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Accueil du site > Tribune Libre > Suppression de l’histoire : voici pourquoi tant d’histoires

Suppression de l’histoire : voici pourquoi tant d’histoires

Risibles sont les cris d’orfraie et la mobilisation de certains intellectuels face à la suppression annoncée de l’enseignement de l’histoire en classe de terminale S : cela fait depuis toujours qu’il n’y a pas d’histoire en terminale technologique ou en terminale bac pro et cela n’a jamais empêché ces belles âmes de dormir.

Evidemment, le ministre Chatel touche avec cette réforme au parcours scolaire de leurs rejetons qui tous, ou presque, investissent la filière d’excellence S pour mieux reproduire par la suite les immuables hiérarchies sociales. On comprend mieux ainsi la vigueur de leurs réactions ! Tant pis si les deux tiers d’une classe d’âge n’ont jamais eu d’histoire en terminale, et pour cause : un tiers des jeunes quitte l’enseignement scolaire avant la terminale et l’autre tiers est orienté vers les filières technologiques et professionnelles. Cet enseignement n’a donc jamais concerné qu’une minorité de jeunes et les professionnels de la protestation y trouvaient-ils à redire ? au-delà du cas de la filière S proposent-ils une généralisation à toutes les classes de l’histoire en terminale ? Nous n’avons rien entendu en ce sens !
Alors, est-ce là l’apocalyptique « fin de l’histoire » comme le titre Libération ? Ou n’est-ce pas plutôt l’occasion de cesser de se raconter des histoires ? Car la réforme voulue par le ministre n’est pas dénuée de sens, qui vise à mieux spécialiser les filières afin d’atténuer la prédominance du bac S sur tous les autres. Et ce d’autant plus que cette prédominance est synonyme de reproduction sociale lorsque l’on sait que l’écrasante majorité des élèves de S est issue des classes aisées et supérieures. Il n’est donc que temps de rééquilibrer les choses en favorisant l’orientation vers le bac L ou vers le bac ES pour un jeune attiré par l’histoire.
Quant au jeune qui, s’orientant tout de même en S s’en verra privé en terminale, il pourra toujours s’il le souhaite bénéficier d’un enseignement facultatif et surtout gageons, si l’on prend en considération que la terminale n’est pas du tout une fin mais un début en S, que durant les longues et prestigieuses années d’études supérieures que cet élève accomplira par la suite, il aura beaucoup plus l’occasion de forger ses humanités que ses camarades d’autres sections. Car c’est là un paradoxe : les belles âmes sont offusquées alors que c’est précisément aux élèves des bacs technologiques et professionnels qui arrêtent leurs études tout de suite ou au maximum deux ans après le bac que l’enseignement d’histoire en terminale semblerait le plus nécessaire ! Si leur indignation était réellement sincère et raisonnée elle ne devrait pas se fixer sur le bac S mais plutôt sur ces oubliés qui, au passage, constituent la majorité de la population, excusez du peu….mais comment espérer de ces intellectuels de penser ce qui se passe de l’autre coté du périphérique qui leur est à certains égards à des années lumières ? Pour la première fois le rapport Descoings avait rappelé l’importance et l’ascenseur social que constitue en France l’enseignement technologique, mais ceci a dû leur passer inaperçu…
Tout ceci n’est en fait que tempête en verre d’eau dans le marais germanopratin, mais gageons que l’efficace mobilisation de ces privilégiés sera entendue du gouvernement, comme d’habitude… « selon que vous serez riches et puissants » ne disait pas La Fontaine ?
 
 

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10 réactions à cet article    


  • plancherDesVaches 11 décembre 2009 15:29

    « Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre. » Winston Churchill

    Repos, colonel. Heureusement que comme d’habitude, on ne vous demande pas d’intelligence.


  • tonton17 10 décembre 2009 17:59

    Beaucoup de professeurs d’histoire sont des soixantehuitards plus ou moins trotskystes ...alors l’histoire de France avec ce CV ....cette mesure est très bonne !!
    Pourquoi la section L ??? ce qu’il faut ce sont des techniciens, des ingénieurs et non pas des sociologues, des psycho..., des historiens de l’art, des journalistes  etc...etc
    Il faut des eoliennes et non des ventilateurs c’est à dire des hommes qui à partir de vent fabriquent de l’énergie et non pas des hommes qui à partir d’énergie fabriquent du vent !!!


