d'avancer vers une certaine fédéralisation, vers une Europe intégrée d’États-Nations.
De tous temps, lorsqu'elle met le pied dans une organisation, la Grande-Bretagne n'a qu'une chose en tête : la dominer et la façonner selon ses seuls intérêts ou sinon la faire capoter. Le premier terme de l'alternative n'étant pas réalisable, il fallait donc couler l'Europe, la faire échouer en tant que puissance politique, diplomatique, militaire. Ceci évidemment en étroite concertation avec les États-Unis.
- Comment ?
- D'abord en poussant à un élargissement sans frein, et le plus rapidement possible. Et ça a été l'intégration catastrophique de tous les pays de l'Est... 28 États dans une organisation où les décisions se prennent à l'unanimité ! Un « machin » rigoureusement ingouvernable, donc paralysé. C'est ce qui se passe actuellement.
Ensuite freiner, par tous les moyens, toute avancée vers une plus grande intégration fédéraliste.
Puis influer pour ouvrir cette Europe passoire à tous les vents d'une « mondialisation » façonnée par et pour les États-Unis (et leur cheval de Troie britannique).
Puis vint Maastricht et la création de l'Euro. Ce sont les Britanniques qui ont lutté farouchement, et avec succès, pour que la fiscalité et le social soient exclus des lois communes européennes. C'est donc à eux que l'on doit la concurrence sauvage entre pays vers le moins-disant fiscal et social. C'est à cause d'eux que des pays sans scrupules comme le Luxembourg et les Pays-Bas ont mis au point des mécanismes exploitant cette faille et livrent l'Europe aux appétits sans frein des multinationales. C'est à cause d'eux que celles-ci ne paient pas d'impôts.
Quant à l'euro, non seulement ils n'y sont pas entré, mais ils en profitent outrageusement grâce à la puissance financière de leurs nid de banksters qu'est la City…
- Il faut en revenir aux pays fondateurs. D'ailleurs ça bouge. Les six fondateurs discutent ensemble pour un nouveau départ.
- Il serait temps. Mais attention à l'Allemagne qui est liée « à l'insu de son plein gré » aux Etats-Unies. La fable qui nous est racontée – en France essentiellement, et dans le but de manipuler mentalement nos seuls compatriotes – serait que le « couple franco-allemand » constituerait l’axe fondamental de la stratégie internationale des deux États, et la clé de voûte de la « construction européenne ».
Pourtant le traité de l’Élysée signé par Charles de Gaulle et Konrad Adenauer le 22 janvier 1963 fut entièrement dénaturé, 5 mois après, par un fameux « préambule interprétatif » voté sans crier gare par le Bundestag allemand le 15 juin 1963 au moment de sa ratification.
Ce « préambule interprétatif » réintroduisit unilatéralement, sans l’accord de la France, tous les éléments que Charles de Gaulle avait justement délibérément exclus du traité, dans l’objectif de desserrer les liens entre l’Allemagne et les États-Unis afin de soustraire l’Europe à l’hégémonie américaine.
Les députés allemands, dûment chapitrés par les émissaires de Washington, insistèrent donc dans ce « préambule interprétatif » – qui devrait plutôt être qualifié de « préambule destructeur » http://www.assemblee-nationale.fr/14/evenements/50-ans-traite-elysee/Elysee_preambule.pdf
- Ouais. On comprend mieux l'attitude de Frau Merkel qui freine des quatre fers pour dégager le Royaume-Uni rapidement de l'Europe, selon le souhait de ses électeurs. Barrack « Blackbush » Obama a dû lui passer un coup de fil lui rappelant sa vassalisation signée vis-à-vis des USA !
- Exact. Avec la défection des Rosbifs, elle perd un allié ultra-libéral de taille et se retrouve seule face à la France plus ou moins soutenue par les pays du Sud plus qu'irrités par les diktats allemands et pour lesquels l'Europe sociale et politique compte plus que l'économie austéritaire à la Wolfganf Schäuble.
- « Ouate Inde scie »… Allez, à la nôtre.
Illustration:merci à Chimulus
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