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Accueil du site > Tribune Libre > Sur les petites phrases qu’on ne lit pas assez...

Sur les petites phrases qu’on ne lit pas assez...

La politique de rigueur est de retour. Surtout pour certains. Toujours les mêmes, d’ailleurs. Ceux de la « France qui se lève tôt », si chère à M. Sarkozy. Chère parce qu’elle se laisse tondre sans broncher, mener par le bout du nez, et rapporte beaucoup avec peu d’efforts ? Peu d’efforts, comme de glisser incidemment une petite phrase lourde de conséquences, dans un texte distribué à (et peut-être lu par) plusieurs millions de contribuables ?

Aujourd’hui, les gouvernements d’Europe en général, et le gouvernement Fillon en France en particulier, nous annoncent comme une évidence qu’il faut réduire le déficit public. Outre qu’il est légitime de se demander si cela est bien nécessaire, à quelles conditions, et dans quel but, il y a à ce sujet quelques notions cardinales en termes de comptabilité publique dont le Gouvernement français semble avoir des connaissance plutôt floues.

Tout d’abord, le "déficit" lui-même. Un "déficit" est un résultat comptable exprimant un déséquilibre entre dépenses et recettes, au détriment de ces dernières. Pour le résorber, il est certes possible de réduire les dépenses, mais aussi, bien sûr, d’augmenter les recettes. Or, si une entreprise, un ménage, n’ont pas souvent le choix de leurs recettes, un Etat, lui, possède une prérogative fondamentale qui est celle de lever l’impôt. Il a le choix de faire varier ses recettes pratiquement à sa guise. Si actuellement le taux de prélèvement est assez élevé en France sur le revenu du travail (un peu au dessus de 46%), il n’en est pas de même sur le capital, imposé en moyenne réelle autour de 18%, après presque deux décennies de cadeaux fiscaux et de niches douillettes aménagées pour la rente. Augmenter les recettes reste donc possible, voire souhaitable, et pourrait être une voie bien plus confortable pour le Peuple laborieux, que celle de la seule réduction des dépenses.
La réponse "réduire les dépenses, ne pas augmenter les impôts" est donc de nature idéologique, et, en démocratie tout au moins, sujette à discussion et débat.

Par ailleurs, il serait bon de renvoyer quelques-uns de nos actuels ministres sur les bancs des Grandes Ecoles d’où ils sortent, car visiblement, quelques notions de macro-économie ont été avalées de travers. Ainsi de notre ministre du Budget, Eric Woerth, qui écrit (ou signe, donc endosse la responsabilité du propos) ceci dans une lettre accompagnant les déclarations de revenus 2009 envoyées courant avril à tous les foyers concernés par l’IRPP (Impôt sur les revenus) : "Car il ne pourra y avoir de croissance durable sans une action volontaire de réduction des déficits publics." (c’est dans le troisième paragraphe, deuxième phrase). Cette phrase signe un total contre-sens. Il est certes vrai que la période de faible activité économique, et de faible croissance, que nous vivons actuellement n’aide pas l’Etat à engranger des masses de prélèvements, ce qui, mécaniquement, réduit d’autant ses capacités à dépenser sans provoquer un déficit comptable. Par contre, de par la définition même d’un déficit (voir plus haut), un Etat qui dépense plus que ses recettes sera toujours en déficit, quel que soit le taux de croissance. Une croissance forte n’est donc pas synonyme de fin des déficits. Par ailleurs, il est aussi vrai que si certaines dépenses bien pensées et bien ciblées peuvent faire augmenter de quelques dixièmes de pourcents la croissance nationale, rien ne prouve que l’absence de déficit soit un facteur favorable ou défavorable à la croissance.
 
Tout au plus un déficit faible ou nul permet-il d’assurer les marchés de la solvabilité de l’Etat, et donc de profiter de taux d’emprunt plus bas pour l’endettement public. Mais ne mélangeons pas les torchons et les serviettes.
 
Réduire la dépense publique n’est donc en rien un gage de croissance durable. La phrase signée par M. Woerth est un non-sens économique, et il est très troublant de la voir imprimée et distribuée à domicile auprès de plusieurs millions de contribuables... Car cette phrase tend à laisser penser au citoyen non éclairé et non vigilant que la relation entre croissance molle et déficit est mécanique, automatique, définitive, et que la première résulte du second (quand seul l’inverse peut parfois être partiellement vrai). Le citoyen que je suis se pose alors cette question : le fait est-il dû à une erreur ? Dans ce cas, quelle erreur ! Il est urgent que M. Woerth et tout son cabinet prennent quelques cours de rattrapage en économie et en comptabilité (ce qui, pour un ministère intitulé "du Budget, des Comptes Publics, de la Fonction Publique et de la Réforme de l’Etat", est quand même un comble). Mais si le fait n’est pas dû à une erreur, et que le propos ait été sciemment inséré, la question devient : dans quel but ?

Si c’est pour se dédouaner d’un probable futur échec des mesures destinées à favoriser la relance, mesures fatalement contrecarrées par les effets néfastes d’une rigueur de fort mauvais aloi en période de fragilité économique, alors c’est mesquin et de faible intérêt stratégique. Nous affublerons cette hypothèse du qualificatif de "mensonge faible".
 
Quant au "mensonge fort", ce serait d’avoir écrit cette phrase dans le seul but de pouvoir continuer à casser le système public, et de renforcer les transferts de la richesse symbolique (la monnaie) et réelle (le patrimoine) des mains des petits vers celles des gros. Le mensonge serait d’avoir écrit cette phrase dans le seul but de tromper le Peuple en lui faisant avaler une politique de rigueur qui ne lui rapporte rien, mais lui coûte beaucoup, en argent certes, mais aussi en services non rendus par l’Etat, en pertes d’années de vie (perdues à travailler plus pour...), en perte de santé, de vie de famille, etc.

Bref, un mensonge apparemment anodin, et qui prend le ton du bon père de famille, si cher à nos gouvernants. Mais un mensonge qui permet tout, et même le pire pour l’avenir de la solidarité nationale, au plus grand bénéfice de ces rentiers que Keynes aurait tant voulu voir euthanasiés.
 

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24 réactions à cet article    


  • FRIDA FRIDA 27 mai 2010 10:11

    http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2009/12/14/04016-20091214ARTFIG00563-les-societes-du-cac-40-echappent-a-l-impot-.php

    Seon le dernier rapport du Conseil des prélèvements obligatoires, le taux effectif de l’impôt sur les société est de 8% pour les société du CAC40, alors qu’il est de 30% pour les pme de moins de 9 salariés. Mais la fiscalité est un océan de textes nombreux et hérmitiques où en s’y perd facilement, c’est l’occasion de mener le quidam en bateau.


    • bipdan 27 mai 2010 17:22

      Si justement on peut mettre en déroute certains discours fallacieux avec des arguments aussi simple, ça mérite d’être souligné.

      Ce qui est primaire c’est bien la façon dont notre chère classe dirigeante nous prend pour des ânes.

      Et c’est justement parce que je suis instruit et bien élevé que je ne vais pas mettre mon poing sur la gueule de mes députés, qui lorsque je les interroge sur un point ou un autre ne savent répondre (quand ils prennent la peine de le faire) que par les discours officiels sans même comprendre que les question que je leur posais sont justement amenées par des discours officiels erronnés.

      Mais je pense bien qu’un jour, je vais le sortir mon poing !


    • appoline appoline 27 mai 2010 18:22

      Juste un tout petit exemple : l’arrêt de bus près de chez moi à La Rochelle a été pensé par un ingénieur sans doute un lendemain de cuite ; le problème est que : soit l’ingénieur est un ivrogne incurable, soit il en a un coup dans les pattes arrière car hier pour la quatrième fois en moins d’un an, clac les pelleteuses ont encore viré le bitume pour refaire la plateforme devant l’arrêt. Il est vraisemblable que le nid d’ingénieurs a mal été couvé et que les oeufs ont tous donné des hybrides ayant quelques difficultés à différencier leur main gauche de leur main droite car au vu des conneries que l’on voit sur les routes mais si on les collait aux archives, ils finiraient par y mettre le feu.

