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Un Monde Global Mafiosé

Récemment je regardais quelques épisodes de la série italienne "Gomorra", et cela me sauta aux yeux, que notre monde capitaliste se comporte tel le dernier des cartels mafieux, d'Europe ou d'ailleurs. Contrôler un territoire, toujours vendre plus, augmenter ses marges, trouver des nouveaux clients et les accrocher/fidéliser, racheter ou éliminer la concurrence. Exploiter des employés/dealers jetables, corvéable. D'ailleurs comme à Naples où la Camorra emploie des gamins encore mineurs, les Apple et autres "High Tech" font de même chez Foxconn en Chine. Toujours plus de blé, en s'en foutant comment il pousse.

Les clients Apple sont aussi peu concernés par ces ados bossant 60 heures par semaine, que ces clients de dealers, bien souvent adultes, plutôt aisés, (la coke), qui s'en contrebalance de ces Minos ayant quitté l'école dès leur 14 ans... Tout ça est dans la même logique, un monde binaire fait de deux couleurs : la blanche pour les profits, la noire pour le pouvoir et le contrôle.

En amont les grands groupes, en aval les consommateurs. Depuis 30 ans le nombres de géants financier/industriels a diminué, ou plutôt est devenu une poupée russe, où tout s'emboite, tout se raccorde et s'interconnecte. De l'autre, une multiplication du potentiel de consommateurs ; que ce soit dans les pays occidentaux où la frénésie dépasse l'achat compulsif, il y en a même qui doivent aller en des clubs tels les AAA pour se désintoxiquer, et les pays du tiers monde qui eux aussi connaissent cette frénésie, mais avec comme produits d'appels nos vieux rogatons mis au rebuts chez nous par la dernière mode d'occident. Une planète frénétique, qui ne vit plus, mais produit/consomme et non pas l'inverse... Cette frénésie m'a fait penser à ces chalutiers qui avec leurs filets lestés raclent le fond des océans. Ils ramènent à la surface absolument tout, puis on trie, et on rejette à la mer plus de 50% de poisons morts qui n'ont pas passé le casting ; apte au service, direct l'étalage.

Les "héros" de cette série "Gomorra" ne sont pas plus cyniques et violents qu'un PDG du CAC40 ; les "managers" mafieux, eux vont au bout de la logique : "tu a faux, tu meurs !" Dans le petit monde feutré des sièges sociaux, c'est le meurtre en sourdine, le harassement, les brimades qui souvent se terminent en suicide, dépression.

Dans le journal Le Monde : "Les camorristi sont des vrais samouraïs du libéralisme. Ils se considèrent comme des entrepreneurs et leur modèle est celui d'une entreprise qui doit se développer sans limites dans un contexte mondialisé. C'est pour cela que la Camorra n'est plus un phénomène simplement napolitain. Elle a gangrené l'Italie et maintenant se développe beaucoup à l'étranger, y compris en France. Son modèle d'ailleurs est très différent de celui de la Mafia sicilienne, qui essaie toujours d'infiltrer le monde de la légalité et le pouvoir politiques. La Camorra ne pense qu'aux affaires."[1]
Il est à souligner aussi le jumélité du style de vie de ces deux mondes : Un mafieux de haut vol tel un PDG se déplace en voiture avec chauffeur, craint de se faire kidnapper, utilise des hélicos et jets privés pour changer de ville ou de continents, ne vit pas dans une seule demeure mais dans de nombreuses propriété disséminées autour du globe. Le VIP de notre monde ressemble à s'y méprendre à un King du crime.

Dans son livre sur la mafia camorra de Naples Roberto Saviano décrivait très bien le glissement de nos sociétés qui chaque jour se criminalisent. Tout à chacun sans le savoir donnons notre écot à ces organisations criminelles ; un teeshirt fabriqué en un pays corrompu par "sa" mafia locale vendu au supermarché pour moins de 10 euros, des aliments frelatés payés au prix du bon, des imitations de "marques" et beaucoup d'autres mafioseries. Chaque année depuis la seconde guerre mondiale est injecté dans l'économie "propre", les bénéfices de l'économie souterraine/sale ; et c'est en centaines de milliards. Donc, les organisations criminelles ont compris depuis longtemps qu'il fallait recycler... leurs bénéfices en achetant, des commerces, des usines, des actions boursières, de l'immobiliers, des infrastructures publiques et même dans le cinéma, la chanson et les arts.

