Tunisiens, votez droits de l’homme jusqu’à nouvel ordre
Je m’adresse aux Tunisiens.
L’histoire regorge d’exemples de révolutions volées au peuple. Elle indique aussi que ce sont les plus avides de pouvoir qui réussissent à le prendre. Ne laissons pas faire la loi de la jungle et choisissons nous même notre président.
Votons, jusqu’à nouvel ordre, pour un vieux militant des droits de l’homme comme président. C’est à mon avis le moyen le plus sur de consolider les acquis de la révolte populaire.
La Tunisie peut se permettre de maintenir le cap économique pendant quelques années. Ce n’est pas le moment de choisir une autre voie.
Reconstruction des institutions démocratiques, judiciaires, sécuritaires, des medias sont les priorités à court terme. Le programme du futur président devrait se limiter à ça. Ne nous égarons pas.
Après 30 ans de dictature politique avec Bourguiba, le peuple tunisien a vécu 23 ans de dictature Politique et mafieuse avec BEN ALI.
Après la dictature et les milices de BEN ALI, et sans être diplômé en psychologie, il est évident que le choc traumatique est important pour tous les Tunisiens.
Tous les Tunisiens ont besoin de parler et d’évacuer. Il faut que ça sorte. Tout le monde parle en même temps et c’est assez impressionnant. Ce n’est pas prêt de finir. Pas en 60 jours ou 6 mois.
Pendant ce temps là, des gens réfléchissent froidement à notre sort. Aux magouilleurs Tunisiens qui ne pensent qu’à garder ou prendre le pouvoir, il ne faut pas oublier les magouilleurs externes.
On parle déjà de l’exportation de notre révolution à d’autre pays vivant sous dictature. Ceux qui pensent que
Toutes les dictatures du monde ont intérêt que notre révolution échoue et évolue vers le chaos.
D’autres ont intérêt que notre pays évolue vers l’islamisme.
Les sunnites et les chiites ont leurs chéquiers sur la table.
Tous ont un scénario pour notre avenir et les poches bien pleines.
Le RCD est plus qu’un parti. C’est l’état, l’administration publique et une bonne partie du secteur privé. Une bonne partie de ses membres avait déjà leurs cartes avant l’accession au pouvoir de BEN ALI. D’autres n’y sont entrés que pour qu’on leur fiche la paix ou pour garder leur travail. Qui d’entre nous n’a pas un ami ou un membre de sa famille qui fait partie du RCD ? Ils y en même ceux qui se sont retrouvés inscrits dans le parti sans rien faire.
Appeler à la chasse aux sorcières ne sous mènera à rien. Sans les technocrates du parti, le pays est ingérable. Seuls les pourris doivent rendre des comptes.
Beaucoup d’entre eux sont soupçonnables de probité, d’intégrité voir même de patriotisme. Aucun ne peut être soupçonné de courage.
Mais, ne nous faisons pas d’illusions. Ceux qui le dirigent actuellement sont encore ceux qui le dirigeaient encore hier. C’est au RCD de faire sa propre purge et de décider de son éventuelle dissolution. Ceci découle d’une règle d’un jeu qui s’appelle la démocratie, qu’elle nous plaise ou non. Ceux qui appellent à son dissolution par la force ne font qu’indiquer qu’ils ne comprennent rien à ce jeu.
N’oublions pas que BEN ALI a nommé ses amis à la tête de l’armée. Ne retenons que leur comportement après que BEN ALI ait quitté le territoire. Faisons semblant de croire qu’ils ne peuvent être sous influence étrangère.
Demander à un pays, sonné, traumatisé, sans presse, sans partis, sans police, sans justice, de choisir un président en moins de 60 jours parmi d’illustres inconnus est une gageure.
Choisir, dans les mêmes délais, entre un programme islamiste, socialiste, libéraliste ou autre est tout simplement irréaliste.
La loi électorale précise que ne peut que se présenter qu’un tunisien ayant un soutien exprimé en nombre de députés ou à défaut, chef d’un parti « reconnu » depuis plus de 2 ans. En clair, c’est BEN ALI qui a choisi qui est capable de se présenter.
Qui d’entre nous se rappelle le nom d’un des candidats aux dernières élections présidentielles.
Nous savons que nos « opposants politiques » sont des comédiens dans une scène de pluralisme politique.
C’est BEN ALI, sa femme et sa famille qui ont fait le casting des partis, des médias, de l’armée, de la police, de la justice et de tous ceux que vous êtes entrain de voir.
N’oubliez pas le cinéma qui nous a été fait juste après le discours de BEN ALI. Sachez qu’il y a des experts en manipulation des foules, que nous vivons un temps rêvé pour les démagogues.
Le peuple tunisien a gagné la première bataille mais pas la guerre.
