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Un conflit pour l’avenir entre la Chine et les États-Unis

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Le conflit commercial entre les États-Unis et la Chine est au fond un conflit stratégique. Au cours des décennies précédentes, les blocs d’armement militaire se sont battus pour hisser leurs pays au premier rang de la concurrence mondiale. Mais aujourd’hui, la course s’est déplacée vers la technologie et les géants des TIC tels que Huawei, Google et Apple.

Les théâtres de bataille ne sont plus seulement des déserts, des mers, des océans et des salles, mais aussi des marchés financiers et des banques. Les indicateurs boursiers verts et rouges sont devenus de véritables observatoires stratégiques des résultats des conflits. Les experts, les économistes et les politiciens espèrent un accord ou une entente sino-américaine sur les différends commerciaux. Cependant, si on connaît bien l’environnement conflictuel, il est peu probable qu’une compréhension mutuelle ou un compromis commercial entre les deux pôles se concrétise, vu la rivalité féroce qui les oppose.

Plusieurs signes le confirment : la concurrence, ou plutôt le conflit orienté vers l’économie, est un conflit stratégique dont les symptômes ne sont pas près de disparaître tant que les causes et les facteurs qui l’alimentent sont toujours là.

La rivalité géopolitique entre la Chine et les États-Unis s’accroît de jour en jour. Elle avance à un rythme accéléré au-delà de celui du conflit commercial. Ainsi, tout accord commercial aura probablement des répercussions sur l’aspect économique du conflit et non sur le reste des secteurs. Toute trêve ou accalmie dans le conflit économique a également peu de chances de durer.

Le rythme de la supériorité économique de la Chine est plus élevé que celui de son concurrent américain. Il va donc de soi que les facteurs de conflit économique réapparaissent plus vite que l’on pense. Devant la domination des produits chinois et des marchandises sur les marchés américains, les États-Unis ne resteront pas les bras croisés. Il ne s’agit pas seulement ici de l’aggravation du déséquilibre de la balance commerciale. On parle aussi d’un taux de chômage élevé chez les Américains et de la tendance d’un plus grand nombre d’entreprises américaines à fabriquer dans et à importer de la Chine.

Le problème de l’hégémonie américaine sur l’ordre mondial existant se pose surtout dans le secteur technologique. Le secteur accélère clairement le rythme de l’hégémonie chinoise. La richesse et la croissance économique sont désormais reliées à ce secteur vital, qui est devenu le pilier le plus important de la sécurité nationale des États en ce siècle. Il n’est donc pas surprenant que les entreprises technologiques soient en train de devenir le point de mire des sanctions imposées par les grandes puissances. Les États-Unis ont en effet décidé de former une coalition internationale visant à contrer l’expansion de Huawei. Washington a exhorté ses alliés occidentaux à ne pas se recourir au géant chinois pour mettre en place leurs réseaux mobiles 5G, sous prétexte que ce dernier espionne les clients dans les pays où il opère.

Il est tout aussi frappant que ces conflits revêtent les caractéristiques de la modernité du XXIe siècle. Par exemple, la Chine peut défendre ses entreprises au cœur des États-Unis en s’adressant au public par le biais de la presse américaine elle-même. Huawei, qui a lancé une campagne de relations publiques aux États-Unis, a publié une annonce dans le Wall Street Journal dans laquelle il a fait passer un message direct aux Américains : Ne croyez pas toujours ce que vous entendez.

Les États-Unis, qui depuis plus de trois décennies ont placé la Chine au rang de concurrent et d’adversaire stratégique, ont récemment relevé le niveau de cette menace. En octobre dernier, le vice-président Mike Pence a déclaré que la Chine avait choisi la voie de «  l’agression économique  » plutôt que celle du «  partenariat.  » Depuis quelques années, les ambitions stratégiques de la Chine se sont d’ailleurs précisées.

L’un des aspects de ce conflit particulier est qu’il oppose deux régimes économiques différents dans une concurrence acharnée. L’une est bâtie sur le libre marché et les règles du capitalisme.