    • K K 11 décembre 2009 12:13

      heu en terminale C, j’ai connu un prof d’histoire qui nous passait Maréchal nous voilà" en chantant en même temps que la chanson. Pas vraiment le profil marxiste, n’est-ce pas ?


    • heliogabale boug14 10 décembre 2009 18:55

      oui, c’est vrai mais il faudrait surtout signaler la pauvreté du programme d’histoire, aucune ambition, que des platitudes qui virent limite au clichés. Sans faire de provocation, avec Wikipedia, on en apprend plus. Il est vrai qu’il y a peu d’heures consacrées à l’histoire. C’est d’autant plus vrai en S, donc la suppression de l’histoire-géo ne sera pas une très grande perte. On pourrait profiter de l’occasion pour que l’histoire en option soit plus quantitative, ce qui cadrerait mieux avec la filière S.


      • sleeping-zombie 11 décembre 2009 09:02

        J’aime bien ton rappel sur l’absence d’histoire-géo pour la majorité de la classe d’age 17-18 ans.

        Après, ta généralisation « Terminale S voie de l’élite » et « rééquilibrer les choses en favorisant l’orientation vers le bac L ou vers le bac ES pour un jeune attiré par l’histoire » ne correspond en RIEN à ce que j’ai vécu quand j’y étais. Ca remonte a 12 ans mais en 2 chiffres, l’histoire géo c’était :
        - 3h par semaine qu’on utilisait pour faire nos devoirs de sciences.
        - 1/13eme du bac quand la somme maths-physique-bio faisait plus de la moitié. Notre prof d’histoire-géo, lucide, nous avait dis « ne perdez pas de temps à réviser l’histoire-géo pour le bac, ça sert a rien de passer des heures à transformer un 7 en 13, quand le même temps consacré aux maths vous transformera un 3 en 17. surtout vu les coeffs ».

        Pour autant, je suis pas pour la suppression de cette matiere en TS. Car ça m’a apporté des choses, et pourtant j’étais le 1er a pas écouter. Mais même un bruit de fond, auquel on ne prete aucune attention, a de l’effet. C’est la magie du cerveau. C’est d’ailleurs sur ce principe que la pub fonctionne...

        Et aujourd’hui, 12 ans après, je me sens plus riche de connaître le comment de la partition du monde après 1945 alors que j’ai complètement oublié comment on résout une équation différentielle...

        Ca a tant changé que ça en 12 ans ?


        • ASINUS 11 décembre 2009 11:13

          yep peuple sans Histoire peuple sans memoire, et puis il est des defenseur acharnés
          de cette suppression qui eux l utilise l histoire ne serait ce que pour instrumentaliser le présent. l ’argument sur les « utilitaires » est recevable sauf que sans socle de référents historiques cela donneras au mieux des robots sans ames au pire de serviles clients
          mais en fait n est ce pas la le but des mercantis qui gouvernent le monde.


          • Lapa Lapa 11 décembre 2009 12:23

            Quand j’étais au lycée, l’orientation était claire pour la filière générale :

            si tu étais bon en maths-physiques : tu allais en S puis en C ; quel que soit ton niveau en français, histoire géo ou langues

            si tu étais un peu plus limite en maths, mais pas trop mauvais en physique chimie, éventuellement bio : tu allais en S puis en D

            si tu entravais keudalle en maths et surtout en physique : tu allais en A ; quelque soit ton niveau dans les autres matières littéraires.

            La terminale C regroupait tout simplement les meilleurs élèves car bon en maths physiques ne veut pas dire mauvais en Français, philo, histoire... mais il était impensable de priver un brillant littéraire qui était bon en maths de matières scientifiques en le foutant en A.

            Au final la prédominance du C était écrasante. les élèves pouvaient présenter aussi bien les prépas scientifiques que littéraires, pouvaient aller partout, bref la voie que tout le monde essayait de suivre...