Qui doit être notre futur président ? Comme l’a précisé quelqu’un sur facebook, une personne célibataire, orpheline, stérile, sans frères ni sœurs serait idéale.
Plus sérieusement, analysons les urgences.
La priorité n’est pas économique et sociale. Avec le départ des charognards ça ne peut qu’aller mieux.
Presse, justice, Sécurité, rétablissement de l’état de droit, droits de l’homme, démocratie sont déjà un programme largement suffisant.
Le futur président devrait être apolitique. Ni de gauche, ni de droite. Il devrait être une personne qui est reconnue nationalement et internationalement pour ses valeurs morales.
Le futur président doit avoir un historique qui nous garantit contre toutes velléités dictatoriales. Quelqu’un qui peut s’engager de façon crédible à nous rendre la main lors des prochaines élections, lorsque nos partis, nos médias et nos esprits seront prêts à parler avenir.
Choisir un militant reconnu et légitime des droits de l’homme un signe très positif aussi bien au niveau national qu’au niveau international. Ne dites pas qu’il ne sera pas capable de diriger le pays. Pensez à Mandela qui a réussi à présider et à ressouder l’Afrique du SUD après 30 ans de cachot, loin de tout, avec un contexte de tension extrême entre blanc et noirs.
Il serait d’ailleurs préférable, comme Mandela, que notre futur président soit une personne relativement âgée (comme disait de Gaulle, c’est pas à 67 ans qu’on va commencer une carrière de dictateur).
Notre futur président devrait de préférence, être inscrit sur la liste noire de BEN ALI. Un persécuté, un exilé ou un torturé.
Les organisations des droits de l’homme n’auront aucun problème à nous proposer des noms.
Il est inutile d’en citer ici. Ce n’est pas l’objet de cet article. Mais il y en a. Allez voir sur internet.
Nous sommes traumatisés, nous ne pouvons pas nous empêcher de regarder ces 50 dernières années. Nous sommes entrain d’évacuer notre trauma. Nous ne sommes pas prêts pour parler avenir. Nous ne sommes pas prêts pour choisir un président inconnu sur la base d’un programme politique complexe dans un délai aussi court. 60 jours ou 6 mois est un délai insuffisant ne serait ce que pour récolter les fonds nécessaires pour mener une campagne.
Mais ce n’est pas suffisant.
Le futur président doit s’engager en outre à :
- Ne pas se représenter même si le peuple le suppliait.
- De préparer les prochaines élections et de s’engager des maintenant à les réaliser sous le contrôle total et sans réserves de plusieurs pays à expérience démocratique confirmée. On n’a pas confiance surtout en ceux qui vont essayer de faire pression sur lui. On a trop vu des bulletins changer de couleur dans l’urne.
- De ne pas infléchir les grands axes de la politique économique et sociale dans un sens ou un autre pendant son mandat. Ce n’est pas pour cela qu’il a été choisi et ce serait donc un abus du mandat moral qui lui est confié.
- De déclarer, dès le départ, de s’autoriser à faire appel à toutes les compétences du pays, y compris, éventuellement, celles du RCD (le pays est ingérable sans eux) du moment que leur intégrité est prouvée. Une déclaration de patrimoine, si possible validée par les services fiscaux est d’ailleurs à exiger de chaque membre de son futur gouvernement (et de leur conjoint).
Le mandat du futur président serait un mandat de président par intérim sur une longue durée. Un personne digne de confiance au commandes le temps qu’on retrouve nos esprits, que les partis s’organisent et recrutent des adhérents, que le RCD fasse sa purge, que……
Si une personne correspond au portrait robot et est capable de prendre cet engagement, le peuple Tunisien doit redescendre dans la rue pour obliger les députés à coopter sa candidature, et s’il le faut, pour obliger cette personne à se présenter.
S’il est « suicidé », nous en trouverons d’autres qui répondent au même portait robot.
Le mandat du président est clair.
La stratégie de la rue est claire. Voter droits de l’homme jusqu'à nouvel ordre.
Notre stratégie est claire pour nos ennemis. Ceux parmi nous qui n’ont pas connaissances des théorèmes de la théorie mathématique des jeux et des stratégies à n coups auront probablement des difficultés à comprendre l’importance capitale de ce point.
Voila un programme simple, réaliste et compréhensible. Il a été testé, dans ses lignes les plus simples, sur un minuscule échantillon de la population. Du garçon de café au cadre. Ils ont adhéré.
Ne sous-estimez pas le bon sens populaire du moment que le message est simple.
Essayons de nous réunir sur des valeurs communes et incontestables. Evitons les thèmes qui nous divisent. Laissons les pour plus tard, lorsque nous serons prêts. Ne nous engageons pas dans une voie ou une autre dans la précipitation.
12 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON