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Accueil du site > Tribune Libre > Un diamant trouvé sur la plage - Chronique économique estivale

Un diamant trouvé sur la plage - Chronique économique estivale

 

« Je me promène au bord de la mer. Un heureux hasard me fait mettre la main sur un superbe diamant. Me voilà en possession d’une grande valeur. Pourquoi ? Est-ce que je vais répandre un grand bien dans l’humanité ? Serait-ce que je me sois livré à un long et rude travail ? Ni l’un ni l’autre. Pourquoi donc ce diamant a-t-il tant de valeur ? C’est sans doute que celui à qui je le cède estime que je lui rends un grand service, d’autant plus grand que beaucoup de gens riches le recherchent et que moi seul puis le rendre. Les motifs de son jugement sont controversables, soit. Ils naissent de la vanité, de l’orgueil, soit encore. Mais ce jugement existe dans la tête d’un homme disposé à agir en conséquence, et cela suffit. »

Frédéric Bastiat - Harmonies économiques - 1850

 

Que sa possession soit le fruit d’un improbable hasard sur le sable de la plage ou le fruit d’un travail acharné pour l’extraire des entrailles de la terre, la valeur d’un diamant ne réside jamais que dans l’apparence sociale de richesse qu’il pose.

 

La simple apparence est l’utilité sociale du diamant comme nourrir est l’utilité sociale du pain. Que la possession de l’un ou de l’autre aient nécessité plus ou moins de travail est un présupposé qui questionne donc la valeur du travail. Mais quoi qu'il en soit, gagnés avec ou sans travail, nourrir reste l’effet social du pain comme l’apparence reste l’effet social du diamant, et c'est bien cet effet social qui en fait la valeur immédiate.

 

La question de savoir si le travail humain a une valeur ou non dépend donc uniquement de son utilité sociale. C’est la valeur particulière de l’énergie du travailleur. Le travail est d’abord et avant tout une énergie (*), et c’est sous cette forme fondamentale qu’il a une utilité sociale ou non, une valeur ou non.

 

Comme exemple comparatif : l’énergie dépensée par un sportif amateur l’est en pure perte du point de vue économique, tant qu’il reste en dehors d’une structure directement ou indirectement commerciale.

 

La même quantité d’énergie dépensée par un sportif professionnel a une valeur augmentée à partir du moment où elle est spectaculairement marchandisée.

 

La quantité d’énergie dépensée par un ouvrier au cours d’une opération de production est mesurable par le temps de travail moyen consacré à cette opération, par exemple le temps nécessaire à tourner tel ou tel épaulement d’une pièce avec telle ou telle machine plus ou moins perfectionnée techniquement.

 

Il y a une quantité de travail fournie par la machine, une autre par l’ouvrier, et donc un rapport entre les deux : capital fixe/capital variable. La somme des deux énergies est la base du capital industriel productif tel qu’il a révolutionné le monde au XIXème siècle.

 

La question de la valorisation du capital est simplement celle de sa valorisation sociale, qui est elle-même simplement celle de son utilité sociale.

 

L’utilité sociale s’entend au sens basique des nécessités premières de la vie, mais aussi au sens des relations sociales : les marchandises peuvent être des biens de première nécessité ou non. Un bijou, un sac de luxe ou une voiture de sport ont essentiellement une valeur « d’utilité sociale » pour jouer les m’as-tu-vu en ville.

 

Les tableaux de Van Gogh ont très longtemps eu une valeur quasiment nulle avant d’être socialement appréciés par le plus grand nombre. Néanmoins toutes ses œuvres ont en tout temps de sa courte vie nécessité une dépense d’énergie de sa part, dont on pourrait éventuellement faire une moyenne en rapport du nombre de ses œuvres. C’est donc l’utilité sociale de son travail qui a varié au cours du temps et qui a fini par le transformer en capital.

 

Dans sa définition du Capital Bastiat ne dit pas autre chose non plus, même s’il s’acharne laborieusement à tenter de démontrer le contraire dans les fabliaux qui sont la toile de fond de son œuvre :

 

 

Sources :

 

https://image.eklablog.com/-T3XEhpJImmvvK2uNwxVHTst_2Q=/filters:no_upscale()/image%2F1241236%2F20250610%2Fob_4dddcd_bastiat-capital-definition.png

 

http://www.catallaxia.free.fr/www.liberaux.org%20-%20ebook%20-%20Oeuvres%20compl%e8tes%20de%20Fr%e9d%e9ric%20Bastiat%20-%20Tome%205%20%5b%20Sophismes%20%e9conomiques%20-%20Petits%20pamphlets%20II%20%5d.pdf

 

 

Son histoire de diamant trouvé sur la plage est un exemple typique de ce procédé réduisant l’analyse de fond à des situations hypothétiquement ad hoc pour sa « démonstration » mais le plus souvent improbables en termes de réalité et qui manquent finalement leur cible sauf celle d’inciter à une réflexion, mais en fait plutôt pour le lecteur attentif et pas forcément disposé à tomber dans le panneau… :

 

*********************

 

« Le diamant joue un grand rôle dans les livres des économistes. Il s’en servent pour élucider les lois de la valeur ou pour signaler les prétendues perturbations de ces lois. C’est une arme brillante avec laquelle toutes les écoles se combattent. L’école anglaise dit-elle : « La valeur est dans le travail », l’école française lui montre un diamant : « Voilà, dit-elle, un produit qui n’exige aucun travail et renferme une valeur immense. » L’école française affirme-t-elle que la valeur est dans l’utilité, aussitôt l’école anglaise met en opposition le diamant avec l’air, la lumière et l’eau. « L’air est fort utile, dit-elle, et n’a pas de valeur ; le diamant n’a qu’une utilité fort contestable, et vaut plus que toute l’atmosphère. » — Et le lecteur de dire comme Henri IV : Ils ont, ma foi, tous deux raison. Enfin, on finit par s’accorder dans cette erreur, qui surpasse les deux autres : Il faut avouer que Dieu met de la valeur dans ses œuvres et qu’elle est matérielle.

 

Ces anomalies s’évanouissent, ce me semble, devant ma simple définition, qui est confirmée plutôt qu’infirmée par l’exemple en question.

 

Je me promène au bord de la mer. Un heureux hasard me fait mettre la main sur un superbe diamant. Me voilà en possession d’une grande valeur. Pourquoi ? Est-ce que je vais répandre un grand bien dans l’humanité ? Serait-ce que je me sois livré à un long et rude travail ? Ni l’un ni l’autre. Pourquoi donc ce diamant a-t-il tant de valeur ? C’est sans doute que celui à qui je le cède estime que je lui rends un grand service, d’autant plus grand que beaucoup de gens riches le recherchent et que moi seul puis le rendre. Les motifs de son jugement sont controversables, soit. Ils naissent de la vanité, de l’orgueil, soit encore. Mais ce jugement existe dans la tête d’un homme disposé à agir en conséquence, et cela suffit.

 

Bien loin qu’ici ce jugement soit fondé sur une raisonnable appréciation de l’utilité, on pourrait dire que c’est tout le contraire. Montrer qu’elle sait faire de grands sacrifices pour l’inutile, c’est précisément le but que se propose l’ostentation.

 

Bien loin que la Valeur ait ici une proportion nécessaire avec le travail accompli par celui qui rend le service, on peut dite qu’elle est plutôt proportionnelle au travail épargné à celui qui le reçoit ; c’est du reste la loi des valeurs, loi générale et qui n’a pas été, que je sache, observée par les théoriciens, quoiqu’elle gouverne la pratique universelle. Nous dirons plus tard par quel admirable mécanisme la Valeur tend à se proportionner au travail quand il est libre ; mais il n’en est pas moins vrai qu’elle a son principe moins dans l’effort accompli par celui qui sert que dans l’effort épargné à celui qui est servi.

