Un juge rouge très pressé
Van Ruymbeke ! C'est probablement Nicolas Sarkozy qui en parle le mieux. Lors d'une rencontre entre les deux hommes à l'École de la magistrature de Bordeaux en 1999, le futur Président de la République avait posé au magistrat une question sur le foot. Van Ruymbeke avait répondu qu'il aimait ce sport avant que l'argent ne finisse par le pourrir. Sarkozy a certainement beaucoup de défauts, mais n'a jamais caché qu'il aimait le fric. Une honnêteté rare qui ne joue probablement pas en sa faveur dans ce pays, où comme dirait Depardieu, les Français n'aiment pas les gens qui ont de l'argent.
Plus tard, en 2001, dans son livre "Libre", Sarkozy écrira "Une telle aversion pour les histoires d'argent était singulière" surtout pour un homme qui postulait à la fonction de 1er juge d'instruction au pôle financier de Paris. Savait-il que les parents du juge étaient d'ex communistes, et le rouge une histoire de famille qui laisse probablement des traces.
Mais attendez, le candidat à la présidentielle 2017 n'est pas la seule relation de haut niveau politique de Van Ruymbeke. Bien d'autres ont déjà savouré des instants particuliers avec cet amateur de piano. Faut-il préciser que le sujet de conversation n'était pas Chopin. Henri Emmanuelli par exemple, encore plus rouge que l'habit du juge après sa condamnation dans l'affaire Urba. Était-ce de honte ou de colère.
Mais avant de venir sur le scandale Bygmalion, le prochain big-bang en gestation, le tsunami qui pourrait tout emporter. Comment ne pas évoquer Ziad Takieddine, un phénomène le copain de Copé, un roman à lui tout seul et pas à l'eau de rose. Une chose est certaine, Ziad déteste Renaud et ils ne passeront pas leurs vacances ensemble. Le franco-libanais n'avait vraiment pas apprécié à l'époque, l'obstination du juge sur la financement de la campagne de Balladur. Toujours les mêmes questions "sur Thierry Gaubert ou sur la montre que j'ai donnée à Jean-François Copé", en toc assurément. Et puis "il fait toujours des sourires" et il n'en pouvait plus de ses sourires !
Mais revenons sur l'actualité chaude du moment et vous allez avoir la preuve si vous en doutiez encore, que la justice est dans certaines occasions à deux vitesses. La première pour le truand ordinaire et la cinquième pour les célébrités de la ripoublique. Mardi soir, sur le plateau de Ruth Elkief, l'invité était le juge antiterroriste Marc Trévidic, une relation professionnelle et sans doute amicale de Van Ruymbeke qui dans le passé disait déjà de lui qu'"il a une capacité étonnante à ne pas trop stresser". Mais sur BFM, c'est le juge qui pour une fois était soumis à la question face à la chroniqueuse inusable de la chaîne d'info en continue.
Et honnêtement il n'a pas été nécessaire de pousser le juge Trévidic dans ses derniers retranchements. Ce dernier est passé aux aveux très rapidement pour avouer que dans l'affaire Bygmalion, la procédure judiciaire concernant l'ancien Président serait accélérée pour que la justice passe avant une éventuelle seconde immunité présidentielle. Car dans ce cas tout s'arrête. C'est donc une véritable course contre la montre qui est engagée par les petits pois pressés par le temps.
Le juge Trévidic qui d'ailleurs n'avait pas du tout apprécié le discours "populiste" contre la justice tenu lundi soir par Nicolas Sarkozy à Vélizy-Villacoublay. Une réunion qui se voulait participative et qui a tourné en un véritable one-man-show à faire palir Bedos. Devant une salle hilare entièrement acquise à sa cause, Nicolas Sarkozy dans un numéro bien préparé de funambule qui se voulait comique et satirique, s'est donné à fond dans le rôle de l'innocent harcelé par les juges rouges.
Combien de temps lui reste-t-il !
Source : Challenges.fr
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