      Ca à l’échelle de tous les branleurs, fonctionnaires de leur état qui passent leur journée à se pignoler tout en dépensant les deniers de l’état, l’addition est beaucoup salée depuis trop longtemps, la compétence visiblement ça ne s’apprend pas.

    • Brieuc Le Fèvre Brieuc Le Fèvre 28 mai 2010 21:37

      @alchimie,

      je crois que vous avez lu de travers. Ce petit rappel de ce qu’est un déficit est une saine remise à l’endroit de ce que nos « têtes dirigeantes » nous ont présenté (sciemment ou par totale bêtise ?) )à l’envers.

      Rappeler ce qu’est un déficit ne me semble pas inutile face à un Ministre du Budget qui pense que le déficit des comptes de l’Etat est à l’origine, de manière linéaire et mécanique, de la faible croissance de l’économie française...


    • appoline appoline 29 mai 2010 13:13

      @ Alchimie,


      On peut se planter une fois (remarquez quand on planche sur un projet correctement cela ne doit pas arriver) mais se planter quatre fois cela relève d’un je-m’en-foutisme effroyable. Là, franchement je licencierais pour faute grave, il est inadmissible qu’ils se permettent de jouer ainsi avec les deniers de l’état.

    • gimo 29 mai 2010 15:51

      alchimie  

      vos commentaires puent le profiteur advienne qu’ adviendra 
      Non seulement vous êtes calculateur mais profiteur minable sans dignité égoîste lâche
      du système pourri  ( un vendu pour une klg de cerises)

      vous êtes la preuve pas 3 de la division établit pas les politiques pour mieux regner
      qui défend son train train de vie minable donc (in statu quo ante) 
       6 mois de travail pour 14 mois payer une retraite basée sur les 5 dernier mois 
      et je vous fait cadeaux des autres magouilles 
      vous me faite vomir !!!! vendu !!!!!! la potence vous attend !!!!

    • Brieuc Le Fèvre Brieuc Le Fèvre 2 juin 2010 09:49

      @alchimie

      Ma phrase à propos du non-sens économique signé par M. Woerth n’est pas un argument d’autorité, puisqu’il s’agit de la conclusion des quelques faits énumérés (et largement établis par nombre de macro-économistes) dans le paragraphe précédent.

      Mais en fait, je ne devrais pas vous répondre, car cela va alimenter une vaine série de commentaire sans intérêt constructif.

      Don’t feed the trolls...


    • bob 27 mai 2010 13:21

      Bonjour, très bon article que je suis tenté d’envoyer à nos élus ( vous savez : ces flans qui gagnent en un mois autant que vous en un an).

      J’ajoute que l’argent redistribué par l’état vers les contribuables leur servira à consommer et à créer un cercle vertueux de rentrée/ redistribution/consommation. Bien évidemment, cette réthorique ne s’applique pas dans le cadre d’une préservation des intérêts de rentiers et de gens à leur service. J’engage chacun des lecteurs à voir les résultats de cette politique effectuée par l’Angleterre au lendemain de la seconde geurre mondiale ainsi que bien évidemment leurs conséquences ...sur les financiers.

      De plus, je voudrais savoir si l’apport de papiers explicatifs, qui n’intéressent pas les citoyens ( parce que truffés de mensonges/contre vérités comme le souligne si bien cet article), n’est pas un poste de dépense supplémentaire à un moment d’économie pour le gouvernement.

      Enfin, quel est l’intérêt écologique d’ajouter une feuille explicative pour les gros veaux que nous sommes ?


      • bonsens 27 mai 2010 13:28

        sarko , il a fa


        • bonsens 27 mai 2010 13:32

          @ l’auteur : Sarkozy , il a sévi dans quoi comme grande école ? Hummmm ? plutôt dans aucune , n’est ce pas ?
          Et son fils , qui à 23 ans est encore en deuxiéme année de droit seulement ?
          Ne confondons pas , le sarkozysme , ce n’est pas le régne des crânes d’oeuf « j’ai tout vu , je sais tout » ( genre éminément déplaisant au demeurant ) , mais celui de la cancritude victorieuse , des « je ne sais rien et j’en suis fier mais ce n’est pas grave , avec de la tchatche ils ne verront rien , car ils sont encore plus cons que moi »( genre encore plus déplaisant s’il est possible) .
          Ils ne faudrait t pas faire de contresens , tout de même


          • Brieuc Le Fèvre Brieuc Le Fèvre 28 mai 2010 21:33

            @bonsens

            Remarquez que je ne parle pas de renvoyer le Président Sarkozy sur les bancs de l’école, mais quelques-uns de sesministres. Afin d’avoir un minimum de connaissances utilisables au Gouvernement...