 

En effet, la transaction relative à notre pierre précieuse suppose le dialogue suivant :

 

— Monsieur, cédez-moi votre diamant.

 

— Monsieur, je veux bien ; cédez-moi en échange votre travail de toute une année.

 

— Mais, Monsieur, vous n’avez pas sacrifié une minute à votre acquisition.

 

— Eh bien, Monsieur, tâchez de rencontrer une minute semblable.

 

— Mais, en bonne justice, nous devrions échanger à travail égal.

 

— Non, en bonne justice, vous appréciez vos services, et moi les miens. Je ne vous force pas ; pourquoi me forceriez-vous ? Donnez-moi un an tout entier, ou cherchez vous-même un diamant.

 

— Mais cela m’entraînerait à dix ans de pénibles recherches, sans compter une déception probable au bout. Je trouve plus sage, plus profitable d’employer ces dix ans d’une autre manière.

 

— C’est justement pour cela que je crois vous rendre encore service en ne vous demandant qu’un an. Je vous en épargne neuf, et voilà pourquoi j’attache beaucoup de valeur à ce service. Si je vous parais exigeant, c’est que vous ne considérez que le travail que j’ai accompli ; mais considérez aussi celui que je vous épargne, et vous me trouverez débonnaire.

 

— Il n’en est pas moins vrai que vous profitez d’un travail de la nature.

 

— Et si je vous cédais ma trouvaille pour rien ou pour peu de chose, c’est vous qui en profiteriez. D’ailleurs, si ce diamant a beaucoup de valeur, ce n’est pas parce que la nature l’élabore depuis le commencement des siècles, autant elle en fait pour la goutte de rosée.

 

— Oui, mais si les diamants étaient aussi nombreux que les gouttes de rosée, vous ne me feriez pas la loi.

 

— Sans doute, parce qu’en ce cas vous ne vous adresseriez pas à moi, ou vous ne seriez pas disposé à me récompenser chèrement pour un service que vous pourriez vous rendre si facilement à vous-même.

 

Il résulte de ce dialogue que la Valeur, que nous avons vu n’être ni dans l’eau ni dans l’air, n’est pas davantage dans le diamant ; elle est tout entière dans les services rendus et reçus à l’occasion de ces choses, et déterminée par le libre débat des contractants. »

 

Frédéric Bastiat -Harmonies économiques - 1850

 

 ******************************

 

Dans ce fabliau de Bastiat, la valeur du diamant semble formellement liée à la fois à la « rareté » et au hasard de la trouvaille.

 

Or l’analyse évidente de la réalité mène à séparer les deux approches, pour mieux redéfinir, de manière dialectique, leur unité concrète.

 

La rareté du diamant ne mène pas à un travail de recherche aléatoire, contrairement à ce que Bastiat sous-entend, et donc de manière biaisée, dans sa présentation du problème. La rareté du diamant, comme celle de toute ressource rare, et on le voit bien aujourd’hui avec les fameuses « terres rares » pour lesquelles éclatent des guerres de plus en plus sanglantes, mène donc à un travail systématique et sur des bases scientifiques, de prospection et d’extraction minière. C'est-à-dire un travail tout court, qui est l’un des déterminants essentiels de la valeur du diamant : l’investissement n’est valable qu’en fonction de la rentabilité espérée.

 

Mais le fait est bien également que ce n’est pas le seul déterminant. Le diamant n’a qu’accessoirement une valeur, néanmoins importante, comme matériau industriel. L’essentiel de sa valeur, en joaillerie, provient donc de l’usage social qui en est fait.

 

Diamant, terres rares, sont deux formes de l’usage social des ressources de la nature. Le diamant reste dans l’usage social primitif de l’apparence et du prestige des classes dominantes. Les terres rares rentrent dans l’usage social des procédés industriels modernes, qui eux-mêmes déterminent l’usage social le plus courant de la production dans la vie quotidienne de millions de gens dans les pays d’économies suffisamment développées.

 

Ce sont donc, in fine, deux formes de la valeur d’usage des produits considérés, et d’abord et avant tout deux formes de leur valeur d’usage social, ce qui les unifie en termes d’analyse fondamentale de la valeur, où l’usage social est finalement toujours le facteur réellement déterminant de la valeur.

 

Dans les deux cas il y a donc une adéquation, en termes de valeur, entre la rareté, le travail nécessaire à l’extraction de la ressource naturelle et l’usage social qui en est fait. La rareté des « terres rares » n’en fait une part de leur valeur qu’à partir du moment où la technologie permet d’en faire un usage social important.

 

Ce qui varie avec le temps et l’évolution technologique, ce qui se réduit et disparaît dans l’économie des forces productives modernes c’est la part de la valeur d’usage de la force de travail dans la production.

 

Cette part prépondérante déterminait, pour l’essentiel jusqu’à la fin du XXème siècle, La valeur d’échange de la production. La plus grande part des échanges restait encore déterminée par la valeur d’usage de la force de travail humain directement intégrée dans la production. Il y avait donc encore un relatif équilibre, en fonction des besoins sociaux des différentes catégories de travailleurs, entre la production de biens et de services utiles à la très grande majorité d’entre eux.

 

Pour autant, il est clair qu’une économie, quelque soit son niveau de développement, repose d’abord sur la production de biens de première nécessité, alimentaires, vestimentaires, bâtiments et autres, et que la variété et la qualité de services disponibles en plus ne fait qu’améliorer, même si certains sont d’importance vitale pour son développement, comme l’éducation, la santé, etc…

 

C’est là que la notion d’échange de services à laquelle Bastiat entend réduire l’économie prend à la fois tout son sens réel et rencontre également sa limite, qui est celle sur laquelle bute l’économie du XXIème siècle dans les pays les plus avancés technologiquement.

 

« Il résulte de ce dialogue que la Valeur, que nous avons vu n’être ni dans l’eau ni dans l’air, n’est pas davantage dans le diamant ; elle est tout entière dans les services rendus et reçus à l’occasion de ces choses, et déterminée par le libre débat des contractants. »

 

Dans le monde libéral « idéal » de Frédéric Bastiat valeur et prix sont « déterminés par le libre débat des contractants ». Dans le monde réel les prix sont fixés en vue d’un profit maximum selon ce qui semble être la demande potentielle. Pour la grande masse des consommateurs cette demande est donc d’abord et avant tout fonction de leurs revenus salariaux, et donc la demande générale en biens et services est réglée par les fluctuations des masses salariales, selon les secteurs d’activités.

 

La masse salariale du secteur productif étant désormais réduite autour de 20%, les effectifs industriels à 12,6% du total des emplois, la part de l’industrie dans le PIB à 11% (**), comment peut-on encore parler de « libre débat des contractants » ??? Les 12,6% de travailleurs de l’industrie n’ont en moyenne besoin que de 12,6% des services produits par le reste de la société, alors que les près de 80% de salariés du secteur tertiaire ont un besoin vital de 80% des biens indispensables fournis par l’industrie, le bâtiment et l’agriculture.

 

La demande finale, selon les besoins et les capacités financières de la majorité des travailleurs salariés, ne dépend donc pas d’un « libre débat des contractants », mais bien précisément de la répartition, entre les catégories, d’une fraction essentielle de la masse monétaire, celle qui, précisément, circule dans la dite « économie réelle », ici bien nommée.

 

Il y a donc à la base une relation dialectique entre travail et prix déjà simplement à travers le fait que la masse monétaire circulant dans l’économie réelle et constituant la demande potentielle provient pour l’essentiel de la masse salariale et plus généralement, même, de la masse des revenus du travail.

 

C’est donc aussi une masse monétaire qui, par la force naturelle des choses, reste donc proportionnelle au coût du travail. Le coût du travail est donc un facteur essentiel de la demande globale, en moyenne statistique, tout comme il reste un facteur essentiel du prix de production, tant que le travail humain reste lui-même l’un des facteurs de production essentiels.