Nos "démocraties" ne tiennent plus ; ce sont les multinationales et les banques qui gouvernement, la main dans la main avec les mafias de toutes couleurs : Italiennes, Russe, Chinoise, Japonaise pour les plus connues. Au centre, "le citoyen", qui lui est happé par ces deux pôles. Il en résulte une déliquescence totale de principes humains et sociaux ; plus aucune éthique. Marcher sur l'autre ou être piétiné.

Pourtant, pourtant...

Connaissez-vous le Darwinisme social ? Pourtant notre civilisation donne le vent en poupe à cette théorie. Mais qu'est-elle ?

"Le darwinisme social considère que la lutte pour la vie entre les êtres humains est l'état naturel des relations sociales et que les conflits sont aussi la source fondamentale du progrès et de l'amélioration de l'être humain. Ainsi, la concurrence entre les êtres ou groupes humains ne doit pas être entravée par des obstacles comme les mesures de protection sociale et d'assistance de l'Etat Providence, la solidarité ou la charité. Ses partisans prônent la non intervention dans la lutte pour l'existence, afin que la sélection naturelle favorise la survie des "plus aptes" et l'élimination des "moins aptes".[2] Si, vous ne voyez pas dans notre aquarium sociétale la confirmation de ce qui est écrit plus haut, c'est que vous souffrez de maladie de déni aiguë. On y est en plein, non ? Pourtant d'autres théories, surtout une, me parait intéressante : "Le primatologue néerlandais-américain Frans de Waal, qui a étudié au début du XXIe siècle le sentiment d'empathie chez les animaux, en déduit que le darwinisme social « est une interprétation abusive : oui, la compétition est importante dans la nature mais, on l'a vu, il n'y a pas que cela. (...) Nous sommes aussi programmés pour être empathiques, pour être en résonance avec les émotions des autres."[3]

Je pense que nos société se divisent entre ces deux visions : "loi de la jungle" = le plus fort gagne et les autres se soumettent contre empathie = protection des plus faibles, des moins doués... Et devinez qui gagne ?

Georges Zeter/novembre 2017

GOMORRA de Roberto Saviano. Ed. Gallimard, 362 p.



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13 réactions à cet article    


  • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 30 novembre 2017 17:56

    Bien vu.


    D’ailleurs, tout le monde a compris que Coppola n’avait pas décrit que la mafia américaine dans « le Parrain », mais l’ensemble de la société américaine, européenne et, pourquoi pas mondiale ?
    La mafia russe existait déjà dans l’ex URSS, c’est même elle qui faisait tourner une partie de l’économie avec les marchés parallèles. La mafia chinoise est redoutable et hyper dangereuse.
    Les comportement mafieux sont sans doute l’héritage des structures de sociétés humaines archaïques qui continuent à provoquer les réflexes de soumission et domination. On peut espérer que ce n’est pas inscrit dans les gènes et que nos descendants connaitront un monde dans lequel régneront la raison et la justice :

    « Là, tout n’est qu’ordre et beauté
    Luxe calme et volupté... »

    • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 30 novembre 2017 18:00

      @Jeussey de Sourcesûre


      On peut espérer que ce n’est pas inscrit dans les gènes et que nos descendants connaîtront un monde dans lequel régneront la raison et la justice 