          • TSS 27 mai 2010 15:29


            C’est tous les cancrelas,parasites fainéants qui nous gouvernent(?)et nous tondent qu’il va falloir

             se resoudre,enfin,à suspendre à des crocs ou des piques... !!


            • xa 27 mai 2010 16:33

              "Si actuellement le taux de prélèvement est assez élevé en France sur le revenu du travail (un peu au dessus de 46%),"

              Vous le sortez d’où, ce chiffre ? Parce que comme ça, sans explication supplémentaire, ca ressemble surtout au taux global de prélèvement (46% du PIB), qui ne comprend pas que les salaires.

              Ce sont les cotisations sur les salaires réels (brut + part patronale) ?

              Dans ce cas, juste pour info, les revenus des capitaux sont taxés à 30.1%. 18% c’est le taux du PLF, et je suis d’accord avec vous si l’idée est de le supprimer pour taxer les revenus mobiliers au titre de l’IR classique.

              Mais c’est un peu méchant pour les personnes ayant des revenus mobiliers ou fonciers de négliger les 12.1% de contributions sociales (sécu, solidarité retraite et RSA) qu’ils reversent contre .... rien, puisque ces contributions n’ouvrent aucun droit.


            • xa 27 mai 2010 16:34

              @tss

              Je ne sais pas pourquoi le commentaire précédent s’est placé là, alors qu’il a été saisi en base de la page de l’article (et donc devrait être autonome).


            • Lisa SION 2 Lisa SION 2 27 mai 2010 17:06

              Bonjour,

              « Car il ne pourra y avoir de croissance durable sans une action volontaire de réduction des déficits publics. »c’est avec ce type de mensonge que l’on engage la r&forme de la retraite et que s’établit la dette. Seule la croissance est aveugle si elle se prive de la vue tant l’inégalité foisonne hors du champs de vision de nos illustres gouvernants. Parce que la croissance durable passe à chaque instant au stade de la stabilité, seule l’arrêter nous garantit qu’elle peut être durable.


              • gimo 29 mai 2010 13:44

                lisa  bien vu 


                une autre lecture 
                 la croissance ne profit que pour une minorité de personne
                 et toujours les même 
                les citoyens sont déjà sous somnifères depuis 20 ans 
                depyuis le debut de la dette 1980

              • drlapiano 27 mai 2010 17:49

                Brieux,

                Je regarde le CV que tu écrits et j’y lit « et j’espère ainsi être plus utile à mes concitoyens », et tu dis là l’aspiration de l’immense majorité de nous tous : être plus utile a nos concitoyens, aux autres citoyens du monde même pourquoi pas ?

                Mais comment mesurer cette utilité sinon en liant cette utilité à une rétribution volontaires de ceux qui reçoivent nos services ? en simplifiant : utile ... payé ... pas utile ... cherche autre chose !

                Elle est là la « croissance », c’est une croissance vers une vie mieux choisie, vers quelque chose qui n’est en rien matérialiste c’est cette croissance la que nous voulons, que tu veux, toi, Brieux ! En se sens, la croissance c’est forcément, nécessairement le marché, qui lui seul met face à face les offreurs et les demandeurs de services. Comment imaginer une mesure de mon utilité qui ne vienne pas d’un adhésion volontaire ? Le directeur du GOSPLAN se sentait utile, et il l’était sans doute d’une certaine façon ... mais l’était-il vraiment lui qui n’existait que par la contrainte ?

                L’état ne peut-être qu’un poids mort durable surtout s’il agit à crédit, c’est à dire s’il berce le peuple (qu’il devrait servir) d’illusions.

