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Accueil du site > Tribune Libre > Un million sur la Paulista ? Vraiment ?

Un million sur la Paulista ? Vraiment ?

Incroyable, 1 million de personnes sur la Paulista (avenue principale de São Paulo) hier. Attendons peut-être encore un peu et ce soir ce sera 2 millions ! Qui dit mieux mesdames et messieurs ? Adjugé, vendu !

 

Le monde, lui s'est arrêté à un million. Pas la peine d'introduction, d'explications, bim, bam, prend ça dans la figure : "Ils étaient un million à avoir transformé, dimanche 15 mars, la large artère de Sao Paulo, l’avenue Paulista, en un fleuve jaune et vert, les couleurs du maillot de l’équipe de football du Brésil, uniforme de rassemblement national quasi unanimement porté ce jour-là au cœur de la capitale économique du pays."

Ce n'est pas un ruisseau, ce n'est pas une rivière, non c'est un fleuve !

Bien, calmons nous un peu et ne soyons pas aussi frénétiques que les envoyés spéciaux du monde à Rio qui voient 1 000 000 de personnes à São Paulo. 

Dès ce matin la Data Folha (pourtant très pro-manifestation) recadrait un peu les choses en précisant qu'ils avaient compté 210 000 personnes et que la police avait peut-être grossi un peu les chiffres en annonçant 1 000 000 de personnes.

À titre de comparaison, en 2013, au plus fort des manifestations de l'époque, lorsque les gens ont rempli le même jours l'avenue Paulista et l'avenue Fária Lima (autre grande artère de São Paulo), les médias ont annoncé 200 000 personnes. Il est également possible que le fait que la police dépende de l'état (dirigé par le parti d'opposition à Dilma) explique (peut-être, je dis bien peut-être) ce chiffre un tantinet gonflé.

Sous le soleil rien de nouveau. On a pu remarquer sur les photos que les manifestants étant très majoritairement blancs comme on peut le vérifier sur la photo suivante prise hier sur la Paulista : 

Les slogans étant toujours à peu près les mêmes : "Dehors Dilma", "Stop à la corruption", "Dictature militaire maintenant".

Il est d'ailleurs curieux de remarquer que pour manifester contre la corruption, les manifestants aient choisi le maillont de la CBF, organisme corrompu s'il en est.

La Globo, principal média, n'a pas failli à sa réputation : la grosse artillerie a été déployée, émission spéciale dès le matin pour inviter le maximum de personnes à participer à la grande manifestation "pour le Brésil". 

Ha oui, évidemment la manifestation fût officiellement "apolitique", pas de slogan de partis, l'objet étant de défendre le "Brésil". Apolitique mais tout de même assez connotée anti-PT (Parti des Travailleurs de la présidente Dilma).

On a d'ailleurs pu voir de belles manifestations de haine envers la présidente et l'ancien président Lula. 

Effigies de Dilma et Lula pendues à un pont.

 

Aujourd'hui, d'une manière assez pathétique, le gouvernement a annoncé de nouvelles mesure anti-corruption en forme de mea-culpa. Donc toujours la même petite musique, à laquelle participe le propre gouvernement qui nous raconte que les corrompus c'est juste le PT, bien que les autres partis soient au moins aussi corrompus, comme j'ai déjà pu le raconter ici.
Pourtant cette frange de la population a allègrement refusé la réforme politique, qui avait justement pour but de modifier les règles pour remédier d'une manière systèmique à la corruption.

Au lieu de quoi, vous étes priés de bien croire que le seul fait de destituer Dilma en finirai avec la corruption... On a déjà vu plus riche comme discourt politique.

Et c'est bien là le grand problème de ces manifestations. De tant vouloir être "apolitique", il ne reste rien. Il est quasi impossible de savoir quels sont les propositions pour lutter contre la corruption. La réforme politique proposée par le gouvernement ? La grande majorité des manifestants ne savent même pas de quoi il s'agit. D'ailleurs rappelons que les principaux médias et les grands dirigeants de l'opposition (PMDB, PSDB) sont impliqués dans le scandale d'évasion fiscale lié à l'HSBC, personne n'a manifesté, rien, silence radio.

L'excuse de la corruption n'est qu'un cache sexe pour des gens frustrés et qui n'ont toujours pas accépté que Dilma ait gagné démocratiquement les dernière élections il y a moins de 6 mois.

Alors que reste-t-il de cette manifestation ? Un goût amer, relants de vieilles cuites et mauvaises gueules de bois que l'on croyait pourtant bien loins et révolues...


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3 réactions à cet article    


  • Alren Alren 18 mars 2015 16:51

    Merci pour cette précision qui sera, j’en suis sûr, reprise par tous les merdias français ! 


    Il semble bien qu’il est fini le temps où la CIA pouvait multiplier les coups d’état contre les pouvoirs démocratiques d’Amérique Latine et installer dans ce qu’elle considérait comme son arrière-cour, de sanglants dictateurs aux bourreaux desquels elle apprenait la torture raffinée des opposants et opposantes.

    La raison profonde de ces échecs récents réside à mon avis dans l’amélioration du niveau scolaire de la population dans laquelle sont recrutés les soldats de base, soldats issus des classes pauvres sans lesquels il n’y a pas de « régime fort ». 
     Au lieu de martyriser les gens de leur classe sociale comme ils le faisaient autrefois, ils sont désormais du côté de la démocratie, de la légalité républicaine.

    Au Vénézuéla, le coup d’état longuement préparé pour renverser Maduro a échoué piteusement parce que les militaires, y compris les gradés ont dénoncé le complot et arrêté les comploteurs.

    La France avait connu ce phénomène durant la guerre d’Algérie quand les soldats du contingents avaient bloqué les putsch dit « des généraux ».

    Je pense le phénomène irréversible et qu’il se généralisera au monde entier dont l’Afrique.




    • attis attis 18 mars 2015 17:44

      @Alren
      Pour ma part, je pense que s’il y a moins de coups d’état en Amsud, c’est parce que le degré de pénétration des multinationales et des banques américaines y est tel, qu’un changement de régime n’amènerait que des changements marginaux. Les élites locales, déjà repues, n’ont probablement pas envie de tout risquer pour se goinfrer un peu plus, ce qui explique leur manque d’enthousiasme.
      La situation actuelle dans ces pays n’a absolument rien de comparable avec ce qu’elle était dans les années 60-70.
      Des manifs comme celle de Sao Paulo n’ont au fond pour but que de maintenir les gouvernements soi-disant « socialistes » ou « travaillistes » dans les clous du libre-échange.
       
      Au lieu de martyriser les gens de leur classe sociale comme ils le faisaient autrefois, ils sont désormais du côté de la démocratie, de la légalité républicaine.

      Mouais... A mon avis, on trouvera toujours des types prêts à manier la gégène en échange de quelques dollars...


    • sls0 sls0 18 mars 2015 17:47

      Je réside en Amérique latine.

      Hormis des pays comme l’Equateur, la Bolivie, le Vénézuela... où l’on a demandé son avis au peuple, la politique c’est je vote pour celui qui a une bonne bouille, des belles affiches, qui fait des fêtes avec de la bière et du rhum, qui promet le plus.

      Les stratégies pour foutre le bordel peuvent être basiques, c’est à la porté de la CIA.

      Il y a quand même des personnes qui regardent du coté des pays sus-nommés mais ce n’est pas une majorité, tout comme il y a moins de gens qui regardent Agoravox que le 20h de TF1.

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