« Tous des méchants ! » ou « Stop au Hollande Bashing ! »
Trop, c'est trop ! Ce livre qui attaque sa vie privée ! Et ces photos qui circulent sur les réseaux socio quand il est le seul à regarder ailleurs ; la photo est truquée parce qu'elle est tronquée !
Voyez comme les gens sont méchants. La presse a commencé à le descendre alors que son mandat venait à peine de débuter.
Evidemment, les sondages sont mauvais. On a lu les réponses aux questions suivantes :
http://www.csa.eu/fr/s26/nos-sondages-publies.aspx Institut CSA, L’Observatoire Politique CSA - Les Echos - Radio Classique, Etude N° 1401088A
QUESTION - Faites-vous confiance ou pas confiance au Président de la République, François HOLLANDE, pour affronter efficacement les principaux problèmes qui se posent au pays ?
QUESTION - Faites-vous confiance ou pas confiance au Premier ministre, Manuel VALLS, pour affronter efficacement les principaux problèmes qui se posent au pays ?
http://www.bva.fr/fr/sondages/popularite_de_l_executif_-_septembre_2014.html
QUESTION - Pour chacune des personnalités suivantes, dites-moi si vous en avez plutôt une image positive ou plutôt une image négative ?
Très positive Assez positive Assez négative Très négative
-
François Hollande, en tant que président de la République
-
Manuel Valls, en tant que Premier ministre
Et pour le prochain quinquennat, qui va-t-on élire ?
Celui-ci ? Celle-là ?
Le mandat actuel n'est même pas à mi-terme qu'on nous bassine avec le suivant.
Peu importe les programmes des candidats supposés,
peu importe le résultat du quinquennat actuel,
peu importe le respect avec les engagements pris lors de la campagne.
Il ne faut pas dire que le dénigrement du président est du à ses piètres résultats, à la situation catastrophique des citoyens et au grand écart avec ses propos électoraux. Il faut dire que les mots sont méchants, et donc tenus par des gens méchants. Il n'y a rien à analyser, rien à comprendre. Il faut ressentir.
Il faut être le premier sur l'information et donner le résultat des élections avant le jour du vote. Le scoop, coco ! Le scoop ! C'est ça qui fait vendre.
Quoique.
Il faut ajouter de l'émotion.
Il faut personnaliser.
Les concepts, les chiffres, c'est trop compliqué pour le lecteur.
Et c'est trop cher pour nous de réfléchir. On n'a pas le temps.
On ne va pas respecter à la lettre ces règles de déontologie du journalisme écrites dans la charte de Munich.
Bien sûr, on ne va pas contrarier ouvertement Marc-François Bernier, professeur à la Faculté des arts de l'Université d'Ottawa, « la vérité, la rigueur et l'exactitude, l'intégrité, l'équité et l'imputabilité » constituent les « piliers normatifs du journalisme » et la « déontologie prescrit des devoirs professionnels qui font l'objet d'un consensus pour un grand nombre de situations ».
Selon lui, la déontologie contribue à protéger les journalistes des manœuvres de propagande, de promotion et de désinformation et les incite à s'en méfier.
http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9ontologie_du_journalisme
On ne va pas le contrarier, mais on n'est pas obligé d'appliquer tout ce qu'il dit. Et si on veut vivre, il nous faut de la publicité. On ne va pas critiquer nos annonceurs.
Un bon sujet, c'est un sujet dont tout le monde parle. Par exemple, si quelqu'un sort un livre à grand tirage, on ne va pas attendre de l'avoir lu pour en parler.
Et on va répéter que l'auteur n'est pas disponible parce qu'il est à l'étranger, alors qu'il suffit d'aller dans la boulangerie de la rue où il habite pour le croiser. On connaît tous son adresse. C'est rapide et facile de se déplacer. Mais on répète ce qu'on entendu, sans vérifier, parce qu'il faut faire vite. Vite. Sinon l'émotion retombe.
Et dans les passages choisis par le marketing et diffusés avant le bouquin, on relève une expression et on la répète à qui mieux mieux, mais on n'enquête pas pour la vérifier.
Et les sondages ?
On va interroger sur les sentiments que les sondés ont de telle et telle personne : image, confiance.
Sans compétence particulière et sans étude approfondie, ils répondent à l'improviste avec la même rigueur scientifique qu'ils auraient choisi les chiffres du loto.
Les médias ont collé un personnage sur la personnalité politique et ils attendent que le sondage la leur réflète. Mais elle n'est que superficielle et volatile.
Parfois, c'est l'accident.
On sonde sur l'Europe. Tout va bien.
On organise un référendum. Mais catastrophe.
Les gens se mettent à réfléchir et à décortiquer les textes, et le résultat est à l'opposé de ce qu'on voulait imposer.
Heureusement les députés sont plus sérieux que les électeurs et ils corrigent le tir.
Ou c'est une candidate qui arrive au deuxième tour alors que les vétérans de l'observation politique ne l'avaient pas vu venir, pas plus que l'IFOP n'avait vu venir De Gaulle avant 1958, puisqu'il ne mesurait plus son degré de popularité.
La vérité, la rigueur et l'exactitude, l'intégrité, l'équité et l'imputabilité ne rapportent pas assez de business.
Ce n'est pas la peine de chercher et d'expliquer. Il faut de l'émotion et du sentiment.
Et quand il faut redresser la barre de l'opinion publique, on désigne des boucs émissaires et des victimes :
« Celui-ci, c'est le méchant »
« Celui-là, c'est le gentil »
Nous ne sommes plus dans un monde d'adultes, mais dans un monde primaire, très primaire, comme l'école du même nom, avec le même âge mental.
« Tous des méchants » et "Stop au Hollande Bashing".
Et pendant ce temps-là les vraies mesures qui changent notre vie passent gentiment.
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