                Ou si l’état, comme chez nous, est fortement engagé dans le processus qui consiste à dire « vous êtes des ignorant uniquement préoccupés de vous même laissez moi faire, moi qui par grâce spéciale connais l’intérêt général » !

                Cet état là ne peut-être qu’intrinsèquement opposé aux volontés et aux aspirations de chacun, il est donc bien « un obstacle durable à la croissance » ... ce que fut le GOSPLAN en son temps ...


                • Peachy Carnehan Peachy Carnehan 27 mai 2010 23:56

                  «  Si actuellement le taux de prélèvement est assez élevé en France sur le revenu du travail (un peu au dessus de 46%), il n’en est pas de même sur le capital, imposé en moyenne réelle autour de 18% (...) Augmenter les recettes reste donc possible, voire souhaitable, et pourrait être une voie bien plus confortable pour le Peuple laborieux. »

                  Tout à fait d’accord, mais pour cela il faudrait un gouvernement fort. Or celui-ci est faible. Faible comme Nicolas Sarkozy, faible comme ses opposants du Parti Social-traître de la rue de Solférino.


                  • Peachy Carnehan Peachy Carnehan 28 mai 2010 00:03

                    Et essayons donc de parler de Keynes à DSK. Il nous enverra ses volutes de fumées au nez, ce fumeur de cigares.


                  • Brieuc Le Fèvre Brieuc Le Fèvre 28 mai 2010 22:02

                    @xa,

                    qui demande d’où je sors mes chiffres. Le 46% (travail) et le 18% (capital) sont cités dans le document mis en lien (phrase en rouge dans l’article). Je n’ai pas cité de sources plus détaillées que ce petit article de Marianne2, parce que ce dernier contient déjà les informations nécessaires, ainsi que ses propres références sur les détails des calculs utilisés.

                    Après, si l’un ou l’autre veut prouver que capital et travail sont taxés à la même hauteur, je citerais Churchill en réponse, puisque le Premier Ministre de sa Gracieuse Majesté disait : « Je ne crois pas aux statistiques, mêmes celles que j’ai bidouillées moi-même ».

                    Ceci pour dire que « mes » chiffres m’arrangent comme cela, et que d’autres se sont décarcassés à les trouver, donc je suis blanc comme neige de ce côté là smiley

                    Le fond de l’article est de dénoncer la crasse que nos gouvernants essayent de nous mettre dans la tête, soit parce qu’ils pensent que nous ne verrons rien, soit parce que eux-mêmes n’ont pas autre chose entre les oreilles. La petite dérive vers la capacité de notre économie à générer du bien public en taxant ailleurs que sur le travail est une tentative de prouver que le dogme « les recettes ne peuvent pas augmenter » est infondé.

                    Tant mieux si j’ai utilisé des chiffres adéquats et valables, cela ne fait que renforcer leur impact.


                    • xa 31 mai 2010 12:12

                      Et c’est là que c’est bien de controler ses sources.

                      Autume ne dit pas que le travail est taxé à 46% mais à 42% (source : le rapport d’Autume, et non la traduction par Marianne de ce rapport).

                      Les 18% ...

                      Je cite Autume : « Le second tableau donne les taux implicites d’imposition des différents facteurs, en rapportant les prélèvements sur revenus des facteurs. On notera que
                      le taux implicite sur la richesse a pour base les revenus du capital et non pas
                      la richesse. »

                      Or le taux implicite sur la richesse, basé sur les revenus des capitaux, est de 36.9% selon Autume .........

                      Les chiffres d’Artus ?

                      Il est amusant de voir qu’Artus ne fait pas le détail entre les revenus financiers des personnes physiques et des personnes morales. Or, cela est nécessaire pour voir si par hasard il n’inclue pas dans les revenus des capitaux l’intégralité des revenus des entreprises .... même les revenus étrangers (non taxables en France).

                      Enfin, dans les niches déclarées par Artus (article de Marianne), il est étonnant de voir que l’essentiel des niches concernent des placements non boursiers : le LA, le LDD, le CEL, le PEL, le PEP ....................... Que de la haute finance.