 

Dans la société française actuelle près de 80% de cette masse monétaire circulant dans l’économie réelle circule donc essentiellement dans le secteur tertiaire, où précisément le travail humain est particulièrement lui-même, par définition, le facteur de production essentiel et où le coût du travail est donc un facteur essentiel du prix de production.

 

Dans le monde « idéal » de Frédéric Bastiat, où l’économie se résume à des échanges de services, tout serait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes …de services ! Et à environ 80%, donc, au moins, dans la société française actuelle en 2025 ! Il n’en reste pas moins que même si l’offre et la demande varient selon une infinité de conditions hypothétiquement aléatoires lors de chaque transaction particulière, cette « infinité » a une limite par les deux bouts, offre et demande, qui est celle de la masse salariale globale et du coût global du travail.

 

Ce qui, finalement, ramène par nécessité la moyenne des prix à une valeur compatible avec la limite globale de cette « sphère des services », et donc aussi avec le salaire moyen.

 

Mais cette « sphère des services » ne représente le « monde idéal » de Frédéric Bastiat que si elle se suffit à elle-même et représente peu ou prou une sorte d’économie autarcique. Ce qui, évidemment, n’est le cas à aucun titre.

 

Ne serait-ce que pour fonctionner en tant que sphère des activités de services, cela n’est possible qu’avec les apports essentiels en bâtiments, énergies, machines bureautiques et fournitures diverses provenant du secteur productif.

 

Et la survie quotidienne elle-même des travailleurs de ce « monde des services » n’est possible qu’avec les apports essentiels et même tout simplement vitaux du secteur productif.

 

Pour Bastiat, la solution est simple : ces « apports » ne valent que par le service qu’ils rendent, fussent-ils essentiels et vitaux ou non. Tous les échanges services contre marchandises se résument donc à des échanges de services.

 

Ce qui pourrait encore mener à une sorte d’équilibre économique, en termes d’échanges « harmonieux » façon Bastiat, tant que l’importance relative de la sphère des services et de la sphère productive restent plus ou moins comparables en importance, volumes d’affaire, et surtout, masse salariale mise en œuvre, et donc, en circulation. Mais même dans cette configuration presque « idéale » où production de bien et de services s’équilibrent entre elles à travers la circulation d’une masse monétaire composée à parts sensiblement égales des deux masses salariales des secteurs productifs et tertiaire, il n’en demeure pas moins que la « variété infinie » des transactions particulières déterminant hypothétiquement les prix reste limitée par la masse salariale globale, et en fin de compte, la moyenne des prix, par le salaire moyen et le coût moyen du travail.

 

C’est donc d’une « harmonie » relative, et surtout, provisoire, qu’il s’agit, car conditionnée à l’équilibre relatif entre les masses salariales des secteurs productifs et tertiaires, et donc tant qu’elle dure… Ce qui fut donc sensiblement le cas, en France, durant la dite période des « Trente Glorieuses », où le secteur productif prévalait encore, en termes de masses salariales, avant de se faire « rattraper » puis dépasser, et finalement, presque totalement écraser, sur ce point de l’importance de la masse salariale, par le secteur tertiaire.

 

Dans une France du XXIème siècle où, parmi la population, les travailleurs du secteur industriel ne représentent plus que 12,6% des effectifs salariés, il n’est donc pas difficile de comprendre que cette hypothétique « harmonie » est brisée depuis longtemps, si même elle a eu lieu, de façon provisoire, précaire, et pas non plus exempte de conflits sociaux et autres.

 

Pour autant, la « survie » du secteur tertiaire n’en reste pas moins dépendante du secteur productif, et même plus que jamais, pour tous ses besoins essentiels, et tant pour la « survie » des personnels que pour tous ses besoins de fonctionnement, augmentés, de plus, par les nécessités de la technologie actuelle, bureautiques et autres.

 

Entre 80% de la masse salariale circulant dans l’économie de services et 20% circulant encore dans l’économie productive il n’y a donc pas d’ »harmonie » possible dans les « échanges » en termes de besoins. La réponse à la masse des besoins essentiels de la société, toutes catégories sociales confondues, ne provient donc plus essentiellement du travail salarié du secteur productif mais de la production de ce secteur en tant que production et reproduction du capital fixe qui y est investi, principalement sous la forme de lignes de production robotisées et automatisées à un point tel que le rôle du travail productif humain est en train d’y disparaître de plus en plus rapidement.

 

L’ « échange de services » basé sur le « libre débat des contractants », déjà plus que problématique entre activités de services essentiellement dépendantes des fournitures du secteur productif, rencontre donc une limite de plus en plus restrictive, sinon absolue, face à une production de plus en plus robotisée et/ou importée, et même ainsi sans guère de réciprocité vu la limite en « exportation de services ».

 

La viabilité du principe d’ »échange » en économie suppose une profitabilité réciproque dont la source première reste la masse salariale. La masse salariale se transforme en valeur ajoutée soit lors de la réalisation d’un service, soit lors du processus de production. De cette valeur ajoutée se dégage éventuellement une plus-value, qui est la différence entre la valeur d’échange de la force de travail, constituée par le salaire, et la valeur d’usage de cette force de travail, constituée par la valeur de la production ou du service réalisé, sur le marché des biens et services.

 

C’est la circulation d’une masse monétaire principalement sous la forme de salaires qui permet, au moment de la dépense du consommateur, la réalisation de la plus-value et donc l’élargissement éventuel du capital investi.

 

Dans un secteur industriel où la valeur ajoutée par le travail humain directement productif se réduit drastiquement par rapport au chiffre d’affaire nécessaire à l’amortissement du capital fixe investi, la notion de « libre débat des contractants » est donc par la force des choses sensée devenir « un échange de services » particulièrement absurde entre des lignes de production robotisées et la masse des travailleurs du secteur tertiaire « échangeant » des services dont ces robots n’ont nul besoin en retour, à l’évidence, comme « consommateurs »…

 

Il y a donc de plus en plus une rupture dans les possibilités d’amortir et de rentabiliser le capital fixe industriel par la seule plus-value encore éventuellement issue de ce qui reste de travail humain directement productif dans l’industrie.

 

Mais dans la mesure où la production industrielle continue de répondre à des besoins sociaux essentiels, y compris et même surtout, pour le bon fonctionnement des activités du secteur tertiaire, il reste donc possible de la « rentabiliser », à condition qu’il y ait en circulation une masse monétaire suffisante, et si elle ne provient plus d’un équilibre désormais rompu entre masses salariales des différents secteurs, elle provient donc d’un excédent monétaire créé et introduit dans le circuit des échanges par la dette, publique et privée, avec toutes les dérives que cela implique en termes de spéculation et de parasitisme, telles que l’on peut les observer depuis pas mal d’années déjà, et qui vont encore en empirant de jour en jour, malgré les cris d’orfraies des uns et des autres.

 

La spirale de la dette, même si elle semble devenue incontrôlable, a néanmoins sa source dans l’évolution technologique et structurelle elle-même de l’appareil productif de l’économie moderne. Même si avec des degrés divers, y compris en termes de dérives, on observe son apparition dans toutes les économies industriellement avancées, et y compris en Allemagne et en Chine, désormais.

 

Avec le développement des forces productives modernes et leur degré d’automatisation et de robotisation le rapport entre capital fixe et capital variable évolue inexorablement vers une situation où le secteur tertiaire devient archi dominant et où apparaît la spirale de la dette publique et privée en fonction de l’évolution des rapports entre catégories sociales, que ce soient les catégories de travailleurs ou d’investisseurs en capitaux.

 

Progressivement, mais inexorablement, le secteur productif se réduit essentiellement au seul capital fixe, dont la pseudo-« valorisation » à terme n’est plus que celle de la dette publique et privée, devenue « indispensable » pour pouvoir « boucler la boucle » et pour permettre encore des « superprofits » financiers fictifs sans que le système de domination de classe ne s’effondre complètement : n’en déplaise aux mânes de Frédéric Bastiat, il n’y a rien de très « libéral » là dedans... !