L’autre est une économie socialiste dirigée par des mécanismes centralisés et contrôlés par l’État mais qui a fait preuve d’une énorme capacité de croissance économique en fonction du secteur de l’information et de la technologie. Par conséquent, le succès de l’un ou l’autre modèle affectera les politiques économiques des différents pays du monde.

Pour le moment, la guerre commerciale semble plus nuisible à l’économie américaine que celle de la Chine. La Chine est le principal partenaire commercial des États-Unis. Ses exportations ont augmenté de 7 % l’an dernier, exacerbant toute perte potentielle. Le conseiller économique du président Trump, Larry Kudlow, a reconnu que ce sont les entreprises américaines qui ont payé les tarifs douaniers sur tous les produits importés de Chine. Autrement dit, ce sont les importateurs américains, et non les entreprises chinoises, qui paieront les droits de douane sous forme de taxes du gouvernement américain. Selon deux études universitaires publiées en mars, les entreprises et les consommateurs américains ont payé la quasi-totalité des tarifs douaniers américains sur les importations en provenance de Chine et d’ailleurs l’an dernier. Les experts américains estiment également que les droits de douane sur une grande partie des importations, de l’acier aux machines à laver, coûtent aux entreprises et aux consommateurs américains 3 milliards de dollars par mois en coûts fiscaux supplémentaires.

La guerre commerciale pourrait s’apaiser, ou peut-être s’aggraver. Mais elle ne s’arrêtera pas de toute façon. L’économie est devenue le principal conflit stratégique entre la Chine et les États-Unis. Le monde va donc bientôt subir les aléas de ce conflit ; il n’aura pas seulement des conséquences pour les économies chinoise et américaine, mais affectera le reste. Tout le monde paiera une lourde facture de cette concurrence bipolaire, tout comme on a déjà payé pour la guerre froide.


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4 réactions à cet article    


  • confiture 24 août 2019 18:12

    pani problème, calmons nous, ces guerres de taxes ne concernent que les vendeurs.


    • Julot_Fr 25 août 2019 08:10

      La chine (et l’allemagne) nous ont deja pique tous nos jobs.. on a deja payer le prix.. ce que fait Trump c’est la demarche inverse.. l’article est donc nul suggerant l’inverse de ce qui est en train de se passer.. les seules perdants sont les globaliste et leur multinationales.. (qui controllent les media)


      • Ilan Tavor aka Massada 25 août 2019 08:21

        En plus du vol de propriété intellectuelle par le régime communiste, de leurs pratiques douanières protectionnistes, et de leur manipulation de leur monnaie pour favoriser leurs exportations, cela faisait un peu trop pour ce président qui place les Américains au cœur de ses priorités.
         

        Par ailleurs, les USA vont amener le sujet devant l’OMC [organisation mondiale du commerce] afin que la Chine soit reclassée en tant que nation développée. C’est un tout nouvel ensemble de règles qui va s’appliquer par rapport à ce qu’ils vivent aujourd’hui.
         

        M. le Président. Continuez comme ça. Vous êtes le seul homme de toute ma vie à avoir affronté la Chine.

         


        • sylvain sylvain 26 août 2019 17:04

          je pense que l’auteur se trompe en designant la chine comme « une économie socialiste » et en disant que ce système sociale s’oppose a celui des EU .

          La Chine a bati sa puissance sur un capitalisme d’état nationaliste, exactement comme les EU et toute l’europe . Les EU ont interdits ce modèle aux « pays avancés », à part eux mêmes dans une certaine mesure ( par l’intermédiaire de la défense, mais c’est un long sujet ) . Ce système est sans équivalent aujourd’hui pour créer de la puissance et des catastrophes . Resultat : la chine a gagné en puissance, l’europe a perdu

          Le système de « libre échange » et du « laisser faire » est de toute évidence une stratégie US visant à exporter sa puissance d’une manière plus acceptable que la colonisation dans un moment ou ses grandes entreprises sont hégémoniques . Si elles ne le sont plus, nul doute que les EU changeront très vite de politique et c’est à mon avis ce qui est en train de se passer

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