      ... mais il m’arrive d’en douter


    • symbiosis symbiosis 30 novembre 2017 19:35

      La ploutocratie globalitaire entretient l’idée du darwinisme social pour perdurer. c’est pour cela qu’elle commence en ce début de XXI° siècle à instiller dans l’esprit des gens l’idée de la diminution de la population mondiale pour le bien être et la survie de « tous ».
      La ploutocratie a l’esprit tribal, comme les loups et bien d’autres prédateurs.
      Dans la nature, il y a les prédateurs et ceux qui les subissent et puis il y aussi les colonies d’insectes vivant hyper développés, organisés et équipés pour se défendre contre les prédateurs.
      Au delà d’un certain peuplement qui peut atteindre des milliards, notamment chez la fourmi et le thermite, l’organisation sociale bascule de l’individualisme de la tribu à une organisation solidaire et partageuse. Par le nombre naît l’esprit de solidarité et de partage.
      Il est intéressant de lire à ce sujet la trilogie de Maurice Maeterlinck sur la vie des abeilles, des fourmis et des termites qui développent des savoir faire inouïs pour la préservation de l’espèce, comme l’air conditionné, les voies à sens uniques dans les termitières, la culture de champignonnières, l’élevage d’insectes pouvant digérer le bois, sachant que les termites sont xylophages, mais incapables de digérer le bois. Grâce à ces élevages d’insectes microscopiques qu’ils ingèrent et qui vivent dans leurs systèmes digestifs et digèrent le bois, les termites peuvent se nourrir de bois.
      La ploutocratie a peur du nombre, car la multiplication de l’espèce humaine nous entraînera vers le génie de la survie en grands groupes par la solidarité et l’entraide et cela pour la survie de tous les humains.
      La ploutocratie fait tout pour éviter cela et nous entraîne, elle, vers l’extinction de l’espèce humaine pour son plus grand bénéfice tribal.
      Nous devons prendre conscience de cela et comprendre que nous sommes l’humanité face à une maffia déshumanisé et génocidaire qui se saisit de tout. Nous sommes l’humain, eux sont les loups.
      Cette maffia a décidé d’exterminer l’humanité par l’empoisonnement massif des populations par l’eau, la nourriture, le télévision, les médicaments et maintenant les vaccins.
      Cela va devoir prendre fin.


      • Francis, agnotologue JL 1er décembre 2017 09:42

        @bob14
         
         permettez moi de précisez ce qu’est la dérive :
         
        Dériver pour un bateau, c’est faire une route vraie différente de son cap.
         
        Le cap en l’occurrence c’est l’angle que fait de bateau avec l’axe Nord sud, indiqué par le compas (la boussole du bateau).
         


      • Francis, agnotologue JL 1er décembre 2017 14:57

        @Jeussey de Sourcesûre
         
         en l’occurrence, écarter (angle) n’est pas équivalent à éloigner (distance).
         
        De fait, si le barreur ne corrige pas son cap d’un angle égal à la dérive et en sens inverse, il s’écartera de plus en plus de sa route, et par le fait, de sa destination.
         


      • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 1er décembre 2017 15:06

        @JL

        bon, voilà, c’est tout, on va pas non plus passer la journée là-dessus, je voulais pas faire un cours de navigation mais signaler à l’auteur que ce qu’il prend pour un écart du droit chemin n’et qu’une réalité concentrée du système social dans lequel nous vivons depuis le néolithique. 

        Les sociétés de chasseurs-cueilleurs étant limitées à de tout petits groupes, les systèmes mafieux ne pouvaient pas exister. 

      • Spartacus Lequidam Spartacus 1er décembre 2017 09:16

        Je pense que nos société se divisent entre ces deux visions : « loi de la jungle » = le plus fort gagne et les autres se soumettent contre empathie = protection des plus faibles, des moins doués... 


        Hélas c’est faux...
        Loi de la jungle et loi du poulailler. 
        Dans la jungle tu vis libre et te fou des poules du poulailler et tu crée ta propre ressource. 
        Dans le poulailler tu vis enfermé et élevé au grain et chacun se bat pour prendre les droits zaaaquiiis et voir arriver l’éleveur en premier et bouffer tous le grain de la distribution pour ne surtout pas en laisser aux autres poules.
        Dans le poulailler ou tu vis de la distribution sans la créer la ressource, tu stigmatises les riches pour pouvoir étendre le grillage du poulailler dans leur herbe et la transformer le sol en en merde et fiante immonde.
        Dans le poulailler tu te croit « empathique » parce qu’un fois que t’a eu bouffé les grain tu laisses ta place aux poules plus faibles accès au grain que t’a pas créé et qui ne t’appartiennent pas.
        Dans la jungle tu te fous des poules du poulailler. 
        Dans le poulailler tu ne vis que dans la haines des poules sauvages libres et qui vivent dans l’herbe verte de la liberté...