 

https://image.eklablog.com/ygDeM79UqLwQrZo9KLJrvMZN3eU=/filters:no_upscale()/image%2F1241236%2F20250518%2Fob_b3b8a6_bc3.png

 

Comme on le voit non seulement en France mais aussi aux USA et ailleurs, la dette ne reste « soutenable » que parce qu’une nouvelle dette vient non seulement remplacer la précédente mais aussi en payer les intérêts. La dette, comme ses intérêts, c’est malgré tout, et même d’abord et avant tout, de l’argent « frais », c'est-à-dire « fraîchement créé », qui circule à nouveau dans l’économie, d’une manière ou d’une autre et en assure donc la « profitabilité » qui, pour l’essentiel, n’est donc plus que fictive. Et si cette « création monétaire » permanente est possible sans effondrement du système, c’est bien parce que les Etats ont du renoncer à leurs prérogatives supposées en politique économique pour se mettre au « diapason » des politiques monétaires des Banques Centrales, Fed aux USA, BCE en UE et donc en France, etc…

 

La « révolution monétaire » banco-centraliste a déjà eu lieu, avec la généralisation des politiques de type « Quantitative Easing », à partir de la crise de 2007-2008, et s’est trouvée encore renforcée avec la nouvelle vague de QE « nécessitée » par la crise dite « du covid » en 2020-2021.

 

Même si l’on veut parler d’affaires modestes, voire plus ou moins artisanales, qui semblent encore miraculeusement tenir debout toutes seules du fait de leur « bonne clientèle », combien seraient encore debout si la masse monétaire « excédentaire » injectée par la dette venait à se retirer comme la marée, les laissant dans un marigot trop restreint pour survivre, sinon carrément à sec ?

 

De sorte que même les vestiges parfois impressionnants du capitalisme « classique » qui semblent encore prospérer plus ou moins ne le font en réalité que dans la dépendance, même si indirecte, des politiques monétaires des Banques Centrales, qui sont les véritables nouveaux maîtres de la dette publique et privée, et in fine, les nouveaux maîtres du monde.

 

Le monde « libéral idéal » de Bastiat n’est pas davantage advenu que le monde « communiste idéal » de Marx, mais le temps historique a néanmoins déjà réglé le problème de succession : le banco-centralisme a d’ores et déjà succédé, pour l’essentiel, au capitalisme « classique », et se renforcera à mesure que les vestiges de celui-ci perdront de leur importance pour n’être plus qu’une façade illusoire recouvrant encore provisoirement la structure profondément totalitaire et « orwellienne » du nouvel ordre mondial.

 

Et comme établissement d’un ordre totalitaire, on ne peut pas dire qu’il intervienne de manière pacifique, et même bien au contraire : c’est une sorte de chaos diffus mais d’une violence souvent extrême qui se répand sur la planète et s’intensifie, ces dernières années, du fait des antagonismes et des résistances qu’il exacerbe, inévitablement.

 

Une alternative démocratique est-elle encore possible ? Ce qui est certain c’est que ni les tenants de l’ordre ancien, ni encore moins, ceux du nouvel ordre banco-centraliste mondialisé, n’y ont le moindre intérêt réel. S’il peut éventuellement exister une alternative démocratique, elle devra évidemment tenir compte des leçons de l’histoire, mais pour l’essentiel elle reste encore entièrement à inventer et ne sortira pas des oripeaux idéologiques du passé.

 

Luniterre

https://cieldefrance.eklablog.com/2025/07/un-diamant-trouve-sur-la-plage-chronique-economique-estivale.html

 

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(* https://cpinettes.u-cergy.fr/S1-Meca_files/resume5.pdf

 

 

 

(** INSEE, Figure 3 in :

https://www.insee.fr/fr/statistiques/8376826?sommaire=8376908

 

"Le mouvement de désindustrialisation qui s’est opéré entre les années 1970 et les années 2010 a concerné l’ensemble des pays développés, mais il a en particulier touché la France avec une chute de la part de l’industrie de 17 % à 11 % du PIB entre 1995 et 2017."

https://www.entreprises.gouv.fr/files/files/Publications/2024/themas/2024-themas-dge-n20.pdf )

 

 

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Quelques études et articles récents et plus anciens pour comprendre la mutation banco-centraliste de l'économie au XXIème siècle :

 

 

France Finances, ça Balance… Mal ! Déficit Public Vs Dividendes CAC 40

 

L’évidence que met sous nos yeux le schéma symbolique de la balance, c’est la part de la valeur d’amortissement du capital fixe qui est assumée par la dette sur le plateau le plus "lourd" de la balance, d’un côté, et qui permet donc, de l’autre côté, sur le plateau de la finance, les « superprofits » autrement impossibles.

Un tour de « passe-passe » qui serait impossible sans les politiques monétaires ad hoc des Banques Centrales, et en UE, donc, de la BCE.

Exit le capitalisme « classique », bonjour le banco-centralisme !

Un système qui tient à la fois de la pyramide de Ponzi et de la dystopie orwellienne. Mais une pyramide de Ponzi constamment « consolidée » par les politiques monétaires « créatives » des Banques Centrales et une dystopie qui ne peut précisément se rendre « durable » que par un contrôle de plus en plus totalitaire de la vie quotidienne et de la « pensée » des citoyens.

 

https://cieldefrance.eklablog.com/2025/05/france-finances-ca-balance.mal-deficit-public-vs-dividendes-cac-40.html

 

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"Droit européen" : la laisse de l'endettement banco-centralisé - Maintenant en Allemagne aussi...

 

https://cieldefrance.eklablog.com/droit-europeen-la-laisse-de-l-endettement-banco-centralise-maintenant-a216341811

 

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Economie mondiale : la Chine déjà au bout de son "Rouleau de Printemps" en termes de "miracle économique"

 

https://cieldefrance.eklablog.com/economie-mondiale-la-chine-deja-au-bout-de-son-rouleau-de-printemps-en-a216313231

 

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Banco-centralisme : définition et mise au point

 

https://cieldefrance.eklablog.com/2025/04/banco-centralisme-definition-et-mise-au-point.html

 

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Le "macronisme" est-il une nouvelle forme de "capitalisme" ou une autre forme d'exploitation ?

https://cieldefrance.eklablog.com/le-macronisme-est-il-une-nouvelle-forme-de-capitalisme-ou-une-autre-forme-d-exploitation

 

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Existe-t-il de « l’argent magique », et si oui, au profit de qui ???

https://cieldefrance.eklablog.com/2025/01/existe-t-il-de-l-argent-magique-et-si-oui-au-profit-de-qui.html

 

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Pour en finir avec le mythe de la "productivité du travail" au XXIe siècle ! (VF - AgoraVox)

https://cieldefrance.eklablog.com/2025/02/pour-en-finir-avec-le-mythe-de-la-productivite-du-travail-au-xxie-siecle-vf-agoravox.html

 

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Sur l'histoire et la formation des fondamentaux du banco-centralisme, et sur une alternative éventuelle :

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Un article un peu plus ancien, mais où Richard Werner, lui-même à l’origine du concept de "Quantitative Easing", décrit on ne peut mieux, à partir de son expérience personnelle d’économiste au Japon, l’évolution économique banco-centraliste de ce premier quart du XXIesiècle, jusqu’à la naissance actuelle des Monnaies Numériques de Banque Centrale et au danger fatidique pour les libertés, économiques, et les libertés tout court, qu’elles représentent :

 

Richard Werner, "père spirituel" du Quantitative Easing et "apprenti sorcier" du banco-centralisme

 

https://cieldefrance.eklablog.com/richard-werner-pere-spirituel-du-quantitative-easing-et-apprenti-sorci-a215699895

 

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Pour l’ébauche d’une solution…

Pour un retour à quelques fondamentaux du Gaullisme,

réadaptés en pratique à l’évolution économique du XXIesiècle :

Reprendre le contrôle, à l’échelle nationale, de la vie économique et sociale, y compris dans sa dimension financière, reste la priorité essentielle. Contrôler le crédit, c’est contrôler la création monétaire réelle dans le pays, directement sur le terrain du développement économique, et donc tout à fait indépendamment de son signe, Euro ou autre. Contrôler le crédit permet d’orienter les grandes tendances de l’activité économique vers les activités et secteurs prioritaires pour les besoins de la population et pour l’indépendance de la nation.

