Un dangereux coup iranien en Irak
Une analyse des faits et des indicateurs suggère que ce que nous craignions est déjà en train de se réaliser.
Le régime iranien résout sa crise interne à l’étranger en fabriquant un « conflit » imaginaire dans lequel il tente de détourner l’attention d’un peuple iranien en colère et protestataire et de lui faire comprendre qu’il existe un danger extérieur qui nécessite une mobilisation nationale ; quiconque viole cette « mobilisation » sera accusé de trahison, et non d’objection ou de protestation contre le régime.
L’un des indicateurs les plus frappants de la pensée iranienne est le message envoyé par la mission permanente de l’Iran à l’ONU. Dans ce message, l’Iran fait appel au Conseil de sécurité de l’ONU et exige que l’Irak respecte les accords de fermeture et de désarmement des sièges des partis kurdes au Kurdistan.
La lettre menace que « l’Iran n’a pas d’autre choix que d’utiliser son droit fondamental d’autodéfense en vertu du droit international pour défendre sa sécurité nationale ». Cette lettre révèle les intentions du régime iranien.
Elle reflète le désir de créer une couverture, que Téhéran considère légitime, pour une intervention militaire plus large en Irak, ostensiblement pour poursuivre les milices kurdes opposées au régime iranien ; les négociations en cours avec le gouvernement irakien n’ont donné aucun progrès sur ce front.
L’Iran affirme que les groupes kurdes qui s’opposent à lui en Irak font passer de grandes quantités d’armes en Iran, qu’ils mènent des opérations terroristes et causent des dommages humains et matériels qui déstabilisent le pays, et qu’il a fourni au gouvernement irakien des informations fiables et des « preuves indiscutables » sur l’utilisation du territoire irakien contre l’Iran.
Il ne fait aucun doute que les intentions du régime iranien derrière ce message ne sont pas bonnes. Il prévoit d’étendre son intervention militaire en territoire irakien. Il faut noter que les mollahs traitent l’Irak, en tant que pays et en tant que gouvernement, avec beaucoup d’arrogance.
Chacun connaît la réalité de l’Irak, qui vient de sortir d’une crise de conflit politique autour de la formation du gouvernement.
Tout le monde est également conscient du degré de l’énorme influence iranienne à l’intérieur de l’Irak, influence qui fait de l’Irak une oasis où rodent les milices iraniennes, contre la capacité limitée des institutions étatiques irakiennes à imposer leur souveraineté, à étendre leur influence et à limiter l’ingérence iranienne dans ce pays frère.
Ce qui se passe, c’est que l’Irak demande de manière réaliste un délai pour traiter les causes de l’anxiété iranienne. C’est son droit de le faire. La délégation irakienne dans les pourparlers bilatéraux s’est engagée à respecter un calendrier pour achever le désarmement des milices anti-iraniennes.
Je ne pense pas que l’Irak soit intéressé par le fait que les milices portent des armes sur son territoire. Mais c’est une question de temps et de capacité opérationnelle pour mettre en œuvre la volonté politique représentée par le gouvernement irakien. La référence de l’Iran au droit international sur l’auto-défense est surprenante.
L’Iran lui-même n’adhère pas au droit international dans ses relations avec tous les pays voisins et avec l’Irak en particulier. Téhéran fait appel au droit international lorsqu’il veut fabriquer, ou plutôt étendre, une crise par laquelle il veut détourner l’attention à la fois dans le pays et à l’étranger de ce qui se passe dans les rues et les villes d’Iran.
Le régime iranien dit qu’il aura recours au droit d’autodéfense du droit international. Mais quelle couverture juridique a-t-il utilisé alors que l’Iran a continué à lancer des frappes de missiles et de drones ces dernières années et ces derniers mois ?
Certaines de ces frappes ont visé les positions des partis kurdes opposés au régime iranien au Kurdistan irakien, ce qui constitue une violation flagrante de la souveraineté nationale de l’Irak. D’autres ont visé des bases et des installations appartenant à un allié irakien, comme les États-Unis.
Le gouvernement irakien semble être dans une situation difficile, étant donné les attaques et les violations constantes iraniennes et turques à la frontière irakienne. On ne parle pas de la souveraineté irakienne, qui est grossièrement violée jour et nuit.
Ces violations ont lieu dans un environnement interne irakien qui est connu pour sa complexité, son enchevêtrement et son influence iranienne étendue. Le régime iranien estime que c’est un moment opportun pour réaliser certains des objectifs de son projet expansionniste régional. L’un d’eux est l’élimination des camps des partis d’opposition kurdes en Irak, un objectif ancien/nouveau.
Cependant, l’environnement international actuel peut permettre sa concrétisation. Les conditions intérieures et la pression du régime iranien l’accélèrent. Mais le véritable désastre est que cette approche iranienne place l’Irak à l’aube d’une nouvelle phase de chaos et torpille la fragile stabilité politique de ce pays arabe.
Le projet régional du régime iranien doit être stoppé. Les grandes puissances internationales portent une grande, voire une totale, responsabilité dans la situation de la région, notamment en raison de l’escalade de la menace iranienne, croissante depuis 2015 sur fond d’accord nucléaire, qui a donné à Téhéran le feu vert pour mettre en œuvre son plan d’expansion régionale en Irak, en Syrie, au Liban, au Yémen, etc.
Tout le monde sait d’avance que l’ordre régional arabe est dans un état lamentable. L’Irak espère que les puissances arabes actives et influentes joueront leur rôle pour contenir et dissuader l’Iran de commettre de nouveaux méfaits en Irak en étendant ses opérations militaires menaçant sa sécurité et sa stabilité.
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