        Ce n’est pas le « plus fort qui gagne » ce sont ceux qui ont peur de perdre un « puéril petit confort » enfermé dans leur tiroir a « petit confort » qui jalousent ceux qui gagnent plus que eux et terrifier de prendre le risque de le quitter pour l’aventure en dehors du poulailler.



        • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 1er décembre 2017 09:35

          @Spartacus

          Vous avez raison dans l’énoncé : la loi de la jungle ne régit jamais les sociétés humaines qui jusqu’ici n’ont connu que la loi du poulailler comme vous l’écrivez au début de votre commentaire.

          Ce que vous ne dîtes pas, c’est que le renard vit dans le poulailler et non pas dans la jungle où il ne prospérerait pas, mais serait soumis à des prédateurs dont il s’est protégé en faisant croire aux poules qu’il les protège alors qu’il les plume et prélève sur leurs couvées le maximum possible en leur laissant juste assez de grain pour assurer leur subsistance et leur reproduction. Dans la jungle, le renard ne serait qu’un coyote efflanqué.

          Dans certains poulaillers, certains renards sont tellement boulimiques qu’ils mangent toutes les poules, les œufs et les poussins ! Alors, ils s’allient avec d’autres renards gourmands pour attaquer les autres poulaillers et ils arrivent même à en prendre le contrôle.

        • George L. ZETER George L. ZETER 1er décembre 2017 09:55

          @Spartacus
          intéresante l’analogie du poulailler. réponse intéressante aussi de Jeussey de Sourcesûre et le renard.  continuez c’est intéressant.


        • UnLorrain 1er décembre 2017 11:23

          @Spartacus

          Vous faites erreur on ecrit « fiente immonde »...& elle peut devenir très bon fertilisant cette m... ! smiley


        • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 1er décembre 2017 11:50

          @George L. ZETER

          autrement dit : « battez-vous, tuez-vous, mais faites-vous pas de mal ! Moi, je regarde ! ».

        • Spartacus Lequidam Spartacus 1er décembre 2017 12:09

          @Jeussey de Sourcesûre


          Il n’y a que des poules dans le poulailler qui se précipitent toutes pour allez bouffer en vrac le grain...
          Le renard est une légende entretenue pour que personne ne parte du poulailler.

          En économie on appelle cela la « tragédie des communs »...
          Je vous conseille de voir cette vidéo si vous comprenez l’anglais. Elle dure 4,5mn.

          Dans cette vidéo on présente un cercle a un groupe de gens avec des pièces et les pièces qui restent au milieu comme dans le poulailler.
          Le responsable refait le même expérience avec quelques différences....


        • Mohammed MADJOUR (Dit Arezki MADJOUR) Mohammed MADJOUR 1er décembre 2017 17:03

          Que se passe t-il sur l’Agora ?


          Bizarre, bizarre ! 


          On dirait qu’un auteur quelconque peut m’interdire de commenter son article même ,pour une première fois ! C’est le cas de celui de Bernard DUGUE ici : 

          J’ai essayé de commenter suite à la réaction de ZEN que je rapporte ci-dessous : 
          Ajouter une réaction 
          En raison de signalements pour non respect de la charte, vous ne pouvez plus réagir sur cet article.

          JE VOULAIS JUSTE DIRE A BERNARD DUGUE QUE DANS SON LIVRE IL N’A PAS DIT UN MILLIARDIÈME DE CE QUE MOI J’AVAIS DIT DANS MON RECUEIL « 

           »« RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET ÉPISTÉMOLOGIE »" en 2001

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