C’est pourquoi nous avons proposé, sur Ciel de France, de remettre au centre du débat la reconstruction d’un Conseil National du Crédit, dans une version statutairement adaptée aux nécessités de notre indépendance nationale au XXIe siècle, c’est à dire doté de pouvoirs constitutionnels et d’une représentativité démocratique réelle :

Les leçons de l’Histoire…

 

 

 

Il était une fois… le Conseil National du Crédit (1945). Et aujourd’hui ?

 

https://cieldefrance.eklablog.com/il-etait-une-fois-le-conseil-national-du-credit-1945-et-aujourd-hui-a215997227

 

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 Pour une approche plus synthétique de l’ensemble du processus de la mutation banco-centraliste depuis la formation du capital industriel, une étude de fond :

 

Le Roi « Capital » est mort, vive la Reine « Dette » !

 

https://cieldefrance.eklablog.com/le-roi-capital-est-mort-vive-la-reine-dette-a215991921

 

 

 

 

 

 

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17 réactions à cet article    


  • Spartacus Lequidam Spartacus Lequidam 6 juillet 09:03

    Que c’est long et manque de condensé.

     C’est épuisant à lire et l’auteur à l’avenir pourait demander a se limiete a 500 ou 750 mots. Ses articles seraient plus faciles a lire.

    *********

    Sur l’article, il y a qu’une verité et Bastia a raison. 

    La valeur n’existe que et uniquement « que’ » par l’échange.

    Echange réalisé dans la paix et volontairement.

    L’auteur soutien que ce n’est pas vrai car il ne comprend pas que la création de richesse est illimitée et qu’il en est resté a sa pensée en jeu a somme nulle.

    Il croit que ça dépens de la « masse monétaire ». C’est là son incompréhansion.

    Lors de l’échange, la richesse se créee. L’acheteur recoit la valeur de l’argent et celui qui recoit la valeur de l’article acheté. La masse monétaire est juste un moyen.

    Par aileurs l’auteur nous joue une larme sur le salariéproductif.

    Mais c’est son choix ! Un salarié ne devient pas riche par SON CHOIX.

    Salarié c’est être limité par son « salairié ».

    Un salarié d’aujourd’hui a plus de biens disponibles dans un supermarché que pouvait avoir Louis XIV l’homme le plus riche du monde de son époque.

    Le salariat est une prison. Ce n’est pas la faute au sytème capitaliste, c’est la faute au choix personnel des gens. Il n’y a pas d’injustice. C’est leur choix.

    Dans quelques décennies, lorsque nous ne seront plus ici, le salariat et fonctionnariat disparaitront. Car il créent la limitation sociale et intellectuelle dans une vie subie.


    • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 6 juillet 09:31

      @Spartacus Lequidam
       
       ’’La valeur n’existe que et uniquement « que’ » par l’échange.’’
      >
       plus précisément : La valeur ne se révèle que par l’échange.

       
      Bastiat votre guru a tort : La valeur préexiste à l’échange qui la révèle(ra).
       


    • Spartacus Lequidam Spartacus Lequidam 6 juillet 09:52

      @Francis, agnotologue

      La valeur n’est pas une ilusion de valorisation illusoire, c’est concret.

      Non, le potier le meilleur du monde aurta beau faire le meilleur pot du monde, il ne vaut rien sans echange, même si il a mis plein de bonne glaise bien chère dans sa pré-existance. 

      La voie « existante » du chanteur, ne vaut rien si il ne fait pas un tube. Et il retombe dans l’anonymat avec sa pre-existance. 

      Le prix que fixé par l’échange qui détermine la valeur. Rien d’autre.

      Les actions de Tesla vallent des 1 021milliards de dollars. Mais si tu prends le bilan de ce que possède Tesla c’est que 109 milliards. La soi-disant valeur préexistante (actif) revelle absolument pas la valeur d’échange puisque la valeur d’échange, (la capitalisation boursière) n’a à voir avec une pre-existance.


    • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 6 juillet 11:09

      @Spartacus Lequidam
       
       vous seriez pas un peu psycho-rigide ?


    • Luniterre Luniterre 6 juillet 11:35
      @Spartacus Lequidam
      @Francis, agnotologue


      « ce que l’on compare (et c’est de cette comparaison que naît l’idée de Valeur), c’est l’effort d’un homme à l’effort d’un autre homme, deux phénomènes de même nature et, par conséquent, commensurables.

      Ainsi la définition du mot valeur, pour être juste, doit avoir trait non-seulement aux efforts humains, mais encore à ces efforts échangés ou échangeables. L’échange fait plus que de constater et de mesurer les valeurs, il leur donne l’existence. Je ne veux pas dire qu’il donne l’existence aux actes et aux choses qui s’échangent, mais il la donne à la notion de valeur.

      Or quand deux hommes se cèdent mutuellement leur effort actuel, ou les résultats de leurs efforts antérieurs, ils se servent l’un l’autre, ils se rendent réciproquement service.

      Je dis donc : La valeur, c’est le rapport de deux services échangés. »

      BASTIAT  Harmonies économiques


      Donc le fait est bien que Bastiat est fondamentalement »marxiste« à cette grosse nuance près qu’il »glisse« de la notion d’effort (énergie, travail) à la notion d’ »échange de services« , c’est à dire d’utilité, d’usage, et donc de valeur d’usage, ce qui resterait assez correct s’il n’ »oubliait« pas, en chemin, mais à dessein pour son propos »libéral", la valeur d’usage et la valeur d’échange de la force de travail !

      Ce qui correspond avec le tout début de mon modeste article...

      Il s’en suit donc également la confusion entre activité de service et activité productrice, confusion encore sans trop d’importance tant qu’il y a effectivement un échange sensiblement égal entre travaux de services et travaux productifs humains, mais devient une impasse évidemment génératrice de dette avec la robotisation et le cycle particulier d’amortissement et et de renouvellement de ce type de capital fixe.

      Luniterre


    • Luniterre Luniterre 6 juillet 13:34

      @Spartacus Lequidam

      Concernant TESLA, faute de références, on ne sait même pas trop à quoi correspondent vos chiffres !

      Capitalisation boursière en Juillet 2025 :

      _862,35 Milliards d’€uros, soit 1 017,57 en dollar, proche de votre chiffre.

      https://companiesmarketcap.com/fr/tesla/capitalisation-boursiere/

      Chiffre d’affaires 2024 :

      _97,7 Milliards de Dollars

      https://www.zdnet.fr/actualites/tesla-le-benefice-net-seffondre-de-70-au-quatrieme-trimestre-un-nouveau-modele-en-approche-405486.htm

      Merci donc, de préciser à quoi correspond exactement le chiffre de 109 Milliards et quelle en est la source.

      Luniterre


    • Luniterre Luniterre 6 juillet 15:35
      @Francis, agnotologue

      @Spartacus Lequidam

       

       La valeur n’est que celle de l’utilité sociale des biens et services échangés, et donc bien aussi, d’abord et avant tout, celle de l’EFFORT fait pour les obtenir ou les réaliser, pour BASTIAT, et du TRAVAIL nécessaire pour les mêmes, pour MARX : cherchez la différence… !