                      474 miliards sur les revenus du travail. Les cotisations sont de 305 milliards. D’où viennent les 170 restants ?
                      - L’IR ? Mais l’IR ne concerne pas QUE les revenus salariaux.
                      - la CSG ? elle est due à plus de 40% à des revenus non salariaux (cf minefi).
                      - l’IS : impossible, c’est typiquement un impot sur les revenus des capitaux.

                      Alors d’où vient ce nombre ???

                      Idem sur la consommation. L’ensemble des taxes indirectes, incluant la TVA et les taxes pétrolières, sont de 160 milliards. Or dans cet ensemble, il y a aussi des taxes sur les revenus financiers. Alors d’où viennent les 219 milliards ?

                      Libre à vous de croire à des chiffres issus de Marianne dont le détail est masqué.

                      Je constate qu’en reprenant directement 46% (chiffre erroné), vous n’avez pas vérifié la pertinence de vos sources, comme mon premier commentaire le disait : « d’où sortez vous ce chiffre » et votre réponse signifie « d’un article de Marianne que j’ai lu sans vérifier ni le contenu ni la pertinence des données présentées ».


                    • Brieuc Le Fèvre Brieuc Le Fèvre 2 juin 2010 10:22

                      @xa
                      Vous avez tout à fait raison : il faudrait sans doute vérifer ses chiffres, quand c’est possible. Le souci, c’est que dans le cadre de la fiscalité et des taux d’imposition, comme vous le démontrez vous-même ici, il est impossible d’assoir définitivement une valeur, puisque chacun prend des bases qui l’arrangent (inclure les revenus du capital de l’entreprise ou non, considérer les ’stock options’ comme revenu du travail ou pas, etc).

                      Ceci prouve qu’il est, au jour d’aujourd’hui et devant la gravité de certaines situations (sociales, environnementale, diplomatiques, ... ) stérile d’ergoter sur le découpage artificiel et fumeux de la propriété de l’argent et de l’assiette de l’impôt. Ce qui est en revanche vraiment nécessaire, et même primordial, c’est de poser sur la table la réalité de la richesse disponible, et le partage, d’une part, des efforts pour la produire, et d’autre part, des signes monétaires pour la consommer.

                      Est-il normal dans un pays comme la France, qui a vu son PIB multiplié par un facteur proche de 7 depuis 1950, et sa population « seulement » par environ 1,5 (comme vous êtes fort à ce jeu, je vous laisse éplucher les statistiques les plus récentes de l’INSEE à ces deux sujets : ma dernière recherche en la matière courrait de 1950 à 2007 smiley ), est-il normal donc que des personnes qui ont travaillé 40, voire 50 ans, sur cette période et avant, ne puisse obtenir qu’un pouvoir d’achat de moins de 800 euro mensuels ? Où passe la richesse issue de la sueur des travailleurs, des salariés de l’industrie, de l’artisanat et des services ?

                      Mon but, avec ce court article, n’est pas de démontrer que j’ai raison sur 46% de cotisations perçues sur le travail au lieu de 42% établis par M. Autume ou un autre. Non, le but est bien ailleurs : faire prendre conscience aux citoyens qui auront le courage de nous lire (je sais combien il est difficile de faire l’effort de chercher l’information ailleurs qu’au JT), ’nous’ incluant ici tous les participants à cette discussion et aux autres sur l’ensemble des médias alternatifs, de leur faire prendre conscience qu’il y a quelque chose de pourri dans la manière dont nos gouvernements pensent et agissent.

                      Ce qui est à dénoncer, c’est le biais congnitif systématique en faveur du Capital avec un grand ’C’. Favoriser la rente en réduisant les impôts et cotisations sur le revenu du patrimoine sous toutes ses formes, et en tenant la masse monétaire disponible pour les échanges de vie quotidienne au strict minimum (politique de « l’inflation maîtrisée »), favoriser le maintien et le renforcement des familles riches dans l’accès aux postes de pouvoir, favoriser le creusement des inégalités, et, en contre-partie si je puis dire, faire peser toujours plus de besoins sociaux (chômage, retraites, minima sociaux, santé, éducation,...) sur une tranche de plus en plus étroite de la population : les travailleurs indépendants et salariés.