            Je pense que cette réforme essaye de renforcer les filière littéraires en déshabillant la filière S, trop générale encore. Mon avis : pourquoi pas. Mais il faudrait également renforcer les matières scientifiques en S. Le niveau scientifique baisse ; ca se voit chez les ingénieurs. A priori la sicence et la technique font peur. Beaucoup ont préféré aller dans les maths financières (surpayés !) que dans la recherche, développement ou les postes techniques. :/


            • marc berger marc berger 11 décembre 2009 14:53

              C’est bien un particularisme français que d’essayer sans cesse de généraliser, cher léon on ne parle pas ici des autres filières (on pourrait mais dans ce cas ce serait un autre sujet) on parle de la filière S.

              Le problème c’est qu’en supprimant doucement quelques heures d’histoire, on permet d’accepter le fait que les scientifiques n’en n’ont pas besoin !!!! grave erreur professeur, un scientifique sans vision passée ou présente de sa société ne sera qu’un robot chercheur dénué de bon sens et d’humanité.

              si on commence à supprimer les sciences humaines dans les filières scientifiques on ne fera qu’agrandir le fossé entre les scientifiques et ceux qui subiront à tord ou à raison, les découvertes de ces derniers !

              Bref article à coté de la plaque

              au plaisir léon


              • finael finael 11 décembre 2009 15:19

                Désolé de vous contredire mais j’ai eu des cours d’histoire (2h/semaine) jusqu’en terminale C (à l’époque « S » n’existait pas) et une épreuve d’histoire au bac.

                L’étude de l’histoire n’est pas seulement nécessaire pour telle ou telle catégorie mais bien pour tout le monde !

                Vous croyez peut-être que les sciences et techniques n’ont pas d’histoire ?


                • kasko 12 décembre 2009 20:08

                   Cet article est très intéressant car il met à leur juste place les arguments des opposants. Ce sujet de la suppression de l’histoire en terminale S illustre parfaitement le mal français le plus grave aujourd’hui : l’incapacité à décider dans un contexte complexe.


                  Tout le monde est d’accord pour considérer que les programmes scolaires sont trop chargés, mais dès que l’on touche à une discipline, c’est le drame ! Je trouve aussi que le choix de l’histoire et de la géographie en terminale scientifique n’est pas si mauvais. Les opposants sont quelques « intellectuels » incapables de prendre une décision mais prompts à critiquer – heureusement ils ne sont pas tous comme cela ! Or si on doit réduire les programmes, il faut bien supprimer des heures sur quelquepart.


                  Dans la plupart des décisions que nous avons à prendre, il n’y a aucune solution parfaite, c’est-à-dire sans quelque(s) aspect(s) négatif(s). Dès qu’une proposition est faite, se ruer sur ses aspects négatifs en occultant les autres - positifs - est une démarche stérile qui conduit à l’immobilisme. Pourtant pas mal de politiques jouent à ce jeu (dans les différentes oppositions, mais aussi dans la majorité), presque tous les journalistes s’y adonnent allègrement car il est plus facile de se focaliser sur le négatif et de prendre des poses outragées que d’expliquer les plus et les moins et de rappeler que les autres alternatives comportent aussi des aspects négatifs même si ceux-ci sont différents d’une solution à l’autre. Malgré des allures de super-spécialistes, des poses de grands penseurs et des trémolos dans la voix, beaucoup de politiques et de journalistes se comportent comme des « enfants gâtés » faisant des caprices à répétition ! En s’insurgeant à tout va, ils bloquent tout et nous conduisent exactement à l’inverse de ce qu’ils prétendent défendre.

                  Sans approuver tous les choix du gouvernement et du président, j’apprécie que des décisions soient prises et je déplore que les différentes oppositions ne soient pas capables de proposer des choix alternatifs concrets, réalistes et crédibles. Je rêve d’opposants « adultes » qui ne se contentent pas de critiquer et de se draper dans des grands mots (révisionnisme, dictature, liberticide,...), mais qui luttent en proposant quelque chose d’autre sérieusement argumenté et complètement analysé. C’est la condition première d’une vraie démocratie.

                  Kasko


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