       

      Elle est simplement que MARX revient à la base du travail nécessaire, alors que BASTIAT l’escamote au moment de l’échange : il est clair que si BASTIAT échange un diamant trouvé contre une maison héritée, par exemple, la notion, tant du travail d’extraction des diamants que du travail de maçonnerie qui a permis de construire la maison n’apparaissent pas immédiatement dans l’échange.

       

      Ces travaux n’en sont pas moins l’une des origines essentielles de la valeur échangée.

       

      Les choses changent donc à partir du moment où l’on échange la valeur du travail humain contre celle du travail robotisé : contrairement à ce croit comprendre Spartacus Lequidam (mais que comprend-t-il à part ses fantasmes de « richesse illimitée » ?) en aucune manière je ne « joue une larme sur le salarié productif » : je constate simplement que ce nouveau type de pseudo-« échange » génère inévitablement de la dette pour en assurer une forme de pseudo-« rentabilité », qui est donc fictive, car la dette s’accumule à mesure, et change donc la nature du système, du capitalisme vers le banco-centralisme, seul à même de « contrôler » une économie fondée sur la dette et non plus sur le travail humain productif et le capital productif qui en résultait jusque là, même si avec tous ses inconvénients.

       

      Ceux du banco-centralisme sont simplement encore pires.

       

      Luniterre


    • Luniterre Luniterre 6 juillet 11:00
      @Spartacus Lequidam
      A Bastia, je ne sais pas ce qu’on en pense, mais à toute fin utile, voici ce qu’en pensait Bastiat (in Harmonies économiques) :

      « C’est cette transmission d’efforts, cet échange de services qui fait la matière de l’économie politique, et, puisque, d’un autre côté, la science économique se résume dans le mot Valeur, dont elle n’est que la longue explication, il s’ensuit que la notion de valeur sera imparfaitement, faussement conçue si on la fonde sur les phénomènes extrêmes qui s’accomplissent dans notre sensibilité : Besoins et Satisfactions, phénomènes intimes, intransmissibles, incommensurables d’un individu à l’autre, — au lieu de la fonder sur les manifestations de notre activité, sur les efforts, sur les services réciproques qui s’échangent, parce qu’ils sont susceptibles d’être comparés, appréciés, évalués, et qui sont susceptibles d’être évalués précisément parce qu’ils s’échangent.

      Dans le même chapitre nous sommes arrivés à ces formules :

      « L’utilité (la propriété qu’ont certains actes ou certaines choses de nous servir) est composée : une partie est due à l’action de la nature, une autre à l’action de l’homme. » — « Il reste d’autant moins à faire au travail humain, pour un résultat donné, que la nature a plus fait. » — « La coopération de la nature est essentiellement gratuite ; la coopération de l’homme, intellectuelle ou matérielle, échangée ou non, collective ou solitaire, est essentiellement onéreuse, ainsi que l’implique ce mot même : Effort. »

      Et comme ce qui est gratuit ne saurait avoir de valeur, puisque l’idée de valeur implique celle d’acquisition à titre onéreux, il s’ensuit que la notion de Valeur sera encore mal conçue, si on l’étend, en tout ou partie, aux dons ou à la coopération de la nature, au lieu de la restreindre exclusivement à la coopération humaine.

      Ainsi, de deux côtés, par deux routes différentes, nous arrivons à cette conclusion que la valeur doit avoir trait aux efforts que font les hommes pour donner satisfaction à leurs besoins.

      Au troisième chapitre, nous avons constaté que l’homme ne pouvait vivre dans l’isolement. Mais si, par la pensée, nous évoquons cette situation chimérique, cet état contre nature que le dix-huitième siècle exaltait sous le nom d’état de nature, nous ne tardons pas à reconnaître qu’il ne révèle pas encore la notion de Valeur, bien qu’il présente cette manifestation de notre principe actif que nous avons appelée Effort. La raison en est simple : Valeur implique comparaison, appréciation, évaluation, mesure. Pour que deux choses se mesurent l’une par l’autre, il faut qu’elles soient commensurables, et, pour cela, il faut qu’elles soient de même nature. Dans l’isolement, à quoi pourrait-on comparer l’effort ? au besoin, à la satisfaction ? Cela ne peut conduire qu’à lui reconnaître plus ou moins d’à-propos, d’opportunité. Dans l’état social, ce que l’on compare (et c’est de cette comparaison que naît l’idée de Valeur), c’est l’effort d’un homme à l’effort d’un autre homme, deux phénomènes de même nature et, par conséquent, commensurables.

      Ainsi la définition du mot valeur, pour être juste, doit avoir trait non-seulement aux efforts humains, mais encore à ces efforts échangés ou échangeables. L’échange fait plus que de constater et de mesurer les valeurs, il leur donne l’existence. Je ne veux pas dire qu’il donne l’existence aux actes et aux choses qui s’échangent, mais il la donne à la notion de valeur.

      Or quand deux hommes se cèdent mutuellement leur effort actuel, ou les résultats de leurs efforts antérieurs, ils se servent l’un l’autre, ils se rendent réciproquement service.

      Je dis donc : La valeur, c’est le rapport de deux services échangés. »


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      « Mais les hommes échangent. L’échange, nous l’avons vu, implique la séparation des occupations. Il donne naissance aux professions, aux métiers. Chacun s’attache à vaincre un genre d’obstacles au profit de la Communauté. Chacun se consacre à lui rendre un genre de services. Or une analyse complète de la valeur démontre que chaque service vaut d’abord en raison de son utilité intrinsèque, ensuite en raison de ce qu’il est offert dans un milieu plus riche, c’est-à-dire au sein d’une communauté plus disposée à le demander, plus en mesure de le payer. L’expérience, en nous montrant l’artisan, le médecin, l’avocat, le négociant, le voiturier, le professeur, le savant tirer pour eux-mêmes un meilleur parti de leurs services à Paris, à Londres, à New-York que dans les landes de Gascogne, ou dans les montagnes du pays de Galles, ou dans les prairies du Far West, l’expérience, dis-je, ne nous confirme-t-elle pas cette vérité : L’homme a d’autant plus de chances de prospérer qu’il est dans un milieu plus prospère ? »

      **************************

      >>> Notion d’effort, à la base >>> énergie, travail  !

      >>> Notion de « milieu prospère » >>> masse monétaire en circulation. Vu ???

      Luniterre


      • Sylfaën.H. Sylfaën.H. 6 juillet 17:32

        Il y a une quantité de travail fournie par la machine, une autre par l’ouvrier, et donc un rapport entre les deux : capital fixe/capital variable. La somme des deux énergies est la base du capital industriel productif tel qu’il a révolutionné le monde au XIXème siècle.  

        Îls ont juste oublié de considérer que si grad(Capital variable)<0, alors buz !, systémiques.
        Chercher une valeur au paraître est comme l’utilité d’une monnaie : « un pur rien », lequel ?


        • La Bête du Gévaudan 7 juillet 00:02

          Vous confondez la valeur d’une chose et son coût... Ce que la fabliau du diamant montre, c’est que la valeur est indépendante de son coût. La valeur est ce que l’autre est prêt à donner en échange. 

          Au pire, Bastiat précise que ce n’est pas dans l’effort du producteur mais dans l’effort évité à l’acheteur, qu’il faudrait trouver une possible forme objective de la valeur. Mais cela varie d’un acheteur à l’autre. Il n’y a pas de valeur objective. Ce n’est pas le travail qui mesure la valeur (on peut suer en vain).

          La valeur-travail est une notion erronée. L’exemple que vous prenez de Van-Gogh est typique : un autre peintre y aurait mis autant de travail qu’il n’aurait pas obtenu la même valeur. Et d’ailleurs, la valeur est variable selon le goût des consommateurs.

          Par contre, tout bien ou service ordinairement nécessite des coûts de production. Il faut donc que ces coûts soient couverts par le prix de vente. Sans quoi, on fait faillite. Et, par le jeu de la concurrence, le prix a en pratique tendance à se caler juste au-dessus du coût de fabrication (au bénéfice du consommateur).

          Il me semble ailleurs que vous confondez le capital et la valeur. Et ailleurs que vous attribuez à la seule industrie la « production »  ; notion erronée, héritée des physiocrates qui attribuaient jadis à l’agriculture la même fonction. Dans la réalité, le médecin ou le coiffeur rendent des services réels indépendamment de l’industrie ou de l’agriculture. 


          • La Bête du Gévaudan 7 juillet 00:25

            en tous cas je vous remercie (sans condescendance aucune de ma part) d’ouvrir honnêtement le débat... même si j’avoue également avoir eu du mal à tout lire et retenir de l’article. En effet, s’il est possible d’aborder un seul sujet à la fois, ce sera plus facile pour nous aussi de débattre avec vous.

            Personnellement, je pense que Bastiat est l’économiste libéral le plus intéressant (et facile) à lire pour des profanes comme nous. Même s’il est contesté par d’autres libéraux (et, réciproquement, il critique Smith, Say, Riccardo, etc.). Il procède, comme vous l’avez vu par petits chapitres sur des points précis de doctrine. Charge à nous de prendre cependant le temps de voir où il veut en venir. 

            Nous avons tous lu du Marx, du Proudhon et d’innombrables auteurs socialo-collectivistes. Et notre débat public est saturé de ces concepts (qui ont pourtant donné de contestables résultats au XXème siècle). Il est nécessaire que nous prenions le temps de lire des libéraux. A la base, le socialisme c’est la critique du libéralisme, donc il semble logique d’aller y regarder par soi-même pour comprendre. Quelles que soient les conclusions personnelles qu’on en tire. 


          • Luniterre Luniterre 7 juillet 06:55

            @La Bête du Gévaudan

            Au pire, Bastiat précise que ce n’est pas dans l’effort du producteur mais dans l’effort évité à l’acheteur, qu’il faudrait trouver une possible forme objective de la valeur. Mais cela varie d’un acheteur à l’autre. Il n’y a pas de valeur objective. Ce n’est pas le travail qui mesure la valeur (on peut suer en vain).

             

            >>> on a déjà vu ce point plusieurs fois ensemble, mais tant pour vous que pour nos lecteurs il semble donc utile de repréciser !

             

            Que l’effort soit « épargné » ou non à l’acheteur, c’est donc bien d’une évaluation en fonction d’un « effort-travail-énergie à dépenser » que la valeur est établie dans cette hypothétique transaction, mais c’est également le cas dans un autre passage de Bastiat cité in :

            https://www.agoravox.fr/commentaire6846687

            https://www.agoravox.fr/commentaire6846676

             

            En outre je souligne, dès le début de l’article que la valeur ne réside pas dans le travail en soi-même, mais dans son utilité sociale ou non, et c’est aussi précisément qu’affirme expressément Marx, comme on l’a déjà vu, également !

             

             

             

            La valeur-travail est une notion erronée. L’exemple que vous prenez de Van-Gogh est typique : un autre peintre y aurait mis autant de travail qu’il n’aurait pas obtenu la même valeur. Et d’ailleurs, la valeur est variable selon le goût des consommateurs.

             

            >>> idem, le travail d’un peintre sans talent est socialement inutile, sauf éventuellement pour son propre plaisir de dilettante, ce qui est déjà bien, pourquoi pas… (Ah ! Si Hitler s’était complu dans ses aquarelles, combien de vies auraient été éventuellement épargnées !). Le cas de Van Gogh montre néanmoins que le talent peut parfois rester ignoré du public. Inversement, le goût du public est souvent manipulé commercialement pour en faire un goût de ch**ttes, plus facile à exploiter.

            Le monde musical, par exemple, ne produit pas des Mozart tous les jours, ni même des Brel ou des Brassens…

            Le commerce, en toutes choses, repose donc aussi sur des effets de modes, le plus souvent artificielles et créées à dessein.

            Même fondée sur la médiocrité, il s’agit toujours néanmoins d’une valeur d’usage sociale, en lien avec une production à « valoriser », même si abusivement, le plus souvent.

             

            Par contre, tout bien ou service ordinairement nécessite des coûts de production. Il faut donc que ces coûts soient couverts par le prix de vente. Sans quoi, on fait faillite. Et, par le jeu de la concurrence, le prix a en pratique tendance à se caler juste au-dessus du coût de fabrication (au bénéfice du consommateur).

             

            >>> in fine vous voilà donc « marxiste », car la réalité est essentiellement modelée par des effets moyens, tel que celui que vous résumez donc assez bien ainsi !

             

            Il me semble ailleurs que vous confondez le capital et la valeur. Et ailleurs que vous attribuez à la seule industrie la « production » ; notion erronée, héritée des physiocrates qui attribuaient jadis à l’agriculture la même fonction. Dans la réalité, le médecin ou le coiffeur rendent des services réels indépendamment de l’industrie ou de l’agriculture. 

             

            >>> le capital, au sens des Grundrisse, c’est simplement la somme des valeurs d’usage mise en œuvre dans le processus productif. Dans le principe elle est donc strictement identique à celle de Bastiat :

            https://image.eklablog.com/TcTfhncJeetnLvkrl7s3IITxb54=/filters:no_upscale()/image%2F1241236%2F20250705%2Fob_a6b30f_bastiat-capital-definition.png

             

            >>> chez Marx elle est développée dans toutes ses implications, alors que chez Bastiat elle est aussitôt « escamotée », et pour cause…

             

            >>> chez Marx il y a donc effectivement adéquation entre capital et valeur d’usage, ce que ne comprennent pas, en réalité, la presque quasi-totalité des pseudo-« marxistes », alors que c’est très simplement expliqué, dans les Grundrisse. C’est un point fondamental pour lequel je me considère donc toujours comme marxiste, même si je ne fais aucunement du marxisme un dogme.

             

            >>> mais c’est donc aussi et surtout un point qui permet de comprendre l’évolution du système, depuis précisément cette époque de la révolution industrielle du XIXème siècle, où le capital se résumait essentiellement au capital productif industriel, fondé sur le travail du prolétariat industriel directement productif, qui, pour Marx, était donc la base du capitalisme tel qu’il le définit, et encore une fois, c’est pourquoi je constate, précisément sous vu sous cet angle, que l’on est déjà sortis du capitalisme pour entrer dans l’ère du banco-centralisme.

             

            >>> effectivement je ne confond pas « production » des biens matériels et « services », même si l’on peut parler de « production de services » pour des entreprises qui vendent des services aux autres entreprises, par exemple, dans le secteur du nettoyage, etc…

             

            >>> pour autant, il n’y a rien de péjoratif dans ma considération des travailleurs du secteur tertiaire, mais simplement l’analyse des nouveaux rapports sociaux que la quasi hégémonie actuelle de ce secteur implique.

             

            >>> échanger entre travailleurs du secteur tertiaire et travailleurs du secteur productif, ce n’est pas la même chose qu’un « échange social » entre ces travailleurs du secteur tertiaire et les lignes de production robotisées de l’industrie actuelle !

             

            >>> en proportion écrasante, si l’on veut parler de ce qui reste réellement de travail humain productif directement intégré au processus productif, il s’agit bien presque uniquement, désormais, pour la production industrielle, de la reproduction de la valeur d’usage du capital fixe, à laquelle est effectivement ajoutée une « marge » arbitraire, qui s’avère, in fine, au bilan global de l’économie moderne, n’être qu’une partie « détournée », même si le plus « légalement » du monde, de la dette publique et privée.

             

            >>> il n’y a pas de jugement de valeur « morale » là-dedans : simplement un constat de l’évolution du système et des conséquences éventuelles à en tirer.

