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Un laisser-aller international pour Daech

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L’émergence encore une fois de l’organisation terroriste Daech dans la province égyptienne du Nord-Sinaï n’est pas une surprise pour ceux qui suivent l’évolution des organisations terroristes dans l’histoire moderne. Ces organisations sont capables de muter, de faire profil bas et de réapparaître, et elles s’exercent à des flux et reflux en fonction de nombreux facteurs.

Certains de ces facteurs sont liés à l’évolution idéologique et organisationnelle de ces groupes. D’autres sont liés à l’environnement sécuritaire et à la capacité des membres de ces organisations à le contourner et à réapparaître dans différentes régions. Daech n’a pas totalement quitté l’Irak et la Syrie après la chute de son soi-disant État.

La défaite militaire de l’organisation n’a jamais été une déclaration officielle de sa chute ou de sa neutralisation. Tout le monde sait que la lutte contre le terrorisme n’est pas traditionnelle. Elle n’est pas menée contre une armée conventionnelle qui se dissout ou s’effondre après une défaite militaire ou une déclaration de reddition.

Les organisations terroristes ont une idéologie et des motivations différentes. Certes, aussi faibles que soient Daech ou Al Qaïda, les facteurs qui contribuent à faire renaître ces organisations, ou du moins à les maintenir en vie, sont présents dans de nombreuses régions du monde, notamment en Syrie et en Libye.

Il ne faut donc pas s’attendre à ce que ce phénomène s’essouffle dans un avenir proche. Il faut admettre que l’existence de points de contact avec Daech dans une région favorise l’existence/la persistance de foyers similaires dans d’autres régions. Certaines régions souffrent d’un vide sécuritaire et d’un manque de souveraineté étatique et nationale.

Des conflits persistent. Des divisions confessionnelles existent dans certains pays. Dans d’autres pays, les gouvernements ont échoué.

Depuis quelque temps, nous suivons l’expansion de Daech dans certains pays du continent africain. Daech a pris pied dans la région sahélienne du Mali, du Niger et du Burkina Faso. Des officiels et des experts assurent que l’organisation se développe rapidement et étend son influence dans ces régions.

Selon les estimations des statistiques spécialisées, 48 % des victimes du terrorisme dans le monde seront originaires d’Afrique subsaharienne en 2021.

Mais comme d’habitude, la lutte pour le pouvoir entre les grandes puissances internationales donne au groupe une plus grande marge de manœuvre, qu’il utilise pour accroître son influence, élargir ses zones d’opération et recruter de nouveaux adeptes.

L’expérience d’Al-Qaïda ne constitue pas un modèle pour évaluer l’évolution de Daech. Al Qaïda a cessé ses activités et son organisation après l’assassinat d’Oussama ben Laden et n’est plus présente que dans les débats idéologiques, tandis que Daech persiste au niveau du mouvement et de l’idéologie malgré son influence décroissante.

Les deux organisations se distinguent à bien des égards, notamment par l’attrait rhétorique de Daech en tant qu’idée concrétisée sur le terrain, contrairement à l’éclat d’al-Qaïda, dû avant tout à la personnalité d’Oussama ben Laden, qui s’est achevé avec sa mort.

Une grande partie de la littérature politique soutient désormais que l’Afrique est devenue la nouvelle victime de Daech. Cela ne nie pas la menace que représente le groupe en Syrie (6 000 à 10 000 éléments terroristes estimés dans des zones rurales et désertiques désormais difficiles à contrôler), en Afghanistan et ailleurs. Mais il se redéploie massivement et se forme dans plusieurs régions africaines.

Les ministres des Affaires étrangères des 84 pays membres de l’alliance internationale contre le terrorisme se sont réunis à Marrakech, au Maroc, pour discuter de cette question. Mais la communauté internationale doit être consciente du risque de perdre de vue Daech alors qu’elle s’occupe d’autres questions tout aussi importantes et influentes. Toutes les priorités doivent rester sur la table internationale.

Les chiffres qui circulent sur la présence de Daech dans différents pays et territoires sont alarmants. Pas seulement à cause des grands nombres. Mais aussi en raison de la brutalité inouïe des éléments de cette organisation. Il semble donc indispensable de replacer la menace terroriste au premier plan de l’action collective internationale.


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