                      Alors à ce stade, qu’importent dans l’absolu les chiffres sur les recettes fiscales et le caractère vérifiable ou certain de leur origine ? Ce qui compte, c’est de commencer à se poser ensemble cette question : quel modèle de société, de développement, voulons-nous à l’échelle mondiale ? De quelle ressources REELLES disposons-nous pour y parvenir, et quelles formes sommes-nous prêts à mettre en oeuvre ?

                      Attendu que la mondialisation ultra-libérale est un échec patent (plus d’un milliard de personne en sous-nutrition chronique, des millions de morts annuels tués par des maladies curables, et même bégnines pour nous, les riches, un pillage éhonté et mortel pour les populations locales des ressources matérielles de la planète, une exclusion systématiques des paysans locaux de la propriété foncière,...),

                      Attendu que le socialisme soviétique a lui aussi fait ses preuves en la matière, et de fort belle manière (je ne reviens pas sur la bilan du stalinisme),

                      il nous reste à inventer autre chose, qui arriverait à faire tourner l’actuelle ritournelle de « compétition, concurrence, profit personnel » en une autre comptine, qui dirait « coopération, émulation, profit collectif ».

                      Nous en avons les moyens, n’en déplaise aux esprits chagrin qui ont un compte en banque à la place du lobe frontal ; il reste à nous en convaincre mutuellement.

                      Ecrire cet article a été pour moi poser une petite pierre sur l’édifice.


                    • xa 2 juin 2010 14:54

                      "Ceci prouve qu’il est, au jour d’aujourd’hui et devant la gravité de certaines situations (sociales, environnementale, diplomatiques, ... ) stérile d’ergoter sur le découpage artificiel et fumeux de la propriété de l’argent et de l’assiette de l’impôt."

                      Ce n’est pas stérile, mais c’est idiot d’opposer les catégories de revenus. C’est d’ailleurs la stratégie du gouvernement : opposer les catégories de personnes, utiliser la vieille tactique du diviser pour régner.

                      Sur Avox le sujtet a été traité plusieurs fois.

                      De mon point de vue, il faut revenir à la déclaration d’IR du début des années 80, avec un seul mécanisme d’imposition des revenus, quel que soit l’origine de ces revenus (+ nettoyage des niches fiscales, en particulier celles liés au marché locatif qui sont contreproductive, et revoir le quotient familial surdimensionné).

                      Toujours de mon point de vue, mainte fois déclaré sur Avox, la CSG doit disparaitre ... au profit de l’IR. La CSG constitue, techniquement, l’imposition minimale des revenus, et brise la progressivité des impots en taxant à 8% minimum tous les salaires (l’imposition réelle des revenus étant constituée de l’IR + CSG, comme le Conseil Constitutionnel le reconnait lui même). Il est quand même curieux qu’un paradis fiscal comme la Suisse ait un IR représentant 85% de l’IR francais, avec un PIB de 22% du PIB francais ... sans que cela choque grand monde, d’ailleurs ...

                      Reste alors deux autres grands thèmes : la CPAM et la CNAV.

                      La CPAM peut, et même devrait, être financé sur l’impot, direct ou indirect, avec une préférence notable pour le direct. En échange, elle devrait alors couvrir TOUS les citoyens, ce qu’elle ne fait pas actuellement (et je suis très bien placé pour le savoir). Si on ajoute les économies possibles par amélioration des parcours de santé ...

                      La CNAV, par contre, doit reposer sur le travail, puisqu’elle constitue un salaire différé que seuls les salariés (du privé ou du public) peuvent obtenir. Cependant, du fait du déséquilibre, il n’est pas inenvisageable d’accroitre les disponibilités de la CNAV par des prélèvements annexes, donc de préférence par l’impôt.

                      Mais c’est bien tout le système fiscal qui devrait, alors, être repensé, ce qui implique une rénovation profonde de l’Etat et de son fonctionnement.


                    • rocla (haddock) rocla (haddock) 29 mai 2010 13:35

                      Très beaucoup merci à l’ auteur de mettre sa culture générale au service des citoyens du monde .

                      Le bas peuple .

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