             

            https://cieldefrance.eklablog.com/le-sens-retrouve-du-combat-social-en-france-a213299195

             

            Luniterre


          • La Bête du Gévaudan 7 juillet 00:51

            Autre point qui me semble critiquable, c’est la confusion de la morale et de l’économie... certes, la morale et l’économie ont partie liée, et Bastiat est le premier à s’y étendre en permanence (aussi bien sur les graves question du prêt-à-intérêt, de la propriété, de la loi, de la solidarité, que pour invalider le « ruissellement » ou critiquer la prodigalité dissipatrice de l’épargne). Mais cela reste toujours cantonné à la question du juste et de l’injuste. Il ne faut pas tomber dans une sorte de jansénisme moral, répandu chez les socialistes, qui consiste à critiquer l’ostentation des riches. Car cela en vient à troubler l’analyse froide du mécanisme économique.

            Je ferai observer ici que, lorsqu’on analyse la notion de propriété, il est irrationnel et dangereux de faire de ce mot le synonyme d’opulence, et surtout d’opulence mal acquise. La chaumière de Fabricius est une propriété aussi bien que le palais de Lucullus.

            F. Bastiat (in Propriété & Loi). 


            • La Bête du Gévaudan 7 juillet 01:07

              Le monde « libéral idéal » de Bastiat n’est pas davantage advenu que le monde « communiste idéal » de Marx. 

              Bastiat ne se définit par comme libéral mais comme économiste. Il ne prétend pas imposer un monde idéal mais simplement étudier scientifiquement les rapports économiques. Et il en conclut que la liberté vaut mieux que la contrainte. (Cf. par ex. « La Peur d’un mot » ou « Deux morales » ou « A la jeunesse française »). Bastiat n’est pas un partisan du « socialisme de marché idéal » ni de la « spontanéité organisée » et autres apories. Il est en ce sens entièrement différent de l’école néolibérale classique, et plus encore du socialo-keynésianisme actuel (que vous appelez banco-centralisme). Il prétend simplement que le combat politique consiste à faire tomber les Bastille et non à changer de maîtres ou à les remplacer par des Goulags. 

              Marx prétendait de son côté que le communisme émergerait naturellement de l’étouffement du capitalisme par la baisse du taux-de-profit. Cela n’est pas advenu (même si certains millénaristes continuent d’attendre l’apocalypse marxiste).

              Les autres socialistes prétendaient établir artificiellement un système de contraintes variées (on en est plutôt là !). 


              • La Bête du Gévaudan 7 juillet 01:30

                oui, ce « totalitarisme » a été dénoncé dès avant son émergence par Frédéric Bastiat tout au long de ces écrits (contre Rousseau, Robespierre et tous les socialistes de son époque)... et encore au XXème siècle par un Jacques Rueff contre Keynes (« Monnaie saine ou état totalitaire, il faut choisir »). Oui, tout ordre totalitaire doit opérer par la contrainte. Et c’est pourquoi Bastiat estime que la lutte politique doit précisément avoir pour objet de renverser ces contraintes qui mènent l’humanité à son étouffement et à sa disharmonie. 

                Oui, une « alternative démocratique » est possible. Plus que jamais. Précisément en revenant par exemple à l’article 2 des Déclarations des Droits de 1798 et 1793 : liberté, égalité, sûreté, propriété. C’est le libertarianisme. 

                Ce n’est pas la propriété mais le vol qui pose problème. Il y a le vol ordinaire, poursuivi par la maréchaussée. Mais il y a aussi le vol extra-ordinaire, organisé par la force de lois abusives ! Ce qu’il appelle la « spoliation légale »

                Bastiat, qui vit au milieu du tumulte permanent des révolutions et de l’agitation sociale et émeutière, clame en permanence que le but des révolutions (comme des élections) ne doit pas être d’établir une classe spoliatrice à la place de la précédente, mais précisément d’abolir la « spoliation légale ». Afin que chacun vive de son commerce. 

                Tout son combat intellectuel rejoint ce que vous évoquez. C’est précisément pour cela qu’il est bien plus intéressant que les autres libéraux. La liberté n’est pas un « mal nécessaire pour engraisser la machine » mais la condition de l’émancipation physique, intellectuelle et morale autant que faire se peut. 


              • Luniterre Luniterre 7 juillet 04:04

                @La Bête du Gévaudan

                Bastiat ne se définit pas comme libéral

                >>> si vous pouvez préciser ce point avec des références dans ses oeuvres, cela peut être intéressant, historiquement, car toutes les références en lien avec ce personnage l’associent au libéralisme et en font même une figure de proue, un des pionniers du genre !

                Il ne prétend pas imposer un monde idéal

                >>> non seulement je n’ai jamais avancé un truc pareil, mais je constate au contraire, et je ne suis pas le seul sur ce point, une certaine convergence entre l’idéal libéral et l’idéal libertaire, qui reposent tous les deux sur une approche spontanéiste selon laquelle la seule et simple « liberté » amène plus ou moins spontanément un ordre économique et social optimum.

                Marx prétendait de son côté que le communisme émergerait naturellement de l’étouffement du capitalisme par la baisse du taux-de-profit. Cela n’est pas advenu (même si certains millénaristes continuent d’attendre l’apocalypse marxiste).

                >>> les « millénaristes marxistes » sont effectivement des imbéciles pseudo-« marxistes » qui pour la plupart n’ont pas lu Marx et se contentent de radoter de vieilles brochures d’agit-prop déjà périmées au siècle dernier.

                >>> il y a toujours deux aspects dans l’oeuvre de Marx, dont effectivement un aspect agit-prop qui était néanmoins assez approprié à l’émergence du mouvement ouvrier de son époque. Mais quant au fond, il cherchait objectivement à comprendre l’évolution du système, notamment dans ses « carnets de notes » que sont les Grundrisse.

                >>> dans les Grundrisse la fin du capitalisme est liée à la caducité de la loi de la valeur-travail qui se produit avec la généralisation de l’automatisation de la production et donc avec la disparition du travail humain directement productif, au sens de l’incorporation directe de la force de travail dans le processus productif lui-même.

                >>> c’est exactement ce que nous vivons à notre époque présente, avec la robotisation.

                >>> dans les Grundrisse il n’y a pas de lien de cause à effet entre cette mutation et une éventuelle révolution socialiste, qui ne reste possible, même à son époque, que par l’intervention politique de la classe ouvrière. Mais c’est bien une sortie du capitalisme, au sens de la définition marxiste du capitalisme. Ce n’est donc pas incompatible avec le maintien d’un système de domination de classe, de type post-capitaliste, et c’est précisément ce qui se produit avec le banco-centralisme actuel.

                >>> Varoufakis, l’économiste grec qui a tenté d’arracher son pays des griffes de l’UE, donne aujourd’hui une autre définition du post-capitalisme actuel, mais je constate qu’il tente encore de faire passer le rôle des Banques Centrales au second plan derrière les monopoles type Gafam, ce en quoi il se « trompe » lourdement, ou volontairement, peut-être !

                >>> la gauche socialo-keynésienne est effectivement aujourd’hui l’« avant-garde » du banco-cetralisme dans les classes populaires et doit donc être combattue à ce titre :

                https://ekladata.com/eOztMlDPEDDLCJ0mKSElcDok8p8.png

                https://ekladata.com/O7AplNAi0ye7mV-ItMuJoW8ijA8.png

                Luniterre


              • Luniterre Luniterre 7 juillet 12:57

                COQUILLE >>> évidemment il faut lire :

                >>> la gauche socialo-keynésienne est effectivement aujourd’hui l’« avant-garde » du banco-centralisme dans les classes populaires et doit donc être combattue à ce titre :

                https://ekladata.com/eOztMlDPEDDLCJ0mKSElcDok8p8.png

                https://ekladata.com/O7AplNAi0ye7mV-ItMuJoW8ijA8.png


                Luniterre

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